Les derniers jours de Pékin
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Les derniers jours de Pékin

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Description

Je me suis borné à noter les choses qui ont passé directement sous mes yeux au cours des missions que vous m'avez données et d'un voyage que vous m'avez permis de faire dans une certaine Chine jusqu'ici à peu près inconnue. Quand nous sommes arrivés dans la mer Jaune, Pékin était pris et les batailles finissaient. Loti décrit ce qu'il voit de Pékin et de la Chine au lendemain du siège des légations par ces incompréhensibles Boxers, à la fois atroces et admirables, grands hystériques de la patrie chinoise, qu'affolaient la haine et la terreur de l'étranger, — qui tel jour s’enfuyaient peureusement sans combattre, et, le lendemain, avec des clameurs de possédés, se jetaient à l’arme blanche au-devant de la mort, sous des pluies de balles, contre des troupes dix fois plus nombreuses.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 26
EAN13 9782824711027
Langue Français

Extrait

P I ERRE LO T I
LES DERN I ERS JOU RS
DE P ÉK I N
BI BEBO O KP I ERRE LO T I
LES DERN I ERS JOU RS
DE P ÉK I N
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1102-7
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A MONSI EU R LE V ICE- AMI RAL PO T T I ER
Commandant en chef l’ escadr e d’Extrême-Orient.
MI RAL,L notes que j’ai env o yé es de Chine au Figaro v ont êtr e
réunies en un v olume qui sera publié à Paris avant mon r etour ,A sans qu’il me soit p ossible d’y r e v oir . Je suis donc un p eu inquiet
de ce que p our ra êtr e un tel r e cueil, qui contiendra sans doute maintes
r e dites  ; mais je v ous demande cep endant de v ouloir bien en accepter la
dé dicace , comme un hommag e du pr ofond et affe ctueux r esp e ct de v otr e
pr emier aide de camp . V ous ser ez d’ailleur s indulg ent à ce liv r e plus que
p er sonne , p ar ce que v ous sav ez dans quelles conditions il a été é crit, au
jour le jour , p endant notr e p énible camp agne , au milieu de l’agitation
continuelle de notr e vie de b ord.
Je me suis b or né à noter les choses qui ont p assé dir e ctement sous
mes y eux au cour s des missions que v ous m’av ez donné es et d’un v o yag e
que v ous m’av ez p er mis de fair e dans une certaine Chine jusqu’ici à p eu
près inconnue .
and nous sommes ar rivés dans la mer Jaune , Pékin était pris et les
batailles finissaient  ; je n’ai donc pu obser v er nos soldats que p endant la
1Les der nier s jour s de Pékin Chapitr e
p ério de de l’ o ccup ation p acifique  ; là , p artout, je les ai v us b ons et pr esque
frater nels env er s les plus humbles Chinois. Puisse mon liv r e contribuer
p our sa p etite p art à détr uir e d’indignes lég endes é dité es contr e eux  !. . .
Peut-êtr e me r epr o cher ez-v ous, amiral, de n’av oir pr esque rien dit des
matelots r estés sur nos navir es, qui ont été constamment à la p eine , sans
une défaillance de courag e ni un mur mur e , p endant notr e long et mortel
séjour dans les e aux du Petchili. Pauv r es sé questrés, qui habitaient entr e
leur s murailles de fer  ! Ils n’avaient p oint comme leur s chefs, p our les
soutenir , les r esp onsabilités qui sont l’intérêt de la vie , ni le stimulant des
résolutions grav es à pr endr e  ; ils ne savaient rien  ; ils ne v o yaient rien,
p as même dans le lointain la sinistr e côte . Malgré la lourdeur de l’été
chinois, des feux étaient allumés nuit et jour dans leur s cloîtr es étouffants  ;
ils vivaient baignés d’humidité chaude , tr emp és de sueur , ne sortant que
p our aller s’épuiser à des manœuv r es de for ce , dans les canots, p ar
mauvais temps, p arfois sur des mer s démonté es au milieu des nuits noir es.
Il suffît de r eg arder à présent leur s figur es dé coloré es et maigries p our
compr endr e combien a été déprimant leur rôle obscur .
Mais v oilà , si j’avais conté la monotonie de leur s fatigues, toujour s p
ar eilles, et de leur s dé v ouements silencieux de toutes les heur es, p er sonne
n’aurait eu la p atience de me lir e . . .
P I ERRE LO T I.
n
2Pr emièr e p artie
ARRI V ÉE D ANS LA MER
JA U N E
3Lundi 24 septembr e 1900.
’  ,  une mer calme et sous un ciel d’étoiles.
Une lueur à l’horizon oriental témoigne que le jour va v enir ,L mais il fait encor e nuit. L’air est tiède et lég er . . . Est-ce l’été du
Nord, ou bien l’hiv er des chauds climats  ? Rien en v ue nulle p art, ni une
ter r e , ni un feu, ni une v oile  ; aucune indication de lieu  : une solitude
marine quelconque , p ar un temps idé al, dans le my stèr e de l’aub e indé cise .
Et, comme un lé viathan qui se dissimulerait p our sur pr endr e , le grand
cuirassé s’avance silencieusement, av e c une lenteur v oulue , sa machine
tour nant à p eine .
Il vient de fair e envir on cinq mille lieues, pr esque sans souffler ,
donnant constamment, p ar minute , quarante-huit tour s de son hélice , effe
ctuant d’une seule traite , sans avaries d’aucune sorte et sans usur e de ses
r ouag es solides, la cour se la plus longue et la plus soutenue en vitesse
qu’un monstr e de sa taille ait jamais entr eprise , et baant ainsi, dans cee
épr euv e de fond, des navir es réputés plus rapides, qu’à pr emièr e v ue on
lui aurait préférés.
4Les der nier s jour s de Pékin Chapitr e
Ce matin, il ar riv e au ter me de sa trav er sé e , il va aeindr e un p oint
du monde dont le nom r estait indiffér ent hier encor e , mais v er s le quel les
y eux de l’Eur op e sont à présent tour nés  : cee mer , qui commence de
s’éclair er si tranquillement, c’ est la mer Jaune , c’ est le g olfe du Petchili p ar
où l’ on accède à Pékin. Et une immense escadr e de combat, déjà
rassemblé e , doit êtr e là tout près, bien que rien encor e n’ en dénonce l’appr o che .
D epuis deux ou tr ois jour s, dans cee mer Jaune , nous nous sommes
avancés p ar un b e au temps de septembr e . Hier et avant-hier , des jonques
aux v oiles de naes ont cr oisé notr e r oute , s’ en allant v er s la Coré e  ; des
côtes, des îles nous sont aussi app ar ues, plus ou moins lointaines  ; mais
en ce moment le cer cle de l’horizon est vide de tous côtés.
A p artir de minuit, notr e allur e a été ainsi ralentie afin que notr e ar
rivé e — qui va s’ entour er de la p omp e militair e oblig atoir e — n’ait p as lieu
à une heur e tr op matinale , au milieu de cee escadr e où l’ on nous aend.
††
Cinq heur es. D ans la demi-obscurité encor e , é clate la musique du
branle-bas, la g aie sonnerie de clair ons qui chaque matin ré v eille les
matelots. C’ est une heur e plus tôt que de coutume , afin qu’ on ait assez de
temps p our la toilee du cuirassé , qui est un p eu défraîchi d’asp e ct p ar
quarante-cinq jour s p assés à la mer . On ne v oit toujour s que l’ esp ace et le
vide  ; cep endant la vigie , très haut p er ché e , signale sur l’horizon des
fumé es noir es, — et ce p etit nuag e de houille , qui d’ en bas n’a l’air de rien,
indique là de for midables présences  ; il est e xhalé p ar les grands
vaisse aux de fer , il est comme la r espiration de cee escadr e sans pré cé dent,
à laquelle nous allons nous joindr e .
D’ab ord la toilee de l’é quip ag e , avant celle du bâtiment  : pie ds nus
et tor se nu, les matelots s’é clab oussent à grande e au, dans la lumièr e qui
vient  ; malgré le sur menag e constant, ils ne sont nullement fatigués, p as
plus que le vaisse au qui les p orte . Le Redoutable est du r este , de tous ces
navir es si pré cipitamment p artis, le seul qui en chemin, dans les p arag es
étouffants de la mer Roug e , n’ait eu ni morts ni maladies grav es.
Maintenant, le soleil se lè v e , tout net sur l’horizon de la mer , disque
jaune qui sur git lentement de der rièr e les e aux inertes. Pour nous, qui v
enons de quier les régions é quatoriales, ce le v er , très lumineux p ourtant,
a je ne sais quoi d’un p eu mélancolique et de déjà ter ni, qui sent l’automne
5Les der nier s jour s de Pékin Chapitr e
et les climats du Nord. V raiment il est chang é , ce soleil, depuis deux ou
tr ois jour s. Et puis il ne brûle plus, il n’ est plus dang er eux, on cesse de
s’ en mé&

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