Lettre à la jeunesse
14 pages
Français

Lettre à la jeunesse

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Description

Zola a écrit la - Lettre à la jeunesse - à l'occasion de l'agression d'un grand dreyfusard par les ligueurs étudiants. Extrait : « Des jeunes gens antisémites, ça existe donc, cela ? Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s'ouvrir ! Cent ans après la déclaration des Droits de l'homme, cent ans après l'acte suprême de tolérance et d'émancipation, on en revient aux guerres de religion, au plus odieux et au plus sot des fanatismes ! Et encore cela se comprend chez certains hommes qui jouent leur rôle, qui ont une attitude à garder et une ambition vorace à satisfaire. Mais, chez des jeunes gens, chez ceux qui naissent et qui poussent pour cet épanouissement de tous les droits et de toutes les libertés, dont nous avons rêvé que resplendirait le prochain siècle ! Ils sont les ouvriers attendus, et voilà déjà qu'ils se déclarent antisémites, c'est-à-dire qu'ils commenceront le siècle en massacrant tous les juifs, parce que ce sont des concitoyens d'une autre race et d'une autre foi ! ».

Informations

Publié par
Nombre de lectures 160
EAN13 9782824711737
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
LET T RE À LA
JEU N ESSE
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
LET T RE À LA
JEU N ESSE
1897
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1173-7
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.  ,  g ens, où allez-v ous, étudiants, qui cour ez
en bandes p ar les r ues, manifestant au nom de v os colèr es et deO v os enthousiasmes, épr ouvant l’imp érieux b esoin de jeter
publiquement le cri de v os consciences indigné es  ?
Allez-v ous pr otester contr e quelque abus du p ouv oir , a-t-on offensé
le b esoin de vérité et d’é quité , brûlant encor e dans v os âmes neuv es,
ignorantes des accommo dements p olitiques et des lâchetés quotidiennes de la
vie  ?
Allez-v ous r e dr esser un tort so cial, mer e la pr otestation de v otr e
vibrante jeunesse dans la balance inég ale , où sont si faussement p esés le
sort des heur eux et celui des déshérités de ce monde  ?
Allez-v ous, p our affir mer la tolérance , l’indép endance de la raison
humaine , siffler quelque se ctair e de l’intellig ence , à la cer v elle étr oite , qui
aura v oulu ramener v os esprits libérés à l’ er r eur ancienne , en pr o clamant
la banquer oute de la science  ?
Allez-v ous crier , sous la fenêtr e de quelque p er sonnag e fuyant et
hyp o crite , v otr e foi invincible en l’av enir , en ce siè cle pr o chain que v ous
app ortez et qui doit ré aliser la p aix du monde , au nom de la justice et de
l’amour  ?
1Ler e à la jeunesse Chapitr e
― Non, non ! nous allons huer un homme , un vieillard, qui, après une
longue vie de travail et de lo yauté , s’ est imaginé qu’il p ouvait
impunément soutenir une cause g énér euse , v ouloir que la lumièr e se fasse et
qu’une er r eur soit rép aré e , p our l’honneur même de la p atrie française  !
††
Ah  ! quand j’étais jeune moi-même , je l’ai v u, le artier Latin, tout
frémissant des fièr es p assions de la jeunesse , l’amour de la lib erté , la haine
de la for ce br utale , qui é crase les cer v e aux et comprime les âmes. Je l’ai
v u, sous l’Empir e , faisant son œuv r e brav e d’ opp osition, injuste même
p arfois, mais toujour s dans un e x cès de libr e émancip ation humaine . Il
sifflait les auteur s agré ables aux T uileries, il malmenait les pr ofesseur s
dont l’ enseignement lui semblait louche , il se le vait contr e quiconque se
montrait p our les ténèbr es et p our la ty rannie . En lui brûlait le fo y er
sacré de la b elle folie des vingt ans, lor sque toutes les esp érances sont des
ré alités, et que demain app araît comme le sûr triomphe de la Cité p arfaite .
Et, si l’ on r emontait plus haut, dans cee histoir e des p assions nobles,
qui ont soule vé la jeunesse des Écoles, toujour s on la v er rait s’indigner
sous l’injustice , frémir et se le v er p our les humbles, les abandonnés, les
p er sé cutés, contr e les fér o ces et les puissants. Elle a manifesté en fav eur
des p euples opprimés, elle a été p our la Pologne , p our la Grè ce , elle a
pris la défense de tous ceux qui souffraient, qui ag onisaient sous la br
utalité d’une foule ou d’un desp ote . and on disait que le artier Latin
s’ embrasait, on p ouvait êtr e certain qu’il y avait der rièr e quelque flambé e
de juvénile justice , insoucieuse des ménag ements, faisant d’ enthousiasme
une œuv r e du cœur . Et quelle sp ontanéité alor s, quel fleuv e déb ordé
coulant p ar les r ues !
Je sais bien qu’aujourd’hui encor e le préte xte est la p atrie menacé e , la
France liv ré e à l’ ennemi vainqueur , p ar une bande de traîtr es. Seulement,
je le demande , où tr ouv era-t-on la clair e intuition des choses, la
sensation instinctiv e de ce qui est v rai, de ce qui est juste , si ce n’ est dans ces
âmes neuv es, dans ces jeunes g ens qui naissent à la vie publique , dont rien
encor e ne de v rait obscur cir la raison dr oite et b onne  ? e les hommes
p olitiques, gâtés p ar des anné es d’intrigues, que les jour nalistes, désé
quilibrés p ar toutes les compr omissions du métier , puissent accepter les plus
impudents mensong es, se b oucher les y eux à d’av euglantes clartés, cela
2Ler e à la jeunesse Chapitr e
s’ e xplique , se compr end. Mais elle , la jeunesse , elle est donc bien g angr
ené e déjà , p our que sa pur eté , sa candeur natur elle , ne se r e connaisse p as
d’un coup au milieu des inacceptables er r eur s, et n’aille p as tout dr oit à
ce qui est é vident, à ce qui est limpide , d’une lumièr e honnête de plein
jour  !
Il n’ est p as d’histoir e plus simple . Un officier a été condamné , et p
ersonne ne song e à susp e cter la b onne foi des jug es. Ils ( Il) l’ ont frapp é selon
leur conscience , sur des pr euv es qu’ils ont cr u certaines. Puis, un jour , il
ar riv e qu’un homme , que plusieur s hommes ont des doutes, finissent p ar
êtr e convaincus qu’une des pr euv es, la plus imp ortante , la seule du moins
sur laquelle les jug es se sont publiquement appuyés, a été faussement
attribué e au condamné , que cee piè ce est à n’ en p as douter de la main d’un
autr e . Et ils le disent, et cet autr e est dénoncé p ar le frèr e du prisonnier ,
dont le strict de v oir était de le fair e  ; et v oilà , for cément, qu’un nouv e au
pr o cès commence , de vant amener la ré vision (r e vision) du pr emier pr
ocès, s’il y a condamnation. Est-ce que tout cela n’ est p as p arfaitement
clair , juste et raisonnable  ? Où y a-t-il, là-de dans, une machination, un
noir complot p our sauv er un traîtr e  ? Le traîtr e , on ne le nie p as, on v eut
seulement que ce soit un coup able et non un inno cent qui e xpie le crime .
V ous l’aur ez toujour s, v otr e traîtr e , et il ne s’agit que de v ous en donner
un authentique .
Un p eu de b on sens ne de v rait-il p as suffir e  ? A quel mobile obéiraient
donc les hommes qui p our suiv ent la ré vision (r e vision) du pr o cès Dr e
yfus  ? Écartez l’imbé cile antisémitisme , dont la monomanie fér o ce v oit là
un complot juif, l’ or juif s’ effor çant de r emplacer un juif p ar un chrétien,
dans la g eôle infâme . Cela ne tient p as deb out, les inv raisemblances et les
imp ossibilités cr oulent les unes sur les autr es, tout l’ or de la ter r e
n’achèterait p as certaines consciences. Et il faut bien en ar riv er à la ré alité , qui
est l’ e xp ansion natur elle , lente , invincible de toute er r eur judiciair e .
L’histoir e est là . Une er r eur judiciair e est une for ce en mar che  : des hommes
de conscience sont conquis, sont hantés, se dé v ouent de plus en plus
obstinément, risquent leur fortune et leur vie , jusqu’à ce que justice soit faite .
Et il n’y a p as d’autr e e xplication p ossible à ce qui se p asse aujourd’hui, le
r este n’ est qu’ab ominables p assions p olitiques et r eligieuses, que tor r ent
déb ordé de calomnies et d’injur es.
3Ler e à la jeunesse Chapitr e
Mais quelle e x cuse aurait la jeunesse , si les idé es d’humanité et de
justice se tr ouvaient obscur cies un instant en elle  ! D ans la sé ance du
4 dé cembr e , une Chambr e française s’ est couv erte de honte , en v otant
un ordr e du jour « flétrissant les meneu

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