Melmoth reconcilié
49 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
49 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

La Comédie humaine - Études philosophiques - Tome I. Quatorzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Melmoth avait déjà dépassé sa victime. Si le premier mouvement de Castanier fut de chercher querelle à un homme qui lisait ainsi dans son âme, il était en proie à tant de sentiments contraires, qu’il en résultait une sorte d’inertie momentanée, il reprit donc son allure, et retomba dans cette fièvre de pensée naturelle à un homme assez vivement emporté par la passion pour commettre un crime, mais qui n’avait pas la force de le porter en lui-même sans de cruelles agitations. Aussi, quoique décidé à recueillir le fruit d’un crime à moitié consommé, Castanier hésitait-il encore à poursuivre son entreprise, comme font la plupart des hommes à caractère mixte, chez lesquels il se rencontre autant de force que de faiblesse, et qui peuvent être déterminés aussi bien à rester purs qu’à devenir criminels, suivant la pression des plus légères circonstances. Il s’est trouvé dans le ramas d’hommes enrégimentés par Napoléon beaucoup de gens qui, semblables à Castanier, avaient le courage tout physique du champ de bataille, sans avoir le courage moral qui rend un homme aussi grand dans le crime qu’il pourrait l’être dans la vertu.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 26
EAN13 9782824710303
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
MELMO T H
RECONCI LI É
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
MELMO T H
RECONCI LI É
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1030-3
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.MELMO T H RECONCI LI É
A MONSI EU R LE GÉN ÉRAL BARON DE POMMEREU L,
En souv enir de la constante amitié qui a lié nos pèr es et qui
subsiste entr e les fils
DE BALZA C.
   natur e d’hommes que la Civilisation obtient dans le
Règne So cial, comme les fleuristes cré ent dans le Règne vég étalI p ar l’é ducation de la ser r e , une espè ce hybride qu’ils ne p euv ent
r epr o duir e ni p ar semis, ni p ar b outur e . Cet homme est un caissier ,
véritable pr o duit anthr op omor phe , ar r osé p ar les idé es r eligieuses, maintenu
p ar la guillotine , ébranché p ar le vice , et qui p ousse à un tr oisième étag e
entr e une femme estimable et des enfants ennuy eux. Le nombr e des
caissier s à Paris sera toujour s un pr oblème p our le phy siologiste . A -t-on
jamais compris les ter mes de la pr op osition dont un caissier est l’X connu  ?
T r ouv er un homme qui soit sans cesse en présence de la fortune comme
un chat de vant une souris en cag e  ? T r ouv er un homme qui ait la pr
opriété de r ester assis sur un fauteuil de canne , dans une log e grillag é e ,
sans av oir plus de p as à y fair e que n’ en a dans sa cabine un lieutenant
de vaisse au, p endant les sept huitièmes de l’anné e et durant sept à huit
1Melmoth r e concilié Chapitr e
heur es p ar jour  ? T r ouv er un homme qui ne s’ank ylose à ce métier ni les
g enoux ni les ap ophy ses du bassin  ? Un homme qui ait assez de grandeur
p our êtr e p etit  ? Un homme qui puisse se dég oûter de l’ar g ent à for ce
d’ en manier  ? D emandez ce pr o duit à quelque Religion, à quelque
Morale , à quelque Collég e , à quelque Institution que ce soit, et donnez-leur
Paris, cee ville aux tentations, cee succur sale de l’Enfer , comme le
milieu dans le quel sera planté le caissier  ? Eh  ! bien, les Religions défiler ont
l’une après l’autr e , les Collég es, les Institutions, les Morales, toutes les
grandes et les p etites Lois humaines viendr ont à v ous comme vient un ami
intime auquel v ous demandez un billet de mille francs. Elles aur ont un air
de deuil, elles se grimer ont, elles v ous montr er ont la guillotine , comme
v otr e ami v ous indiquera la demeur e de l’usurier , l’une des cent p ortes
de l’hôpital. Né anmoins, la natur e morale a ses caprices, elle se p er met de
fair e çà et là d’honnêtes g ens et des caissier s. A ussi, les cor sair es que nous
dé cor ons du nom de Banquier s et qui pr ennent u ne licence de mille é cus
comme un forban pr end ses ler es de mar que , ont-ils une telle
vénération p our ces rar es pr o duits des incubations de la v ertu qu’ils les encag ent
dans des log es afin de les g arder comme les g ouv er nements g ardent les
animaux curieux. Si le caissier a de l’imagination, si le caissier a des p
assions, ou si le caissier le plus p arfait aime sa femme , et que cee femme
s’ ennuie , ait de l’ambition ou simplement de la vanité , le caissier se
dissout. Fouillez l’histoir e de la caisse  ? v ous ne citer ez p as un seul e x emple
du caissier p ar v enant à ce qu’ on nomme une position . Ils v ont au bagne ,
ils v ont à l’étrang er , ou végètent à quelque se cond étag e , r ue Saint-Louis
au Marais. and les caissier s p arisiens aur ont réflé chi à leur valeur
intrinsè que , un caissier sera hor s de prix. Il est v rai que certaines g ens ne
p euv ent êtr e que caissier s, comme d’autr es sont invinciblement frip ons.
Étrang e civilisation  ! La So ciété dé cer ne à la V ertu cent louis de r ente
p our sa vieillesse , un se cond étag e , du p ain à discrétion, quelques
foulards neufs, et une vieille femme accomp agné e de ses enfants. ant au
Vice , s’il a quelque hardiesse , s’il p eut tour ner habilement un article du
Co de comme T ur enne tour nait Monté cuculli, la So ciété légitime ses
millions v olés, lui jee des r ubans, le far cit d’honneur s, et l’accable de
considération. Le Gouv er nement est d’ailleur s en har monie av e c cee So ciété
pr ofondément illogique . Le Gouv er nement, lui, lè v e sur les jeunes
intelli2Melmoth r e concilié Chapitr e
g ences, entr e dix-huit et vingt ans, une conscription de talents pré co ces  ;
il use p ar un travail prématuré de grands cer v e aux qu’il conv o que afin de
les trier sur le v olet comme les jardinier s font de leur s graines. Il dr esse
à ce métier des jurés p eseur s de talents qui essaient les cer v elles comme
on essaie l’ or à la Monnaie . Puis, sur les cinq cents têtes chauffé es à l’
esp érance que la p opulation la plus avancé e lui donne annuellement, il en
accepte le tier s, le met dans de grands sacs app elés ses Écoles , et l’y r emue
p endant tr ois ans. oique chacune de ces gr effes r eprésente d’énor mes
capitaux, il en fait p our ainsi dir e des caissier s  ; il les nomme ing énieurs
ordinair es, il les emploie comme capitaines d’artillerie  ; enfin, il leur
assur e tout ce qu’il y a de plus éle vé dans les grades subalter nes. Puis, quand
ces hommes d’élite , engraissés de mathématiques et b our rés de science ,
ont aeint l’âg e de cinquante ans, il leur pr o cur e en ré comp ense de leur s
ser vices le tr oisième étag e , la femme accomp agné e d’ enfants, et toutes les
douceur s de la mé dio crité . e de ce Peuple-Dup e il s’ en é chapp e cinq à
six hommes de g énie qui gravissent les sommités so ciales, n’ est-ce p as un
miracle  ?
Ce ci est le bilan e x act du T alent et de la V ertu, dans leur s rapp orts
av e c le Gouv er nement et la So ciété à une ép o que qui se cr oit pr ogr essiv e .
Sans cee obser vation prép aratoir e , une av entur e ar rivé e ré cemment à
Paris p araîtrait inv raisemblable , tandis que , dominé e p ar ce sommair e ,
elle p our ra p eut-êtr e o ccup er les esprits assez sup érieur s p our av oir
deviné les véritables plaies de notr e civilisation qui, depuis 1815, a r emplacé
le princip e Honneur p ar le princip e Ar g ent.
Par une sombr e jour né e d’automne , v er s cinq heur es du soir , le
caissier d’une des plus fortes maisons de banque de Paris travaillait encor e
à la lueur d’une lamp e allumé e déjà depuis quelque temps. Suivant les
us et coutumes du commer ce , la caisse était situé e dans la p artie la plus
sombr e d’un entr esol étr oit et bas d’étag e . Pour y ar riv er , il fallait
trav er ser un couloir é clairé p ar des jour s de souffrance , et qui long e ait les
bur e aux dont les p ortes étiqueté es r essemblaient à celles d’un
établissement de bains. Le concier g e avait dit flegmatiquement dès quatr e heur es,
suivant sa consigne  : ―  La Caisse est fermée . En ce moment, les bur e aux
étaient déserts, les cour rier s e xp é diés, les emplo yés p artis, les femmes des
chefs de la maison aendaient leur s amants, les deux banquier s dînaient
3Melmoth r e concilié Chapitr e
chez leur s maîtr esses. T out était en ordr e . L’ endr oit où les coffr es-forts
avaient été scellés dans le fer se tr ouvait der rièr e la log e grillé e du
caissier , sans doute o ccup é à fair e sa caisse . La de vantur e ouv erte p er meait
de v oir une ar moir e en fer moucheté e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents