Vive la vie!
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Description

Extrait : Bois-Lamothe ne s'y trompa pas une seconde. Il reconnut ses haricots blancs, ses noirs, ses bleus, ses rouges, ses violets. Il reconnut ses haricots jaune et violet, bleu et orange, rouge et vert. Le marquis se leva tout droit, battit l'air de ses grands bras secs et s'effondra en arrière sur une vieille pendule Louis XIII, qui n'avait sûrement pas marqué vingt minutes depuis Henri IV. Il était mort.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 33
EAN13 9782824712277
Licence : Libre de droits
Langue Français

Extrait

ALP HONSE ALLAIS
V I V E LA V I E !
BI BEBO O KALP HONSE ALLAIS
V I V E LA V I E !
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1227-7
BI BEBO OK
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Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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compris à Bib eb o ok.A vis au le cteur
   plaisir que j’épr ouv e à embêter les mânes de
Schop enhauer , je publie ce v olume dans le but e x clusif de me pr o-E cur er quelques r essour ces.
Je serai donc r e connaissant aux g ens, non seulement d’acheter Vive la vie !
mais encor e d’ en conseiller l’acquisition à leur s amis et connaissances.
L’auteur .
n
1À Montjoyeux.
2CHAP I T RE I
La fin d’une colle ction
   la fâcheuse av entur e de ce colle ctionneur d’ objets
macabr es, funèbr es et criminalistes dont la plus b elle piè ce – leO faux col d’une victime célèbr e – fut lavé e , emp esé e , r ep assé e p ar
une chambrièr e zélé e , mais p eu do cumentair e .
Par eille av entur e ar riva, v oilà tantôt quelques anné es et même un p eu
plus, à un vieux g entilhomme que je connaissais, et qui s’app elait le
marquis de Bois-Lamothe .
Un r ude homme dans son temps que le mar quis !
Riche , solide , b e au g ar s, inlassable tr ousseur de jup es, craignant p as
Dieu et camarade du diable , Bois-Lamothe était la ter r eur de tous les maris
des v oisinag es.
Je dis des voisinages, au pluriel, car le mar quis, alor s grand pr opriétair e
foncier en même temps que natur e friv ole et baladeuse , chang e ait de v
oisinag e comme de chemise .
Hélas ! on ne p eut p as êtr e et av oir été , comme l’a si bien obser vé
3Viv e la vie ! Chapitr e I
Francisque Sar ce y , notr e oncle à tous.
Le mar quis de Bois-Lamothe avait vieilli, ses anciennes b onnes amies
aussi.
D’hy p othè ques en licitations ( ?), les biens domaniaux du mar quis
s’étaient env olés aux quatr e v ents des enchèr es publiques.
Ses é cus avaient tellement sonné qu’une aphonie cr uelle s’ en était
suivie , et tant trébuché que l’ œil le plus e x er cé n’ en tr ouvait plus trace ,
hor mis p ourtant dans la b our se des autr es.
Seul, un vieux p etit bien p atrimonial s’était conser vé intact, tr op
intact même , car depuis vingt ans nul jardinier n’ en avait foui le sol et nul
bûcher on aenté à la hautaine p oussé e des châtaignier s héraldiques.
Re v enu de tout, solitair e , le mar quis s’était un b e au jour dé couv ert, en
son vieux cœur p ar cheminé , une fibr e fraîche , une fibr e toute neuv e qui
vibrait maintenant comme toute une florissante manufactur e de har p es.
Bois-Lamothe avait été pris de la manie , de la rag e , du délir e de la
colle ction.
Et la drôle de colle ction !
Le mar quis colle ctionnait les haricots é cossés.
Ceux de mes le cteur s qui ont été à la camp agne sav ent ce que c’ est
que des haricots ( quant aux autr es, je n’é cris p as p our eux. ’ils se le
tiennent p our dit, une fois p our toutes).
Imaginez-v ous 4500 haricots dont les plus semblables hurlaient
encor e – p our l’ œil d’un amateur – de disp aratisme .
Il y en avait des blancs, des noir s, des bleus, des r oug es, des violets.
Il y en avait des rayés, des chinés. Il y en avait même des jaune et violet,
des bleu et orang e , des r oug e et v ert.
Ce n’étaient plus des haricots, c’était une p oly chr omie à damner
Antonin Pr oust.
Cee colle ction, que Bois-Lamothe savait p ar cœur , à un sp é cimen
près, et qu’il aimait comme une se conde famille , était contenue tout
entièr e dans un vaste saladier , tout prêt à déb order .
Et chaque matin, le mar quis se disait, dans la langue du grand siè cle :
« Faudra p ourtant que je la classe ! Faudra p ourtant que je la classe ! »
Mais chaque soir tombait sur la plaine sans qu’ elle fût classé e , la
précieuse colle ction.
4Viv e la vie ! Chapitr e I
†††
C’était p ar une radieuse matiné e de printemps.
Bois-Lamothe v enait de sortir av e c son vieux chien et son vieux fusil
p our tuer de jeunes lapins.
Peu après, la clo che r ouillé e du châte au r endit des sons, des sons v
oilés, déjà p as tr op agré ables en eux-mêmes, mais r endus plus inhospitalier s
encor e p ar le grincement discourtois de la tringle o x ydé e .
Une manièr e de vieille ser vante , vilaine , mais e xtraordinair ement
malpr opr e , et p arlant le français comme si elle avait été éle vé e dans un
p ensionnat de vaches esp agnoles, vint ouv rir :
— i qu’ c’ est que v ous v oulez ?
— Monsieur le mar quis de Bois-Lamothe .
— Il est p as là .
— V a-t-il r entr er bientôt ?
— Je sais-t-y , moi ! Je sais-t-y !
D e vant cet accueil contestable , les visiteur s prir ent le p arti de p
énétr er :
— Je suis le ne v eu de M. de Bois-Lamothe , dit le monsieur , et v oici ma
femme . Nous aendr ons mon oncle au châte au.
La mar che , le grand air avaient sans doute donné de l’app étit aux
visiteur s, car la jeune femme s’é cria :
— Si on prép arait le déjeuner , en aendant ?
Consulté e , la vieille p etite ser vante le va au ciel ses vieux p etits bras,
mar moant son éter nel : Je sais-t-y , moi ! Je sais-t-y !
La niè ce du mar quis prit alor s un ton d’autorité :
— Allez me cher cher des œufs ! T ordez le cou à un canard ! Et plus
vite que ça !
Puis, fur etant dans les app artements, elle dé couv rit le fameux saladier
aux haricots.
Alor s se p assa un fait, pr obablement unique dans l’histoir e des colle
ctions.
La jeune femme fit cuir e la colle ction. and la colle ction fut cuite , la
jeune femme la fit ég ouer soigneusement.
Ensuite la jeune femme mit la colle ction dans une p oêle av e c du
b eur r e et de l’ oignon coup é en tranches minces.
5

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