Z. Marcas
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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième et quatrième livres, Scènes de la vie parisienne et scènes de la vie politique - Tome XII (sic, erreur pour le tome IV). Douzième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Nous ne pensions qu’à nous amuser. La raison de nos désordres était une raison prise dans ce que la politique actuelle a de plus sérieux. Juste et moi, nous n’apercevions aucune place à prendre dans les deux professions que nos parents nous forçaient d’embrasser. Il y a cent avocats, cent médecins pour un. La foule obstrue ces deux voies, qui semblent mener à la fortune et qui sont deux arènes : on s’y tue, on s’y combat, non point à l’arme blanche ni à l’arme à feu, mais par l’intrigue et la calomnie, par d’horribles travaux, par des campagnes dans le domaine de l’intelligence, aussi meurtrières que celles d’Italie l’ont été pour les soldats républicains. Aujourd’hui que tout est un combat d’intelligence, il faut savoir rester des quarante-huit heures de suite assis dans son fauteuil et devant une table, comme un général restait deux jours en selle sur son cheval.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 54
EAN13 9782824710488
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
Z. MARCAS
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
Z. MARCAS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1048-8
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Z. MARCAS
A MONSEIGN EU R LE COMT E GU I LLA UME DE
W U RT EMBERG,
Comme une mar que de la r esp e ctueuse gratitude de l’auteur .
DE BALZA C.
 ’  v u p er sonne , en compr enant même les hommes r
emar quables de ce temps, dont l’asp e ct fût plus saisissant que ce-J lui de cet homme  ; l’étude de sa phy sionomie inspirait d’ab ord
un sentiment plein de mélancolie , et finissait p ar donner une sensation
pr esque doulour euse . Il e xistait une certaine har monie entr e la p er sonne
et le nom. Ce Z qui pré cé dait Mar cas, qui se v o yait sur l’adr esse de ses
ler es, et qu’il n’ oubliait jamais dans sa signatur e , cee der nièr e ler e de
l’alphab et offrait à l’ esprit je ne sais quoi de fatal.
MARCAS  ! Rép étez-v ous à v ous-même ce nom comp osé de deux
syllab es, n’y tr ouv ez-v ous p as une sinistr e signifiance  ? Ne v ous
semble-til p as que l’homme qui le p orte doiv e êtr e marty risé  ? oique étrang e
et sauvag e , ce nom a p ourtant le dr oit d’aller à la p ostérité  ; il est bien
comp osé , il se pr ononce facilement, il a cee briè v eté v oulue p our les
noms célèbr es. N’ est-il p as aussi doux qu’il est bizar r e  ? mais aussi ne
1Z. Mar cas Chapitr e
v ous p araît-il p as inache vé  ? Je ne v oudrais p as pr endr e sur moi
d’affirmer que les noms n’ e x er cent aucune influence sur la destiné e . Entr e les
faits de la vie et le nom des hommes, il est de se crètes et d’ine xplicables
concordances ou des désaccords visibles qui sur pr ennent  ; souv ent des
cor rélations lointaines, mais efficaces, s’y sont ré vélé es. Notr e glob e est
plein, tout s’y tient. Peut-êtr e r e viendra-t-on quelque jour aux Sciences
O ccultes.
Ne v o y ez-v ous p as dans la constr uction du Z une allur e contrarié e  ?
ne figur e-t-elle p as le zigzag alé atoir e et fantasque d’une vie tour menté e  ?
el v ent a soufflé sur cee ler e qui, dans chaque langue où elle est
admise , commande à p eine à cinquante mots  ? Mar cas s’app elait Zéphirin.
Saint Zéphirin est très-vénéré en Br etagne . Mar cas était Br eton.
Ex aminez encor e ce nom  : Z. Mar cas  ! T oute la vie de l’homme est
dans l’assemblag e fantastique de ces sept ler es. Sept  ! le plus significatif
des nombr es cabalistiques. L’homme est mort à tr ente-cinq ans, ainsi sa
vie a été comp osé e de sept lustr es. Mar cas  ! N’av ez-v ous p as l’idé e de
quelque chose de pré cieux qui se brise p ar une chute , av e c ou sans br uit  ?
J’ache vais mon dr oit en 1836, à Paris. Je demeurais alor s r ue Cor neille ,
dans un hôtel entièr ement destiné à log er des étudiants, un de ces hôtels
où l’ escalier tour ne au fond, é clairé d’ab ord p ar la r ue , puis p ar des jour s
de souffrance , enfin p ar un châssis. Il y avait quarante chambr es meublé es
comme se m eublent les chambr es destiné es à des étudiants. e faut-il à
la jeunesse de plus que ce qui s’y t r ouvait  : un lit, quelques chaises, une
commo de , une glace et une table  ? A ussitôt que le ciel est bleu, l’étudiant
ouv r e sa fenêtr e . Mais dans cee r ue il n’y a p oint de v oisine à courtiser .
En face , l’O dé on, fer mé depuis long-temps, opp ose au r eg ard ses mur s
qui commencent à noir cir , les p etites fenêtr es de ses log es et son vaste
toit d’ardoises. Je n’étais p as assez riche p our av oir une b elle chambr e , je
ne p ouvais même p as av oir une chambr e . Juste et moi, nous en p artagions
une à deux lits, situé e au cinquième étag e .
D e ce côté de l’ escalier , il n’y avait que notr e chambr e et une autr e p
etite o ccup é e p ar Z. Mar cas, notr e v oisin. Juste et moi, nous r estâmes
envir on six mois dans une ignorance complète de ce v oisinag e . Une vieille
femme qui g érait l’hôtel nous avait bien dit que la p etite chambr e était
o ccup é e , mais elle avait ajouté que nous ne serions p oint tr oublés, la p
er2Z. Mar cas Chapitr e
sonne étant e x cessiv ement tranquille . En effet, p endant six mois, nous ne
r encontrâmes p oint notr e v oisin et nous n’ entendîmes aucun br uit chez
lui, malgré le p eu d’ép aisseur de la cloison qui nous sép arait, et qui était
une de ces cloisons faites en laes et enduites en plâtr e , si communes
dans les maisons de Paris.
Notr e chambr e , haute de sept pie ds, était tendue d’un mé chant p
etit p apier bleu semé de b ouquets. Le car r e au, mis en couleur , ignorait le
lustr e qu’y donnent les fr oeur s. Nous n’avions de vant nos lits qu’un
maigr e tapis en lisièr e . La cheminé e déb ouchait tr op pr omptement sur
le toit, et fumait tant que nous fûmes for cés de fair e mer e une gueule
de loup à nos frais. Nos lits étaient des couchees en b ois p eint,
semblables à celles des collég es. Il n’y avait jamais sur la cheminé e que deux
chandelier s de cuiv r e , av e c ou sans chandelles, nos deux pip es, du tabac
ép ar pillé ou en sac  ; puis, les p etits tas de cendr e que dép osaient les
visiteur s ou que nous amassions nous-mêmes en fumant des cig ar es. D eux
ride aux de calicot glissaient sur des tringles à la fenêtr e , de chaque côté
de laquelle p endaient deux p etits cor ps de bibliothè que en b ois de
merisier que connaissent tous ceux qui ont flâné dans le quartier latin, et où
nous meions le p eu de liv r es né cessair es à nos études. L’ encr e était
toujour s dans l’ encrier comme de la lav e fig é e dans le cratèr e d’un v olcan.
T out encrier ne p eut-il p as, aujourd’hui, de v enir un V ésuv e  ? Les plumes
tortillé es ser vaient à neo y er la cheminé e de nos pip es. Contrair ement
aux lois du cré dit, le p apier était chez nous encor e plus rar e que l’ar g ent.
Comment espèr e-t-on fair e r ester les jeunes g ens dans de p ar eils
hôtels g ar nis  ? A ussi les étudiants étudient-ils dans les cafés, au théâtr e ,
dans les allé es du Lux emb our g, chez les grisees, p artout, même à l’École
de Dr oit, e x cepté dans leur hor rible chambr e , hor rible s’il s’agit
d’étudier , char mante dès qu’ on y babille et qu’ on y fume . Meez une napp e
sur cee table , v o y ez-y le dîner impr o visé qu’ env oie le meilleur r
estaurateur du quartier , quatr e couv erts et deux filles, faites lithographier cee
v ue d’intérieur , une dé v ote ne p eut s’ empê cher d’y sourir e .
Nous ne p ensions qu’à nous amuser . La raison de nos désordr es était
une raison prise dans ce que la p olitique actuelle a de plus sérieux. Juste
et moi, nous n’ap er ce vions aucune place à pr endr e dans les deux pr
ofessions que nos p ar ents nous for çaient d’ embrasser . Il y a cent av o cats, cent
3Z. Mar cas Chapitr e
mé de cins p our un. La foule obstr ue ces deux v oies, qui semblent mener à
la fortune et qui sont deux arènes  : on s’y tue , on s’y combat, non p oint
à l’ar me blanche ni à l’ar me à feu, mais p ar l’intrigue et la calomnie , p ar
d’hor ribles travaux, p ar des camp agnes dans le domaine de l

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