IMPROBABLE BRIARE
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La vie perturbée d'un enseignant du privé et ses combats.

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Publié le 01 juin 2020
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Enfance violée charivari assuré
ROMAN
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PROLOGUEQui ne connaît la trilogie de Marcel Pagnol ? ‘‘La gloire de mon père’’‘‘Le château de ma mère’’‘‘Le temps des secrets’’Cette vie d’instituteur public au siècle der-nier avec ses rentrées scolaires, ses grandes vacan-ces, ses ambitions professionnelles et sa vie fami-liale. Un régal, avec l’accent du midi et le chant des cigales. On connaît moins la vie d’un instituteur de l’autre réseau, le privé confessionnel. C’est le pari qui est fait ici de la dépeindre en suivant Jeannot, l’un des fils du directeur d’école catholique, et croyez-le, les anecdotes sont croustillantes, parfois banales, d’autres peu édifiantes voire scabreuses, le plus souvent ignorées. C’est incarné dans une famille certainement unique en son genre puisque, le temps venu, le pè-re et deux des fils y enseigneront de conserve plu-sieurs années de suite, une entreprise familiale... impossible dans l’enseignement public...Les lieux sont réels. Les faits, comme chacun sait, sortis de l’imagination de l’auteur. Par extraordi-naire, si des personnages ou des institutions venaient à s’y reconnaître ce serait pure coïncidence... Jeannot adulte sera suivi dans cette seconde partie car la marque indélébile de l’enfance forge le devenir...
IMPROBABLE BRIARE
Madame Yver fois pro-encore une Voilà donc Jean-François pulsé vers un territoire à découvrir !Quelle est l’originalité du nouveau poste de son père-directeur ? Contrairement aux précédents, ce n’est ni la paroisse, ni l’A.E.P.- association employeur de l’enseignement catholique-qui gère l’établissement et engage. C’est Madame Yver, la patronne de la manufac-ture des renommés émaux de Briare. Ceux qui ont ta-pissé les piscines des transatlantiques tel le ‘France’. El-le est fille des Chaudron-de-Courcelles dont le père était aussi propriétaire des faïenceries de Giens. D’une très riche famille, de noblesse acquise sous Napoléon III, résidant en un magnifique et vaste château, cette dame déjà âgée, qui dans sa jeunesse avait écumé l’Afrique dans les safaris, est devenue l’un des piliers financiers de l’évêché.Autant dire qu’elle n’en fait qu’à sa tête dans la gestion des établissements scolaires qu’elle a créés de toute pièce. Elle veut qu’ils soient catholiques, qu’ils s’occupent du primaire mais aussi de l’aide aux devoirs4
des apprentis de son usine, qu’ils s’engagent en outre à s’établir progressivement en cours complémentaire,classe de sixième une année, de cinquième la suivante ainsi jusqu’à la classe du brevet.L’établissement dont le père André est directeur, les deux fils aînés Yves et Jean-François les adjoints, entre autres maîtres, accueille les garçons mais un autre établissement du même type accueille les filles près de l’église. Pour cette deuxième année de métier les élèves du CM2 et les grands du certificat d’études primaires échoient à Jean-François. Des enfants de onze, douze, quatorze, voire quinze ans et plus. Pas question de se laisser aller, il y a l’examen phare à la fin de l’année sco-laire même si -c’est la règle dans le privé- il se réserve de ne pas présenter ceux des élèves qui risquent d’é-chouer !  Au troisième trimestre scolaire il y aura du ba-chotage. Ainsi chaque matin, un mois avant l’échéance, les candidats viendront avant l’heure pour une bonne dictée. À ce rythme tous les élèves présentés réussi-ront : le zéro en orthographe est éliminatoire. Quant à ceux qui sont présentés par la famille, un coup de chance peut toujours arriver !  Jean-François à un bon rapport avec ces enfants plus âgés. Il sait les entraîner au travail. Il sait aussi leur donner le goût et l’enthousiasme du travail bien fait dans les séances fréquentes de dessin et peinture. Il donne l’exemple dans les séances de plein air. Il est vrai5
le jogging sur les bords de la Loire ou du canal est fort agréable. Même Lisnic, le grand Yougoslave, pourtant handicapé de la hanche, tient à ne pas manquer ces moments.  Il sait aussi les mobiliser pour des travaux non scolaires. Il y a en haut de la cour un espace peu entre-tenu avec colombier ou clapier désaffecté. Vestige sans doute d’un poulailler. Le sol de terre battue tranche avec l’espace asphalté. Avec les volontaires Jean-François entreprend de rendre ce vilain recoin en oasis de fleurs et de verdure. Le colombier sera peint de cou-leurs printanières. Des jardinières seront installées au-tour à hauteur d’homme d’où dégoulineront feuilles et fleurs des géraniums-lierre. Le sol sera défoncé, retour-né et nettoyé des cailloux à coup de pics, de pioches et de pelles. Denancé, fils de paysan, l’un des plus forts et des plus actifs y met toute son énergie et ses connais-sances. Il apportera un chargement de fumier de crotin de cheval car il sait que pour obtenir une pelouse her-bue et des fleurs vigoureuses c’est cela qu’il faut ! Au printemps qui croirait que ce fut un dépotoir ? Person-ne ! C’est le coin le plus agréable de l’immense cour. Les élèves inconsciemment comprennent qu’avec un peu d’ardeur on peut vraiment transformer le plomb en or !  Chaque mois Madame Yver se pointe dans la classe de Jean-François pour lui remettre en main pro-pre et devant les élèves l’enveloppe contenant son trai-tement... en espèces ! 6
Elle ne l’impose pas, mais un banc est réservépour les enseignants aux messes dominicales de l’église paroissiale, charge à eux de veiller sur les élèves pré-sents.  Elle gère aussi son hôpital, équipé, il va de soi, d’une accueillante chapelle.Les travailleurs sont nombreux dans l’entreprise et viennent des quatre coins de la France. Jean-François y rencontrera une secrétaire-comptable qui venait de Bretagne dont on parlera plus loin. L’enseignement professionnel des apprentis se fait sur place, à l’usine. Il reviendra à Jean-François de les prendre une matinée par semaine pour l’aide aux devoirs, le jour de repos des scolaires mais pas de l’ins-tituteur...  Lui reviendront aussi la surveillance des récréa-tions et, par rotation, de la cantine pendant que deux de ses collègues dont son frère aîné devront passer le permis de transport en commun pour conduire le mi-nibus du transport scolaire tôt le matin et tard le soir, après l’étude.
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Mademoiselle Renard, félin de sacristie En grande relation avec la propriétaire de la ma-nufacture, mademoiselle Renard avait l’autorité supé-rieure au curé de la paroisse. Elle vivait avec sa collègue qui était aussi ronde qu’elle était maigre. Vivaient-elles en couple ? Cela ne nous regarde pas, mais quand on voyait l’une, l’autre n’était pas loin. Sauf peut-être quand la première participait à la messe du matin, confite en dévotion. C’est elle qui instaurera le ramassage scolaire dans les écarts de la commune afin de garder les effec-tifs suffisants et surtout d’engranger le forfait d’exter-nat attribué pour leur fonctionnement aux établisse-ments sous contrat depuis les lois Debré. Un élève, un forfait, ce qui n’était pas pour alléger le nombre d’élè-ves par classe ! C’est elle qui prendra l’initiative avec l’appui de la mécène paroissiale d’envoyer une délégation en Bel-gique pour négocier ce qui va suivre. Sans doute à l’occasion du jumelage de Briare et8
de Jemappes, un arrondissement de la ville de Mons, la municipalité invitait les Gilles de Binch, ces fameux bossus habillés de couleurs vives, certains coiffés de plumes d’autruche, chaussés de sabots bruyants qui déambulaient gigotant au rythme de la fanfare tout en lançant à la volée des oranges par dessus la foule .  Mademoiselle Renard tenait à faire participer ses bonnes œuvres autant de la manufacture que de la pa-roisse dont son école de filles et la société de gymnasti-que Concordia. On ne sait si l’activité y était importan-te mais tout ce monde en pantalon, jupe, chemise et corsage blancs faisait impression. Il ne manquait que les élèves de l’école de garçons pour faire le poids contre l’association de l’école publique. Et voilà pour-quoi Jean-François, Yvon et le couple Renard partirent en délégation chez les frères enseignants de Jemmapes. Il fallait leur arracher la participation de leur fanfare scolaire.  Jean-François sera ébloui de la modernité, du confort, de l’équipement surabondant de cet établisse-ment scolaire. À l’évidence, en Belgique l’enseignement confessionnel était plus que privilégié, chouchouté ! Il en gardera le souvenir de l’immense salle dédié aux activités de dessin et autres travaux créatifs. Ce qui au moins l’inspirera pour obtenir à la longue un lieu dédié et des sièges tournants réglables à Tournon, mê-me si c’était peu par rapport à ce qu’il avait découvert.La délégation obtiendra l’accord de la participa-tion de la fanfare des élèves magnifiquement costumés 9
pour les festivités. Sans aucun doute la participation financière de madame Yver pour les frais de déplace-ment de la troupe fut décisive. Mademoiselle Renard s’était approprié le jeune vicaire et travaillait de concert avec lui. Monsieur l’abbé était de tous les repas, de tous les déplacements. Il était donc du voyage en Belgique ! Comme il organisait un camp d’adolescents en Bretagne, le couple Renard avait sa tente et suivait les pérégrinations du groupe. Quand il s’était agi de baptiser la fille de Mech-tel, l’un des collègues, c’est elle qui prit l’initiative de trouver le parrain de l’enfant. Un catholique fervent. Cela tomba sur Jean-François ! Pauvre filleule tu n’en-tendras plus parler de lui, l’as-tu même entendu réelle-ment tant tu étais encore bébé quand il quitta Briare et oublia son rôle aussi sacré fût-il !  Demoiselle Renard se contentait disait-elle d’une modeste fortune. Ce qui n’empêchait pas que ses ap-partements fréquentés une fois ou l’autre par Jean-François était truffés de meubles anciens de valeur et d’une collection impressionnante de faïences et porce-laines rarissimes de Gien. À sa décharge elle en faisait profiter ses relations par des repas fastueux dans ce ca-dre cossu.
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Qui fait l’ange…Plus guère de temps à Jean-François pour s’oc-cuper d’autre chose que de sa classe et de ses élèves. Vie sociale, engagement syndical ou citoyen, ren-contres, culture, loisirs, ce sera la portion congrue.  Et pourtant il trouvera le temps de participer à la messe basse chaque jour, tôt le matin. Il croit que c’est une preuve de sainteté, comme aussi le fait de se réserver un moment dans un lieu discret pour réciter les cinquante salutations angéliques, les bras en croix, égrenant le chapelet pour ne pas dépasser la dose ! Il sent bien que c’est vain ces mantras, que chercher à souffrir tant physiquement que mentalement par l’en-nui que ça génère n’a pas guère de sens. Il s’y astreint pourtant car il pense que c’est le chemin et qu’il veut atteindre son but. Son directeur de conscience s’en inquiète non pour le détourner, au contraire. Un adulte qui fait cela, il n’en connaît pas d’autre sauf dans les ordres reli-11
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