Lettres de Henri Barbusse à sa femme, 1914-1917
208 pages
Français

Lettres de Henri Barbusse à sa femme, 1914-1917

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Description

Il s'agit de la correspondance de guerre de Henri Barbusse. Bien qu'âgé de quarante et un ans, L'écrivain s'est engagé en août 1914 comme simple soldat au 23e régiment de Ligne. Il part au Front le 21 décembre. Extrait : « Dans le boyau même, il y avait des cadavres qu’on ne peut retirer de là ni ensevelir (on n’a pas eu le temps jusqu’ici), et qu’on piétine en passant. L’un d’eux, qui a un masque de boue et deux trous d’yeux, laisse traîner une main qui est effilochée et à moitié détruite par les pieds des soldats qui se hâtent, en file, le long de ce boyau. On a pu le voir, le boyau étant couvert à cet endroit, on a allumé, une seconde. N’est-ce point macabre, ces morts qu’on use de la sorte comme de pauvres choses ? »

Informations

Publié par
Publié le 14 janvier 2013
Nombre de lectures 62
EAN13 9782824710570
Licence : En savoir +
Paternité, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français

Extrait

H EN RI BARBUSSE
LET T RES DE H EN RI
BARBUSSE À SA
F EMME
1914-1917
BI BEBO O KH EN RI BARBUSSE
LET T RES DE H EN RI
BARBUSSE À SA
F EMME
1914-1917
1937
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1057-0
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.LE CARN ET DE NO T ES
      contiennent le te xte intégral du car net de
notes d’Henri Barbusse . Sur ce car net, for mé de cinq feuilletsL cousus ensemble et qu’il p orta sur lui sans cesse , Henri
Barbusse notait, au jour le jour , ses déplacements et les faits qui l’avaient le
plus frapp é . Ces notes rapides de l’é crivain sont doublement pré cieuses  :
elles donnent la chr onologie e x acte d’une p ério de de sa vie de
combattant et, dans leur laconisme pr esque br utal, contiennent maints détails
que Barbusse avait cr u de v oir omer e ou aénuer lor squ’il é crivait à sa
femme .
1ʳ août 1914. — T amb our A umont. Mobilisation 4 h. 1/2.
3 août. — Retour à Paris. Re cr utement. Eng ag ement.
14 août. — Pr emier v o yag e à Melun.
19 août. — D euxième v o yag e à Melun.
Jeudi, 10 septembre. — 5 heur es, conv o cation p our Albi. Je p ar s à 9
heur es.
Samedi, 12 septembre. — Ar rivé e à Albi.
10 octobre. — Hély onne à Albi. Maison Juér y .
Lundi, 21 décembre. — D ép art d’ Albi av e c le 231 ᵉ — 5 h. 3/4 du soir .
Vendredi, 25 — Ar rivé e en chemin de fer à Vier zy . Mar che
1Ler es de Henri Barbusse à sa femme , 1914-1917 Chapitr e
(14 kilomètr es) de Vier zy à V auxbuin. — Cantonnement à V auxbuin.
Mardi, 29 décembre. — T ranché es de V auxr ot (trav er sé e de Soissons).
2 janvier 1915. — D ép art des tranché es p our P loizy (8 kilomètr es). —
Cantonnement à P loizy .
7 janvier. — Journées terribles. D ép art de P loizy à 2 heur es du matin,
cartouches. Cantonnement à la V er r erie de V auxr ot, p endant l’aaque
des Mar o cains et des Chasseur s. Couloir s nus, courants d’air . Fr oid. V er s
2 heur es, dép art p our la Car rièr e . P luie à la tombé e du soir ( longs
stationnements). Les tranché es prises p ar les Mar o cains sont b ondé es p ar
les autr es Comp agnies. Nuit ter rible dans les champs à côté des
tranché es. Boue , fondrièr es. Stationnement d’une heur e au r e v er s d’un talus
de ter r e , de 3 ou 4 heur es dans un champ au b ord d’une flaque . Fusé es
é clairantes allemandes. T out le monde couché . Silence , balles. J’ai dor mi
un p eu, transp er cé p ar le fr oid. A 11 heur es la lune se lè v e . A 11 h. 1/2,
malgré tout on se met en mar che . On p asse dans des r outes qui sont de
véritables monce aux de b oue . Chacun tomb e plusieur s fois. On trav er se
un b o yau pris aux Allemands, b oue , jusqu’à mi-mollet. On ar riv e au b out
des tranché es du 204. On dort un p eu, malgré le fr oid, sur un r e v er s de
talus — Le mort dans le quel tout le monde s’ empêtr e . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Samedi, 9 janvier. — T ranché es à la baïonnee . Le matin, le b
ombardement commence . On cher che des abris.
Lethume blessé à côté de moi. Dumont et moi nous nous appuy ons
au pie d de la tranché e près de l’abri des Chasseur s. Pr esque plus rien à
mang er . Je mang e un r este de p ain et de cho colat. A. . . heur es, le b
ombardement r e double . A 1 m. 50 de moi, qui me suis un p eu déplacé et qui
sommeillais, D . . ., frapp é à la tête , le crâne ouv ert, râle , p endant que ter ré ,
la musee sur la tête , j’aends les coups ( je cr ois qu’il r onfle , en me r
etour nant je le v ois étendu, couv ert de sang et de ter r e ). G. . ., bras coup é ,
crie qu’ on lui bande le bras. La rafale r e double . Chaque coup me lance
de la ter r e . A un moment, coup violent au pie d. Je me cr ois blessé . Ce
n’ est qu’un mor ce au de madrier détaché p ar un shrapnel. . . Je chang e de
place . Je me tapis dans le couloir qui mène à une cabane-abri. Je suis à ciel
ouv ert. Je mets sur ma tête ma musee  ; sur le v entr e une autr e musee
tr ouvé e là , sur mes jamb es une couv ertur e r oulé e . Feu effrayant p endant
2Ler es de Henri Barbusse à sa femme , 1914-1917 Chapitr e
tout le r este de la jour né e . Je v ois l’é clatement des shrapnels, à dr oite , à
g auche , en avant.
Nous sommes r ele vés v er s 8, 9 heur es. Cheminement mi-p artie dans
les b o yaux, mi-p artie dans les champs, en dehor s des tranché es, à cause
de l’ encombr ement pr o duit p ar la r elè v e . Ar rivé e à la Gr oe .
Stationnement, p our aendr e que la tranché e soit vide des se ctions qui y défilent.
Fusé e é clairante ( cee fusé e a p er mis de r ep ér er l’ endr oit et quelques
instants après notr e dép art, des obus sont tombés là , faisant huit ou dix
victimes). Finalement, l’adjudant nous fait p artir p ar la crête , en dehor s de
la tranché e , p our en finir et r entr er . Balles. Sifflements. Les infir mier s et
les morts. O deur p estilentielle . Enfin, r oute et car rièr e . On s’installe p our
dor mir , harassés. Mais v er s 11 heur es on vient demander vingt-quatr e
hommes p our aller p orter des fils de fer sur la ligne de feu. J’ en suis. On
se r elè v e . On va à la V er r erie dép oser les couv ertur es et les musees, et
ar més du fusil, av e c le char g ement de cartouches, on pr end, deux à deux,
dans l’ ombr e , des bar ricades de b ois tendues de fils de fer barb elés, les X,
et on r ep art p our la ligne . Sifflements de balles. On ar riv e à la Gr oe . On
dép ose les X et on r e vient. Il est 4 h. 1/2 envir on. On se réinstalle p our
dor mir sur la pier r e av e c une p oigné e de p aille , je n’ai p our or eiller que
ma musee . Je dor s tout de même comme un plomb jusqu’à 8 heur es.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Dimanche, 10 janvier. — Le matin, la moitié de l’ escouade se fait p orter
malade . On appr end que dans la 17 ᵉ Comp agnie qui a été contr e-aaqué e ,
il y a eu plus de vingt morts, cinquante-cinq blessés ( envir on deux cents
hommes hor s de combat p our la nuit d’avant-hier et la jour né e d’hier ). On
raconte des détails  : les blessés collés dans la b oue et qu’il faut se mer e
à deux p our dé coller de la vase des tranché es. Les Allemands ne faisant
p as de quartier . Les Allemands ayant essayé de se fair e p asser p our « la
r elè v e de la 19 ᵉ et de la 21 ᵉ  » afin de r entr er dans nos tranché es.
A ujourd’hui nouv elle aaque des nôtr es sur la tranché e de Cr ouy .
D e l’avis g énéral, la jour né e p assé e est la plus meurtrièr e qu’ on ait
v ue depuis le commencement de la guer r e , et p ourtant le régiment a fait
la pr emièr e p artie de la camp agne , de la Meuse à la Mar ne .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Lundi, 11 janvier. — Matiné e à la V er r erie . A 4 heur es on crie  :
« Ras3Ler es de Henri Barbusse à sa femme , 1914-1917 Chapitr e
semblement  ! » On nous réunit dans la cour . Puis on se dirig e v er s la
sortie . On crie  : « Par escouade , p as g y mnastique . » Nous sommes sur la r oute
de Cr ouy et elle est r ep éré e . On aeint, sous la pluie d’ obus, le châte au.
Halte . On r ep art en se défilant. Balles et shrapnels. On a

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