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Toc... Toc... Toc ! EtudeTurgenev, Ivan SergeyevichPublication: 1870Catégorie(s): Fiction, NouvellesSource: http://www.ebooksgratuits.com1A Propos Turgenev:Ivan Sergeyevich Turgenev (November 9 [O.S. October 28] 1818 – Sep-tember 3 [O.S. August 22] 1883) was a major Russian novelist and play-wright. His novel Fathers and Sons is regarded as a major work of 19th-century fiction. Source: WikipediaDisponible sur Feedbooks pour Turgenev:• Premier Amour (1860)• Récits d'un Chasseur (1874)• Assez ! Extrait du journal d'un peintre défunt (1864)• Fantômes (1863)• Eaux Printanières (1871)• Journal d’un homme de trop (1850)• Le Chant de l'amour triomphant (1881)• Dimitri Roudine (1855)• Claire Militch (1883)• Un Rêve (1876)Note: This book is brought to you by Feedbookshttp://www.feedbooks.comStrictly for personal use, do not use this file for commercial purposes.2Chapitre 1… Nous fîmes cercle autour de Riedel, un vieil ami à nous tous, un Russede la bonne souche, malgré son nom allemand, et il commença en cestermes : « Je vais vous raconter, messieurs, une aventure qui m’est arri-vée il y a de cela trente… ou peut-être quarante ans. Je serai bref — etvous, ne m’interrompez pas. »Frais émoulu de l’Université, je me trouvais alors à Saint-Pétersbourg.Mon frère était aspirant de l’artillerie à cheval de la Garde. Sa batterieétait cantonnée à Krasnoïé-Selo : nous étions en été. Mon frère ne logeaitpas au quartier, mais dans un des petits hameaux ...

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Toc... Toc... Toc ! Etude Turgenev, Ivan Sergeyevich
Publication:1870 Cat gorie(s):Fiction, Nouvelles Source:http://www.ebooksgratuits.com
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A Propos Turgenev: Ivan Sergeyevich Turgenev (November 9 [O.S. October 28] 1818  Sep-tember 3 [O.S. August 22] 1883) was a major Russian novelist and play-wright. His novel Fathers and Sons is regarded as a major work of 19th-century fiction. Source: Wikipedia
Disponible sur Feedbooks pour Turgenev: Premier Amour(1860) R cits d'un Chasseur(1874) Assez ! Extrait du journal d'un peintre d funt(1864) Fant mes(1863) Eaux Printani res(1871) Journal dun homme de trop(1850) Le Chant de l'amour triomphant(1881) Dimitri Roudine(1855) Claire Militch(1883) Un R ve(1876)
Note:This book is brought to you by Feedbooks http://www.feedbooks.com Strictly for personal use, do not use this file for commercial purposes.
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Chapitre1
 Nous f mes cercle autour de Riedel, un vieil ami nous tous, un Russe de la bonne souche, malgr son nom allemand, et il commen a en ces termes : Je vais vous raconter, messieurs, une aventure qui mest arri-v e il y a de cela trente ou peut- tre quarante ans. Je serai bref  et vous, ne minterrompez pas. Frais moulu de lUniversit , je me trouvais alors Saint-P tersbourg. Mon fr re tait aspirant de lartillerie cheval de la Garde. Sa batterie tait cantonn e Krasno -Selo : nous tions en t . Mon fr re ne logeait pas au quartier, mais dans un des petits hameaux voisins, et comme jallais ly visiter r guli rement, je fis rapidement connaissance avec tous ses amis. Il occupait une chaumi re, ma foi fort coquette, en compagnie dun autre officier de sa batterie, un certain Teglev. Jeus t t fait de me lier avec ce dernier. On pr tend, de nos jours, que Marlinsky est vieux jeu, on ne le lit plus et se moque m me de lui, mais en 1830 il tait plus illustre que qui-conque et Pouchkine lui-m me, au dire des jeunes gens, ne pouvait pas lui tre compar . Marlinsky avait acquis la r putation de premier cri-vain russe, mieux encore  chose rare et difficilement r alisable  il avait imprim sa trace sur le front de toute la g n ration de son poque. Partout o vous alliez, vous tiez assur de rencontrer des personnages la Marlinsky ; ils taient particuli rement nombreux en province, plus sp cialement dans larm e, et surtout dans lartillerie. Leurs propos et leurs lettres sinspiraient de leur auteur favori ; leur commerce tait sombre, taciturne, la temp te dans l me et le feu dans le sang , comme le lieutenant B lozor dans La Fr gate de lEsp rance. Ils d vo-raient les curs f minins, aussi leur avait-on coll l tiquette d homme fatal . Comme vous le savez tous, ce type sest conserv assez longtemps  jusqu Petchorine. Et que ny trouvait-on pas : byronisme, romantisme, r miniscences de la R volution fran aise et de l meute de D cembre, culte de Napol on, foi dans le destin, la bonne toile et la force de caract re, la pose et la d clamation  et lennui du n ant ; langoisse dune fiert mesquine, alli e une nergie et un courage
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r els ; de nobles aspirations, contrari es par une ducation n glig e et une grossi ret native ; des pr tentions aristocratiques et une vantardise futile Bref, assez de philosophie Je vous ai promis un r cit.
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Chapitre2
Le sous-lieutenant Teglev appartenait la cat gorie des hommes fatals , bien quil ne t pas le physique de lemploi : par exemple, il ne pr sen-tait la moindre ressemblance avec le fataliste de Lermontov. C tait un homme de faible taille, assez corpulent, l g rement vo t , blond et presque blondasse ; la face tait ronde, fra che, les joues roses, le nez re-trouss , le front bas et troit, de grosses l vres r guli res et toujours im-mobiles : jamais je ne lai vu rire, ni m me sourire. peine ai-je entrevu ses dents, blanches comme sucre et carr es, quand la fatigue et lessoufflement lobligeaient douvrir la bouche. Cette rigidit voulue, r -pandue sur tous ses traits, leur faisait perdre leur air de bonhomie inn e. Seuls, les yeux n taient pas tout fait ordinaires : petits, avec des pru-nelles vertes et des cils jaunes ; lil droit tait l g rement plus haut pla-c que le gauche ; la paupi re gauche ne se soulevait jamais enti rement, et tout cela conf rait sa physionomie une expression singuli re, dissy-m trique et somnolente. Le visage, au demeurant am ne, refl tait g n -ralement une sorte dinsatisfaction m l e de surprise, comme si le per-sonnage avait guett , en son for int rieur, une pens e morose, sans r us-sir sy fixer. Avec tout cela, Teglev ne produisait nullement limpression dun homme plein de lui-m me, et vous leussiez pris bien plut t pour un hu-mili que pour un orgueilleux. Il parlait peu, dune voix enrou e et par-fois b gayante, en r p tant sans raison les m mes mots. loppos de la grande majorit des fatalistes, il vitait les expressions par trop pr -cieuses et ne les employait que dans les p tres ; son criture tait tr s exactement celle dun enfant. De lavis de tous ses sup rieurs, c tait un officier comme ci, comme a , pas trop dou et insuffisamment z l . Ponctuel, mais d sordonn , d clarait le g n ral de brigade, un Allemand russifi . En quoi il refl -tait exactement lopinion de la troupe : comme ci, comme a  moiti figue et moiti raisin. Son train de vie tait modeste : comme ses revenus. Ses parents lavaient laiss orphelin l ge de neuf ans, en se risquant travers
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lOka, sur un radeau, pendant les crues printani res. lev dans une pen-sion particuli re, o il passait pour un parangon de niaiserie et de docili-t , il tait entr par la suite l cole des Junkers de lartillerie cheval de la Garde, conform ment son propre d sir, maintes fois exprim , et gr ce lappui dun oncle terriblement influent. Non sans peine, il y avait r ussi passer ses examens daspirant, puis de sous-lieutenant. Ses relations avec les autres officiers n taient pas des plus cordiales : en r gle g n rale, on ne laimait pas et vitait sa compagnie ; lui-m me, dailleurs, ne sortait presque jamais, se sentant affreusement intimid en soci t , o il devenait gauche et affect . La camaraderie lui tait interdite et il ne tutoyait personne. Pourtant, on le respectait. Non pas pour son caract re, son esprit ou son instruction, mais parce que lon avait identifi sur son front la marque de la fatalit . Jamais personne ne se serait avis de d clarer :  Teglev va faire une brillante carri re ; vous entendrez parler de lui. Par contre, on admettait volontiers quil e t plus dun tour dans son sac ou quun beau jour il p t devenir un Napol on, comme cela, sans crier gare . Car, voyez-vous, ces transformations-l sont du ressort de l  astre , et Teglev tait un homme pr destination , exactement comme il y a des gens soupirs ou sanglots .
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Chapitre3
Deux aventures, survenues tout au d but de sa carri re dofficier, contri-bu rent renforcer sa r putation d tre fatal . Le jour de sa promotion  cela se passait aux environs du 15 mars , Teglev se promenait le long des quais, en compagnie de quelques cama-rades impatients d trenner leurs uniformes tout neufs. Le printemps tait pr coce et la glace fondait d j sur la N va ; le courant avait empor-t les blocs les plus gros, et il ne flottait plus la surface du fleuve quune couche mince et peu r sistante. Les jeunes gens devisaient joyeusement, riaient quand lun deux sarr ta : il venait dapercevoir, une ving-taine de m tres du bord, un caniche qui s tait r fugi sur une glace plus stable que les autres et hurlait en tremblant de tout son corps transi.  Il est fichu ! murmura-t-il entre ses dents. La b te passait au large dun escalier du quai. Subitement, Teglev le d gringola sans dire un mot, savan a hardiment sur la glace mouvante, courut jusquau chien, en sautant dun lot sur lautre, faillit se noyer plusieurs reprises, mais r ussit sapprocher du naufrag , le prit par la peau du cou, fit demi-tour et le jeta ses camarades. Le p ril avait t si grave et lacte tellement inattendu, que ces derniers en rest rent bouche b e et ne se d cid rent parler, tous ensemble, quau moment o Teglev fit signe un cocher, pour rentrer chez lui : ses v tements taient tremp s. Aux exclamations de sa suite, le jeune officier r pondit dun air d sin-volte que nul ne pouvait chapper son destin.  H , dis donc, emporte au moins le clebs en souvenir ! lui cria un de ses camarades, comme le fiacre s branlait. Mais linterpell se contenta de faire un geste d daigneux, et les spec-tateurs sentre-regard rent, interdits. Lautre aventure se produisit quelques jours de l , au cours dune partie de cartes chez le commandant de la batterie. Teglev ne jouait pas et s tait isol dans un coin de la pi ce.
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 Ah ! si une vieille pouvait mindiquer trois cartes gagnantes, comme dans La Dame de Pique de Pouchkine ! g mit un petit aspirant qui tait en train de l cher son troisi me millier de roubles. Teglev sapprocha de la table, sans rien dire, prit le jeu, coupa et murmura :  Six de carreau ! Effectivement, la carte retourn e tait un six de carreau.  As de tr fle ! annon a-t-il de m me. Il ne s tait pas tromp .  Roi de carreau ! siffla-t-il entre ses dents, dun air furieux. Il devina juste pour la troisi me fois et rougit, ne s tant probable-ment pas attendu un tel r sultat.  Un excellent tour de passe-passe ! Recommencez voir ! rit le commandant.  Je ne fais pas de tours de passe-passe , observa s chement Teglev en quittant la pi ce. Je ne saurais vous dire par quel prodige il avait r ussi cette passe de trois, mais puis vous certifier que je lai vu de mes propres yeux. Beaucoup dentre nous essay rent den faire autant apr s son d part, mais aucun ny r ussit : il y en eut qui devin rent une carte, mais jamais deux. Et Teglev avait r alis la passe de trois ! Sa r putation dhomme fa-tal et nigmatique tait d finitivement tablie. Dans la suite, je me suis souvent demand ce quil serait advenu de sa r putation sil s tait tromp ce jour-l et si lint ress nen aurait point con u une autre opinion de lui-m me. Las ! il tait trop tard : laffaire tait tranch e.
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Chapitre4
Lon con oit que Teglev se f t imm diatement cramponn cette renom-m e qui lui conf rait une importance et un caract re particuliers Cela le posait , comme disent les Fran ais, et lui tombait pic, tant donn son manque desprit, son peu de connaissances et son amour-propre illi-mit . Autant il avait t difficile de la m riter, autant il tait ais de la maintenir : il suffisait, pour cela, de se taire et de jouer les ours. Pourtant, ce nest pas cause de ce renom que jai recherch son com-merce et lai pris en affection, jai aim Teglev dabord parce que c tait un honn te homme en qui je voyais un semblable ; ensuite, pour son bon cur et sa simplicit d me. Il minspirait surtout une sorte de compas-sion, car il me semblait quen plus de sa fatalit de commande, il tait menac par un destin tragique et ne sen doutait m me pas. Bien s r, je ne lui ai jamais avou ce sentiment-l : rien ne peut insulter davantage un homme fatal que de la compassion. Le sous-lieutenant, de son c t , paraissait bien dispos mon endroit ; du moins, il se sentait manifestement plus laise dans ma soci t et re-non ait sa pose, ce pi destal spectaculaire o il avait grimp ou quon lui avait impos  je ne saurais vous le dire. Quoiquil f t affect dun orgueil excessif, il devait assur ment se rendre compte, en son for int -rieur, que rien ne justifiait cet amour-propre et qu tout prendre, ses ca-marades avaient le droit de le traiter avec quelque hauteur tandis que moi, avec mes dix-neuf ans, je ne pouvais certes pas lembarrasser. Il navait point lieu de craindre, en ma pr sence, de prof rer une parole niaise ou maladroite, aussi lui arrivait-il d tre loquace et m me prolixe. Je dois confesser que si quelquun dautre que moi avait entendu ses propos, sa r putation naurait pas dur ! Ses connaissances se r duisaient  deux fois rien, de m me que ses lectures et il se contentait, pour la plu-part du temps, denregistrer dans sa m moire de bonnes histoires ou des anecdotes cueillies au hasard dune conversation. Il croyait aux pressen-timents, aux pr dictions, aux rencontres, aux jours fastes et n fastes, au bon et au mauvais sort, des ann es climat riques dont on avait fait mention en sa pr sence et auxquelles il ne comprenait goutte. Bref,
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les hommes fatals ne doivent mais les inspirer aux autres Par ce jour.
pas nourrir ces bonheur, j tais
sortes seul
de superstitions, le conna tre sous
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Chapitre5
Cela se passait un 20 juillet. J tais all rendre visite mon fr re et ne lavais pas trouv chez lui, car il tait parti en mission pour une huitaine de jours. Comme je n prouvais pas la moindre envie de retourner Saint-P tersbourg, je pris mon fusil sous le bras, allai fl ner travers les marais avoisinants, abattis une couple de b casses et passai la soir e en compagnie de Teglev, sous lauvent dune grange abandonn e o il avait install sa r sidence d t , pour reprendre son expression. Nous bavar-d mes de choses et dautres, mais la plupart du temps s coula prendre du th , fumer la pipe, nous entretenir avec le ma tre du logis, un Fin-landais russifi , ou avec un colporteur  De-emandez mes oranges, de-emandez mes citrons ! Ce dernier tait un fort brave homme et un boute-en-train qui joignait ses autres talents celui de manier prestement la guitare ; il nous parla de la passion malheureuse quil avait prouv e  laube de sa jeunesse pour la fille dun d marcheur. Parvenu l ge m r, ce Don Juan en chemise russe avait renonc aux fatales amours. Une plaine immense s talait devant le portail de notre grange et allait en s largissant ; une petite rivi re miroitait dans les sinuosit s des bas-fonds ; plus loin, lhorizon, on d couvrait une for t basse. Nous res-t mes seuls la nuit tombante. Une brume fluide descendait du ciel, s paississait progressivement et se transformait en un brouillard com-pact. La lune monta au ciel et transper a la brume dune lumi re dor e. Les objets sestomp rent, senvelopp rent de n buleuses, se fondirent ; le proche se fit lointain, le grand devint petit, le petit devint grand Tout cela tait clair et confus. Nous tions transport s dans un pays f erique, au royaume du clair-obscur, tiss dor et de blanc, de silence infini et de r ve tangible Et les toiles jetaient, de l -haut, des tincelles si myst -rieuses ! Nous nous t mes tous les deux. En nous enveloppant, le voile fantastique de la nuit nous avait pr dispos s la fantasmagorie.
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