Trophées des Plumes 2022- ( Mr Merry)
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Une minute de silence en mémoire de la vie qu'il venait de perdre.

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Publié le 08 juin 2022
Nombre de lectures 74
Langue Français

Extrait

Une minute de silence en mémoire de la vie qu'il venait de perdre. La vive circulation, la lumière des lampadaires qui s'evanesçaient. Le bruit de la ville remplacé par celui des oiseaux. Le silence divin s'épaississait sur tout l'horizon, pendant que le naturel dominait l'artiIciel. Domination qui se faisait encore plus ressentir dans le corps de Merry. Mentalement, il s'était suicidé plus d'une fois en traversant ce pont. ïl y rencontrait chaque jour la mort, qui lui chantait une berceuse délicieuse et apaisante aIn qu'il s'endorme pour de bon. ïl avait eu peur quelque instant, voyant son corps écrasé misérablement sur ce goudron, ses organes éparpillés çà et là et ses yeux sortis de leurs orbites qui pointaient vers lui. ïl secoua la tête. L'image terriIante avait disparu, remplacée par une magniIque voiture noire qui portait l'espoir de l'humanité : un bébé. Cela faisait trois jours que Maëlys et sa mère étaient parties brutalement sans lui dire au revoir. ïl se souvenait que la veille, il jouait avec la Illette quand tout à coup, les choses étaient devenues oues. ïl s'était réveillé le lendemain (il avait vériIé la date sur le calendrier) et elles n'étaient plus là. Leurs aFaires non plus. ïl n'avait eu aucune nouvelle d'elles depuis lors. Mr Orsot l'avait appelé ce matin pour lui demander si elles étaient toujours chez lui. ïl lui avait expliqué la situation. Le vieil homme avait soupiré et sauvagement raccroché juste après.
"Surement Melody a-t-elle choisi la liberté et s'était enfouie loin de cet anémié intellectuel" pensa-t-il
ïl replongea aussitôt dans ses pensées. ïl revoyait son géniteur l'emmener dans ce sous-sol, attacher ses mains et le battre jusqu'à ce qu'il perde connaissance. ïl se revoyait aFaibli, la vision oue Ixée sur ce géant qui semblait enregistrer quelque chose dans son dictaphone. ïl senti des larmes rigoler sur ses joues.
"Tiens ! c'est étrange, pourquoi est-ce que je pleure encore ?"
C'était la même chose dans ses souvenirs. Enchainé comme un vulgaire nègre par son propre géniteur, Merry pleurait. De douleur certes mais surtout d'incompréhension. "Pourquoi ?" c'était le slogan qui rugissait dans sa tête. Pourquoi devait-il subir cela ? Qu'on lui explique au moins pourquoi on le bat ! Pourquoi doit-il souFrir autant alors qu'il n'avait pas demandé à naitre ? ïl avait à maintes reprises posé ces questions. ïl ne reçut aucune autre réponse que des cris et des coups encore plus violents les uns que les autres.
Sur ce pont, il sentait encore des larmes de sang couler sur son dos. ïl toucha.
"Ah non, juste de la transpiration".
ïl avait grandi avec des tuteurs dont il pensait être le véritable enfant. ïl se souvenait qu'à cette époque, bien qu’ils ne vivaient pas une vie luxueuse, il était heureux. ïl avait cette paix qu'il recherche ardemment aujourd'hui. ïl avait perdu tout contact avec lorsqu'on lui annonça au CM2 qu'il devait
aller vivre avec son véritable géniteur. ïl refusa, mais les tuteurs ne lui laissèrent pas le choix. Le lendemain même de l'annonce il avait été emmené chez le fameux psychologue. Une maison immense, plusieurs dames de maison à la disposition, des climatiseurs partout et même une piscine. La première semaine il avait pu en proIter. Et même s’il avait commencé à perdre cette paix qu'il avait, il y avait encore un peu de joie en lui. Mais juste après tout bascula. ïl s'est retrouvé du jour au lendemain dans cette pièce sombre à se faire battre. L'incompréhension totale.
Cependant il y avait des jours où, ce géniteur vile, violent et impassible devenait un agneau doux et attentionné. Pansant des blessures qu'il avait lui-même causées en s'excusant et retirant les chaines pendant un moment. C'était comme s'il était troublé par quelque chose et qu'on l'obligeait à commettre ces actes contre son gré. Dans ces moments rares, Merry osait ressentir de la compassion.
ïl avait eu à de nombreuses reprises l'occasion de parler de ce qui s'était passé mais qui l'aurait cru ? Lui n'était qu'un pauvre adolescent, son géniteur par contre était le psychologue ivoirien le plus excellent de tous et " l'un des hommes les plus candides de la Terre" selon raternité Matin. ïl y avait aussi l'incompréhension de cette mère inerte, vide d'émotion en apparence avec ce visage de clown, le sourire jusqu'aux lèvres peu importe la situation, qui lui apportait son seul repas de la journée. ïl avait beau essayé de la faire réagir en pleurant, la suppliant, lui parlant, mais jamais elle n'avait fait autre chose que sourire. ïl avait vite compris que cela ne servait à rien. Au bout du deuxième trimestre, il était devenu insensible à la douleur. Sa chair s'ouvrait et se refermait sans qu'il ne puisse ressentir quoique ce soit. ïl était devenu impassible comme son géniteur. ïmpassibilité qui était né un jour où la violence avait été à son summum. Cela faisait une semaine qu'il était enchaîné. Les mains de chaque côté des murs et les pieds aussi. Une semaine qu'il n'avait eu que de l'eau comme nourriture et un seau d’eau versé sauvagement sur le corps en guise de bain. ïl était aFaibli, et les plaies n'avaient pas encore cicatrisé. Une semaine durant laquelle il n'avait pas bien dormi. ïl essaya de fermer les yeux quand soudain, pour une première fois, son géniteur rentra dans la salle en pleine nuit. ïl avait un regard de fauve et deux lianes en main. Sans dire un mot il se mit à le frapper violemment, de tous les côtés. Sur le visage, le dos, la tête, les pieds, partout. Merry avait essayé de se débattre mais il était non seulement bloqué par les chaines, mais aussi sa faiblesse. Les anciennes plaies renaissaient et de nouvelles voyaient le jour. Son géniteur le frappa de plus en plus fort jusqu'à ce que l'une des lianes se coupe. Là, il les jeta. Espoir et désespoir, il prit ses mains. ïl frappa son Ils comme si c'était un punchingball. Les cris de Merry étaient devenus sourds. ïl voyait tout au ralenti jusqu'à ce que soudain tout devint noir. ïl ne se souvenait pas du temps que ça avait duré. A son réveil il n'y avait personne et il entendait le bruit de ses gouttes de sang fracassant le sol. Depuis, il n'arrivait plus à ressentir quoique ce soit
physiquement. Ses émotions commençaient elles aussi à disparaître peu à peu.
'' il ne sert à rien de comprendre la violence. Elle fait mal peu importe" avait-il pensé
Plus aucun cri ne sortit de sa bouche, aucune plainte, aucunes larmes, juste un visage impartial, un regard froid.
Son géniteur avait vite fait de le remarquer. Merry ne savait pas si ça avait été par peur ou intentionnellement, mais il décida de le déchaîner, le laver et l'habiller. Après une année de torture sans contact avec l'extérieur il allait reprendre les cours de manière normale. C'était enIn Ini. Du moins c'est ce qu'il croyait ....
Soudain des cris le ramenèrent à la réalité. La voiture où se trouvait le bébé venait de percuter un camion poubelle. Tous avaient été tués sauf l'enfant. On pouvait voir une barre de fer traverser le crâne de celle qui devait supposément être la mère et sa tête pendre. Le supposé père, conducteur, avait été éjecté et agonisait à quelques mètres du lieu de l'accident. L'image était aFreuse. Tout aussi aFreuse que le suicide. L'enfant lui, était intact. Malheureusement pour lui. "il aurait dû mourir" pensa Merry. Si la mort lui chantait chaque jour qu'en se suicidant il irait mieux, la vie elle lui avait appris qu'il fallait mieux ne pas naitre, que de vivre sans parents. En ne mourant pas, l'enfant exposait sa vie à la méchanceté et la cruauté de l'espèce humaine. Les orphelinats, les maisons d'accueil, les familles adoptives, les oncles et les tantes, personne ne pourra donner à cet enfant la stabilité qu'il aurait eu avec ses parents. Mais peut-être qu'il se trompait aussi. Peut-être que tout comme lui cet enfant n'avait ni père ni mère et que ceux qui venaient de mourir étaient juste des géniteurs.
"une chance sur trois, c'est un bon pari"
ïl soupira.
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