The Project Gutenberg EBook of Vingt ans après, by Alexandre Dumas
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Title: Vingt ans après
Author: Alexandre Dumas
Release Date: November 4, 2004 [EBook #13952]
Language: French
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Alexandre Dumas
VINGT ANS APRÈS
(1845)
Table des matières
I. Le fantôme de Richelieu
II. Une ronde de nuit
III. Deux anciens ennemis
IV. Anne d'Autriche à quarante-six ans
V. Gascon et Italien
VI. D'Artagnan à quarante ans
VII. D'Artagnan est embarrassé, mais une de nos anciennes
connaissances lui vient en aide
VIII. Des influences différentes que peut avoir une demi-pistole
sur un bedeau et sur un enfant de choeur
IX. Comment d'Artagnan, en cherchant bien loin Aramis, s'aperçut
qu'il était en croupe derrière Planchet
X. L'abbé d'Herblay
XI. Les deux Gaspards
XII. M. Porthos du Vallon de Bracieux de Pierrefonds
XIII. Comment d'Artagnan s'aperçut, en retrouvant Porthos, que la
fortune ne fait pas le bonheur
XIV. Où il est démontré que, si Porthos était mécontent de son
état, Mousqueton était fort satisfait du sien
XV. Deux têtes d'ange
XVI. Le château de Bragelonne
XVII. La diplomatie d'Athos
XVIII. M. de Beaufort
XIX. Ce à quoi se récréait M. le duc de Beaufort au donjon de
Vincennes
XX. Grimaud entre en fonctions
XXI. Ce que contenaient les pâtés du successeur du père Marteau
XXII. Une aventure de Marie Michon
XXIII. L'abbé Scarron
XXIV. Saint-Denis
XXV. Un des quarante moyens d'évasion de Monsieur de Beaufort
XXVI. D'Artagnan arrive à propos
XXVII. La grande route
XXVIII. RencontreXXIX. Le bonhomme Broussel
XXX. Quatre anciens amis s'apprêtent à se revoir
XXXI. La place Royale
XXXII. Le bac de l'Oise
XXXIII. Escarmouche
XXXIV. Le moine
XXXV. L'absolution
XXXVI. Grimaud parle
XXXVII. La veille de la bataille
XXXVIII. Un dîner d'autrefois
XXXIX. La lettre de Charles Ier
XL. La lettre de Cromwell
XLI. Mazarin et Madame Henriette
XLII. Comment les malheureux prennent parfois le hasard pour la
providence
XLIII. L'oncle et le neveu
XLIV. Paternité
XLV. Encore une reine qui demande secours
XLVI. Où il est prouvé que le premier mouvement est toujours le
bon
XLVII. Le Te Deum de la victoire de Lens
XLVIII. Le mendiant de Saint-Eustache
XLIX. La tour de Saint-Jacques-la-Boucherie
L. L'émeute
LI. L'émeute se fait révolte
LII. Le malheur donne de la mémoire
LIII. L'entrevue
LIV. La fuite
LV. Le carrosse de M. le coadjuteur
LVI. Comment d'Artagnan et Porthos gagnèrent, l'un deux cent dix-
neuf, et l'autre deux cent quinze louis, à vendre de la paille
LVII. On a des nouvelles d'Aramis
LVIII. L'Écossais, parjure à sa foi, pour un denier vendit son roi
LIX. Le vengeur
LX. Olivier Cromwell
LXI. Les gentilshommes
LXII. Jésus Seigneur
LXIII. Où il est prouvé que dans les positions les plus difficiles
les grands coeurs ne perdent jamais le courage, ni les bons
estomacs l'appétit
LXIV. Salut à la Majesté tombée
LXV. D'Artagnan trouve un projet
LXVI. La partie de lansquenet
LXVII. Londres
LXVIII. Le procès
LXIX. White-Hall
LXX. Les ouvriers
LXXI. Remember
LXXII. L'homme masqué
LXXIII. La maison de Cromwell
LXXIV. Conversation
LXXV. La felouque «L'Éclair»
LXXVI. Le vin de Porto
LXXVII. Le vin de Porto (Suite)
LXXVIII. Fatality
LXXIX. Où, après avoir manqué d'être rôti, Mousqueton manqua
d'être mangé
LXXX. Retour
LXXXI. Les ambassadeurs
LXXXII. Les trois lieutenants du généralissime
LXXXIII. Le combat de Charenton
LXXXIV. La route de Picardie
LXXXV. La reconnaissance d'Anne d'Autriche
LXXXVI. La royauté de M. de Mazarin
LXXXVII. Précautions
LXXXVIII. L'esprit et le bras
LXXXIX. L'esprit et le bras (Suite)
XC. Le bras et l'esprit
XCI. Le bras et l'esprit (Suite)XCII. Les oubliettes de M. de Mazarin
XCIII. Conférences
XCIV. Où l'on commence à croire que Porthos sera enfin baron et
d'Artagnan capitaine
XCV. Comme quoi avec une plume et une menace on fait plus vite et
mieux qu'avec l'épée et du dévouement
XCVI. Comme quoi avec une plume et une menace on fait plus vite et
mieux qu'avec l'épée et du dévouement (Suite)
XCVII. Où il est prouvé qu'il est quelquefois plus difficile aux
rois de rentrer dans la capitale de leur royaume que d'en sortir
XCVIII. Où il est prouvé qu'il est quelquefois plus difficile aux
rois de rentrer dans la capitale de leur royaume que d'en sortir
(Suite)
Conclusion
I. Le fantôme de Richelieu
Dans une chambre du palais Cardinal que nous connaissons déjà, près d'une table à coins de vermeil, chargée de
papiers et de livres, un homme était assis la tête appuyée dans ses deux mains.
Derrière lui était une vaste cheminée, rouge de feu, et dont les tisons enflammés s'écroulaient sur de larges chenets
dorés. La lueur de ce foyer éclairait par-derrière le vêtement magnifique de ce rêveur, que la lumière d'un candélabre
chargé de bougies éclairait par-devant.
À voir cette simarre rouge et ces riches dentelles, à voir ce front pâle et courbé sous la méditation, à voir la solitude de
ce cabinet, le silence des antichambres, le pas mesuré des gardes sur le palier, on eût pu croire que l'ombre du cardinal
de Richelieu était encore dans sa chambre.
Hélas! c'était bien en effet seulement l'ombre du grand homme. La France affaiblie, l'autorité du roi méconnue, les
grands redevenus forts et turbulents, l'ennemi rentré en deçà des frontières, tout témoignait que Richelieu n'était plus là.
Mais ce qui montrait encore mieux que tout cela que la simarre rouge n'était point celle du vieux cardinal, c'était cet
isolement qui semblait, comme nous l'avons dit, plutôt celui d'un fantôme que celui d'un vivant; c'étaient ces corridors
vides de courtisans, ces cours pleines de gardes; c'était le sentiment railleur qui montait de la rue et qui pénétrait à
travers les vitres de cette chambre ébranlée par le souffle de toute une ville liguée contre le ministre; c'étaient enfin des
bruits lointains et sans cesse renouvelés de coups de feu, tirés heureusement sans but et sans résultat, mais seulement
pour faire voir aux gardes, aux Suisses, aux mousquetaires et aux soldats qui environnaient le Palais-Royal, car le palais
Cardinal lui-même avait changé de nom, que le peuple aussi avait des armes.
Ce fantôme de Richelieu, c'était Mazarin.
Or, Mazarin était seul et se sentait faible.
— Étranger! murmurait-il; Italien! voilà leur grand mot lâché! avec ce mot, ils ont assassiné, pendu et dévoré Concini, et,
si je les laissais faire, ils m'assassineraient, me pendraient et me dévoreraient comme lui, bien que je ne leur aie jamais
fait d'autre mal que de les pressurer un peu. Les niais! ils ne sentent donc pas que leur ennemi, ce n'est point cet Italien
qui parle mal le français, mais bien plutôt ceux-là qui ont le talent de leur dire des belles paroles avec un si pur et si bon
accent parisien.
«Oui, oui, continuait le ministre avec son sourire fin, qui cette fois semblait étrange sur ses lèvres pâles, oui, vos rumeurs
me le disent, le sort des favoris est précaire; mais, si vous savez cela, vous devez savoir aussi que je ne suis point un
favori ordinaire, moi! Le comte d'Essex avait une bague splendide et enrichie de diamants que lui avait donnée sa
royale maîtresse; moi, je n'ai qu'un simple anneau avec un chiffre