Comment assurer la présence d une langue dans le cyberespace?; 2007
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Comment assurer la présence d'une langue dans le cyberespace?; 2007

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Comment assurer la présence d’une langue dans le cyberespace ?Par Marcel Diki-KidiriChargé de recherche au CNRS, Laboratoire « Langage, Langues et Cultures d’Afrique Noire » (LLACAN)PIPT – Programme Information pour tousLes idées, les éléments d’information et les opinions exprimés dans cette publication sont ceux des auteurs. Ils ne refl ètent pas nécessairement les vues de l’UNESCO et n’engagent pas l’Organisation.Note bibliographique recommandée :UNESCO. Programme Information pour tous (PIPT).Comment assurer la présence d’une langue dans le cyberespace ?Edité par la Division de la société de l’information, Secteur de la communication et de l’information (Editeur : Claudio Menezes) – Paris, UNESCO, 2007 : 80 p. ; 21 cm. (CI-2007/WS/1)I – TitreII – UNESCOIII – Programme Information pour tousPublié en 2007Par l’Organisation des Nations Uniespour l’éducation, la science et la culture.7, place de Fontenoy F-75352 Paris 07 SP, Paris, FranceInternet : www.unesco.org/webworldCoordinateur de la publication : Boyan RadoykovComposé et imprimé dans les ateliers de l’UNESCO© UNESCO 2007Printed in FranceTous droits réservés(CI-2007/WS/1 – CLD 31084)Avant-proposes langues sont avant tout des instruments per-mettant d’acquérir une autonomie éducative et Lculturelle. Elles permettent la transmission de con-naissances entre générations, en étant un vecteur pour la dissémination des cultures et traditions entre et parmi les différents groupes ...

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Comment assurer la présence d’une langue dans le cyberespace ?
Par Marcel Diki-Kidiri Chargé de recherche au CNRS, Laboratoire « Langage, Langues et Cultures dAfrique Noire » (LLACAN)
PIPT  Programme Information pour tous
Les idées, les éléments dinformation et les opinions exprimés dans cette publication sont ceux des auteurs. Ils ne reètent pas nécessairement les vues de lUNESCO et nengagent pas lOrganisation.
Note bibliographique recommandée : UNESCO. Programme Information pour tous (PIPT). Comment assurer la présence dune langue dans le cyberespace ? Edité par la Division de la société de linformation, Secteur de la communication et de linformation (Editeur : Claudio Menezes)  Paris, UNESCO, 2007 : 80 p. ; 21 cm. (CI-2007/WS/1) I  Titre II  UNESCO III  Programme Information pour tous
Publié en 2007 Par lOrganisation des Nations Unies pour léducation, la science et la culture. 7, place de Fontenoy F-75352 Paris 07 SP, Paris, France Internet : www.unesco.org/webworld
Coordinateur de la publication : Boyan Radoykov
Composé et imprimé dans les ateliers de lUNESCO © UNESCO 2007 PrintedinFrance Tous droits réservés
(CI-2007/WS/1  CLD 31084)
Avant-propos
L-repstnemurtsnisdetoutntvaaeusostnesalgn-nurltleelEl.sleudéitaceevuctansmissiondecoepmrteettnlart mettant dacquérir une autonomie naissances entre générations, en étant un vecteur pour la dissémination des cultures et traditions entre et parmi les différents groupes ethniques dans des zones géogra-phiques diverses. Le phénomène du développement et la disparition des langues fait partie de lévolution et du déclin des civilisations. Le latin  une langue morte  joue encore aujourdhui une inuence majeure sur les langues vivantes, y compris étant la base initiale pour le premier code standard pour les ordinateurs, le code ASCII. La lan-gue maternelle est également le premier véhicule pour la liberté dexpression.
La disparition de quelques langues est un phénomène présent dans le cours de lHistoire. Même dans des pays ofciellement déclarés comme monolingues, des nouvel-les politiques sont en train démerger pour assurer lex-pression dans les langues endogènes comme un droit humain.
Daprès une étude développée par « Ethnologue », lindice de diversité linguistique par région montre que lAfrique est le continent avec lindicateur le plus élevé dans le monde. Il y a des évidences indiquant que la diversité linguisti-que globale est à présent en déclin depuis longtemps. Un autre élément dinquiétude : daprès quelques estimations, la moitié des langues aura disparu vers lannée 2050.
Les technologies de linformation et de la communication jouent un rôle clé dans les transformations linguistiques ayant lieu dans le monde : elles peuvent être un important véhicule de communication entre les différentes commu-nautés linguistiques. Par contre, les TICs peuvent être un facteur aggravant de la marginalisation des langues dans
le cyberespace. Il y a approximativement 6 000 langues dans le monde, dont 12 langues correspondent à 98 % des pages web sur lInternet. Langlais, avec 72 % des pages web, est lidiome dominant, daprès une expé-rience menée par ONeill, Lavoie et Bennet en 2003.
Après tout, le dé devant la communauté internationale est de franchir les obstacles gigantesques pour assurer la création dun cyberespace multilingue et culturellement diverse.
Pour ce faire, lUNESCO  avec laide de lUnion latine et la contribution intellectuelle de lexpert Marcel Diki-Kidiri  publie le présent document technique, dans le cadre de la série de publications du « Programme Information pour tous ».
Cohérente avec la « Recommandation sur la promotion et lusage du multilinguisme et laccès universel au cybers-pace », adoptée par la Conférence générale de lUNESCO lors de sa 32esession, la présente publication contribuera à faciliter la prise de décision en faveur de linclusion de nouvelles langues dans lespace numérique.
Abdul Waheed Khan Sous-Directeur général pour la communication et linformation
Sommaire
Introduction1. Élaboration de ressources linguistiques1.1. De loral à lécrit 1.2. Développement terminologique 2. Élaboration des ressources informatiques2.1. Systèmes décriture et orthographes 2.2. Jeux et polices de caractères 2.3. Codage des caractères 2.4. Premières ressources de base 2.5. Localisation des logiciels 3. Élaboration des contenus culturels3.1. Contenus culturels 3.2. Préparer les voies daccès au cyberespace 4. Développer la communauté des utilisateurs4.1. Création dune communauté dutilisateurs 4.2. Aspects politiques et socioculturels 5. ConclusionRéférencesAnnexe 1 : Jeux de caractères AFRFULAnnexe 2 : Jeux de caractères AFRLIN
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Introduction
Le cyberespace est ouvert à toutes les langues du monde car son infrastructure nest pas soumise à lautorité dun pouvoir central qui déciderait de son utilisation. Il suft, en principe, de disposer dun ordinateur relié à un fournisseur daccès Internet pour afcher sur la Toile des données textuelles, iconographiques ou sonores dans la langue de son choix. La mise en oeuvre de ce principe qui est un facteur fondamental de la démocratie au niveau mondial, néces-site, cependant, que soient réunies un certain nombre de conditions techniques et de ressources humaines etnancières que nous allons examiner dans la présente étude. En rédigeant celle-ci, nous avons voulu répondre aussi simplement que possible à la question suivante : comment faire en sorte quune langue peu dotée en ressources lin-guistiques et/ou informatiques, voire en ressources humaines, puisse arriver à trouver une place dans le cyberespace et y être active ?
Parextension,toutelangueayantplusoumoinsderessourcespeuttrouverdesréponsesdanscetteétudesieleestfaible-mentreprésentéedanslecyberespace.Nousdécrivonsicileparcourslepluslong,celuidunelanguenayantmêmepasdereprésentationécrite,maisdautreslanguesmieuxlotiestrou-verontlesétapesquilesconcernentsurlemêmechemin.
Il nous faut demblée répondre à une question préalable. Quest-ce quune langue peu dotée ? Il sagit dune langue qui ne dispose pas sufsamment, voire pas du tout, des ressources essentielles dont sont généralement dotées les grandes langues du monde, à savoir : une orthographe stable dans un système décriture donné, des ouvrages de référence (grammaires, dictionnaires, ouvrages lit-téraires), des oeuvres de diffusion massive (presse écrite et audio-visuelle,lms, chansons et musique), des ouvrages techniques et dapprentissage (publications techniques et scientiques, ouvrages didactiques, manuels), divers supports de communication du quo-tidien (afches, publicités, courriers, notices, modes demploi, etc.), ainsi quun nombre abondant dapplications informatiques dans cette langue. Sur le plan des ressources humaines, une langue peu
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dotée peut devenir une langue en danger de disparition si elle nest plus parlée que par un petit nombre de locuteurs. Il devient alors nécessaire pour la sauver, daugmenter le nombre de ses locuteurs en lenseignant par tous les moyens techniques possibles.
Heureusement, une langue peu dotée na pas nécessairement tous ces handicaps à la fois. Elle peut être majoritaire, écrite, enseignée à lécole et pourtant manquer cruellement de ressources informati-ques ou même de ressources linguistiques en quantité et en qualité sufsantes. Il est donc plus juste de dire que les langues peu dotées le sont de manière très variée  depuis les langues en grand danger de disparition, jusquaux langues émergeantes qui possèdent déjà une bonne partie de ces ressources, mais en nombre estimé insuf-sant et incomplet. De nombreuses langues sur tous les continents répondent à cette dénition des langues peu dotées. On peut citer en Europe le breton, loccitan ou encore le basque, en Amérique, la quasi-totalité des langues amérindiennes, en Asie, le myanmar1, pour nen citer quune parmi des centaines, en Océanie, la quasi-totalité des langues autochtones des îles polynésiennes, microné-siennes et mélanésiennes. En Afrique, où se parlent un tiers des langues du monde, soit environ 2000 langues, les langues les mieux dotées (afrikaans, kiswahili, hausa, etc.) se comptent sur les doigts dune main et font partie des langues émergeantes, donc des lan-gues peu dotées.
Nous partirons donc de lhypothèse la plus défavorable, à savoir, une langue qui fut jadis porteuse dune cultureorissante, mais qui nest plus parlée aujourdhui que par une poignée de personnes âgées dans un petit village aun fond de la brousse africaine, disons en Afrique centrale pour être aussi loin que possible de toutes les côtes. Appelons cette langue le ndeka. Une telle langue na pratiquement aucune chance daccéder un jour au cyberespace, car elle risque de disparaître à tout jamais à la mort de son dernier locuteur, et ils ne sont plus très nombreux à la parler. Voici quun jour un jeune étu-diant issu de ce village trouve que des outils comme SPIP, Wikipedia et bien dautres encore pourraient offrir une formidable opportunité
1 Nouvelle dénomination de la langue appelée birmane autrefois.
de conserver la mémoire de cette langue et de ce fait celle de son village et de la culture de ses ancêtres. Ce serait même le moyen le plus sûr de faire apprendre cette langue aux jeunes de sa généra-tion et ainsi lui redonner une nouvelle vie. Il vient nous trouver pour nous demander de le guider dans son projet. Avec cette hypothèse en tête, notre exposé se veut didactique, an daccompagner, pas à pas, tous ceux qui nous rejoindront à nimporte quelle étape du chemin pour porter jusque dans le cyberespace toutes les langues peu dotées, quelle que soit leur fortune.
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1. Élaboration de ressources linguistiques
1.1. De l’oral à l’écrit
Lobjectif de cette première étape est de doter la langue dun mini-mum de ressources linguistiques, à savoir : une orthographe dans un système décriture, une grammaire écrite, un dictionnaire et un recueil de textes aussi fourni que possible. Cest donc un travail de linguiste que nous allons évoquer dans les grandes lignes, tout en nous concentrant sur les objectifs intermédiaires les plus indispen-sables.
1.1.1. Recueil de textes La première chose à faire est daller trouver les locuteurs de la langue et denregistrer autant de textes que possibles, des récits de vie, des contes, des proverbes, des chansons, des poèmes, des légendes, des conversations, des narrations, etc. Pour faire ces enregistre-ments, il vaut mieux apprendre des techniques de recherche sur le terrain et utiliser autant que possible des appareils de qualité profes-sionnelle, an dobtenir la meilleure qualité sonore possible, car le son ainsi enregistré sera par la suite soumis à de nombreux traitements. Il serait dommage que la qualité du son se dégrade dès la deuxième copie ! Dans des conditions de travail normales, les enregistrements sont immédiatement traduits avec lassistance des locuteurs de la langue et transférés dans une base de données textuelles.
1.1.2. Transcription phonétique En utilisant lalphabet phonétique international (API) les linguistes peuvent transcrire très exactement nimporte quel son de nimporte quelle langue du monde. Les textes recueillis peuvent donc être ainsi transcrits. Mais il faut bien comprendre que la transcription phonétique reproduit trèsdèlement chaque son tel quil est pro-
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noncé en un moment donné. Or, en français, dans un mot comme papale premierPest légèrement plus explosif que le second parce quil est en début de mot et lautre entre deux voyelles. Cette diffé-rence est habituellement négligée car elle nentraîne aucune consé-quence pour le sens du mot, mais une bonne transcription phoné-tique la reètera comme ceci [p<apa]2. La transcription phonétique est indispensable pour permettre une bonne analyse des sons de la langue, mais elle nest pas du tout la meilleure façon de lécrire pour un usage courant.
1.1.3. Analyse et notation des phonèmes Si la transcription phonétique est faite correctement, cest-à-dire avec minutie etdélité par rapport aux sons réellement prononcés, il sera alors aisé de procéder à une analyse phonologique, dont lob-jectif est didentier les sons utiles de la langue quon appelle lespho-nèmes.Il sagit de sons qui entraînent une différence de sens quand ils changent. Par exemple, en français, on dira que /p/3et /b/ sont deux phonèmes différents parce que leur différence de prononciation permet à elle seule de distinguer les mots « pain » et « bain ».
Par contre, certaines personnes prononcent le motroi avec unRroulé et dautres avec unRgrasseyé. Ces deux R sont phonétique-ment différents et transcrits respectivement [r] et [R]. Pourtant cette différence phonétique nentraînant aucune différence de sens, ces deux sons ne représentent quun seul phonème que lon conviendra de noter /r/. Un autre exemple, la suite de sons [gz] que lon trouve dans le mot « exact » prononcé [egza] et la suite de sons [ks] du mot « extra » prononcé [ekstRa] représentent toutes deux le même phonème que lon conviendra de noter /x/.
Ainsi, lanalyse phonologique dune langue aboutit à établir la liste complète des phonèmes de cette langue et la manière de les noter. On peut alors utiliser cette liste de phonèmes pour écrire un texte. On parle alors dunenotation phonologiquepar opposition à latrans-
2 On utilise les crochets carrés pour indiquer que le mot est transcrit phonétiquement. 3 On utilise les barres obliques pour indiquer un phonème ou une suite de phonèmes.
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