Prisonnier du patriarcat : Langage et sexualité  dans Vaste est la ...
8 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Prisonnier du patriarcat : Langage et sexualité dans Vaste est la ...

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
8 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Prisonnier du patriarcat : Langage et sexualité dans Vaste est la ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 172
Langue Français

Extrait

Romansk Forum
XV Skandinaviske romanistkongress
Nr. 16 – 2002/2
Oslo 12.-17. august 2002
705
Priscilla Ringrose
Université de Trondheim (NTNU)
Prisonnier du patriarcat: Langage et sexualité dans
Vaste est la prison
d’Assia Djebar
Cet article a pour but d’examiner le roman,
Vaste est la Prison
(1995) d’Assia Djebar, dans le
cadre des théories féministes françaises, notamment celles d’Hélène Cixous. Je me propose
ainsi de défendre la thèse selon laquelle Djebar incorpore des idées de Cixous à son contexte
narratif. Je désirerais montrer que la transposition des idées féministes à un contexte islamo-
arabe soulève certains problèmes. Bien que Djebar adopte la perspective féministe de Cixous
en ce qui concerne son analyse des origines de la répression patriarcale, sa réaction à cette
répression révèle les limites de la transposition du féminisme français à un contexte algérien.
Vaste est la prison
semble, au premier abord, être un roman très décousu, contenant trois
histoires apparemment distinctes. Dans la première partie, il s’agit d’une histoire d’amour se
déroulant durant les années 1960, dans une ville algérienne. Isma, une femme mariée d’une
trentaine d’années tombe amoureuse d’un jeune algérien assez renfermé, d’esprit rêveur,
nommé «l’Aimé» avec qui elle entretient une relation qui se déroule dans un contexte de
ségrégation où de telles amitiés sont tabous. Dans la deuxième partie du roman, l’histoire
d’amour est complètement abandonnée en faveur d’une quête historique qui embrasse les
XVII
e
et XIX
e
siècles. Nous nous retrouvons, tout d’un coup, sur la frontière algéro-
tunisienne. Une inscription mystérieuse a été découverte sur une stèle par un érudit français.
Ni lui, ni ses successeurs européens ne découvriront l’origine de cette inscription mystérieuse,
qui, on l’apprendra plus tard, est en fait une inscription lybique ancienne, remontant environ
au II
e
siècle avant J.C.. Cette quête historique subit le même destin que l’histoire d’amour:
elle est de nouveau abandonnée dans la troisième partie, qui comprend une litanie sur la
souffrance des parentes de l’auteur, femmes opprimées d’hier et d’aujourd’hui.
Une comparaison des stratégies féministes de Cixous avec celles de Djebar permettra non
seulement d’évaluer le succès de l’engagement féministe de Djebar mais également d’établir
des liens entres les trois parties du roman.
Mais quelles sont les stratégies féministes adoptées par Djebar? Les stratégies de lutte des
féministes françaises sont axées non sur l’action politique directe, mais sur le langage. Grâce
aux théories lacaniennes de la genèse sociolinguistique de la subjectivité, les féministes fran-
çaises ont eu la possibilité de reporter le combat sur le front linguistique. D’après Cixous,
puisque le langage crée les oppositions structurant le système socio-symbolique et régissant
les relations entre hommes et femmes, le langage représente également le mécanisme qui
servira à transformer ce même système. Pour accéder à cette transformation, Cixous envisage
un autre langage (
écriture féminine
) et d’autres modes de relations entre hommes et femmes
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents