Chanoyu, l’art de la cérémonie du thé japonaise
34 pages
Français

Chanoyu, l’art de la cérémonie du thé japonaise

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
34 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

" Chanoyu, l’art de la cérémonie du thé japonaise. L’essentiel de ce qu’il faut savoir de la cérémonie du thé pour la comprendre et l’apprécier ". Pr Claire Billaud.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 28 septembre 2011
Nombre de lectures 682
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Chanoyu, l’art de la crmonie du thjaponaiseL’essentiel de ce qu’il faut savoir de la crmonie du th pour la comprendre et l’apprcierPar Claire BillaudCe texte est sous licence Creative Commons CC BY­NC­SAPaternit – Pas d’usage commercial – Partage des conditions initiales à l’identique1 
SommaireChanoyu, l’art de la cérémonie du thé japonaise..................................................................................1Avertissement...................................................................................................................................3Introduction : chanoyu ou cérémonie du thé ?.................................................................................4Histoire abrégée de la voie du thé....................................................................................................5L’élément central de la cérémonie du thé : le matcha......................................................................7Préparation et service du matcha.....................................................................................................8Le pavillon de thé..........................................................................................................................10Chabana : l’art des fleurs du thé....................................................................................................14Le chanoyu et la contemplation.....................................................................................................15La collation du chanoyu : le kaiseki..............................................................................................17Port du kimono pour le chanoyu....................................................................................................18Participer au chanoyu en tant qu’invité.........................................................................................20Les différents types de chanoyu.....................................................................................................22Le chanoyu et les geisha................................................................................................................24Glossaire........................................................................................................................................26Sources...........................................................................................................................................31Bibliographie.................................................................................................................................32Crédits des illustrations..................................................................................................................332
AvertissementCe trait ne donne qu’un aperçu des diffrents aspects de la crmonie du th japonaise, ou chanoyu. Il ne prtend pas être exhaustif. Il est probable que pour traiter dans le dtail tous les aspects de l’art de la crmonie du th japonaise, il faudrait plusieurs volumes.Ceci n’est qu’une première approche de la crmonie du th. Elle permet de donner au lecteur dbutant une première ide de ce qu’englobe ce rituel et de ses liens avec le bouddhisme zen. Bien que ce trait essaie d’aborder des lments aussi varis que possible du chanoyu, il est vident que chacun d’entre eux n’est qu’effleur. J’espère cependant qu’en donnant un bref aperçu de chacun de ces lments, je permettrai au lecteur de les comprendre et lui donnerai envie de les aborder plus profondment.Je prcise galement que je ne suis jamais alle au Japon et n’ai assist qu’une seule fois à une crmonie du th. Je remercie pour cela l’École du th du Palais des ths, ainsi que nos deux hôtesses Akemi et Tomoko qui m’ont permis de dcouvrir les bases du droulement du chanoyu.Ce trait est essentiellement une compilation d’informations trouves sur Internet ; elles ont t recoupes et je suis raisonnablement sûre de leur fiabilit. J’invite cependant les lecteurs à me faire part de toute rectification ou de tout ajout qu’ils jugeraient ncessaires.3
Introduction : chanoyu ou crmonie du th ?Préparation d'une cérémonie du thé au temple bouddhiste Ankokuronji à KamakuraCe que les Occidentaux nomment crmonie du th est appel en japonais chanoyu, mot qui se dcompose en cha no yu (茶の湯) et qui signifie littralement « l’eau chaude du th ». Ce terme dsigne la crmonie elle­même ; un terme plus large, chaji (茶事), dsigne un rituel complet avec une collation prliminaire nomme kaiseki (懐石) et le service de deux ths, le th fort ou koicha (濃茶) et le th lger ou usucha (薄茶). On peut galement rencontrer le terme de chakai (茶会), littralement « rencontre autour d’un th », qui dsigne le service des deux ths mais sans la collation.L’art et l’tude de la crmonie du th est appel chadō ou sadō (茶道), ce qui se traduit par « la voie du th ». Selon les principes du bouddhisme zen, c’est une des voies que l’on peut emprunter pour accder à la srnit absolue. L’tude et l’apprentissage de tous les lments de la crmonie du th, incluant les nombreux accessoires, les gestes à raliser, et tous les lments annexes de la crmonie, peut prendre des annes ou même toute une vie. Ce trait se limitera aux aspects les plus essentiels.4
Histoire abrge de la voie du thLe th, boisson issue de l’infusion des feuilles du thier (Camelia sinensis), est originaire de Chine. L’origine même du th est lgendaire : parmi les nombreux mythes racontant son apparition et ses premières utilisations, l’un d’entre eux implique le moine bouddhiste Bodhidharma, le fondateur du bouddhisme zen. Alors qu’il recherchait le nirvana en se privant de nourriture et de sommeil, il fut vaincu par la fatigue et s’endormit. À son rveil, honteux d’avoir cd à la fatigue, il se coupa les paupières pour ne plus fermer les yeux et les jeta à terre. Un arbuste poussa à l’endroit où les paupières taient tombes, et Bodhidharma dcouvrit que ses feuilles avaient le pouvoir de le tenir veill pour la suite de sa mditation, si bien qu’il fit ensuite don du th à tous les hommes. Cette lgende a le mrite d’expliquer l’existence d’un lien troit entre le bouddhisme zen et le th.Originaire de Chine, le thier fut introduit au Japon au VIe siècle. Au dbut du IXe siècle, l’auteur chinois Lu Yu crivit un ouvrage sur le th devenu clèbre par la suite, le Classique du th ou Cha Ching (茶经). Dans ce livre, il dcrivait prcisment la culture et la prparation du th, dans un style fortement influenc par sa religion, le bouddhisme zen. Import au Japon par les moines bouddhistes chinois, le Classique du th influença probablement le dveloppement de la crmonie du th japonaise telle qu’elle existe de nos jours.C’est au XIIe siècle qu’apparut le matcha (抹茶), th vert broy entre deux pierres jusqu’à en être rduit en poudre. Originaire lui aussi de Chine, il fut introduit au Japon par le moine Eisai (1141– 1215), qui fut galement le pilier du bouddhisme zen au Japon. L’utilisation du matcha fut d’abord exclusivement religieuse dans les monastères bouddhistes, puis on prit l’habitude dans ces monastères de servir du th aux visiteurs importants, si bien que ce th fut progressivement adopt par les samouraïs et les nobles japonais. Matcha en Parallèlement, les coutumes chinoises dlaissèrent le th en poudre alors qu’il poudredevenait de plus en plus connu et utilis au Japon.À partir du XVIe siècle, l’usage du th se rpandit dans toute la socit japonaise avec l’ouverture des maisons de th ou ochaya (お茶屋), qui virent par la suite apparaître les clèbres geisha (芸者), dames de compagnie maîtrisant les arts traditionnels japonais comme la musique, la danse, la calligraphie mais aussi la crmonie du th.À la même poque, trois moines posèrent les fondations du rituel de la prparation et de la dgustation du th.Murata Shuko (1422 – 1503) mit le premier l’ide que la prparation et la dgustation du th pouvaient être pratiques comme un exercice de mditation correspondant à la philosophie du bouddhisme zen. Il imposa galement l’ide de l’utilisation d’instruments plus simples, opposs aux instruments prcieux et richement dcors d’origine chinoise utiliss jusque­là, ainsi que celle du pavillon de th ou chashitsu de petite taille, destin à rapprocher les participants entre eux.C’est galement à Takeno Jō (1504 – 1555) que l’on doit l’abandon de l’ostentatoire dans les ustensiles et les lieux utiliss pour le chanoyu. Conformment aux ides de Murata Shuko, il conçut spcialement pour la crmonie du th des ustensiles d’un style très simple, ainsi qu’un petit meuble destin à les ranger et qui est toujours en usage de nos jours.Enfin, le maître de th Sen no Rikyū (千利休) (1522 – 1591) imposa pour la crmonie du th le style wabi (侘び), celui du raffinement sobre et calme, qui prside encore à l’organisation de la crmonie du th de nos jours. Partant du principe que chaque rencontre est un vnement unique qui ne pourra jamais se reproduire à l’identique1, la crmonie du th doit clbrer la beaut de la nature, du respect entre participants et de la simplicit. Pour cette même raison, le chanoyu est une 1 En japonais ichi-go ichi-e (一期一会), littéralement « une fois, une rencontre ».5
rencontre intime, où il n’y a jamais plus de cinq invits en tout. Sen no Rikyū fut contraint par l’empereur Hideyoshi Toyotomi de se donner la mort par suicide rituel ou seppuku, mais les principes qu’il avait apports au chanoyu furent conservs grâce à ses trois arrières­petits­fils, qui fondèrent les trois principales coles de chadō : Omotesenke (« Maison de Sen de devant »), Urasenke (« Maison de Sen de derrière ») et Mushanokōjisenke (« Maison de Sen de la rue des samouraïs »). Les règles du chanoyu se figèrent et lui firent perdre de sa popularit, le restreignant aux classes leves des samouraïs.En 1868, le gouvernement Meiji redonna du prestige au chanoyu en le faisant inclure dans le cursus ducatif des jeunes filles. Cela donna à cette crmonie d’origine masculine un aspect plus fminin qu’elle possède encore de nos jours : il n’est pas rare que ce soient des femmes qui officient lors du chanoyu.La crmonie du th reprend encore, de nos jours, les principes du bouddhisme zen. La prsence des pavillons de th ou chashitsu au milieu d’un jardin incite, sur le chemin, à contempler la nature et mditer sur sa beaut. L’aspect dpouill des pavillons et leur dcoration minimaliste mais soigne permet de contempler les splendeurs de la simplicit. Enfin, la crmonie du th, par ses diffrents lments, est une synthèse de nombreux aspects du bouddhisme zen, tout en n’ayant au fond pour seul but que celui de prparer et boire un bol de th. Sen no  Rikyū crit ainsi : « Le th n’est rien d’autre que ceci : faire chauffer de l’eau, prparer le th, et le boire convenablement. »6
L’lment central de la crmonie du th : le matchaMatcha servi avec une friandise japonaise ou wagashi (和菓子)Le matcha (抹茶), parfois retranscrit en maccha, est un th vert, c’est­à­dire un th non ferment, rduit en poudre par broyage entre deux pierres.La prparation du matcha commence sur les thiers quelques semaines avant la rcolte : les arbres sont couverts avec des nattes pour les protger de la lumière du soleil, ce qui rend les feuilles plus petites et plus sombres, et galement plus riches en chlorophylle et en acides amins qui adouciront l’amertume du th.La manière de rcolter a galement de l’influence sur la nature du th rcolt : si les feuilles rcoltes sont enroules, le th rsultant est le gyokuro (玉露)2 qui est consomm tel quel en infusion ; le gyokuro est considr comme un des meilleurs ths verts japonais. Si au contraire les feuilles sont laisses droites, on parle de tencha (点茶) ; c’est ce tencha broy et rduit en poudre qui est ensuite appel matcha. Si on rduit en poudre un autre type de th vert, on ne parlera pas de matcha mais seulement de konacha (粉茶), littralement « th en poudre ».Le th vert est, de par son absence de fermentation, riche en gallocatchine, un puissant antioxydant. Il contient galement beaucoup de thanine, un acide amin connu pour son effet anti­stress. La quantit de thanine prsente dans le th vert contribue à attnuer son amertume ; cependant, le matcha reste encore relativement amer, si bien qu’au cours de la crmonie du th, il est servi avec une friandise traditionnelle sucre ou wagashi (和菓子) que l’invit croque ou laisse fondre sur sa langue avant de boire le th.2Littéralement « joyau de rosée ».7
Prparation et service du matchaLe matcha doit d’abord être tamis. On utilise pour cela un tamis en acier inoxydable au maillage serr. Le th peut être pass sur le tamis à l’aide d’une spatule de bois ou d’une pierre.Une fois tamis, le matcha est stock en vue du chanoyu dans une boîte à th ou chaki (茶器). Il en existe deux grands types : les boîtes nommes cha­ire (茶入れ) sont grandes et troites, en cramique avec un couvercle d’ivoire recouvert d’or ; cependant il est courant d’utiliser un autre type de boîte, appel natsume () en raison de sa ressemblance avec le fruit du même nom (le jujube ou datte chinoise). Le natsume est en bois laqu, souvent dcor d’or.Lors du chanoyu, l’hôte prend dans le cha­ire ou le natsume la quantit voulue de matcha à l’aide d’une cope à th ou chashaku (茶杓), une sorte de petite spatule sculpte dans une pièce de bambou portant un nodule en son centre. Le chashaku peut galement être en ivoire. Il ajoute Natsume à ensuite la quantit approprie d’eau chaude à l’aide d’une louche de bambou décoration de ou hishaku (柄杓), ou d’une bouilloire. L’eau est chauffe sur un rchaud à chrysanthèmescharbon ou furo.Le matcha, de par sa forme particulière en poudre, n’est pas infus mais battu. L’hôte utilise pour cela un fouet à th ou chasen (茶筅) en bambou. Signe du grand respect port aux instruments du chanoyu en gnral et au chasen en particulier, les chasen abîms sont souvent apports aux temples bouddhistes où, une fois par an, gnralement au mois de mai, ils sont rituellement brûls par les prêtres lors d’une crmonie appele chasen koyō.Il existe deux grands types de prparation du th. Le th pais ou koicha (濃茶) s’obtient en diluant, par portion, 3 chashaku dans 40 ml d’eau chaude. Le chasen utilis pour battre le koicha est plus pais et le mlange se fait lentement afin de ne pas produire de mousse. Le th obtenu est pais et d’un goût doux. Le th lger ou usucha (薄茶) s’obtient en diluant, par portion, 1 chashaku et demie dans 75 ml d’eau chaude. Comme ce th est plus dilu, on utilise pour le battre un chasen plus fin et des mouvements plus rapides ; il peut s’y trouver une lgère couche d’cume après qu’on l’ait battu. Plus lger, l’usucha est galement plus amer en bouche.Le th est servi dans un bol à th ou chawan (茶碗) qui constitue l’lment essentiel du chanoyu : sans bol, le th ne peut être ni prpar, ni servi, ni bu. Au pralable, le bol est rituellement nettoy à l’aide d’un carr de lin blanc nomm chakin (茶巾).Le chawan est en cramique japonaise, et doit idalement être fabriqu à la main par un potier de renom. Il existe de nombreux styles de bols à th selon leur poque de fabrication, le style de crmonie ou le type de th Thé battu à l'aide du chasen (fouet) dans le chawan (bol)8
servi (koicha ou usucha). Gnralement, on utilise en t des bols peu profonds et de forme vase, permettant au th de refroidir rapidement ; en hiver, au contraire, on utilise des bols plus profonds pour conserver la chaleur du th. Dans tous les cas, les bols les plus anciens sont les plus chers et les plus priss, il peut même arriver qu’on utilise dans des occasions prestigieuses des bols vieux de plus de 400 ans. Les meilleurs bols sont fabriqus à la main et les imperfections sont recherches, car elles doivent rappeler l’imperfection du monde et de la nature humaine : le bol doit être tenu de manière à ce qu’elles apparaissent à l’avant. Dcors de laque et de poudre d’or, les bols sont frquemment nomms par leur crateur ou par le maître de th qui les possède.L’ensemble des instruments utiliss pour la crmonie du th, incluant ceux cits au­dessus, porte le nom de chadōgu (茶道具).9
Le pavillon de th10
Pavillon de thé Gyokusenen à KanazawaLa crmonie du th se droule idalement dans un pavillon ddi, nomm chashitsu (茶室), littralement « salle du th ». Il s’agit presque toujours d’un pavillon isol, situ de prfrence au milieu d’un jardin zen ou roji, avec une alle de pierres menant au chashitsu. Le style, inspir du bouddhisme zen et de la philosophie wabi, est très dpouill à l’extrieur comme à l’intrieur. L’architecture extrieure fait une part importante aux matières naturelles, en premier lieu le bois et la pierre. Le toit est traditionnellement recouvert de paille de riz.On considère que les chashitsu sont apparus au moment de l’avènement du style wabi pour la crmonie du th. Les riches Japonais des villes construisirent dans leurs jardins ces petits pavillons dans le style des huttes de montagne afin d’apprcier la crmonie du th dans un lieu voquant la nature et le dpouillement.À l’entre du chashitsu se trouve un banc où les invits attendent d’être appels à l’intrieur. Une fontaine de pierre est à leur disposition pour les purifications : ils doivent se rincer les mains et la bouche avant d’entrer. L’entre se fait par une petite porte nomme nijiriguchi, qui oblige l’invit à se courber en entrant. Cette porte basse a pour double fonction de rappeler l’humilit aux participants de la crmonie du th, et d’isoler l’intrieur du chashitsu des bruits extrieurs.11
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents