Les actes d Henri ler et la chancellerie royale dans les années 1020-1060 - article ; n°1 ; vol.132, pg 81-97
18 pages
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Les actes d'Henri ler et la chancellerie royale dans les années 1020-1060 - article ; n°1 ; vol.132, pg 81-97

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1988 - Volume 132 - Numéro 1 - Pages 81-97
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Olivier Guyotjeannin
Les actes d'Henri ler et la chancellerie royale dans les années
1020-1060
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 1, 1988. pp. 81-
97.
Citer ce document / Cite this document :
Guyotjeannin Olivier. Les actes d'Henri ler et la chancellerie royale dans les années 1020-1060. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 1, 1988. pp. 81-97.
doi : 10.3406/crai.1988.14575
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_1_14575COMMUNICATION
LES ACTES DE HENRI Ier ET LA CHANCELLERIE ROYALE
DANS LES ANNÉES 1020-1060,
PAR M. OLIVIER GUYOTJEANNIN
Affaiblissement, contamination, altération, polymorphisme, anar
chie : les termes se pressent pour évoquer l'acte royal du premier
siècle capétien. La situation est aussi sombre que bien connue et
traduit un déclin multiforme de l'acte royaJ, préparé de longue date,
aggravé par un difficile changement de dynastie. Déclin qualitatif,
qui au privilège solennel, calligraphié, voit succéder des originaux
peu soignés. Déclin quantitatif, qui aux 463 actes des 37 ans de
règne de Charles le Chauve oppose les 62 actes, forgeries exclues,
qui sont ou auraient été intitulés, en 29 ans, au nom de Henri Ier.
Déclin de prestige, qui aux côtés d'actes royaux proprement dits,
toujours plus rares, voit apparaître de simples notices rapportant
un don du roi et des actes de tiers, que celui-ci approuve en y traçant
parfois une simple croix, d'une main « malhabile » selon l'euph
émisme consacré. Déclin de la chancellerie, enfin, toujours liée à la
chapelle royale, mais perdant le rôle de vivier d'évêques qu'elle a,
et massivement, conservé dans l'Empire.
Le constat une fois dressé, les causes sont vite trouvées. Déclin du
pouvoir royal, où tout a déjà été dit : domaine royal exigu, inter
ventions moins fréquentes sur un territoire plus restreint, entourage
plus maigre et moins brillant. Déclin aussi de l'écrit et part crois
sante de l'oral, dont l'écrit — quand on y recourt — n'est plus que
le « cadavre », pour reprendre l'expression d'I. Kadaré ; d'où la
pratique des notices ; d'où aussi une terrible plasticité de l'acte écrit,
dont le bénéficiaire fait un matériau meuble, qu'il rédige plus tard,
recompose, retravaille, réincorpore en un autre au gré des besoins.
De ce noir tableau, l'étude diplomatique des actes royaux, une
fois réunis en corpus, confirme les traits mais amène à interroger plus
attentivement les manifestations. Car en ce domaine comme ailleurs,
l'impression première d'anarchie ne découle que d'une erreur de
perspective. Moins soignés et moins nombreux, les actes répondent
toujours à une, ou même plusieurs logiques internes, entrecroisées :
une profonde continuité s'y manifeste, en un lieu aussi conservateur
que peut l'être une chancellerie, jointe à des inflexions plus subtiles
mais non moins importantes. Et l'on peut poser comme hypothèse COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 82
de travail que l'évolution de l'acte royal au xie siècle traduit,
non sans décalages, l'évolution elle-même complexe du pouvoir
royal.
Les quelques observations qui suivent sont tirées du travail prél
iminaire à l'édition des actes des trois premiers Capétiens. Le corpus
des actes de Henri Ier (1031-1060), en fin de période, a été abordé le
premier. A ce choix, deux raisons : l'existence de l'édition des actes
de Philippe Ier par M. Prou, qui assurait une base sûre pour mener
une étude régressive, outre que son introduction constitue un véri
table discours de la méthode pour le diplomatiste ; l'unité, d'autre
part, que confère la présence d'un même personnage à la tête de la
chancellerie royale, l'archichapelain Baudouin, de 1018 à 1067,
pendant les treize dernières années de Robert II, tout le règne de
Henri Ier et les sept premières du règne de Philippe Ier.
Dans son catalogue des actes de Henri Ier, publié en 1907,
F. Soehnée avait livré en tout 130 actes, faux compris, et mentions
de tout genre attestant une intervention du roi. Les dépouillements
menés depuis lors ont permis de retrouver 31 autres actes ou ment
ions, dont un acte au nom du roi pour Saint-Père de Melun, fort
suspect du reste, 12 actes souscrits par lui et 9 deperdita.
Tous ne sont pas dignes de figurer dans un recueil d'actes à pro
prement parler : sans compter 9 mentions résultant de confusions
avec d'autres actes, 13 documents voient Henri donner son consen
tement à des actes de Robert II, documents qui relèvent du recueil
des actes de ce dernier : à la différence des périodes où Robert II
avait été associé à Hugues Capet et où Hugues, aîné de Robert,
l'avait été à son père, l'association de Henri au trône en 1027 n'a
jamais eu de véritable incidence diplomatique, les actes restant
intitulés au seul nom de Robert. En outre, et surtout, nous sont
parvenues 22 mentions d'interventions de Henri Ier, dont rien
n'indique qu'elles aient donné lieu à une mise par écrit. C'est ainsi
qu'une notice rapporte l'affranchissement d'un serf par le roi, au
bénéfice de Saint- Aignan d'Orléans (Soehnée 24) : le document a été
précieusement conservé par l'abbaye, dont les archives nous auraient
tout aussi bien livré un acte royal en bonne et due forme, s'il avait
existé. Force est donc de rejeter dans cette catégorie hétérogène
diverses interventions royales, sans trace explicite d'acte écrit :
demandes, adressées au pape, en vue de la confirmation des biens
du Mont-Saint-Quentin (Soehnée 72) et de Saint-Pierre-de-Gand
(Soehnée 97) ; ordres royaux (jussus, jussio, preces) appliqués à
divers domaines, ostension des reliques de saint Denis aussi bien
que restitutions de biens et droits à diverses abbayes, Fécamp,
Saint-Médard de Soissons, Saint-Thierry de Reims, Sainte-Marie-
Madeleine de Verdun ; dons divers, enfin, comme l'abandon de ACTES D'HENRI Ier ET LA CHANCELLERIE ROYALE 83 LES
coutumes en échange de la couronne que Constance avait déposée
au chapitre cathédral de Senlis (Prou 39).
L'analyse qui suit, rejetant les actes sûrement forgés de toutes
pièces, retiendra donc 48 actes intitulés au nom du roi, 42 actes
souscrits par lui, 3 actes auxquels sa souscription, prévue, n'est pas
visiblement apposée, et 14 deperdita1.
I. - Nombre, typologie et géographie des actes royaux
Quelques remarques peuvent être tirées, pour l'ensemble du
xie siècle, d'un examen global du nombre des actes royaux, de leur
typologie et de leur répartition géographique.
1) Nombre des actes
Les deux règnes de Robert II et Henri Ier, de la fin du xe siècle à
celle des années 1050, manifestent une parfaite continuité d'ensemble
dans le nombre moyen par année des diplômes expédiés au nom du
souverain, nombre en lui-même dérisoire : 1,8 sous Robert II,
1,7 sous Henri Ier ; 2,1 pour l'un et l'autre si l'on y joint les deperdita2.
Mais si aux actes à proprement parler royaux l'on ajoute ceux que
souscrit le souverain, la moyenne passe de 2,5 sous Robert II (dont
0,4 souscrit) à 3,7 sous Henri Ier (dont 1,6 souscrit) : le pourcentage
des actes souscrits par rapport à l'ensemble monte de 18 % sous
Robert II à 49 % sous Henri Ier.
Le règne de Philippe Ier, si l'on veut bien exclure sept lettres
missives et mandements de la fin du règne — qui traduisent un
nouveau mode, écrit, d'intervention du pouvoir royal — , enregistre
une baisse des actes souscrits (0,9 par an) et une progression des
actes intitulés au nom du roi (2,7 deperdita inclus, contre 2,1 sous
Henri Ier) : les deux phénomènes se compensent parfaitement
1. L'introduction au recueil des actes de Henri Ier devant reprendre en détail
les points abordés ci-dessous, les références ont été délibérément simplifiées. Les
actes royaux sont cités d'après le nom d'éditeur et leur numéro dans les cata
logues ou recueil déjà disponibles : W. M. Newman, Catalogue des actes de
Rober

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