Girard Perregaux : François Perrefaux, pionner de l horlogerie suisse au Japon
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Girard Perregaux : François Perrefaux, pionner de l'horlogerie suisse au Japon

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Découvrez dans ce document d'une grande qualité, l'histoire de l'horlogerie suisse et plus particulièrement de Girard Perregaux dans l'archipel du soleil levant.

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Langue Français
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Extrait

FRANÇOISPERREGAUX, PIONNIERDELHORLOGERIESUISSEAUJAPON
Sous le haut patronage de l’Ambassade de Suisse au Japon
TABLE DES MATIÈRES
Préface
A l’aube de l’ère industrielle
Quelque part dans le Jura suisse
L’âme d’un voyageur
Naissance d’une grande maison
Unir nos forces
Cap sur l’Extrême-Orient
Recherche protection, activement
Le temps au Pays du Soleil levant
François Perregaux, premier horloger suisse au Japon
Un moment historique
Yokohama la cosmopolite
Pendant ce temps, en Suisse
Une collection exceptionnelle
Trop tôt disparu…
Girard-Perregaux et le Japon : une relation pérenne
Chronologie
Crédits photographiques
Sources et bibliographie
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1. François Perregaux et Hanzo, son ami et assistant
En février 1864, des émissaires suisses et des représentants du Gouverne-ment impérial japonais signèrent un traité d’amitié et de commerce. Cet accord bilatéral fut la base de relations d’exception entre le Japon et la Suisse et permit les premières exportations horlogères helvétiques vers le Pays du Soleil levant. Ce n’étaient pas exactement les premières… A l’époque de la signature tant attendue, un négociant horloger venu de Suisse exerçait déjà son activité depuis quelques années sur l’archipel nippon :François Perregaux (Le Locle 1834 - Yokohama 1877).
e L’année 2009 marque le 175anniversaire de sa naissance mais éga-lement les 150 ans de son départ pour l’Asie. Frère de Marie Perre-gaux, qui fonda avec son époux Constant Girard la Manufacture portant aujourd’hui encore leurs patronymes réunis, François Perregaux s’embar-que en effet au printemps 1859 et sera l’ambassadeur de la Maison Girard-Perregaux au-delà de l’océan Indien.
L’histoire remarquable de cet homme, premier horloger suisse établi au Japon, engage chaque acteur de la destinée de Girard-Perregaux à pérenniser le développement de notre Maison. Fiers et respectueux de l’œuvre de François Perregaux, nous avons souhaité vous raconter son parcours. Nous nous sommes appuyés sur les documents historiques conservés par notre Maison et par des particuliers, sur les recherches effectuées dans les différents centres d’archives, bibliothèques et musées, sans oublier les archives de la ville de Yokohama. La cité d’adoption e de l’horloger loclois fête de même cette année le 150anniversaire de l’ouverture de son port à l’Occident.
Cette publication se veut un hommage à l’un des pionniers de l’horlogerie suisse au Japon, à sa vie brève mais passionnée, ainsi qu’un témoignage des liens profonds qui unissent Girard-Perregaux à l’archipel depuis un siècle et demi. Cette histoire illustre également l’esprit d’innovation qui a toujours conduit la Maison suisse vers de nouveaux horizons. Portée par les idées d’avant-garde de pionniers qui ont forgé sa renommée depuis 1791, Girard-Perregaux est à l’origine d’avancées majeures pour le monde de l’horlogerie. Elle continue dans cette voie, enrichissant un arti-sanat d’exception en Suisse, berceau de cette activité, et dans le monde entier.
Luigi Macaluso, Président de Girard-Perregaux
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A l’époque où naît François Perregaux (1834), la production horlogère suisse est déjà concentrée là où elle se trouve aujourd’hui, soit dans la région de Genève, la vallée de Joux et les Montagnes neuchâteloises. A propos de ces dernières, précisons qu’elles ne deviennent suisses qu’en 1848.  En revanche, l’organisation est très différente de celle que nous connais-sons de nos jours: il n’existe aucune usine, mais une multitude de petites entreprises, généralement spécialisées dans la fabrication d’une partie de la montre, qui livrent leur production à des négociants en horlogerie. Ceux-ci assemblent la montre et y apposent leur nom. On les appelle lesétablisseurs. Les deux cités des Montagnes neuchâteloises, La Chaux-de-Fonds et Le Locle, d’où François Perregaux est natif, en comptent plus de cent.
De ce fait, les forces sont extrêmement dispersées et peu de négociants disposent de la puissance financière nécessaire pour explorer de nou-veaux marchés, pourtant indispensables à leur survie. Cette dispersion est également la raison pour laquelle le concept demarquetel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas encore bien établi. Il faut attendre e le dernier tiers du XIXsiècle pour que les plus puissants de ces négo-ciants, à l’image de Constant Girard-Perregaux, imposent leur nom, et que les premières usines apparaissent. L’horlogerie entre définitivement dans l’ère industrielle.
Les débuts de l’horlogerie dans les Montagnes neuchâteloises remontent e à la fin du XVIIsiècle. Son développement fut favorisé par les conditions météorologiques hivernales particulières, qui contraignaient les habi -tants, dont de nombreux agriculteurs, à demeurer durant de longs mois à l’intérieur de leur logis. Habiles à travailler les différents bois et métaux mais également la dentelle, ayant le goût du bel ouvrage, ceux que l’on nomma les «paysans-horlogers »furent dans un premier temps des arti-sans autodidactes.
2. Charles-Samuel Girardet,Intérieur neuchâtelois,1819
3. La Chaux-de-Fonds, rue des Juifs, vers 1840
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4. Henri-François Perregaux  (1797-1847),père  deFrançois Perregaux
C’est dans la petite ville du Locle, située au cœur des Montagnes neu-châteloises et distante de quelques kilomètres seulement de La Chaux-de-Fonds, que voit le jour, le 25 juin 1834, François Perregaux, fils d’Henri-François, capitaine de milice et marchand horloger, et de Rosalie, née Matthey-Junod.
La famille Perregaux s’installe quatre ans plus tard dans une belle demeure qui portera désormais son nom, au sein du quartier du Crêt-Vaillant. François y grandit, entouré de ses cinq frères et sœurs, Julie, Françoise, Henri, Marie et Jules.
La disparition prématurée du chef de famille en 1847 confirme la voca-tion des frères Perregaux : ils seront tous les trois horlogers !
5. Extrait de l’arbre généalogique de la famille Perregaux (1954)
6. Le Locle, vue de l’est, vers 1860
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Dans le sillage de la première exposition universelle, rassemblement extraordinaire qui a lieu à Londres en 1851, s’ouvre deux ans plus tard à New York une exposition des produits de l’industrie de toutes les nations (Exhibition of the Industry of all Nations).
François Perregaux décide-t-il de s’embarquer pour l’Amérique à cette occasion ?Toujours est-il que les autorités neuchâteloises lui délivrent au début de l’an 1853, en date du 22 janvier, le passeport portant le signa-lement suivant:
s « LeCitoyenF PerregauxNégociant,d originaire-e Corcelles & Cor mondrèche,domicilié auLocle,allant dansl’Amérique du Nord,âgé de 19ans, taille de5pieds3pouces, cheveuxchâtain foncé,frontdécou-vert,sourcilschâtains,yeuxgris,nezordinaire,bouchemoyenne,barbe châtain,mentonrond,visageovale,teintpâle,signe particulier –. »*
Le Loclois reste à New York durant six ans, représentant la maison H. Perregaux & Co. Outre ce comptoir établi sur le Nouveau Continent, les frères Perregaux, poursuivant l’œuvre de leur père, disposent également d’un point d’exportation à Calcutta, alors capitale des Indes anglaises.
* Archives de l’Etat de Neuchâtel, C 561, N° 39, 22 janvier 1853
7. Carte de visite de la maison H. Perregaux & Co., New York
8. Henri Perregaux,  Chronomètre de marine, Le Locle, vers 1860
9. William England,Vue de New York,1859
Formidables vitrines technologiques et industrielles, les expositions universelles ont pour but de comparer l’évolution des différentes nations qui y exposent leurs produits. Octroyant prix, médailles et mentions aux plus méritants, elles contri-buent largement au progrès au cours de la révolution industrielle. Leurs lieux d’accueil subiront d’importants bouleversements urbanistiques et conservent aujourd’hui certaines constructions gigantesques ayant survécu à leur statut éphémère initial.
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Si les frères Perregaux figurent parmi les négociants horlogers les plus importants de la Mère Commune, soit Le Locle, il en va de même pour les frères Girard à La Chaux-de-Fonds, bientôt connue sous le nom de Métropole horlogère.  C’est par un apprentissage auprès d’un horloger de La Sagne, à proxi-mité de La Chaux-de-Fonds, que débute la carrière de Constant Girard, né en 1825. Associé dans un premier temps, il exerce sous le nom col-lectif de «Calame-Robert & Girard » (1845) puis dès 1852 sous celui de « Girard& Cie», aux côtés de son frère aîné Numa.
Deux ans plus tard, Constant Girard épouse une jeune femme du Locle, âgée de vingt-deux ans : Marie Perregaux, qui n’est autre que la sœur de François. Girard-Perregaux, la Maison qui porte de nos jours encore les patronymes réunis de Constant et Marie, voit le jour en 1856. Ses affaires se développant extrêmement rapidement, elle devient bientôt l’une des plus puissantes de la place.
Cette alliance est renforcée quelques années plus tard par l’arrivée dans l’entreprise d’Henri Perregaux, qui entreprend, avec l’accord de sa mère Rosalie, la liquidation de l’établissement paternel. Constant Girard-Perregaux nomme son beau-frère mandataire spécial de la Maison dans les divers Etats du nord et du sud de l’Amérique, une procuration qui s’étendra plus tard aux Antilles. Henri embarque pour Buenos Aires en 1865, accompagné de son épouse Cécile. Le cadet de la famille Per-regaux, Jules, s’engage également dans le développement des affaires familiales outre-Atlantique.
Mais que devient leur frère François, rentré d’Amérique en 1859 ?
10. Extrait de l’arbre généalogique de la famille Girard (1954)
11. Constant et Marie Girard-Perregaux
12. Girard-Perregaux,Montre-pendentif,La Chaux-de-Fonds, vers 1860
13. La Chaux-de-Fonds, vue du nord, vers 1860
Hommage à la longue tradition du savoir-faire horloger de la Mai-son, le Musée Girard-Perregaux est situé à quelques pas de la Manufacture, dans une belle bâtisse de style néoclassique. Inauguré en 1999, il présente une sélection de montres anciennes illustrant l’histoire de la Marque.
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Modifiant le rapport de l’homme avec l’espace et le temps, la ligne ferro-viaire reliant Le Locle à La Chaux-de-Fonds, indispensable au développe-ment accéléré de l’industrie horlogère dans la région, est inaugurée en 1857. Henri Perregaux est l’un des promoteurs de ce nouveau moyen de locomotion dans les Montagnes neuchâteloises.
Une année après la construction du chemin de fer les ayant rapprochées, les liens industriels entre les deux villes sont renforcés par la fondation de l’Union Horlogère. Celle-ci compte parmi ses membres François Per-regaux, Henri et leur mère Rosalie ainsi que son beau-frère Constant Girard-Perregaux, sans oublier le frère de ce dernier, Numa Girard.
L’association, regroupant des fabricants d’horlogerie des cités sœurs, a pour but la défense des intérêts de l’industrie horlogère suisse, à l’étranger en particulier, avec la création de comptoirs d’exportation. Les né gociants suisses sont en effet contraints, afin d’écouler leurs produits manufacturés, de chercher de nouveaux marchés, toujours plus loin. Les horlogers neuchâtelois ne sont pas en reste et certains se sont aventurés, au début e du XIXsiècle, jusqu’en Chine, sous la protection de puissances occiden-tales y ayant déjà ouvert des comptoirs.
L’Union Horlogère conçoit très vite le projet d’établir un comptoir d’ex-portation en Asie. Son regard se tourne vers le Japon, qui s’est ouvert au commerce international quelques années auparavant, en 1853, et qui s’annonce comme un nouveau marché prometteur. La jeune société confie cette importante mission à deux hommes: l’agent principal sera Rodolphe Lindau, homme de lettres originaire du royaume de Prusse, et l’agent adjoint, spécialisé dans le commerce de l’horlogerie et reconnu pour son expérience en ce domaine, François Perregaux. A peine revenu de New York, il ne séjournera pas longtemps dans sa ville natale. Nous sommes au printemps 1859.
14. Passeport de François Perregaux pour l’Asie, 21 mars 1859
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Le 20 avril 1859, François Perregaux quitte Le Locle et gagne Marseille, où il embarque le 28, en compagnie de Rodolphe Lindau, à bord d’un bateau à vapeur à destination d’Alexandrie, via Malte.
e Jusqu’au milieu du XIXsiècle, les navires appareillant en Europe et se rendant en Asie doivent contourner le continent africain en passant par le cap de Bonne-Espérance. En effet, le canal de Suez, reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge, ne sera ouvert qu’en 1869. Le premier coup de pioche est donné dix ans auparavant, le 25 avril 1859, soit quelques jours avant le passage de Perregaux en Egypte. Car l’horloger loclois et son compagnon prussien, renonçant à passer par le cap, optent pour la solution rapide, empruntant le chemin de fer reliant Alexandrie à Suez, via Le Caire. Inauguré à la fin de l’année précédente, il permet la traversée de l’isthme en quelque douze heures. A Suez, les deux hommes reprennent un bâtiment à vapeur et descendent la mer Rouge, passent le détroit de Bab el-Mandeb pour rallier Aden avant d’entamer la traversée de la mer Arabique. De Bombay, ils s’enga-gent dans l’océan Indien, font escale à Galle, tout au sud de l’île de Ceylan, puis à l’île de Pulau Pinang. A l’issue du détroit de Malacca, ils atteignent Singapour, le 31 mai, à peine plus d’un mois après leur départ du port de Marseille.
Lindau y séjourne six semaines puis s’embarque à destination de l’Empire du Soleil levant, chargé d’y créer un comptoir d’exportation. Il est invité par le consul général de France au Japon et gagne la ville de Yeddo* en sa compagnie. Quant à Perregaux, il demeure à Singapour, véritable plate-forme commerciale sous contrôle britannique, afin d’y étudier l’éta-blissement d’un comptoir dont il sera le gérant. Installé à Battery Road, il loge à l’Hôtel de l’Espérance.
*Ancien nom de Tokyo. On trouve également les termes Yedo, Jeddo, Jedo ou encore Edo.
15. Extrait du rapport du Conseil d’administration  del’Union Horlogère à l’assemblée du 4 février 1860
16. Battery Road, Singapour, vers 1860
L’un des protagonistes principaux de l’ère industrielle est la machine à vapeur, qui fournit à l’homme la puissance exigée par les travaux de cette époque. N’en comportant pas moins des mâts, les navires empruntés par François Perregaux pour traverser mers et océan bé-néficient de cette invention mémo-rable et arborent roues à aubes – ou hélice – et cheminées. Leur iti-néraire est tracé en fonction des escales que nécessite le réapprovi-sionnement des soutes en charbon.
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