Le célibataire chez la voyante.

Pierre Beauparlant

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La boule de crystal dit tout....

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• Publié par: Pierreb
• Publié le: 19 juillet 2012
• Nombre de lectures: 87
• Langue: Français

Extrait

Le célibataire chez la voyante

Eh bien, vous m’auriez annoncé qu’un jour j’irais voir une voyante, c’est vous

que j’aurais pris pour un charlatan. (Pour les féministes enragées, le mot

charlantante n’existe pas).

Moi, un sceptique des plus confondu..du..du..du.

Chez une romanichelle, une prévisionniste du jour au lendemain, une experte de

l’as de carreau. Eh ben! Un mardi soir, je me suis retrouvé assis devant le

phénomène.

C’est sous l’insistance d’une de mes sacoches qui me harcelait depuis environ dix-huit ans

que j’ai daigné l’accompagner dans cet antre de l’extrapolation hypothétique, de mes vieux

jours.

Je n’avais pas encore le pied sur le palier de l’enturbanné que j’étais grognon.

Déjà, dans l’entée, les effluves d’encens et de chat mouillé me titillaient la narine.

Ma sacoche me jette un regard, juste pour s’assurer que je ne prenne pas la poudre

d’escampette.

Déjà, dans le hall d’entrée qui servait de salle d’attente, j’avais le goût d’aller me confier à ma

poubelle. Au moins, elle, elle m’écoute sans me conter des balivernes.

La pièce en elle-même valait le prix d’entrée dans un musée de l’horreur.

Des draps bouffants au plafond, des étoiles, imitant la grande ourse qui ressemblait plus a un

chaudron de ma grand-mère, des cierges, des cartes du ciel, des pierres et cristaux en plastique

et le summum : des toiles d’araignées, celles-là, je suis certain qu’elles sont vraies.

Tout à coup, l’apparition !

Sortant de derrière un drap vert caca, l’extra-terrestre fit irruption.

Ça ressemblait à quelque chose entre le pirate Maboule et Francine Grimaldi.

J’ai senti la main de ma sacoche étreindre mes pauvres doigts, pareils comme si nous

courrions un danger.

L’arbre de Noël nous invita à la suivre dans son bureau. Elle nous expliqua qu’à cause des

ondes séquentielles et de la psyché extra sensorielle, il était préférable qu’elle nous voie, un à

un. Je sentis, dans mon dos, la main de ma sacoche qui me poussait vers le siège et ensuite

abracadabra, elle avait disparu.

Seul…. Seul, avec la nappe sur la tête. Je m’étais bien promis de ne jamais raconter cela à

personne.

Lorsque je l’ai vu sortir et braser un jeu de cartes, j’ai été tenté de lui demander si elle voulait

jouer au paquet voleur. Pour tester sa compétence, je voulais qu’elle me dise la couleur de

mes bobettes, la couleur de ma poubelle (elle est rouge), qui m’accompagnerait aux noces de

mon cousin. Je me suis retenu.

Mais non, elle étala les cartes devant moi et commença à parler, parler et……. parler.

Durant de longues minutes, les traits affairés à m’impressionner, la voix rauque et profonde

pour m’éblouir, le regard interrogateur pour accrocher mon approbation, elle me prédit, me

prédit, et…. me prédit.

Lorsque tout fut terminé, et que je lui ai versé le pourboire entendu, quarante dollars. J’ai

kidnappé ma sacoche et l’ai fait monter dans mon auto. Je lui racontai que durant la prochaine

année, je devais m’attendre à être millionnaire, à trouver l’âme sœur et probablement à me

faire teindre les cheveux en bleue.

Nous nous sommes arrêtés au restaurant. Nous avons commandé et j’ai pris la peine de dire à

la serveuse qu’elle donne la facture à la sacoche, c’est la voyante qui avait prédit que

quelqu’un me paierait, à souper.

Le célibataire.