Le célibataire chez le dentiste

Pierre Beauparlant

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Visite chez le dentiste....Oh la la!

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• Publié par: Pierreb
• Publié le: 06 juillet 2012
• Nombre de lectures: 233
• Langue: Français

Extrait

Le célibataire chez le dentiste.

Il est récurent et conseillé de visiter notre tortionnaire au moins tous

les six mois. J’avoue, sans m’en faire le reproche que j’aie une

tendance lourde à étirer l’écart de mon huis clos avec le bourreau.

Je suis de ceux qui seconderaient toute promulgation d’une loi

proposée à l’Assemblée Nationale pour conseiller les visites au donjon des arracheurs de

dents toutes les années bissextiles. Bref, même dans mes rêves les plus fous, je sais que c’est

un vœu pieux.

Alors…………….

Tout comme pour mon pharmacien, je suis fidèle à mon dentiste. C’est plus simple et plus

facile pour lui d’identifier le corps chaque fois que je perds connaissance.

D'ailleurs, je suis toujours surpris de le voir mettre son téléphone cellulaire sous tension

chaque fois que je m’installe sur sa chaise longue. Un jour, j’ai demandé en catimini à son

assistante si c’était une pratique courante.

Elle me répondit « Oh non! Juste pour vous. Il le programme toujours sur le 911, juste au

cas »

L’assistante fait son possible pour bien me mettre à l’aise. Elle m’encourage à m’étendre

paisiblement sur la chaise de piscine qu’aussitôt je suis debout, demandant.

— Qu’est-ce que j’entends là? C’est des cris ça! J’entends bien des cris là?

Elle me réponds goguenarde.

— Mais non, c’est la télévision dans la salle d’attente

J’ai envie de mettre en doute ses explications. Lorsque j’étais dans la salle d’attente, il passait

un reportage sur les castors et leurs milieux de vie.

Réinstallation sur la chaise longue. Cette fois pour trente secondes. Debout à nouveau.

Tendant l’oreille à qui mieux mieux

L’assistante pour monter son empathie envers moi fit semblant d’écouter avec moi.

Devant mon silence persistant. Elle se décide à me demander ce que j’avais entendu cette

fois?

— 735.00 $. J’ai entendu quelqu’un crier 735.00 $ dollars.

Frisant l’innocence, elle affirma ne rien avoir entendu de la sorte.

Réinstallation sur la chaise électrique. Quand soudain? Bang! Je jette un regard à l’assistante.

Aucune réaction. Mais moi je savais. C’était sans doute le client arnaqué qui venait de claquer

la porte.

Arrivée de mon dentiste, cellulaire à la main.

— Ah bonjour, mon cher Pierre.

Il n’eut pas le temps de pérorer plus longuement. Sonnerie du téléphone. Pendant un instant,

j’ai pensé que ça pouvait être les ambulanciers qui demandaient s’ils devaient se tenir prêts.

Vous ne serez pas étonné si je vous dis que j’avais l’oreille aux aguets. Il était question de

chirurgie maxillo-faciale, de pathologie bucco-dentaire, d’orthopédie dento-faciale, en tout

cas rien de rassurant.

Mon dentiste raccrocha et me mit la main sur l’avant-bras. Je déglutis.

De sa voix de baryton, il m’annonça qu’il devait se rendre à l’hôpital. Une urgence. Un

accident, plusieurs blessés, chirurgien dentiste débordé. Bref nous devions remettre notre

rendez-vous à une date ultérieur.

Imaginez, j’ai feint la déception.

Nous étions au début de février 2008. J’ai donc pris un nouvel appointement avec la

réceptionniste. En descendant les marches de la clinique, j’ai regardé mon papier de rendez-

vous. Vendredi, 29 février, 10 heure.

Qu’est ce que je vous disais, à toutes les années bissextiles.

N’ayant pas la gueule gelée comme un phoque d’Alaska, je me rendis donc à mon restaurant

préféré.

Mademoiselle, une omelette, s’il vous plaît.

Le célibataire