Le « beach-rock » ou grès de plage - article ; n°378 ; vol.70, pg 113-125
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Description

Annales de Géographie - Année 1961 - Volume 70 - Numéro 378 - Pages 113-125
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Guilcher
Le « beach-rock » ou grès de plage
In: Annales de Géographie. 1961, t. 70, n°378. pp. 113-125.
Citer ce document / Cite this document :
Guilcher André. Le « beach-rock » ou grès de plage. In: Annales de Géographie. 1961, t. 70, n°378. pp. 113-125.
doi : 10.3406/geo.1961.15487
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1961_num_70_378_15487378. — LXXe année. Mars-Avril 1961 №
ANNALES
DE
GÉOGRAPHIE
LE « BEAGH-ROCK (Pl. » III-IV.) OU GRÈS DE PLAGE
Ce qui est connu en morphologie littorale sous le nom de beach-rock
est un sédiment de plage consolidé par un ciment calcaire, qui se rencontre
couramment dans les mers coralliennes. Cette consolidation intertidale est
un phénomène actuel. Le morphologue non averti des mers chaudes peut,
en voyant un grès à coquilles marines ou fragments coralliens affleurer
sous le sable d'une plage, croire au premier abord qu'il s'agit d'une forma
tion ancienne qu'un enlèvement temporaire du sable actuel a révélée :
interprétation qui serait la bonne dans la plupart des cas sur des côtes de
mers tempérées. Mais un examen plus attentif montre que c'est là une
erreur. Le beach-rock englobe souvent des produits de la civilisation la plus
contemporaine, tels que, dans les îles du Pacifique, des bouées de verre
de filets japonais et des bouteilles de Coca-Cola. Cela ne veut pas dire, et on
y reviendra, que tous les beach-rocks soient exactement du même âge.
Du fait même que c'est une formation continuant à s'élaborer, il y en a de
plus ou moins anciens dans l'Holocène, et même dans le Pleistocene.
Il nous paraît utile de donner plus spécialement le nom de beach-rock
aux grès de plage à ciment calcaire, et de ranger sous une autre rubrique
les grès de à ferrugineux1. Ceci, parce que les problèmes de
genèse ne sont pas les mêmes, ni non plus l'aspect et la répartition. Les grès
de plage ferrugineux sont plus banaux que le beach-rock calcaire. Des fer
railles d'épave gisant sur une grève tempérée ou tropicale dans la zone
intertidale entraînent rapidement une cimentation du sable et des galets
voisins par l'oxyde de fer2. Les consolidations ferrugineuses de formations
alluviales ou éluviales à la base de falaises sont fréquentes sur les côtes
1. Certains auteurs, comme G. A. Kaye, Shoreline features and Quaternary shoreline changes,
Puerto Rico [U.S. Geol. Survey, Prof. Paper 317 B, 1959, p. 49-140 .: cf. p. 66-79), appellent
pourtant beach-rock les deux formations.
2. Voir par exemple Kaye, ouvr. cité, p. 71.
ANN. DE GÉOG. LXXe ANNÉE. 8 114 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
tempérées ; et Rivière les explique par « une précipitation quasi totale du
fer amené en solution par les eaux d'infiltration continentales, en raison
du pH des eaux marines et dans les conditions de pH liées au contact de
l'atmosphère w1. Les Bactéries peuvent jouer un rôle important. Mais il
peut exister des consolidations mixtes, et, lorsque le carbonate de calcium
entre pour au moins une part dans le ciment, on peut, pensons-nous, parler
de beach-rock.
Le beach-rock des mers chaudes
II est probable qu'au moins 95 p. 100 des vrais beach-rocks se forment
dans les mers chaudes, et avant tout les mers coralliennes, qui débordent
les tropiques en certains cas (Floride et mer Rouge par exemple). Les obser
vations, depuis Darwin et sans doute d'autres avant lui, sont innombrables
et il n'est pas question de toutes les recenser ici : il suffît d'en citer quelques-
unes, réparties dans les trois océans et leurs mers bordières2. Archipels
d'Indonésie et du Pacifique tropical, mer Rouge, Madagascar, Gomores,
région caraïbe, autant de lieux où le beach-rock abonde.
Il n'y est pourtant pas universel, et les consolidations s'étendent rar
ement à toute une plage. Cela peut arriver, et nous connaissons par exemple
un tombolo double à Dzaoudzi (Mayotte, îles Gomores) qui est à peu près
complètement grésifié, avec seulement une mince pellicule de sable ou gravier
sur le grès, cette pellicule étant elle-même en cours de grésifîcation. Mais il
y a presque toujours des plages sans beach-rock à côté d'autres qui en
comportent, et, dans celles où il existe, il se présente en général sous une
forme discontinue, avec de vastes étendues sans consolidation. Il est com
mun d'observer plusieurs bancs superposés et distincts (pi. III, A), chacun
ayant une épaisseur de 10 à 60 cm environ, et l'épaisseur totale pouvant
dépasser largement un mètre. Les dalles ont la même pente que la plage,
et, quand elles sont mises à nu par un « démaigrissement » du sable, elles
donnent des micro-cuestas faisant front vers le haut de l'estran. Elles sont
1. A la suite de la communication de P. R. Giot et A. Guilcher. Les formations littorales
anciennes du Ri près de Douarnenez {Finistère) [Bull. Soc. Géol. Fr. [6], t. 3, 1953, p. 809-816 :
cf. p. 816).
2. Ch. Darwin, Les récifs de corail (traduction française de la 2e édition), 1878, 347 p.
(cf. p. 19 : atoll Keeling). — Ph. H. Kuenen, Geology of coral reefs. The Snellius expedition,
vol. 5, part. 2, Leyde, 1933, 126 p. (Indonésie. Cf. p. 87-88). — N. D. Newell, Reefs and sed
imentary processes at Raroia, Tuamotu Islands (Atoll Res. Bull., n° 36, 1954, 35 p. : cf. p. 32-33).
— K. O. Emery, J. I. Trace y Jr. et H. S. Ladd, Geology of Bikini and nearby atolls. Part. I :
geology (U.S. Geol. Survey, Prof. Paper 260 A, 1954, 265 p. : cf. p. 44-45). — K. O. Emery et
D. C. Cox, Beach-rock in the Hawaiian Islands (Pacific Sc, oct. 1956, p. 382-402). — P. E. Gloud
Jr., Geology of Saipan, Mariana Islands. Part. 4 (U.S. Geol. Survey, Prof. Paper 280 K, 1959,
p. 361-445 : cf. p. 405). — G. A. Kaye, ouvr. cité. — R. N. Ginsburg, Beach-rock in South
Florida (Journ. Sedim. Petrol., vol. 23, 1953, p. 85-92). — R. J. Russell, Carribean beach-rock
observations (Zeit. fur Geomorphol., vol. 3, 1959, p. 227-236). — W. Nesteroff et A. Guilcheb,
Géomorphologie du Nord du Banc Farsan, Mer Rouge (Ann. Inst. Océanogr., vol. 30, 1955,
p. 1-100). — A. Guilcher, L. Berthois, R. Battistini et P. Fourmanoir, Les récifs coralliens
des îles Radama et de la baie Ramanetaka (côte Nord-Ouest de Madagascar) (Mém. Inst. Se.
Madagascar, série F, vol. 2, 1958, p. 117-200). «BEACH-ROCK» OU GRÈS DE PLAGE 115 LE
fréquemment déchaussées, et, de ce fait, se brisent, ce qui conduit à des
blocs ou galets libres accumulés en levées par les vagues (pi. Ill, B). Le
beach-rock restant en place est couramment corrodé comme tous les cal
caires intertidaux, s'il affleure assez durablement hors du sable meuble.
Cette corrosion donne communément des lapiés littoraux (pi. Ill, C), et
peut aussi conduire à l'élaboration des autres formes zonales de corrosion
des mers chaudes, telles que les vasques étagées à étroites cloisons séparat
rices1. Il y a donc, sur une même plage et dans le même sédiment, conso
lidation et corrosion non mécanique simultanées. Le beach-rock se forme
sur des plages de granulométries très variées, et il peut passer à des conglo
mérats englobant des galets ou des blocs. Il englobe aussi fréquemment
des éléments de fragmentation de beach-rocks antérieurs.
On a vu qu'il s'agit essentiellement d'un phénomène associé aux récifs
coralliens, c'est-à-dire affectant les plages formées en arrière de coraux cons
tructeurs (plages adossées à une terre non corallienne, par exemple volca
nique, ou bien cayes et îles couronnant des récifs construits). De fait, sur la
côte occidentale d'Afrique, nous n'en avons jamais vu au Sénégal, en Guinée,
ni au Dahomey, où il n'y a pas de récifs. Mais cela ne signifie pas que le
sédiment doive être très calcaire pour qu'il s'agglomère en beach-rock.
Ainsi, à Porto Rico (Kaye, ouvr. cité, p. 69-70), on trouve du beach-rock
aussi bien dans des sables purement calcaires que dans des sables presque
purement siliceux, à part le ciment ; et, aux Antilles comme aux îles Hawaï,
à Madagascar et à Mayotte, on voit des poudingues de plage à ciment cal
caire dont les éléments grossiers et une grande partie du remplissage sableux
sont fournis par des roches volcaniques (pi. IV, A).
La dureté du beach-rock au choc du marteau est le plus souvent grande.
Mais elle ne l'est pas toujours, et il y a des beach-rocks sableux qui s'effritent
&

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