Les côtes de l Afrique Occidentale au sud de Dakar - article ; n°224 ; vol.40, pg 163-174
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les côtes de l'Afrique Occidentale au sud de Dakar - article ; n°224 ; vol.40, pg 163-174

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Géographie - Année 1931 - Volume 40 - Numéro 224 - Pages 163-174
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Emile F. Gautier
Les côtes de l'Afrique Occidentale au sud de Dakar
In: Annales de Géographie. 1931, t. 40, n°224. pp. 163-174.
Citer ce document / Cite this document :
Gautier Emile F. Les côtes de l'Afrique Occidentale au sud de Dakar. In: Annales de Géographie. 1931, t. 40, n°224. pp. 163-
174.
doi : 10.3406/geo.1931.11291
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1931_num_40_224_11291163
LES COTES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE
AU SUD DE DAKAR
Le cap Vert, autrement dit le Tombolo de Dakar, prolongé au
large par les îles du Cap-Vert, sépare deux tronçons de côte tout à
fait différents.
On ne se propose pas ici d'étudier la côte au Nord de Dakar, côte
du Sénégal et de Maurétanie. Ceci est un autre sujet qu'on voudrait
traiter à part.
Au Sud, jusque très loin, au moins jusqu'à l'embouchure du
Congo, on croit que toute la côte a des caractères d'ensemble uni
formes, qui n'ont pas été assez mis en valeur.
Les faits et les idées qui suivent sont sortis d'un voyage de trois
mois, tout à fait insuffisant à coup sûr pour asseoir des convictions
définitives sur des études approfondies. On a été surpris de ne pas
trouver sur le terrain la moindre confirmation des quelques idées
générales acquises en feuilletant la bibliographie. Et on ne se propose
pas autre chose que d'émettre des hypothèses qui provoqueraient des
recherches et des objections.
Dans la genèse de ces quelques idées écloses sur le terrain, il faut
prévenir que les souvenirs de Madagascar ont joué un grand rôle. Je
ne m'attendais pas à trouver un contraste aussi vif entre ces deux
pays intertropicaux, qui se trouvent être les seuls que je connaisse
un peu de visu.
La barre. — La notion la plus communément répandue sur la
côte occidentale d'Afrique est peut-être qu'elle est défendue par une
barre terrible. La barre dont il s'agit n'est pas celle qui, dans tous les
pays du monde, j'imagine, tend à boucher les estuaires. C'est une
barre qui se développe sur des distances immenses le long d'une côte
basse.
On se rend très bien compte que cette barre ait mauvaise répu
tation. Il suffit d'avoir embarqué ou débarqué à Grand-Bassam, par
exemple. Le voyageur est assis dans un fauteuil suspendu par une
corde à une poulie. Par ce procédé, on le dépose, comme une araignée
au bout de son fil, dans un chaland qui fait la navette entre le paque
bot et le wharf. Ce procédé est le seul qu'on ait trouvé pour franchir
la barre sans se mouiller. Il suffit apparemment à expliquer que le
voyageur garde de la barre un souvenir épouvanté.
Elle n'est pourtant pas épouvantable à voir, cette barre, sauf 164 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
peut-être dans les temps de grosse houle. Elle rappelle exactement
le spectacle, familier à tous, des volutes qui viennent briser sur les
plages et qui contribuent au charme du bain de mer. Henri Hubert1
conclut que la barre africaine n'a pas d'originalité essentielle. La mer
brise sur la côte comme sur n'importe quelle autre côte.
Un peu fort peut-être, parce que cette mer, c'est l'océan Atlantique
dans sa plus grande largeur.
Tornades. — H y a sur cette côte des particularités plus originales.
Voilà un grand paquebot qui vaut des dizaines de millions, et qui
jette tranquillement l'ancre à peu de distance du rivage. Ne disons
pas en rade, formule consacrée. Il n'y a pas de rade à Grand-Bassam,
pas l'ombre d'un abri naturel. Comment un commandant de paque
bot, chargé d'une lourde responsabilité, commet-il ce qui semble une
grave imprudence? Parce que de mémoire de marin, au grand jamais,
il n'y a eu de tempête sur la côte occidentale d'Afrique.
Sur toutes les côtes du monde on peut débarquer n'importe où,
à ses risques et périls. On le fait en guerre. En 1830, l'armée française
a débarqué sur la plage de Sidi-Ferruch, en chaloupes, les derniers
mètres les pieds dans l'eau, à travers «la barre». Mais, pendant ce
temps-là, l'amiral Duperré était horriblement inquiet. La tempête
qu'il redoutait est d'ailleurs venue. « Si elle avait duré deux heures
de plus, disait l'amiral, l'escadre était perdue.»
A Grand-Bassam, les commandants de paquebots n'ont pas la
moindre inquiétude ; c'est évidemment là ce qu'il y a de particulier.
Adressons-nous maintenant aux météorologistes.
La tempête en Afrique Occidentale s'appelle couramment « la
tornade » ; Henri Hubert lui donne le nom plus scientifique de « grain»,
parce qu'elle occasionne dans la courbe de la pression barométrique
un «crochet de grain»2.
Il ne s'agit pas d'une diminution, mais au contraire d'une augment
ation de pression ; et le crochet est remarquable encore par son exi
guïté. « Augmentation de pression très nette (un millimètre environ),
dit Hubert, mais de courte durée. » La variation n'a guère plus d'am
plitude que l'écart normal de la pression diurne.
La tornade s'accompagne généralement de pluie diluvienne ; assez
souvent de phénomènes électriques d'une grande beauté, éclairs de
foudre presque incessants, une mitraillade. Elle se manifeste aussi,
dit Hubert, « par une survente brusque : le vent, qui change cap pour
cap, passe de 1-4 m. à la seconde à 20 m.... Au bout de dix à vingt mi
nutes, le vent diminue d'intensité.... Après un temps variable (une
1. La barre au Dahomey (Ann. de Géogr., XVIII, 1908, p. 97-104).
n° 1, 2. p. Voir 25. Bulletin du Comité d'études historiques et scientifiques de VA. O. F., 1925, COTES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE 165 LES
fraction d'heure ou plusieurs heures), la perturbation a cessé, et le
vent d'Ouest (le vent normal) recommence à souffler».
Est-ce tout ? Pratiquement, oui. « Toutes les perturbations obser
vées sont des grains», dit Hubert. A titre de curiosité, avec son souci
habituel d'extrême précision, il signale pourtant des « perturbations
exceptionnelles du type cyclonique». Il faut bien les appeler des
cyclones, puisqu'ils sont l'inverse des grains, des dépressions baro
métriques. Hubert en a connu deux.
Le 31 décembre 1925, vers 3 heures du matin, le barogramme
accusait une brusque descente de la pression, d'environ 1 mm. deux
dixièmes, suivie d'une remontée brusque de même valeur. Le phéno
mène a été accompagné d'un coup de vent, très court, mais violent
(10-12 m. -sec.) du secteur Est. «C'est la première fois qu'un phénomène
de ce genre est enregistré en Afrique Occidentale.» Ceci est une
dépression d'hiver. Une autre a été observée en hivernage, c'est-à-dire
en été. C'a été «un violent coup de vent du Nord-Ouest (15 m. -sec),
enregistré le 8 août 1925, à 3 h. 45 à Dakar1».
« La durée totale de la dépression a été de deux heures environ.
La descente, très brutale (une heure) a été de 2 mm. cinq dixièmes, ce
qui est considérable pour la région. La montée, rapide (une heure), a
été de 1 mm. et demi. Le coup de vent n'a duré que quinze à vingt
minutes. »
Les petits cyclones, par conséquent, ne sont pas seulement except
ionnels. Ils restent plutôt au-dessous des grains en intensité et en
durée. Un coup de vent d'une vingtaine de mètres à la seconde,
durant une vingtaine de minutes, c'est le maximum des orages
observés.
Ces observations météorologiques ont été prises en un point
déterminé, à Dakar ; leur série n'embrasse encore qu'un petit nombre
d'années. Elles n'en sont pas moins en parfait accord avec les affi
rmations des marins, qui s'étendent à la côte entière, et qui s'appuient
sur une pratique de plusieurs siècles. Sur la côte occidentale, on n'a
jamais vu de tempête susceptible de mettre en difficultés un paquebot
à l'ancre.
Est-ce donc là une situation normale dans les océans intertropi
caux ? C'est au contraire, il me semble, un gros sujet de surprise pour
un homme qui a un peu vécu à Madagascar, et d'ailleurs pour qui
conque réfléchit un instant.
On sait que sur les côtes

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents