Prose et vers dans la comédie du XVIIIe siècle : Marivaux et Voltaire - article ; n°1 ; vol.52, pg 295-306
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 2000 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 295-306
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 48
Langue Français

Extrait

Ling-Ling Sheu
Prose et vers dans la comédie du XVIIIe siècle : Marivaux et
Voltaire
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 2000, N°52. pp. 295-306.
Citer ce document / Cite this document :
Sheu Ling-Ling. Prose et vers dans la comédie du XVIIIe siècle : Marivaux et Voltaire. In: Cahiers de l'Association internationale
des études francaises, 2000, N°52. pp. 295-306.
doi : 10.3406/caief.2000.1395
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_2000_num_52_1_1395PROSE ET VERS DANS LA COMEDIE
DU XVIIIe SIÈCLE :
MARIVAUX ET VOLTAIRE
Communication de Mme Ling-Ling SHEU
(Université Tam-Kang, Taiwan)
au LIe Congrès de l'Association, le 8 juillet 1999
Pour ne pas m'égarer, sur un sujet aussi vaste que le
vers et la prose dans la comédie du XVIIIe siècle, et pour
m'en tenir à l'essentiel, je me limiterai à la première partie
du siècle, et encore avec pour seuls objectifs Marivaux et
Voltaire, les deux auteurs dramatiques qui restent de nos
jours le plus souvent cités pour le temps de la Régence et
le début du règne de Louis XV, bien que les comédies de
Voltaire ne soient plus que rarement jouées.
Les points d'interrogation me sont venus à la lecture de
la thèse de Martine de Rougemont sur La Vie théâtrale en
France au XVIIIe siècle. J'ai été surprise qu'elle n'ait réservé
que quelques lignes à ce sujet. Évoquant « le haut-
comique », consacré à un « monde idéal qui ne connaît
que la vertu ou l'erreur », elle écrit que, hors de « la haute
comédie » qui « est par essence dodécasyllabique et régul
ière », « toutes les autres comédies peuvent s'écrire indi
fféremment en vers ou en prose » (1).
(1) La Vie théâtrale en France au xviw siècle, Paris, Champion-Slatkine, 1988,
p. 27. 296 LING-LING SHEU
LES FAITS
Examinons les faits en considérant dans leur chronolo
gie respective les comédies de Marivaux et de Voltaire.
Rappelons, pour points de repère, que Marivaux est né
en 1688, que sa première œuvre théâtrale est une comédie
en un acte et en vers, non jouée sur un théâtre public, Le
Père prudent et équitable, datée généralement de 1706-1708.
Marivaux avait alors une vingtaine d'années.
Voltaire est né en 1694, six ans après Marivaux ; et sa
première œuvre théâtrale fut une tragédie en cinq actes et
en vers, Œdipe, représentée à la Comédie-Française en
novembre 1718.
La première pièce de Marivaux représentée à Paris le
fut au Théâtre-Italien en mars 1720 : L'Amour et la Vérité,
comédie en trois actes et en prose, écrite en collaboration
avec le chevalier de Saint-Jorry. Puis il donna quelques
mois après, en octobre, et cette fois sans collaborateur,
mais toujours aux Italiens, Arlequin poli par l'amour, comé
die en un acte et en prose. La même année 1720, en
décembre, et donc deux ans après Œdipe de Voltaire,
Marivaux fit représenter à la Comédie-Française une tr
agédie en cinq actes et en vers, Annibal.
Tout de suite, un constat. À la Comédie-Française, la
première tragédie de Voltaire fut un grand succès (42
représentations en 1718-1720), et celle de Marivaux fut un
échec (3 représentations en 1720, et la pièce fut retirée du
répertoire).
Au premier abord, on en viendrait à penser que Mari
vaux, se tournant vers le Théâtre-Italien, renonçait au vers
puisque les Comédiens-Italiens, surtout au début de leur
retour en France (1716), jouaient en italien et en prose
française, j'y reviendrai plus loin, tandis que Voltaire, à la
Comédie-Française, continuant sur sa lancée, allait garder
essentiellement le vers.
Poursuivons notre examen des faits.
Au théâtre, Voltaire se consacra surtout à la tragédie. Il
avait commencé avec succès par son Œdipe, il termina en
triomphe avec Irène, peu avant sa mort en 1778. Pour ses ET VOLTAIRE 297 MARIVAUX
comédies, notons que certaines d'entre elles datent du
début de la seconde partie du XVIIIe siècle, postérieures à
la plupart des comédies de Marivaux. Citons :
L'Indiscret, en un acte et en vers (neuf représentations à
la Comédie-Française en 1725-26 et une en 1732) ;
L'Enfant prodigue, en cinq actes et en vers, joué à la en 1736 ;
L'Envieux, en trois actes et en vers, composé vers 1736-
38 et qui ne fut pas représenté ;
La Prude, en cinq actes et en vers, écrite pour un spec
tacle du Château de Sceaux en 1747 ;
Nanine, en trois actes et en vers, créée à la Comédie-
Française en 1749, et dont le succès fut grand en son
temps : 182 représentations jusqu'en 1790, et 89 représent
ations de 1790 à la chute de la royauté (septembre 1792),
et ces dernières sur quatorze scènes diffé
rentes (2) ;
La Femme qui a raison, en trois actes et en vers, peut-être
représentée en société en 1749, puis jouée près de Genève
en 1758 (3) ;
Le Café, ou l'Ecossaise, en cinq actes et en prose, joué avec
grand succès à la Comédie-Française en 1760 — c'est,
notons-le, la seule comédie en prose donnée par Voltaire
aux Français ;
L'Ecueil du sage, en cinq actes et en vers, créé à la Coméd
ie-Française en 1762, repris en trois actes en 1779 sous le
titre du Droit du Seigneur ;
Le Dépositaire, en cinq actes et en vers, joué à Lyon en
1772 (4).
(2) A. Joannidès, La Comédie-Française de 1680 à 1900, Taris, 1901 (Slatkine
reprints, Genève, 1970) ; André Tissier, Les Spectacles à Paris pendant la Révol
ution, Droz, 1989.
(3) Certains, comme moi, ont pu la voir reprise dans le grand amphithéâtre
de la Sorbonně en septembre 1994, lors de la célébration du tricentenaire de
Voltaire.
(4) Ajoutons une comédie en trois actes et en prose : Quand est-ce qu'on se
marie ? qui n'eut qu'une représentation au Théâtre-Italien en janvier 1761,
comédie que Voltaire reprit d'une comédie qu'il aurait fait jouer à Cirey
vingt-cinq ans plus tôt sous le nom de L'Echange, et qu'il remaniera plu
sieurs fois. 298 LING-LING SHEU
Quant à Marivaux, après l'échec de sa tragédie d'Anni-
bal, il n'écrivit pour le théâtre que des comédies. Le
théâtre de contrairement à celui de Voltaire, est
assez connu pour que je n'insiste que sur trois aspects de
sa production. Toutes ses comédies représentées sont en
prose ; il écrivit surtout pour le Théâtre-Italien, d'Arlequin
poli par l'amour (1722) à L'Epreuve (1740). Il fit jouer cepen
dant neuf comédies par les Comédiens-Français, du
Dénouement imprévu (1724) au Préjugé vaincu (1746), et
cette comédie du Préjugé vaincu pourrait passer pour
avoir été en rivalité à la Comédie-Française avec la Nanine
de Voltaire, dont le sous-titre était Le Préjugé vaincu. Cinq
sont en un acte, trois en trois actes et une en cinq actes (Les
Serments indiscrets), et rappelons-le, toutes en prose.
Si l'on voulait s'en tenir aux apparences et à des général
ités, Voltaire aurait écrit en vers pour le Théâtre-Français
et en prose pour les théâtres de société ; et Marivaux n'aur
ait écrit en prose que parce qu'il se faisait le plus souvent
jouer au Théâtre-Italien.
En réalité, les choses sont plus complexes.
LE CHOIX DU VERS ET DE LA PROSE
Aucun Art poétique, aucune règle académique n'ont, à
ma connaissance, fixé au XVIIIe siècle pour les œuvres
théâtrales la répartition du vers et de la prose, surtout
pour la comédie. Certes, dans les milieux littéraires, la
question a été débattue ; mais surtout pour savoir si une
tragédie pouvait être écrite en prose (5). S'il est vrai et
(5) Je renvoie au débat entre Houdar de La Motte et Voltaire, de vingt-deux
ans son cadet. La Motte avait écrit en cinq actes et en prose une tragédie
d'Œdipe qu'il n'osa pas faire représenter. Huit ans après l'Œdipe de Voltaire,
il versifia sa tragédie et la fit représenter à la Com&

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