Echanges transfrontaliers de produits agricoles et Sécurité alimentaire
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Les flux des échanges transfrontaliers entre la province du Nord Kivu (DR Congo) et la république du Rwanda sont dominés par des importations de produits industriels et des exportations de produits agricoles alimentaires. Les légumineuses (haricot), le sorgho, les productions maraîchères et la banane sont les principales productions agricoles vivrières échangées.
Ces échanges transfrontaliers de produits agricoles sont saisonniers et historiques. Ils avaient renforcé la sécurité alimentaire des ménages. En effet, le surplus de main d’œuvre agricole et de bétails transféré du Rwanda a favorisé la mise en valeur des terres au Nord Kivu (RD Congo) et accru par conséquent les productions agricoles. Les surplus de récolte occasionnés ont permis de faire face aux besoins alimentaires des populations rwandaises.
Aujourd’hui cependant, la forte densité de population de part et d’autre de la frontière et les pressions sur les ressources foncières qui en résultent, ont un impact évident sur les situations sécuritaire et alimentaire des ménages congolais et rwandais.
L’insécurité alimentaire persiste au Nord Kivu alors que l’on enregistre d’importants mouvements de produits agricoles de cette province vers le Rwanda voisin. Les villes jumelles de Goma (Nord Kivu) et Gisenyi (Rwanda) sont les deux têtes de ponts de ces échanges. Elles ont connu, ces dernières années, un essor par le commerce et l’ouverture permanente (24H/24H) de la frontière marque la volonté des deux pays de pérenniser ces acquis dans le cadre de la GEPGL .
Or de part et d’autre, le niveau des échanges transfrontaliers est largement sous-estimé. Pour les autorités douanières congolaises, ces échanges ne sont pas considérés comme des exportations, l’on parle de trafics frontaliers. Aussi, les circuits complexes et le caractère parfois clandestin de ces échanges rendent difficile l’obtention de statistiques fiables. Dans cette note, l’on s’intéressa essentiellement aux exportations des produits alimentaires de base de la province du Nord Kivu vers le Rwanda. L’on cherchera de comprendre la nature de ces échanges. Quels sont les facteurs qui les favorisent ? Ces échanges peuvent-ils aidé à la réduction de l’insécurité alimentaire dans la province du Nord Kivu ? Le mauvais fonctionnement des marchés de la province du Nord Kivu n’est elle pas une contrainte à l’intégration du marché régional entre le Congo (RD) et le Rwanda ?.

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Publié le 17 octobre 2011
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SommaireCommerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibI-Introduction et problématique Les flux des échanges transfrontaliers entre la province du Nord Kivu (DR Congo) et la république du Rwanda sont dominés par des importations de produits industriels et des exportations de produits agricoles alimentaires. Les légumineuses (haricot), le sorgho, les productions maraîchères et la banane sont les principales productions agricoles vivrières échangées. Ces échanges transfrontaliers de produits agricoles sont saisonniers et historiques. Ils avaient renforcé la sécurité alimentaire des ménages. En effet, le surplus de main d’œuvre agricole et de bétails transféré du Rwanda a favorisé 2
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo Sibla mise en valeur des terres au Nord Kivu (RD Congo) et accru par conséquent les productions agricoles. Les surplus de récolte occasionnés ont permis de faire face aux besoins alimentaires des populations rwandaises.Aujourd’hui cependant, la forte densité de population de part et d’autre de la frontière et les pressions sur les ressources foncières qui en résultent, ont un impact évident sur les situations sécuritaire et alimentaire des ménages congolais et rwandais. L’insécurité alimentaire persiste au Nord Kivu alors que l’on enregistre d’importants mouvements de produits agricoles de cette province vers le Rwanda voisin. Les villes jumelles de Goma (Nord Kivu) et Gisenyi (Rwanda) sont les deux têtes de ponts de ces échanges. Elles ont connu, ces dernières années, un essor par le commerce et l’ouverture permanente (24H/24H) de la frontière marque la volonté des deux pays de pérenniser ces acquis dans le cadre de la GEPGL1. Or de part et d’autre, le niveau des échanges transfrontaliers est largement sous-estimé. Pour les autorités douanières congolaises, ces échanges ne sont pas considérés comme des exportations, l’on parle de trafics frontaliers. Aussi, les circuits complexes et le caractère parfois clandestin de ces échanges rendent difficile l’obtention de statistiques fiables. Dans cette note, l’on s’intéressa essentiellement aux exportations des produits alimentaires de base de la province du Nord Kivu vers le Rwanda. L’on cherchera de comprendre la nature de ces échanges. Quels sont les facteurs qui les favorisent ? Ces échanges peuvent-ils aidé à la réduction de l’insécurité alimentaire dans la province du Nord Kivu ? Le mauvais fonctionnement des marchés de la province du Nord Kivu n’est elle pas une contrainte à l’intégration du marché régional entre le Congo (RD) et le Rwanda ?. éMhtdologoie edl éuted-IIJe travaille pour le Programme Alimentaire Mondial (PAM) au Congo (RD) en tant que analyste de la sécurité alimentaire. Dans ce document, j’ai compilé au travers d’une revue de littérature l’ensemble des notes que j’ai écrites sur le sujet dans l’Est de la République Démocratique du Congo. J’ai régulièrement mené des enquêtes chez les ménages sur la sécurité alimentaire depuis juillet 2008. Pour ces enquêtes, un échantillon représentatif des ménages est tiré, par un tirage au hasard sans remis à deux niveaux (le niveau 1 est la zone géographique et le ménage est le niveau 2).  La taille des échantillons est obtenue en appliquant la formule : p (1-p) t²α .K/d². n = taille de léchantillon tα= 2, valeur approximative qui correspond à la valeur type d’un niveau de confiance de 95% (α=5%) changer la précision à 7%p = proportion estimative de linsécurité alimentaire dans le zone d = 0,05, valeur type dune marge derreur de 5 % K = effet de grappes (permet de corriger les erreurs éventuelles liées à la constitution des strates) dont la valeur est fixée à 2.3015 ménages sont soumis à un questionnaire structuré autour de l’accès à la nourriture, la disponibilité des aliments et leur utilisation. Ces enquêtes sur la sécurité alimentaire ont fourni toutes les statistiques relatives à la situation alimentaire des ménages du Nord Kivu. 1 CEPGL : La Communauté économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) est une organisation internationale créé en septembre 1976 pour l'intégration économique et la facilitation des mouvements des biens et des personnes entre différents pays de la région des grands lacs d'Afrique centrale, le Burundi, le Zaïre—actuelle République démocratique du Congo (RDC)—, et le Rwanda. Elle a son siège à Gisenyi au Rwanda, ville de Goma en RDC (de l'autre côté du Lac Kivu).En 1994, la crise burundaise puis le génocide rwandais plongent la CEPGL dans une crise. Et en 1996, tous les accords sont suspendus suite à l'agression de la souveraineté territoriale zaïroise par les troupes de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) et de l'Armée Patriotique Rwandaise (APR).En 2004, Louis Michel, ministre des Affaires étrangère de la Belgique invite les ministres des Affaires étrangères de la RDC, du Rwanda et du Burundi au Palais d'Egmont à Bruxelles pour discuter des modalités d'une éventuelle relance de la CEPGL.3
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibSur la base des données disponibles, j’ai effectuée une analyse chronologique des ménages vivant dans un contexte de conflit armé. Par ailleurs, en vue de comprendre le fonctionnement des marchés, des discussions avec les informateurs clés au niveau des territoires, groupements et villages (administrateur, chef de groupement, chef de village, chef de localité) ont été organisées. Ces entretiens ont permis de disposer des premières informations sur les marchés existants. Un questionnaire ouvert est administré à chaque personne. Les discussions portent sur la liste des marchés existants, la localisation, le jour et l’horaire de fonctionnement, les principaux produits commercialisés, les différents acteurs du marché, les fonctions commerciales entre les agents et les échanges dominants. Cette enquête vise avant tout à établir une liste exhaustive des divers marchés existants et d’identifier les principaux circuits de commercialisation des produits agricoles dans les territoires enquêtés. Sur la base de ces discussions, un échantillon représentatif des marchés ruraux est tiré pour une enquête approfondie. Le choix des marchés tient compte du type de marché, de la répartition géographique et des produits dominants commercialisés. Des guides d’entretien sont établis pour comprendre les circuits de commercialisation et de la mise à marché des produits agricoles. Un questionnaire structuré est administré aux différents acteurs, notamment aux commerçants. Ces questionnaires sont ceux établis par le PAM. Le questionnaire marchéL’objectif fondamental de ce questionnaire est de collecter des informations complémentaires à celles obtenues au cours de la première phase de l’étude. Le questionnaire est axé sur le contexte de fonctionnement du marché, l’environnement physique, les types de transactions et les acteurs du marché. D’une manière plus détaillée, le questionnaire s’articule autour de :les principales productions agricoles autour du marché et les saisons culturales, le rayonnement du marché, les principaux produits agricoles commercialisés, les conditions de mise en marché, les différents acteurs impliqués, leur origine, leurs relations, leurs fonctions, les lieux et la période principale de transaction, les flux de produits, leur nature, leur forme de présentation, leur origine, leur destination, le volume commercialisé, la fréquentation des marchés (nombre d’étals, le nombre de personnes présentes,  Le questionnaire commerçantLe choix des commerçants n’est pas faite sur la base d’un échantillonnage statistique représentatif. Toutefois, le nombre de questionnaire administré est assez important pour valider les tendances. Dans chaque marché, 10 questionnaires sont passés auprès des détaillants, 4 auprès des grossistes, 2 auprès des importateurs, 6 auprès des collectrices ruraux et 7 auprès des producteurs. III-Evolution de la Sécurité alimentaire des ménages III.1- La production agricoleD’après les statistiques de l’inspection de l’agriculture du Nord Kivu, les productions de cossettes de manioc, de patate douce, de pomme de terre, de maïs et de sorgho ont connu des hausses respectives de 32%, 10%, 21%, 11% et 22% entre 2009 et 2010. Tableau : Evolution de la production agricole/Nord Kivu/Service National des Statistiques AgricolesCultures20092010Ecart 2009/2010CPaotsasteet tdeo duec eManioc 2766 51 224003843 97 232261301,,07%%Pomme de terre40 19548 59120,9%SHoajraic ot84 61 9540584 45 53936-92,,27%%SMoarïgs ho 1494  4568552439  6548442111,,25%%4
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibGlobalement, les tubercules et les céréales ont connu une hausse respectivement de 11% et 8% tandis que la production de légumineuses a chuté de 3%. Ces progressions relativement importantes de la production agricole sont limitées par l’imprécision des itinéraires techniques, le manque de formation et l’accès limité aux facteurs de production (intrants agricoles, capital). En effet, les semences, généralement en mauvais état, sont principalement achetées sur le marché (28%). Le niveau bas des stocks semenciers des paysans (22%) résulterait de la faible production, des ventes importantes des récoltes et des mauvaises capacités de stockage. Par ailleurs, les ménages manquent de semences (33%), notamment de semences améliorées (17%), d’outils agricoles (12%) et de terre (10%). Aussi, en raison des déplacements forcés et des migrations vers les mines, la main d’œuvre agricole manque par endroit (12%). De ce fait, l’entretien des champs est difficile et les maladies des plantes/l’enherbement des champs (13%) réduisent les récoltes des paysans. A cela, il faudrait ajouter les difficultés d’accès au marché sont mentionnées par les ménages, parfois en raison de l’insécurité. En raison de toutes ces contraintes, la superficie agricole cultivée par ménage stagne à 50 ares depuis des années. La hausse relative des productions ne serait pas simplement le fait d’une augmentation de la superficie agricole utile par ménage. Jusqu’à présent, les paysans n’emblavent pas la totalité des terres dont ils disposent. III.2- L’accès des ménages à la nourritureL’analyse indique que les ménages dépendent principalement des marchés pour leur alimentation. 64% de leur consommation hebdomadaire provient principalement des marchés tandis que 31% provient de leur propre production. Le travail contre nourriture représente 3% et l’aide alimentaire 2%. Il faut noter qu’en septembre 2010 qui correspond à la période de soudure, la dépendance par rapport au marché est encore plus élevée, puisque pendant cette période, 77% de la consommation hebdomadaire des ménages provenaient des marchés tandis que seulement 17% provenait de la propre production. Ces chiffres indiquent qu’indépendamment de la période de l’année, une grande majorité des ménages dépendent des marchés pour leur alimentation, les rendant ainsi vulnérables par rapport à la volatilité et le niveau des prix sur les marchés. Le taux de couverture des besoins alimentaires des ménages par la propre production est très faible. En dépit des récoltes en cours, seulement 10% des ménages affirment disposer de stocks alimentaires pouvant couvrir leurs besoins alimentaires sur une période de plus de trois mois. L’analyse désagrégée indique que les résidents combinent toutes les sources de nourriture disponibles tandis que les personnes déplacés en camps dépendraient à 80% de l’assistance alimentaire (notamment pour les céréales, le sel et l’huile végétale). Comparée à septembre 2010, la part de l’assistance alimentaire dans la nourriture consommée par les déplacés a augmenté de 14%. Le travail contre nourriture est la principale source de nourriture pour les ménages récemment retournés (29%). Ces résultats montrent que l’accès alimentaire dans la province du Nord Kivu reste encore problématique pour beaucoup de ménages. Ces difficultés d’accès ont conduit les ménages à adopter différentes stratégies de survie.III.3- Stratégies de survie Pour faire face aux difficultés alimentaires, les ménages ont eu surtout recours à des stratégies alimentaires : réduction de la quantité/de la qualité de la nourriture (37%), manger des aliments moins préférés mais moins chers (29%), emprunter ou acheter des aliments à crédit (11%).Figure : Evolution des stratégies de survie des ménages/ données collectées par l’auteurGlobalement, ces stratégies sont les mêmes que celles observées au cours des précédentes enquêtes. Néanmoins, les fréquences d’application sont légèrement presque changées. 5
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibLa réduction de la quantité/qualité des repas et la consommation d’aliments les moins préférés/chers gagnent respectivement 3 et 5 points entre septembre 2010 et février 2011. Par rapport à la même période en 2010 (janvier –février), réduire la quantité/qualité des repas et manger les aliments les moins préférés/chers ont gagné respectivement 12 et 13 points. Au cours de ces stratégies, les chocs alimentaires seraient plus sévères en ce moins de février 2011. Et la consommation d’aliments les moins chers est un comportement logique face à la hausse des prix des produits aliments de base. La baisse du pouvoir d’achat qui en résulte pousse les ménages à retirer les enfants de l’école (7%) et à consommer les stocks de semences (9%). Ces deux dernières stratégies non alimentaires sont relativement sévères pour les ménages. III-4. Sources de revenusAu regard de l’importante part des aliments achetés dans la nourriture des ménages, la fiabilité des sources de revenu est indispensable pour assurer la sécurité alimentaire des ménages. Le travail agricole journalier (26%), la vente de produits agricoles (26%) et le petit commerce (18%) sont les trois principales sources de revenu des ménages de la province du Nord Kivu. Comparés, à la même période de l’année dernière, la vente de productions agricoles a augmenté de 10% (passant de 16% à 26% en janvier 2010 et février 2011) tandis que la proportion de travailleurs agricoles à baisse de 15% (passant de 41% à 26% entre janvier 2010 et février 2011). La proportion de ménages qui vivent du petit commerce est restée inchangée à 18%. Ces résultats confirment que les revenus des ménages sont instables et fortement soumis à des variations saisonnières. Le coût moyen d’une journée de travail agricole serait de 1000 Francs Congolais.Les déplacés en famille d’accueil ont beaucoup plus facilement du travail journalier (36%) que ceux en camps (18%). Par conséquent, en plus d’être soumis à des fluctuations saisonnières, les revenus sont influencés par le statut du ménage. Par ailleurs, les ménages évoquent des difficultés qui empêcheraient de générer des revenus. En effet, le manque d’opportunité (16%), le manque de financement (14%), la faible production agricole (13%), le prix faible des produits agricoles (13%) et l’invalidité physique (12%) sont les principales contraintes des ménages pour générer des revenus. Les taxes élevées (7%) combinées au manque de marché (7%) limitent les opportunités de commerce. Ces mêmes contraintes ressortent dans les deux enquêtes précédentes, à peu près dans les mêmes proportions. Néanmoins, la proportion de ménages qui mentionne l’insécurité a été divisée par deux, passant de 18% à 9% entre septembre 2010 et février 2011. Par contre, la proportion de ménages excédée par les taxes a augmenté de 5%, passant de 2% à 7% entre septembre 2010 et février 2011.II-5. Les termes de l’échangeLes augmentations de prix réduisent le pouvoir d’achat des ménages quand l’on sait que le revenu agricole journalier est instable et plafonne à 1000 Francs Congolais depuis 2008. En effet, le travail agricole journalier est l’une des principales sources de revenu des ménages pauvres de la province. L’argent obtenu de ce travail sert principalement à l’achat de nourriture. Le manioc (cossettes) est le principal produit alimentaire acheté par les ménages pauvres. L’amélioration des termes de l’échange constatée en septembre 10 s’est maintenue au cours de ce mois de janvier  .116
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibLe graphique ci-dessus montre que le revenu d’une journée de travail s’échange contre 2,5 unités de farine de manioc, soit un gain de 0,3 unité par rapport à toute l’année 2010. Par ailleurs, comparé à janvier 10, l’on note qu’une journée de travail agricole en janvier 11, rapporte au ménage 2,5 fois plus d’unités de farine de manioc. Cette évolution des termes de l’échange traduit une certaine amélioration du pouvoir d’achat des ménages sur les différentes périodes enquêtées. Elle est la conséquence uniquement de la hausse relativement des salaires agricoles journaliers sur les deux dernières années. Cette hausse des salaires découle elle-même d’une demande plus importante de la main d’œuvre durant la saison des cultures dans les zones de retour des déplacés. Il s’agit donc uniquement d’une hausse saisonnière qui est par ailleurs plafonné à 1000 Francs congolais la journée de travail.De ce fait, une augmentation soutenue des prix ne saurait être compensée dans le temps par la hausse des salaires agricoles journaliers. Par conséquent, au-delà d’un certain seuil, la hausse généralisée des prix pourrait durablement affecter la sécurité alimentaire des ménages pauvre qui dépensent environ deux tiers de leur revenu pour l’achat de nourriture. En effet, l’enquête révèle que le prix du panier alimentaire journalier par personne a été multiplié par 1,5, passant de 378 Francs Congolais à 547 Francs Congolais, entre 2008 et 2010. Sur la dernière année (2010), le panier alimentaire journalier par personne a augmenté de 3%, passant de 534 Francs Congolais à 547 Francs Congolais. Hors, les revenus des ménages stagnent tandis que les sources de revenu sont toujours précaires.7
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo Sib2III-6. Score de consommation alimentaire des ménagesLa situation alimentaire des ménages de la province du Nord Kivu n’a pas connu d’amélioration sensible entre septembre 2010 et février 2011. L’enquête indique que 21% des ménages ont une consommation alimentaire pauvre tandis que 30% ont une consommation alimentaire limite soit environ un ménage sur deux classés dans les catégories consommation alimentaire pauvre ou limite. L’analyse des tendances montre que la situation alimentaire est très volatile. 2 Le score de consommation alimentaire du ménage est calculé en multipliant la note totale de fréquence de consommation avec la pondération totale de chaque groupe d’aliments, puis en additionnant les résultats obtenus pour l’ensemble des groupes. La valeur maximale du SCA est de 112. Elle est atteinte quand tous les groupes d’aliments ont été consommés tous les jours au cours des sept derniers jours. En raison de la grande consommation d’huile (palm et végétale) par l’ensemble de la population dans le Sud et le Nord Kivu, les seuils de score de la consommation alimentaire suivants ont été retenus:·consommation alimentaire pauvre : de 0 à 28·consommation alimentaire limite : de 28,5 à 42·consommation alimentaire acceptable : > 42Le tableau ci-dessous donne la pondération pour chaque groupe d’aliment.  Groupes d’alimentPondérationAliments consommésAliments de base (céréales, tubercules)2Mais, riz, manioc, sorgho, patate douceLégumineuses et oléagineux3Haricot, arachide, sésame, sojaProtéines végétales1Feuilles et légumes Protéines animales4Viande, volaille, poisson (frétin), œuf Fruits 1Avocat, mangue, ananas, banane Sucres5,08
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibPar rapport à janvier 2010, on note une amélioration sensible de la situation alimentaire en février 2011 mais l’analyse montre que cette amélioration s’est estompée et la situation actuelle qui correspond à une période de récolte est plutôt similaire à celle qui prévalait déjà en septembre 2010 qui correspond quant à elle à une période de soudure.Le regain de tension observé par endroit, a réduit l’accès des ménages à leurs productions agricoles et aux marchés. En conséquence, l’approvisionnement des ménages a été négativement affecté. L’alimentation des ménages est très peu variée et essentiellement basée sur une consommation régulière du manioc (foufou) avec du haricot et des légumes. Les protéines animales et le lait et les produits laitiers sont quasiment absents du régime alimentaire des ménages se traduisant par un faible score de consommation alimentaire et des risques de malnutrition en particulier auprès des plus vulnérables notamment les enfants et les femmes enceintes et allaitantes. Le graphique ci-dessus indique que les personnes déplacées vivant dans les camps (63%) et les rapatriés (50%) sont les catégories de ménages les plus exposées à l’insécurité alimentaire. L’augmentation subite de personnes déplacées, dans des zones précédemment affectées par l’insécurité, a contribué à la forte dégradation de la sécurité alimentaire observée dans les camps. Les rapatriés n’apparaissent qu’en février 2011. Cette apparition confirme le retour spontané des réfugiés congolais précédemment installés dans les pays limitrophes (Rwanda et Ouganda). Au regard de leur mauvaise situation alimentaire, une assistance humanitaire appropriée doit leur être apportée.La situation des déplacés en famille d’accueil et des ménages retournés est globalement identique et relativement meilleure. Néanmoins, un ménage sur trois de ces deux catégories consomme une nourriture pauvre contre 14% des résidents. Aussi, la comparaison des proportions actuelles (février 2011) par rapport à la moyenne des trois précédentes enquêtes (février 2009, janvier et septembre de 2010), indique que les inégalités dans l’accès à la nourriture s’accentuent d’année en année en défaveur des ménages les plus pauvres de la province (indépendamment de leur statut). Sucre, canne à sucre, Produits laitiers4Lait, fromage , yaourtHuile et graisse5,0Huile de cuisson9
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibFigure : Carte de l'insécurité alimentaire Nord Kivu février 2011/ l'auteurIV-Le marché intérieur des produits agricoles dans la province du Nord KivuIV-1. Les types de marchés observésLes marchés étudiés sont des marchés physiques, lieux de rencontre entre les vendeurs et les acheteurs. L’étude indique l’existence de trois types de marché dans la province du Nord Kivu. Tableau : Typologie des marchés du Nord Kivu/l'auteurTypologie Caractéristiques Marché de -Situés dans des zones de productions agricolesproduction-Commercialisation assurée principalement par les producteurs qui vendent directement aux consommateurs où aux collectrices ruralesMarché de -Produits vendus viennent de différentes zonesregroupement-Produits vendus à un second niveau d’intermédiaire, notamment les collectrices urbaines qui acheminent les produits vers les agglomérations de Goma, Beni, 01
Commerce transfrontaliers des produits agricoles entre la province Nord Kivu/Congo et le RwandaPar Ollo SibButembo, etc.Marché de -Situés dans les agglomérations urbaines ou rurales relativement importanteconsommation-Principaux vendeurs sont les grossistes (qui rachètent auprès des collectrices urbaines), les détaillants (auprès de qui s’approvisionnement les consommateurs finaux)Les marchés sont rarement spécialisés par produits. Sur le même marché, l’on trouve une gamme variée de produits. Aussi, un marché de production peu être à la fois marché de consommation. Cette classification est dynamique selon les produits et les saisons agricoles.  Le cas des «   Kasoko   » Dans chaque village de la province, tous les jours, en fin de journée, se tient un marché appelé « Kassoko » ou « petit marché ». Les Kassoko s’apparentent plus à des marchés de production, dans la mesure la grande majorité des vendeurs sont des producteurs. Chaque soir, au retour des champs, les paysans ramènent environ 30 Kg de leur récolte qui sont par la suite vendus directement à des consommateurs. Le nombre d’acteurs (vendeurs et acheteurs) est très variable et dépendant surtout à la taille du village. Plus celui-ci est grand, plus d’acteurs sont présents sur le Kassoko. Les produits vendus sont essentiellement des produits alimentaires de base. Très liée à la récolte, l’offre des produits est soumise à de plus fortes variations saisonnières que les autres types de marché. L’absence de stocks limite toute possibilité de régulation de l’offre. La demande peu d’une saison à l’autre. Nonobstant, elle est plus exigeante par rapport à la fraîcheur des produits. Ces marchés jouent un rôle important dans l’accès à la nourriture pour les ménages pauvres. En effet, Ces derniers peuvent facilement y acheter à moindre prix des produits qu’ils ne peuvent produire eux-mêmes. En moyenne, un ménage de cinq personnes y dépenseraient 1500 Francs congolais par jour, soit environ l’équivalent de la rémunération d’une journée de travail agricole.  .Les consommateurs sont généralement du même village que le producteur-vendeur. En raison des liens sociaux existants entre les auteurs, les prix des produits vendus sont ces marchés sont d’un tiers inférieur à ceux des marchés permanents ou quotidiens environnants. Les prix pratiqués sur ces marchés sont essentiellement des prix négociés. Ce qui indique que les ménages pauvres négocient mieux les prix sur des marchés ouverts que sur des foires fermés. Aussi, en raison du temps d’activité limité sur ces marchés (de plus de deux heures et ils ferment dès la tombée de la nuit), les transactions se font rapidement. La fluidité des échanges concourt à améliorer les gains des producteurs. En moyenne, chaque paysan y vendrait 2700 Francs congolais par jour. Ces marchés échappent à tout contrôle des autorités locales. Par conséquent, les taxes n’y seraient pas prélevées. L’absence de taxes réduirait les distorsions sur les prix généralement observées dans les marchés « ordinaires » de la province. Généralement, l’infrastructure est précaire. Les produits sont exposés à même le sol ou presque. IV-2. Les principaux acteurs des marchésLes filières agricoles sont caractérisées par le manque d’intervention de l’état et par la multiplicité des acteurs. Dans les zones d’étude, les principales filières agricoles (haricot, manioc et céréales) sont généralement articulée autour de six (6) « maillons » principaux : les producteurs, les collectrices - qui relient les agriculteurs au marché, les dépositaires, les grossistes – regroupés très souvent en coopératives de commercialisation, les commerçants transfrontaliers et les détaillantes. IV-2.1. Les petits producteursLes petits producteurs sont des ménages ruraux de cinq personnes en moyenne dont 2 actifs agricoles. Ils exploitent en moyenne 50 ares de terres, généralement louées. Le système de culture repose sur les associations culturales. Ces exploitations agricoles disposent d’équipements agricoles modeste faits de houe, de machette et de hache. L’utilisation de fertilisants et de produits phytosanitaires est très réduite par conséquent, les rendements sont faibles (par exemple 800 kg/ ha pour le haricot).11
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