1 bertrand martinot est l’auteur de Chômage : inverser la courbe,publi par l’institut montaigne aux ditions les belles lettres, 2013. économiste, conseiller social à la Prsidence de la rpublique de 2007 à 2008, puis dlgu gnral à l’emploi et à la formation professionnelle (dgefP) de 2008 à 2012, il est l’un des meilleurs spcialistes français de la question du chmage, des politiques de l’emploi et du dialogue social.
Améliorer l’équité et l’efficAcité de l’AssurAnce chômAge1
La négociation sur le régime d’assurance chômage (RAC) qui s’ouvre bientôt comporte trois enjeux majeurs : 1. Un enjeu financier, tout d’abord, le plus évident, qui contraint fortement la négociation. La dégradation du marché du travail depuis 2008 et l’absence d’une reprise économique vigoureuse et créatrice d’emplois mettent en péril l’équilibre financier du régime. Continuellement en déficit depuis 2009, le solde du RAC continue de se creuser : 2,7 MdsEen 2012, puis 4,2 MdsEen 2013 d’après les dernières prévisions de l’Unédic publiées en septembre 2013. Quant à l’endettement net, il passerait de 13,7 MdsEfin 2012 à 17,8 MdsEfin 2013, dépassant ainsi le précédent record de 2005. et même si le chômage tend à se stabiliser, le RAC sera à coup sûr encore largement déficitaire en 2014. L’Unédic prévoit d’ailleurs une nouvelle dégradation de son endettement net, qui pourrait alors atteindre 22,2 MdsEfin 2014. Certes, une grande partie de ce déséquilibre est de nature conjoncturelle et il est dans la nature de l’assurance chômage d’être pro-cyclique. Au niveau actuel de cotisations, le système peut retrouver l’équilibre dès lors que le taux de chômage repasse durablement en-dessous de 9 % environ, ce qui correspond d’ailleurs à son niveau moyen dans notre pays depuis le milieu des années 1980. La situation ne serait donc pasa priorisi inquiétante si le chômage refluait rapidement dans cette limite, mais on peut malheureusement douter que ce soit le cas. Dès lors, l’Unédic peut difficilement échapper à des mesures d’économie car, dans un contexte de taxation du travail déjà excessif, toute nouvelle hausse de cotisation doit absolument être évitée. 2. Le deuxième enjeu est lié à l’accord du 11 janvier 2013 sur la sécurisation des parcours professionnels. Cet accord a bien identifié l’assurance chômage comme l’élément central d’une sorte de « flexisécurité ». Au-delà de la majoration des cotisations d’assurance chômage employeurs pour certains CDD, cet accord renvoie la mise en place de droits rechargeables à la négociation sur le RAC (article 3). 3. Le troisième enjeu est politique. Depuis la convention d’assurance chômage de 2000, et si l’on excepte l’introduction de la filière unique en 2009, qui a été une simplification bienvenue et équitable, les négociations ont surtout conduit à des « rafistolages » et à des mesures « comptables » (hausses de cotisation, diverses mesures d’économie et de rationalisation…). on peut comprendre, il est vrai, que le contexte de hausse du chômage depuis 2008 ait paralysé les initiatives. Pour autant, les partenaires sociaux doivent faire la preuve qu’ils savent innover également dans le domaine de l’assurance chômage, dont le fonctionnement conditionne en partie les performances du marché du travail, comme en témoignent les réformes réalisées chez nos principaux partenaires. et ils doivent le faire dans un contexte de chômage historiquement élevé qui ne facilite certainement pas la formation de consensus. Cette note rappelle les principaux éléments faisant débat sur le RAC et propose quelques évolutions systémiques.
1
A m é l i o r e r l ’ é q u i t é e t l ’ e f f i c A c i t é d e l ’ A s s u r A n c e c h ô m A g e
2 il ne sera question dans cette note que du rgime gnral de l’indemnisation. la question des intermittents et techniciens du spectacle (annexes 8 et 10), qui n’est pas dans le champ de la ngociation qui va dbuter, est renvoye aux nombreux travaux sur le sujet(notamment les rapports de la cour des comptes ou encore le travail de l’institut montaigneRedonner sens et efficacité à la dépense publique - 15 propositions pour 60 milliards d’économies,paru en dcembre 2012 et coordonn par Pierre-mathieu duhamel). il faut toutefois rappeler que la question des intermittents pèse lourdement sur la situation financière du rgime gnral (dficit rcurrent de 1 mdechaque anne, quelle que soit la conjoncture) et sur sa soutenabilit. dès lors, la dconnexion entre les deux sujets est un peu artificielle.
3 ocde, rapport annuelTax and Benefits,2012.
1. Principaux points faisant dbat2 les dbats autour de l’assurance chmage tant souvent de nature polmique (entre les tenants du « chmeur victime » qu’il faudrait toujours indemniser davantage et les tenants du « chmeur tire au flanc » dont il faudrait rduire les droits, pour schmatiser), il convient tout d’abord de bien poser certains dbats. des comparaisons avec les pratiques de nos voisins europens offriront souvent un clairage utile. 1.1. La « générosité » du système la question de la « gnrosit » du système est toujours au centre des discussions et des polmiques sur l’assurance chmage. elle est d’autant plus dlicate qu’il n’existe pas de mesure simple et totalement objective de cette gnrosit en comparaison internationale, tant sont nombreux les paramètres : taux de remplacement par rapport au salaire antrieur, dure d’indemnisation, conditions d’ligibilit, familialisation ou non de l’allocation, prise en compte des autres transferts sociaux, etc. il faut donc se contenter de donnes parses. les affirmations suivantes semblent toutefois assez robustes. l’indemnisation du chmage par le rgime d’assurance chmage stricto sensuest en france, à certains gards, parmi les plus gnreuses d’europe. Avec seulement quatre mois d’affiliation antrieure sur les 28 derniers mois, les conditions d’entre sont de loin les plus favorables, aucun autre pays europen n’exigeant moins de six mois d’affiliation antrieure. de même, la dure maximale d’indemnisation (24 mois, dure porte à 36 mois pour les plus de 50 ans) figure
2
parmi les plus longues (seules particulière du système français la belgique et les Pays-bas apparaît moins clairement. elle autorisent des dures maximales pourrait même être infrieure d’indemnisation plus longues). à la moyenne dans le cas enfin, le niveau d’indemnisation des chmeurs de longue et pour les salaris à haut revenu très longue dures. Ainsi, et est incontestablement le plus contrairement à une ide reçue, lev d’europe (65 % du salaire le taux de remplacement au antrieur en termes nets et une royaume-uni pourrait bien être allocation maximale de 6 161 suprieur dans certains cas à euros nets contre, par exemple, celui qui prvaut en france3. 1 940een Allemagne, 2 295eissant ion, audanemarketinfrieureà2qs’uaegl’onpoduerrla’iitnjduegmerniesxactessive000edans tous les autres pays). pour les chmeurs à salaire le taux de remplacement antrieur lev, son enjeu est difficilement comparable doit être relativis. en effet, le avec celui qui prvaut chez plafonnement ne concerne que nos voisins car il dpend 1 600 personnes (0,07 % des fortement du niveau du salaire chmeurs indemniss), 95 % antrieur (il est dcroissant) des chmeurs indemniss et de la dure passe au recevant une allocation chmage. Avec un taux de infrieure à 2 100e. enfin, si le remplacement net de 69 % du niveau de l’allocation maximale salaire antrieur en moyenne, est objectivement très lev, il le système français semble doit être mis en regard avec le dans la moyenne europenne, plafonnement galement très lgèrement suprieur au ratio lev du salaire pris en compte existant en Allemagne, très dans le calcul de la cotisation suprieur au royaume-uni, (quatre fois le plafond de la scurit sociale, soit 12 344emais sensiblement infrieur au danemark pour ce qui concerne bruts par mois), qui font les bas salaires. d’ailleurs de ces salaris des Plusieurs lments amènent contributeurs nets au rAc. cependant à relativiser ces Autre lment amenant à constats et interdisent de nuancer le constat de gnrosit considrer le système français du système français : les comme particulièrement conditions d’ligibilit sont certes gnreux « toujours et partout ».plus favorables qu’ailleurs, le constat doit être en partie mais elles interviennent dans nuanc si l’on tient compte le contexte d’une proportion des autres transferts sociaux, extrêmement forte de contrats notamment le logement et les de travail courts (80 % des prestations familiales. en effet embauches cdd ou intrim), la france a fait le choix de faire à laquelle le rAc doit bien reposer l’indemnisation du apporter une solution, et d’une chmage très majoritairement quasi absence de prestations sur des allocations finances par de solidarit pour les jeunes les salaris et les employeurs, de moins de 25 ans qui sont tandis que dans d’autres pays, les chmeurs qui ont le moins comme le royaume-uni et d’anciennet en emploi. l’Allemagne dans une moindre1.2. Le RAC et les gains mesure, d’autres transfertsrésultant du retour à jouent un rle beaucoup plus l’emploi important. or si l’on rintroduit les autres transferts sociaux si le niveau des allocations, dans l’analyse, la gnrosit combin aux autres
A m é l i o r e r l ’ é q u i t é e t l ’ e f f i c A c i t é d e l ’ A s s u r A n c e c h ô m A g e
transferts sociaux n’apparaît pas globalement comme significativement plus gnreux que celui de nos voisins, il convient d’examiner si certaines situations particulières n’apparaissent pas aberrantes et font que le retour à l’emploi est peu « payant ». de ce point de vue, l’examen des taux de remplacement à certains niveaux de salaire peut susciter des interrogations et les formules de calcul du rAc bases sur des salaires et des allocations brutes sont extrêmement trompeuses. Ainsi, la rintgration des prlèvements fiscaux et sociaux (diffrents pour les salaris et les demandeurs d’emploi) fait-elle apparaître des taux de remplacement nets bien suprieurs à ce que suggèrent ces formules4. il apparaît que si le taux de remplacement est d’environ 67 % à des niveaux de salaires moyens, il dpasse 85 % pour environ un quart des chmeurs indemniss. Pour les chmeurs antrieurement pays au smic à temps plein, ce taux de remplacement monte à 80 %. Pour les chmeurs antrieurement au smic à temps partiel, celui-ci pourrait atteindre 95 % du salaire antrieur. encore ces calculs n’intègrent-ils pas toutes les formes d’imposition (par exemple la taxe d’habitation), ni les coûts inhrents à la reprise d’emploi. certes, la reprise d’emploi est, à ces niveaux de salaire, associe au versement du « rsA activit », mais le faible taux de recours et la mconnaissance de cette prestation laisse planer le doute sur son effet rellement incitatif. on peut affirmer qu’à certains niveaux de salaires antrieurs, le retour à l’emploi n’est pas « payant » en france et que le rAc y a une part de responsabilit.
1.3. Le RAC et la question de précarité considrer la question des incitations diffuses par le rAc sous le seul angle de l’intrêt à reprendre un emploi serait très rducteur. de fait, les règles d’indemnisation peuvent galement biaiser le comportement des chmeurs et des employeurs dans le choix du type de relation de travail (type de contrat, dure de l’emploi, niveau de rmunration…). de ce point de vue, il convient de s’interroger sur le calibrage actuel du cumul de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (Are) avec une rmunration en cas de reprise d’une activit rduite. ce dispositif permet en effet aux chmeurs de reprendre une activit moins bien rmunre tout en restant ligible au rAc, le cumul avec une partie de leur allocation chmage tant possible dans certaines limites et durant une certaine priode. ce système a connu une très forte extension au cours des vingt dernières annes, au point qu’il est devenu une caractristique majeure du rAc français : il concerne en effet aujourd’hui 1,1 million de chmeurs (contre 100 000 en 1991) sur les 2,4 millions indemniss dans le cadre du rAc. le rAc est ainsi pass d’un système centr sur les chmeurs sans emploi à un système subventionnant largement la reprise d'emplois courts et à temps partiel. système très incitatif au retour à l’emploi, son principe n’est videmment pas contestable. si l’on peut saluer cette volution qui prend bien en compte la prcarit croissante des demandeurs d’emploi et le phnomène de rcurrence au chmage, on peut toutefois
s’interroger sur la soutenabilit et le calibrage du dispositif. l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2008, rest lettre morte sur ce point, soulignait djà la ncessit d’viter que ce dispositif ne glisse d’un « revenu de remplacement vers un revenu de complment ». cette situation est d’autant plus dommageable que le cumul avec une activit rduite est djà subventionn au niveau du temps partiel avec le rsA et la PPe, dont les partenaires sociaux ne semblent jamais tenir compte dans leurs ngociations. les effets de ces combinaisons complexes ne sont jamais tudis alors même qu’elles constituent un phnomène assez massif5. 1.4. Le RAC et son mode de financement
le rAc français est financ exclusivement par des cotisations pesant sur les salaires du secteur priv, ce qui le distingue des autres rgimes europens ou du système amricain qui font, le plus souvent, l’objet d’une subvention de l’état ou ventuellement d’une contribution pesant galement sur les fonctionnaires.
NOTE
il en rsulte des niveaux de cotisation employeurs et salaris (6,4 % du salaire brut au total) parmi les plus levs d’europe.4 bruno coquet,L’assurance chômage et le marché du travail seule l’espagne (7,05 %) a uncontemporain,thèse de doctorat ès taux de cotisation suprieur. il estsciences conomiques, universit infrieur en Allemagne6(3 %)etd’Aix-marseille, 2011. au Pays-bas (4,46 %) par exemple.5 selon la direction de la recherche, des tudes, de l’valuation et des bien entendu, le rAc fran isstatistiques (drees), 28 % des çabnficiaires du rsA « activit » possède une dimensioninscrits à Ple emploi fin 2010 taient galement indemniss au titre assurantielle très marque et lesde l’activit rduite du dispositif du lments de solidarit sontrAc (drees,Études et résultats, moins nombreux que pournovembre 2011, n°782). d’autres transferts sociaux. cette logique du reste t renforce6 niveau qui ne s’explique pas par la afaiblesse du chmage en Allemagne par la cration de la filièrepuisqu’il prvalait avant le dbut de la unique en 2009 qui metcrise, quand les taux de chmage davantage en rappo français et allemand taient très rt la dur eproches.
3
A m é l i o r e r l ’ é q u i t é e t l ’ e f f i c A c i t é d e l ’ A s s u r A n c e c h ô m A g e
de cotisation et la dure d’indemnisation.Pour autant, on peut douter que le poids du rAc doive être port exclusivement par le travail des seuls salaris affilis du secteur priv (16,3 millions sur une population active de près de 29 millions de personnes), alors même qu’ils ne sont videmment pas responsables du risque chmage dont le niveau très lev dans notre pays rsulte de choix collectifs. À un moment où le caractère excessif de la taxation du travail fait enfin l’objet d’un quasi consensus, la question du mode de financement optimal du rAc peut être pose.
2. Propositions
2.1. S’agissant de la « générosité » du système s’agissant de l’assurance chmage, l’une des questions les plus importantes est de savoir si le système est suffisamment incitatif à la reprise d’emploi. de ce point de vue, un calibrage optimal du niveau des allocations rend secondaires d’autres questions telles que les sanctions pour insuffisance de recherche d’emploi. de même, il relativise l’importance de la question de la dgressivit, pourtant rgulièrement dbattue : en effet, si le système est suffisamment incitatif, la dgressivit n’aurait pour effet que de diminuer les ressources de chmeurs qui, par ailleurs, ont djà tout intrêt à rechercher activement un emploi. de ce point de vue, un certain nombre de situations aberrantes devraient être corriges. c ’est l’objet de la proposition suivante. Proposition 1 :éliminer les situations où le taux de remplacement est manifestement trop élevé par rapport au salaire antérieur
4
une solution simple consisterait à plafonner toutes les allocations afin que le taux de remplacement net n’excède pas un certain niveau, par exemple 75 % ou 80 % (aujourd’hui ce plafond existe, mais est calcul en termes bruts, ce qui biaise l’analyse). l’conomie gnre par ce plafonnement s’lèverait à plusieurs centaines de millions d’euros, sans compter les gains rsultant de l’acclration du retour à l’emploi induits par cette rforme. s’agissant de la dgressivit, elle paraît superflue dès lors que les allocations sont plafonnes comme propos ci-dessus, pour plusieurs raisons. la première est que le système est djà fortement dgressif à l’issue de la priode d’indemnisation, les transferts sociaux prenant le relais du rAc pour les chmeurs de longue dure tant, comme on l’a vu plus tt, infrieurs à la moyenne europenne. il y a donc une forte incitation pour les chmeurs à ne pas attendre l’puisement de leurs droits. deuxièmement, il ne faut pas se tromper de dbat. soit on trouve le système globalement trop gnreux ou trop coûteux, et il est loisible, à l’instar d’autres pays, d’en diminuer la gnrosit ou de faire des conomiesviad’autres paramètres : dlais de carence, prise en compte des indemnits de licenciement, dure d’indemnisation, taux de remplacement par rapport au salaire antrieur. soit on trouve que de nombreux chmeurs abusent du système et, dans ce cas, la dgressivit est considre comme une sanction. mais dans cette seconde optique, une dgressivit gnrale est alors injuste puisqu’elle frappe galement les chmeurs qui recherchent activement mais sans succès un emploi et qui sont l’immense majorit. dès lors qu’on emprunte la voie de la dgressivit, il faut en prciser
le but. il nous semble que le seul but pertinent doit être la sanction d’une insuffisance de recherche d’emploi, ce qui nous conduit à la proposition d’une dgressivit conditionnelle et non pas gnrale. d’où la proposition suivante. Proposition 2 :introduire une dose de dégressivité « conditionnelle » il serait possible d’introduire une dose de dgressivit pour les seuls chmeurs dont on peut considrer que la recherche d’emploi est insuffisante et assumer pleinement la dimension « sanction » de ce schma. de ce point de vue, une caractristique de notre système justifie dans certains cas la dgressivit : les sanctions aujourd’hui encourues sont de l’ordre du « tout ou rien » (suppression ou suspension de 100 % de l’allocation), ce qui dissuade les conseillers de Ple emploi d’y recourir. deux modalits seraient possibles : une dgressivit au fil de l’eau : en cas d’insuffisance de recherche d’emploi, l’Are pourrait être rduite d’un certain montant (20 % au premier avertissement, 30 % au deuxième, etc.) à tout moment (système à inclure dans la panoplie des sanctions, cf.infra) ; un rexamen complet et ponctuel de la situation au bout d’une certaine dure prdtermine (par exemple un an, à dfinir en fonction des contraintes oprationnelles de Ple emploi). Plusieurs critères alternatifs ou cumulatifs seraient alors dcisifs pour dcider au cas par cas du prolongement de l’Are à un niveau inchang ou sa rduction : intensit de la recherche d’emploi ; refus ou non d’une formation ; mtier recherch en tension, ce qui rend moins lgitime une très longue dure passe au chmage.
A m é l i o r e r l ’ é q u i t é e t l ’ e f f i c A c i t é d e l ’ A s s u r A n c e c h ô m A g e
s’agissant de la dure maximale font l’efficacit, davantage que leur d’indemnisation, la question de sa nombre. le problème est que ces rduction peut se poser au vu des critères d’efficacit sont loin d’être comparaisons europennes. Pour remplis pour plusieurs raisons : autant, la proportion de chmagela complexit institutionnelle : de longue dure en france est les suspensions sont dcides ppaorumridlesrpailsuosnfsorsttersucdt’ueruerlloepse,parPleemploicomme es consquence des radiations lqiuisneàls’oanstsuproaunrcle’ecshsenmtiaeglep.aesntandisquelessuppressionse sont dcides par l’état selon oduotitreê,ladured'indemnisationdesmodalitsdifficilement’ tre d autant plus grande comprhensibles (dlais qutemlaasuivtuaiastieo.nocnonnjootencdt’uarilelleleursimportants,runiond’uneescommissionad hocsous la que plusieurs pays ont fortement prsidence d’un reprsentant accrlulapdruorfoendd’idnedleamcrniissea,ticoenduprfet…).lesystèmeauiptuasitunefaçontrèspertinenteestd’autantplusabsurdequ que les quelque 120 postes de renforcer les « amortisseurs de fonctionnaires ddis à sociaux ». en sens inverse, la cette tâche dans les services dure pourrait être rduite quand dconcentrs de l’état lcaescocnojnodnitcitounres,sl’aamprolipoorsei.tiodans(direccte)sontcenssavoirn t supprims dans le cadre de suivante pourrait être faite. la rgPP… ; Proposition 3 :modulerle « tout ou rien » : l’allocation les durées maximalesest intgralement suspendue d’indemnisation en fonctionou supprime, ce qui est une de la conjoncturesanction très svère, peu utilise en pratique, donc ld’aindduermenimsaatxiiomnarleesteraitfixethorique; à 24 mois (36 mois pour lesenfin, le caractère inapplicable plus de 50 ans) mais pourrait ou inadapt de certaines diminuer lorsque la conjoncture règles. Ainsi la règle de l’offre s’amliore (selon des critères à raisonnable d’emploi (ore) prciser : nombre d’embauches, s’applique à des propositions nombre de demandeurs d’emplois d’emploi correspondant à la de longue dure en catgorie fois à un salaire suprieur à A + b + c…). les conomies en 85 % du salaire antrieur et rsultant seraient intgralement suprieur à l’allocation. elle restitues en baisse de cotisations est donc, par construction, salariales et employeurs. inapplicable pour les quelque 25 % de demandeurs d’emploi 2.2. traiter (enfin) laindemniss dont l’allocation question des sanctionsest suprieure à 85 % du dans le système actuel, les salaire antrieur… de même, sanctions pour insuffisance le dispositif de l’ore est venu loi s s’ajouter aux dispositions edxetrrêecmheermcehnetrd’aeremsp(enviorontnantrieures,cequientraîne40 000 cas par an, sanctionns un enchevêtrement de textes. dans l’immense majorit des cas enfin, l’ore n’impose pas r une su l’acceptation d’un cdd ou d’un pcaettesituatsiopennns’ieosntpdaes1a5bjsouurrdse).travailàtempspartiel.en elle-même, dans la mesure où Au total, on peut craindre c’est la crdibilit, la prvisibilit et qu’aucun demandeur l’intelligibilit des sanctions qui en d’emploi indemnis ne puisse
5
vritablement comprendre les règles du jeu, ni en thorie, ni dans leur application concrète. quelle efficacit attendre d’un système de sanctions dans de telles conditions ? Jusqu’à prsent, les partenaires sociaux se sont abstenus d’intervenir, laissant prudemment la main à l’état pour dicter les règles jusque dans les moindres dtails. il faut dire que leur seule tentative de ngocier sur ce thème, qui date de 2000, a fait 7 l’objet d’une opposition de l’état , ce qui ne les a pas encourags à persvrer. il est pourtant trange que les gestionnaires d’un système d’assurance ne dcident pas eux-mêmes de la sanction d’abus qui sont très coûteux. la question du « tout ou rien » ayant t traite dans la proposition prcdente relative à la dgressivit, la proposition suivante cherche à porter remède à deux autres travers du système. Proposition 4 :rationaliser et rendre efficaces les sanctions pour insuffisance de recherche d’emploi l’application des sanctions devrait être de la seule comptence de Ple emploi, sous le contrle des institutions paritaires rgionales de l’undic, l’état se dsengageant totalement du dispositif. en outre, les partenaires sociaux devraient proposer eux-mêmes des règles de suppression et de suspension de l’Are vraiment oprationnelles et s’inspirant des meilleures pratiques trangères. il s’agirait de recalibrer l’ore et d’intgrer notamment l’obligation pour le demandeur d’emploi indemnis d’accepter un contrat court ou à temps partiel au-delà d’une certaine dure. une attention particulière devrait être accorde en cas de refus d’une formation prescrite par Ple emploi, surtout lorsqu’elle est
NOTE
7 rappelons que la convention de 2000, signe par le medef et la cfdt, prvoyait un « contrat d’accès et de retour à l’emploi » prcisant les droits et les devoirs pour les demandeurs d’emplois indemniss. dans cet accord, la sanction du non-respect des devoirs tait une suppression temporaire des allocations. la gestion de ces sanctions tait retire à l’état et attribue aux Assdics. c ’est notamment pour prserver la comptence de l’état en la matière que le ministre du travail et de l’emploi a alors dcid de ne pas agrer l’accord.
A m é l i o r e r l ’ é q u i t é e t l ’ e f f i c A c i t é d e l ’ A s s u r A n c e c h ô m A g e
directement en prise avec une offre d’emploi (de type Poe8). ces règles devraient se substituer à l’ore. À tout le moins, ils devraient demander à l’état de travailler avec eux sur ces matières. si les partenaires ne ngocient pas ou ne parviennent pas à un accord, l’état doit s’engager à revoir le système en profondeur et mettre en œuvre lui-même ces rformes. 2.3. organiser la nécessaire coordination entre les partenaires sociaux gestionnaires du RAC et l’État, tant du côté des prestations que des recettes il n’y a aujourd’hui aucune coordination entre les dcisions de l’état sur ses prestations et les prlèvements obligatoires d’une part, et les conditions et les niveaux de l’indemnisation chmage d’autre part. n i valuation globale du coût des rformes pour les finances publiques (exemple : des restrictions à l’assurance chmage ont un impact sur le rsA et l’Ass, selon un principe de vases communicants), ni simulation sur des cas types du taux de remplacement et de l’incitation à reprendre un emploi après prise en compte de l’ensemble des transferts sociaux et prlèvements obligatoires. cette situation n’est videmment pas satisfaisante. il convient par exemple de mettre à plat le système devenu complètement illisible de combinaison entre allocation chmage dans le cas d’une activit rduite, rsA 8 Prparation oprationnelle à l’emploi.activit et potentiellement PPe. 9Mcaorcurhédedsuctoramvpatiles:,fraacpepàortutnhchmôamtiaqgueProposition 5 :entamer élevé,mieuxciblerlespolitiquese,un dialogue structuré avec janvier 2013.l’État concernant l’articulation entre ses prestations et celles 10no,satituqicederosapesprxeusapessitxujedne'sgasiq'ulitoutefocompterÀde l’assurance chômage. Des rendrait le système encore plus complexecas-types pourraient être pourcll’alldoecartairae,maispluttd'instituerunefacilement établis et publiés, l’assuranceetpcretitqiouinreelnètrveecdeeqlauisroellièdvaeritd.een lien avec le ministère de
6
l’économie et des finances pour nourrir la discussion. du ct des financements galement, une coordination doit être recherche. la situation actuelle (financement intgral du rAc par des cotisations assises sur le travail, financement de revenus de solidarit par l’étatvial’Ass, cofinancement état / fonds de la formation des revenus de remplacement durant la formation de demandeurs d’emplois en fin de droits) est illisible et, surtout, implique des taux de cotisations d’assurance chmage excessifs. d’où la proposition suivante. Proposition 6 :engager un dialogue avec l’État sur la prise en charge d’une partie du poids de l’assurance chômage par la solidarité, afin d’abaisser le coût du travail. De ce point de vue, les recommandations de la Cour des comptes9visant à instituer un système de financement à deux étages (un socle financé par l’État et un étage assurantiel) pourraient être pertinentes10. Un tel schéma permettrait aussi d’intégrer pleinement certaines allocations de solidarité qui font suite à l’indemnisation par le RAC (ASS, AtS…) dans un système unifié tout en autorisant une diminution des cotisations au RAC et une baisse du coût du travail. 2.4. S’assurer que le RAC n’introduise pas un biais en faveur des emplois courts et d’unturn overexcessif au détriment des emplois stables le dispositif d’activit rduite, au niveau où il se situe actuellement, comporte vraisemblablement des effets pervers : effets de seuil pouvant dcourager à une reprise d’emploi de plus longue dure (plafond de 15 mois sur la dure maximale de l’activit rduite, fixe à 110 heures dans le mois, plafond de rmunration fix à
70 % du salaire antrieur). dans le cas particulier des intrimaires (relevant de l’annexe iV de la convention d’assurance chmage), le cumul n’est plafonn qu’au niveau du salaire antrieur. en outre la dure de cumul n'est pas limite dans ce cas, ce qui peut engendrer des comportements proches de l’intermittence. . Proposition 7 :revoir les dispositifs contribuant à limiter l’accès de certains chômeurs à des emplois stables. Revoir le mode de calcul du cumul pour reprise d’activité réduite dans le cas des intérimaires. Revoir le niveau des plafonds dans le cas du régime général en réduisant les effets de seuil. Revoir l’articulation entre l’activité réduite et d’autres prestations encourageant le retour à l’emploi à temps partiel (RSA activité et PPe). du ct des cotisations galement, le rAc pourrait contribuer à stabiliser l’emploi et « rinternaliser » une partie des coûts qu’un taux excessif de rotation des salaris dans certaines entreprises fait peser sur celles où l’emploi est plus stable. de ce point de vue, il nous semble que des compromis pourraient être trouvs entre de nouveaux assouplissements du droit des ruptures des contrats de travail et sur les conditions de recours au cdd, d’une part, et une modulation des cotisations d’assurance chmage en fonction des coûts que chaque entreprise occasionne à l’assurance chmage, d’autre part. Proposition 8 :poursuivre le mouvement de hausse des cotisations d’assurance chômage sur les contrats courts, avec en contrepartie de nouveaux assouplissements sur les ruptures du contrat de travail en général et le recours aux CDD en particulier. Cette hausse serait intégralement gagée par une baisse de
A m é l i o r e r l ’ é q u i t é e t l ’ e f f i c A c i t é d e l ’ A s s u r A n c e c h ô m A g e
cotisations chômage patronalesdavantage de droits potentiels pour les entreprises ayant unturnaccroisse les dures effectives overplus faible.passes au chmage12, on doit aussi considrer, à l’inverse, 2.5. Établir un système deque la perspective de ne pas droits rechargeablesvoir ses droits supprims l’Ani du 11 janvier 2013 a mis pourrait inciter les demandeurs cette question à l’agenda des d’emploi à accepter plus ngociations sur l’assurance facilement des priodes courtes chmage. un examen des de retour à l’emploi, ce qui est règles d’indemnisation montre doublement bnfique pour le en effet que le système actuel, rAc (davantage de cotisations dit de « radmission », permet et moins d’allocations verses). certes dans de nombreux cas de le solde des deux effets paraît prendre en compte les priodes difficile à tablir. en tout tat passes non consommes11 cause, le cumul des droits. de toutefois, un dispositif de droits anciens et nouveaux devrait rechargeables permettrait de être plafonn (aussi bien rendre le rAc plus quitable concernant les droits cumulables dans certaines situations. que l’anciennet des priodes en effet, dans la situation travailles prises en compte), actuelle, des priodes travailles ce qui permettrait d’viter tout identiques peuvent donner surcoût pour le rAc. lieu à des dures potentielles d’indemnisation très diffrentesProposition 9 :mettre en selon que le chmeur a connuplace un système de droits des pisodes de chmagerechargeables remplaçant continus ou discontinus. outrel’actuelle règle dite de le caractère inquitable du« réadmission », à coûts système actuel, il est possibleconstants pour le RAC. Afin que la perspective de perte de limiter les abus possibles, des droits antrieurs puisse un dispositif de détection dissuader la reprise d’un emploides comportements abusifs court.(consommation systématique les estimations du coût d’undes droits par des chômeurs dispositif de droits rechargeables« récurrents ») débouchant sur sont extrêmement difficilesun contrôle renforcé pourrait à chiffrer. si l’on craint queêtre introduit.
Institut Montaigne 38, rue Jean Mermoz - 75008 Paris Tél. +33 (0)1 58 18 39 29 Fax +33 (0)1 58 18 39 28 www.institutmontaigne.org www.desideespourdemain.fr www.chiffrages-dechiffrages2012.fr www.banlieue-de-la-republique.fr www.conferencedecitoyens.fr
11 ce système permet en effet au chmeur de bnficier de l’indemnisation la plus favorable entre celle permise par la consommation des droits restants et celle qu’autorise l’ouverture de nouveaux droits. cependant, lorsque de nouveaux droits sont ouverts, les droits ouverts lors d’un pisode prcdent d’indemnisation sont dfinitivement perdus. 12 l’impact d’une hausse de la dure potentielle d’indemnisation sur la dure effective a t mis rcemment en vidence par une tude de thomas le barbanchon (L’impact de la générosité de l’assurance chômage sur la durée du chômage et sur la qualité de l’emploi retrouvé,note de l’institut des politiques publiques, avril 2013, n° 5). dans cette tude, ralise sur une cohorte de chmeurs ayant une anciennet de cotisation très proche mais entrant dans deux filières d’indemnisation offrant des dures maximales d’indemnisation diffrentes, les dures effectivement passes au chmage apparaissent elles-mêmes diffrentes. concrètement, le passage de 7 à 15 mois de la dure d’indemnisation potentielle entraînerait une hausse d’environ deux mois et demi de la dure effective d’indemnisation. la limite de cette tude est videmment de ne pas faire le dpart, dans cet allongement de la dure passe au chmage, entre ce qui rsulterait d’un comportement « prdateur » et ce qui rsulterait d’une hausse mcanique de la dure du chmage due à l’impossibilit de trouver un emploi malgr la hausse de la dure d’indemnisation.
NOTE
DERNIÈRES PUBLICATIONS
chmage : inverser la courbe par bertrand martinot
remettre la formation professionnelle au service de l’emploi et de la comptitivit
reconstruire le dialogue social
Directeurdelapublication:Laurent Bigorgne Conception :latoute e Réalisation :