Conflits entre droit religieux et droit étatique chez les musulmans dans les pays musulmans et en Europe - article ; n°4 ; vol.49, pg 813-834
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Description

Revue internationale de droit comparé - Année 1997 - Volume 49 - Numéro 4 - Pages 813-834
Les musulmans, comme les juifs, croient que les lois sont établies par Dieu. Ceci se heurte à la réalité juridique des pays arabo-musulmans dont le système juridique est largement inspiré par le droit occidental. Trois courants se confrontent, parfois violemment, au sein de ces pays : le courant intégriste (retour au système juridique islamique classique) ; le courant positiviste (maintien du statu quo) ; et le courant laïcisant (suppression des normes islamiques contraires aux droits de l'homme et désacralisation de la loi).
Ce conflit entre la conception religieuse et la conception laïque du droit s'étend aux musulmans dans les pays occidentaux, sur le plan éthico-religieux (prière, normes alimentaires, jeûne de ramadan, contact entre hommes et femmes, normes vestimentaires, cimetières) et sur celui du statut personnel (liberté religieuse, empêchement religieux du mariage, polygamie, domination de l'homme, rapports entre parents et enfants, répudiation et succession). Ce conflit, amplifié dans les mariages mixtes, est insoluble à moins d'une séparation nette entre le droit et la religion et de la mise à l'écart de l'idée que la loi a une origine révélée.
Muslims, as do Jews, believe that laws are established by God. This conception conflicts with the juridical reality of those Arab and Muslim countries whose legal System is largely inspired by Western law. Three trends clash, sometimes violently, inside these countries : the fundamentalist trend (return to classical Islamic law) ; the positivist trend (maintenance of the statu quo) ; and the secularist trend (abolition of the Islamic norms violating human rights and disacralisation of the law).
This conflicts between the religions and secularised conception of law extends to Muslims resident in the Western countries, in the ethico-religious field (prayer, alimentary norms, fasting Ramadan, contact between men and women, vestmental norms, cemeteries) and in the field of personal status (religious freedom, religions prohibition of marriage, polygamy, maie authority over females, relationship between parents and children, repudiation and inheritance). This conflict, amplified in mixed marriages, has no solution unless there is a complete separation between law and religion and the setting aside of the idea that law has its origin in divine revelation.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 80
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Sami AAA. Sahlieh
Conflits entre droit religieux et droit étatique chez les musulmans
dans les pays musulmans et en Europe
In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 49 N°4, Octobre-décembre 1997. pp. 813-834.
Citer ce document / Cite this document :
Sahlieh Sami AAA. Conflits entre droit religieux et droit étatique chez les musulmans dans les pays musulmans et en Europe.
In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 49 N°4, Octobre-décembre 1997. pp. 813-834.
doi : 10.3406/ridc.1997.5508
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-3337_1997_num_49_4_5508Résumé
Les musulmans, comme les juifs, croient que les lois sont établies par Dieu. Ceci se heurte à la réalité
juridique des pays arabo-musulmans dont le système juridique est largement inspiré par le droit
occidental. Trois courants se confrontent, parfois violemment, au sein de ces pays : le courant intégriste
(retour au système juridique islamique classique) ; le courant positiviste (maintien du statu quo) ; et le
courant laïcisant (suppression des normes islamiques contraires aux droits de l'homme et
désacralisation de la loi).
Ce conflit entre la conception religieuse et la conception laïque du droit s'étend aux musulmans dans
les pays occidentaux, sur le plan éthico-religieux (prière, normes alimentaires, jeûne de ramadan,
contact entre hommes et femmes, normes vestimentaires, cimetières) et sur celui du statut personnel
(liberté religieuse, empêchement religieux du mariage, polygamie, domination de l'homme, rapports
entre parents et enfants, répudiation et succession). Ce conflit, amplifié dans les mariages mixtes, est
insoluble à moins d'une séparation nette entre le droit et la religion et de la mise à l'écart de l'idée que la
loi a une origine révélée.
Abstract
Muslims, as do Jews, believe that laws are established by God. This conception conflicts with the
juridical reality of those Arab and Muslim countries whose legal System is largely inspired by Western
law. Three trends clash, sometimes violently, inside these countries : the fundamentalist trend (return to
classical Islamic law) ; the positivist trend (maintenance of the statu quo) ; and the secularist trend
(abolition of the Islamic norms violating human rights and disacralisation of the law).
This conflicts between the religions and secularised conception of law extends to Muslims resident in
the Western countries, in the ethico-religious field (prayer, alimentary norms, fasting Ramadan, contact
between men and women, vestmental norms, cemeteries) and in the field of personal status (religious
freedom, religions prohibition of marriage, polygamy, maie authority over females, relationship between
parents and children, repudiation and inheritance). This conflict, amplified in mixed marriages, has no
solution unless there is a complete separation between law and religion and the setting aside of the idea
that law has its origin in divine revelation.R.I.D.C. 4-1997
CONFLITS ENTRE DROIT RELIGIEUX
ET DROIT ÉTATIQUE
CHEZ LES MUSULMANS
DANS LES PAYS
ET EN EUROPE
Sami A. ALDEEB ABU-SAHLIEH *
Les musulmans, comme les juifs, croient que les lois sont établies par
Dieu. Ceci se heurte à la réalité juridique des pays arabo-musulmans dont
le système juridique est largement inspiré par le droit occidental. Trois
courants se confrontent, parfois violemment, au sein de ces pays : le courant
intégriste (retour au système juridique islamique classique) ; le
positiviste (maintien du statu quo) ; et le courant laïcisant (suppression des
normes islamiques contraires aux droits de l'homme et désacralisation de
la loi).
Ce conflit entre la conception religieuse et la conception laïque du
droit s'étend aux musulmans dans les pays occidentaux, sur le plan éthico-
religieux (prière, normes alimentaires, jeûne de ramadan, contact entre
hommes et femmes, vestimentaires, cimetières) et sur celui du statut
personnel (liberté religieuse, empêchement religieux du mariage, polygamie,
domination de l'homme, rapports entre parents et enfants, répudiation et
succession). Ce conflit, amplifié dans les mariages mixtes, est insoluble à
moins d'une séparation nette entre le droit et la religion et de la mise à
l'écart de l'idée que la loi a une origine révélée.
Muslims, as do Jews, believe that laws are established by God. This
conception conflicts with the juridical reality of those Arab and Muslim
* Suisse, chrétien d'origine palestinienne, Docteur en droit, collaborateur scientifique
responsable du droit arabe et musulman à l'Institut suisse de droit comparé — Lausanne.
Auteur de l'ouvrage en français Les Musulmans face aux droits de l'homme, religion &
droit & politique, étude et documents, Bochum, Winkler, 1994, 610 p. 814 REVUE INTERNATIONALE DE DROIT COMPARE 4-1997
countries whose legal system is largely inspired by Western law. Three
trends clash, sometimes violently, inside these countries : the fundamentalist
trend (return to classical Islamic law) ; the positivist trend (maintenance
of the statu quo) ; and the secularist trend (abolition of the Islamic norms
violating human rights and disacralisation of the law).
This conflicts between the religious and secularised conception of law
extends to Muslims resident in the Western countries, in the ethico-religious
field (prayer, alimentary norms, fasting Ramadan, contact between men
and women, vestmental cemeteries) and in the field of personal
status (religious freedom, religious prohibition of marriage, polygamy, male
authority over females, relationship between parents and children, repudiat
ion and inheritance). This conflict, amplified in mixed marriages, has no
solution unless there is a complete separation between law and religion
and the setting aside of the idea that law has its origin in divine revelation.
I. REMARQUES INTRODUCTIVES
1. Les musulmans
Dans le monde, il y a environ un milliard de musulmans, répartis
dans une cinquantaine de pays dits « musulmans ».
Entre huit et quinze millions de vivraient aujourd'hui
dans les pays de l'Union européenne. D'autres sources indiquent une
fourchette de cinq à six millions. En fait, il est difficile, voire impossible,
d'obtenir des statistiques précises car, dans la plupart des pays européens,
le recensement des populations en fonction de la religion n'existe pas l.
En Suisse, on estime le nombre des musulmans à 200 000 personnes
auxquels il faut ajouter quelque dizaines de milliers d'ex- Yougoslaves
échappés de la guerre, inscrits ou non à la police des étrangers. Parmi
ces musulmans, il y a environ huit milles citoyens suisses dont un tiers
auraient embrassé leur nouvelle religion à la suite d'un mariage mixte 2.
2. Sources du droit
Le droit a trois sources principales :
— Le consentement démocratique : Comme cela se passe dans le
parlement suisse. Une loi, adoptée aujourd'hui, peut être changée demain,
avec l'accord des acteurs politiques.
— La dictature : Un dictateur impose une norme ; cette norme ne
change que si le dictateur le souhaite. Il est difficile de faire entendre
raison à ce dernier car cela signifie qu'il s'est trompé. La loi du dictateur
durera autant que durera le dictateur lui-même. Sous son pouvoir, on n'a
plus le droit d'user de son cerveau, sous peine de mort.
1 Jocelyne CESARI, « L'Islam en Europe », in Problèmes politiques et sociaux, dossiers
d'actualité mondiale, Paris, La documentation française, n° 746, 24 mars 1995, p. 3.
2 Hebdo (Lausanne) du 19 août 1993, p. 14. S. A. ABU-SAHLIEH : CONFLITS ENTRE DROIT RELIGIEUX ET DROIT ETATIQUE 8 1 5
— La révélation : Un homme, bénéficiant d'un certain charisme,
essaie de faire croire à un groupe humain, qu'il a reçu un message divin
dit « révélation ». Certes, on peut y croire ou pas, mais tout dépend du
pouvoir qui est derrière la religion. Il suffit qu'un dictateur y apporte son
soutien pour que le choix devienne limité. La loi religieuse devient alors
une dictature, parce qu'elle exige une démission du cerveau.
Dans un Etat démocratique comme la Suisse, les lois sont mises à
jour. Vous pouvez vous abonner au recueil systématique suisse. Il n'est
par contre pas possible d'avoir une mise à jour de la Bible, de l'Évangile
ou du Coran. Ce sont des textes immuables.
Un État démocratique peut aussi avoir des citoyens qui pensent que
la révélation est la source du droit, et n'admettent pas que l'Etat fabrique
la loi comme on fabrique le fromage de Gruyère. Ils n'admettent donc
pas que la majorité puisse décider pour eux.
Ainsi en France, la loi de la République perme

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