La convention des Nations Unies sur les immunités juridictionnelles des États et de leurs biens - article ; n°1 ; vol.50, pg 45-76
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Annuaire français de droit international - Année 2004 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 45-76
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Professor Dr Gehrard Hafner
Mme Leonor Lange
La convention des Nations Unies sur les immunités
juridictionnelles des États et de leurs biens
In: Annuaire français de droit international, volume 50, 2004. pp. 45-76.
Citer ce document / Cite this document :
Hafner Gehrard, Lange Leonor. La convention des Nations Unies sur les immunités juridictionnelles des États et de leurs biens.
In: Annuaire français de droit international, volume 50, 2004. pp. 45-76.
doi : 10.3406/afdi.2004.3787
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_2004_num_50_1_3787FRANÇAIS DE DROIT INTERNATIONAL ANNUAIRE
L - 2004 - CNRS Éditions, Paris
LA CONVENTION DES NATIONS UNIES
SUR LES IMMUNITÉS JURIDICTIONNELLES
DES ÉTATS ET DE LEURS BIENS
Gerhard HAFNER et Leonore LANGE
Le 2 décembre 2004, la convention des Nations Unies sur les immunités juri
dictionnelles des États et de leurs biens 1 a été adoptée sans vote par l'Assemblée
générale des Nations Unies 2. Elle représente l'aboutissement de vingt-sept années
de travail au sein de l'ONU pour codifier le droit coutumier en la matière 3.
L'immunité est une notion classique de droit international. Elle est fondée
sur le principe de l'égalité souveraine des Etats, duquel découle la maxime «par
in parem non habet imperium » en vertu de laquelle un État est soustrait à la
juridiction d'un autre État4. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'immunité était
absolue, de sorte qu'on ne pouvait introduire d'instance contre un État étranger
en aucune circonstance. Depuis le début du XXe siècle, une distinction entre les
activités souveraines (acta jure imperil), pour lesquelles les États bénéficient
d'immunité juridictionnelle, et les activités privées (acta jure gestionis), a été
opérée d'abord à travers la jurisprudence de la Belgique et de l'Italie pour
s'imposer peu à peu dans la majorité des États 5. Cette évolution s'explique par
l'essor des activités commerciales des États, qui les a contraints à renoncer à leur
immunité lorsqu'ils s'engagent dans ce genre d'activité. En effet, l'immunité
pouvait constituer un obstacle à l'obtention de crédits, puisqu'elle prive les parte
naires commerciaux des États de tout recours juridique.
Cette évolution s'est cependant longtemps heurtée à la résistance des pays
sous régime communiste 6. Ceux-ci considéraient que l'immunité découlait dire
ctement de la souveraineté des États et était donc nécessairement absolue, et ne
pouvaient tolérer qu'un État soit traité de la même manière qu'une personne
privée devant un tribunal étranger. Cette conception manifeste l'apothéose de
l'État.
L'adoption de différentes législations nationales et le développement de la
jurisprudence concernant les immunités d'État ont créé une fragmentation du
(*) Gerhard HAFNER, professeur de droit international à l'Université de Vienne.
(**) Leonore LANGE, assistante à l'Université de Vienne.
1. Convention des Nations Unies sur les immunités juridictionnelles des États et de leurs biens (ci-
après « des »), 2 décembre 2004, Annexe, UN-Doc. A/RES/59/38.
2. Communiqué de presse de l'Assemblée générale, GA/10309, 2 décembre 2004.
3. UNITED NATIONS, The Work of the International Law Commission, New York, United Nations
Publications, 1996, p. 104.
4. P. DAILLIER, A. PELLET, Droit International Public, Paris, LGDJ, 2002, p. 446.
5. 1. SINCLAIR, « The Law of Sovereign Immunity. Recent Developments », RdC 167 (1980-11),
pp. 113-284, p. 133.
6. M.M. BOGUSLAVSKY, « Foreign State Immunity : Soviet Doctrine and Practice », NYIL, 1979,
pp. 167-177 ; F. ENDERLEIN, « The Immunity of State Property from Foreign Jurisdiction and Execution :
Doctrine and Practice of the German Democratic Republic », NYIL, 1979, pp. 111-124; C. OSAKWE, « A
Soviet Perspective on Foreign Sovereign Immunity : Law and Practice », Virginia JIL, 1982, pp. 13-52. .
46 LA CONVENTION SUR LES IMMUNITÉS JURIDICTIONNELLES DES ÉTATS
droit des immunités au niveau universel 7. Diverses tentatives pour établir des
normes conventionnelles universelles ou régionales en la matière ont été entre
prises dans le but de trouver une solution acceptable pour surmonter cette frag
mentation. C'est ainsi que la convention européenne sur l'immunité des États,
élaborée sous les auspices du Conseil de l'Europe, a été signée le 16 mai 1972 8.
Cette convention n'a été ratifiée que par huit Etats de l'Europe de l'Ouest et a
donc une portée relativement réduite 9. Des sociétés savantes comme l'Institut du
Droit International (IDI) et Y International Law Association (ILA) ont également
oeuvré pour une unification des normes en la matière, ce qui a mené pour l'IDI à
l'adoption de différentes résolutions 10 et, en ce qui concerne l'ILA, à un projet de
convention n. Au niveau universel, la Commission du Droit International (CDI)
s'est très tôt saisie de cette question, puisque les immunités des États et de leurs
biens figuraient déjà sur le programme de travail initial établi lors de la première
session de la Commission en 1949 12.
I. - LA GENÈSE DE LA CONVENTION
L'élaboration de la convention sur les immunités des États et de leurs biens
au sein des Nations Unies s'est déroulée sur plusieurs décennies, et a impliqué
différents organes de l'Organisation.
A. Les travaux effectués au sein de la Commission du Droit International
Le processus de codification a débuté au sein de la CDI, qui a élaboré un projet
d'articles soumis à l'Assemblée générale après la seconde lecture en 1991 13.
1. Les deux lectures du projet d'article
L'immunité des États et de leurs biens s'avère être un sujet particulièr
ement adapté à une codification : il existe une pratique suffisamment ancienne,
et les règles qui la régissent sont de nature synallagmatique, ce qui favorise
l'acceptation générale d'un projet de codification. La CDI a commencé son
travail sur le sujet en 1978 en instituant un groupe de travail présidé par
Sompong Sucharitkul, désigné rapporteur spécial par la suite. M. Sucharitkul a
7. C.H. SCHREUER, State Immunity : Some Recent Developments, Cambridge University Press, 1993, p. 3.
8. Convention européenne sur l'immunité des États (ci-après « convention européenne »), 16 mai
1972, [http ://conventions.coe.mt/Treaty/fr/Treaties/Html/074.htm].
9. Cf. le site du Conseil de l'Europe pour l'état des ratifications : [http ://conventions.coe.int/Treaty/
Commun/ChercheSig.asp ?NT=074&CM=2&DF=10/01/05&CL=FRE]
10. Résolutions de Hambourg en 1891 [www.idi-iil.org/idiF/resolutionsF/1891_ham_0 l_fr.pdf],
d'Aix-en-Provence en 1954 [www.idi-iil.org/idiF/resolutionsF/1954_aix_02_fr.pdf], et de Bâle en 1991
[www.idi-iiLorg/idiF/resolutionsF/1991Jjal_03_fr.pdf].
11. The International Law Association, Report of the sixtieth Conference, Montréal, 1982 ; The
International Law Association, Final Report on Developments in the Field of State Immunity and Propos
al for a Revised Draft Convention on State Immunity, Buenos Aires, 1994, reproduit dans A. DICKINSON,
R. LINDSAY, J.P. Loonam, State Immunity, Selected Materials and Commentary, Oxford University
Press, 2004, pp. 194-200.
12. UNITED NATIONS, The Work of the International Law Commission, New York, United Nations
Publications, 1996, p. 9.
13. Rapport de la Commission sur les travaux de sa quarante-troisième session, « Projet d'articles sur
les immunités juridictionnelles des États et de leurs biens »,ACDI 1991, vol. II (deuxième partie), pp. 12-64. LA CONVENTION SUR LES IMMUNITÉS JURIDICTIONNELLES DES ÉTATS 47
présenté huit rapports 14, entre 1979 et 1986, dans lesquels il fait une analyse
exhaustive de la pratique des États, c'est-à-dire de leur jurisprudence ainsi que
des législations nationales adoptées par certains États, notamment les États-
Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, le Canada, l'Afrique du Sud, le Pakistan et par
Singapour 15. La Commission disposait également d'informations fournies par les
États en réponse à un questionnaire distribué par la CDI pour recenser la
pratique de ces derniers. Les rapports de M. Sucharitkul ont permis 

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