Les modifications artificielles du temps - article ; n°1 ; vol.21, pg 792-800
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Description

Annuaire français de droit international - Année 1975 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 792-800
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Alexandre-Charles Kiss
Les modifications artificielles du temps
In: Annuaire français de droit international, volume 21, 1975. pp. 792-800.
Citer ce document / Cite this document :
Kiss Alexandre-Charles. Les modifications artificielles du temps. In: Annuaire français de droit international, volume 21, 1975.
pp. 792-800.
doi : 10.3406/afdi.1975.2358
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1975_num_21_1_2358LES MODIFICATIONS ARTIFICIELLES DU TEMPS
Alexandre Charles KISS
Depuis des siècles sinon des millénaires, certaines activités humaines exercent
des effets sur le climat : le défrichement de forêts, l'assèchement de marécages,
l'irrigation ont certainement modifié les conditions climatiques des régions où
ces opérations avaient été menées. Avec la multiplication et l'extension de telles
interventions l'emprise de l'homme sur l'environnement et en particulier sur le
climat s'est renforcée. A la liste déjà longue des interventions produisant ind
irectement des effets sur le temps, un nouveau chapitre doit être ajouté désormais :
l'homme a et aura de plus en plus la possibilité dans l'avenir d'agir directement
et délibérément sur les conditions météorologiques afin de les modifier selon ses
besoins.
Les modifications du temps, soit involontaires, soit délibérées, peuvent affecter
des zones plus ou moins étendues, mais même des interventions localisées peuvent
exercer des effets dans des lieux plus éloignés. En tout état de cause, comme
pour tout l'environnement, les modifications du temps ignorent les frontières et
peuvent donc entraîner des dommages dans des pays étrangers, ou dans des
espaces qui ne sont soumis à aucune compétence territoriale. En outre, on a
pensé, à tort ou à raison, que certaines opérations de modification du temps peuvent
être utilisées comme des moyens d'hostilité contre des pays étrangers. Aussi, la
communauté internationale se devait-elle de s'intéresser aux conséquences que la
modification du temps peut exercer sur le plan international.
I. — L'action de l'homme sur le temps
Pour la réglementation à envisager, une distinction doit être faite entre modif
ications involontaires et délibérées des conditions météorologiques.
Les modifications involontaires sont peut-être plus difficiles à cerner. Depuis
des millénaires l'humain transforme la surface de la terre en permanence par le
défrichement, l'arasement des haies au cours d'opérations de remembrement, la
culture sur brûlis, le reboisement, la destruction de la végétation originale par
des diverses espèces animales domestiques, etc. On estime qu'environ 20 % de la
superficie totale des continents ont été radicalement transformés ainsi; les réper
cussions de ces transformations sur la quantité de la chaleur reçue et réfléchie
(*) Alexandre Charles Kiss, Directeur de recherche au Centre National de la
Recherche Scientifique, Président du Conseil Européen du Droit de l'Environnement. LES MODIFICATIONS ARTIFICIELLES DU TEMPS 793
par les sols, ainsi que sur la quantité de l'humidité absorbée ou évaporée sont
importantes.
Non moins considérables sont les conséquences des transformations que l'homme
a introduites dans le système hydrologique de la Terre : irrigation, construction
de digues, assèchement de marécages, création de polders, construction de réser
voirs et de lacs artificiels, etc. Dans l'immédiat, les résultats de ces transformations
peuvent être la réduction des températures extrêmes dans les zones concernées
et l'augmentation de l'humidité dans l'air.
De son côté, la pollution de l'air peut également produire des effets sur le
climat en général et le temps en particulier : augmentation de la fréquence et
de l'intensité des brouillards, création d'un écran au rayonnement solaire, for
mation de cirrus par les gaz et vapeurs d'échappement des avions à réaction
volant à haute altitude, destruction de la couche protectrice d'ozone par les vols
supersoniques à très haute altitude et par certains gaz utilisés dans des aérosols,
etc. Enfin, la production d'énergie et le rejet dans l'environnement de fortes
quantités de chaleur peuvent également causer des bouleversements dans les
conditions climatiques : la construction de centrales nucléaires risquera d'accentuer
encore cette évolution (1) .
Toutes les modifications de temps qui résultent des activités humaines dans
les domaines de la production et des transports ne sont que des effets secondaires,
des «retombées». Aussi est-il difficile de les réglementer en tant que phénomènes
indépendants, en adoptant des règles spécifiques. Certes, les influences que toute
activité peut exercer sur les conditions météorologiques doivent être très sérieu
sement prises en considération lorsqu'il s'agit d'établir le bilan écologique de ces
activités. Toutefois, cet examen qui peut aboutir à certaines conclusions doit
intervenir dans un cadre plus large : actions ou législation portant sur l'enviro
nnement global, sur la protection de l'air contre la pollution, sur l'utilisation et
l'implantation des sources d'énergie, etc. Ni en droit interne, ni en droit inter
national, il ne semble guère réaliste de vouloir réglementer les modifications
involontaires. Une telle réglementation doit résulter de l'action générale visant
à protéger l'environnement, comme par exemple aux Etats-Unis l'utilisation des
«rapports d'impact» dont la vocation est d'établir à l'avance les conséquences
que la réalisation d'un projet donné pourrait exercer sur l'environnement.
Il n'en va pas de même en ce qui concerne les modifications délibérées de
temps. Certes, celles-ci se trouvent encore dans une large mesure au stade de
la recherche, mais dès maintenant les possibilités actuelles peuvent être résumées
comme suit.
1) Dissipation du brouillard. Plusieurs méthodes ont été expérimentées, en
particulier pour dégager les pistes d'aérodromes. Le brouillard dont la tempé
rature est inférieure au point de congélation peut être dissipé par ensemencement
au moyen de grains de neige carbonique ou par pulvérisation de propane liquide.
L'effet des deux méthodes est de changer les gouttelettes d'eau qui forment le
brouillard en cristaux de glace qui tombent à terre. La dissipation du brouillard
chaud, dont la température est supérieure à 0° semble moins facile et surtout
plus coûteuse : des différentes méthodes employées, seul le système qui constitue
à réchauffer l'atmosphère semble avoir fait ses preuves jusqu'à présent.
(1) La brochure de l'Organisation Météorologique Mondiale, intitulée Météorologie et
milieu humain (O.M.M., n° 313, p. 32) à laquelle nous empruntons ces exemples, rappelle
que si en 1970 la production totale d'énergie par des humains n'atteignait pas un dix
millième de l'énergie totale reçue du soleil notre planète, dès maintenant dans
certaines zones fortement urbanisées l'apport énergétique humain équivaut à un dixième
de l'énergie solaire reçue par la même superficie. DOMAINE PUBLIC AÉRIEN 794
2) Stimulation des précipitations. De toutes les modifications intentionnelles
du temps c'est l'accroissement des précipitations sur les régions qui manquent
d'eau, qui a connu le plus grand retentissement dans le public. L'ensemencement
des nuages avec de la neige carbonique, de l'iodure d'argent et d'autres substances
glaçogènes peut avoir pour effet la formation de cristaux de glace dans ces
nuages, qui, dans certaines conditions, peuvent grossir et atteindre une taille
suffisante pour tomber, en se chargeant dans leur chute, de gouttes d'eau ou
d'autres cristaux. Toutefois, la dynamique et la microphysique des processus de
précipitations ont une nature complexe, si bien que parmi les nombreuses expé
riences faites dans ce domaine quelques-unes seulement ont nettement démontré
que l'ensemencement a accru les précipitations; dans certains cas, on a constaté
une diminution des précipitations. Il est donc nécessaire de conduire de nouvelles
expérience

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