Si vous étiez au pouvoir, que feriez-vous ?
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Description

Quelle pourrait être à vos yeux l'idée maîtresse susceptible de porter aujourd'hui un projet politique d'envergure ? Si vous étiez actuellement en responsabilité politique, quelles sont les trois mesures que vous mettriez prioritairement en oeuvre ? Faut-il résolument adapter la France à la mondialisation quitte à perdre au passage certaines de ses singularités ? Si non pourquoi, si oui, en quoi ? L'action politique se heurte à des obstacles nombreux dès qu'elle est animée d'une volonté réformatrice. Que faire pour la libérer ? Des changements constitutionnels vous paraissent-ils souhaitables ? Telles sont les questions posées par le Conseil d'analyse de la société aux personnalités suivantes : Alain Minc, Alain Lambert, Jacques Attali, Michel Camdessus, Guillaume Sarkozy, Pascal Lamy, Michel Rocard et Alain Juppé. Cet ouvrage publie le compte rendu des réponses apportées et des discussions qu'elles ont suscitées avec les membres du Conseil d'analyse de la Société.

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Publié par
Publié le 01 décembre 2006
Nombre de lectures 21
Licence : En savoir +
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Langue Français

Extrait

Si vous étiez au pouvoir, que feriez-vous ?
Rapport du CAS 2006
CONSEIL D’ANALYSE DE LA SOCIÉTE
PRÉSIDENT : LUC FERRY
LISTE DES MEMBRES
Christine ALBANEL, présidente de l’Établissement public de Versailles
Bruno BELIN, docteur en pharmacie, vice-président du conseil général de la Vienne
Alain BÉREAU, amiral
Christian de BOISSIEU, président délégué du Conseil d’analyse économique
Jeannette BOUGRAB, universitaire, membre du Haut Conseil de l’intégration
Amélie de BOURBON PARME écrivain, doctorante en histoire
Claude CAPELIER, secrétaire général du Conseil d’analyse de la société
Hanifa CHÉRIFI, inspectrice générale de l’Éducation nationale, membre du Haut Conseil de l’intégration
Yves COPPENS, universitaire, membre de l’Institut
Jean-Pierre COTTET, responsable audiovisuel
Éric DESCHAVANNE, enseignant
David DOUILLET, sportif, judoka
Alain ETCHEGOYEN, commissaire au Plan
Gérard GAROUSTE, artiste peintre, sculpteur Michel GUÉNAIRE, avocat au barreau de Paris
David KHAYAT, professeur de médecine, cancérologue
Emmanuel LE ROY LADURIE, universitaire, membre de l’Institut
Gilles LIPOVETSKY, enseignant, essayiste
Josy REIFFERS, professeur de médecine
Alain-Gérard SLAMA, professeur, journaliste
Pierre-Henri TAVOILLOT, universitaire
Caroline THOMPSON, psychologue
Danièle THOMPSON, scénariste, réalisatrice
Tzvetan TODOROV, chercheur, essayiste
Michel WINOCK, universitaire, historien
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MICHEL CAMDESSUS. . .
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GUILLAUME SARKOZY. .
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PASCAL LAMY. . . . . . . . .
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MICHEL ROCARD
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ALAIN JUPPÉ. . . . . . . . . . . . . . . . . 153. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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ALAIN MINC ET ALAIN LAMBERT. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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JACQUES ATTALI. . . . . . .
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AVANT-PROPOS, LUC FERRY. . . . .
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pouvoir, que
feriez-vous
Si vous
étiez au
AVANT-PROPOS QUELLES IDÉES POUR LA FRANCE ? QUELLES MARGES DE POUR L’ACTION ?
par Luc Ferry
MANŒUVRE
e la que (civil) Dnslasocidaapneesiaçnarfétéediscrlaarrutdpnaonitssslissétabatcd-useemoevnivecsnrenolaanit obligatoire pour tous jusqu’à celle du rôle des seniors tions scientifiques, la nécessité de modifier la loi bioéthique touchant la recherche sur les cellules souches ou de renforcer la place des arts dans la vie de la société, le Conseil d’analyse de la société a travaillé cette année sur plusieurs thèmes essentiels pour l’avenir. À ces sujets particuliers, nous avons cependant souhaité ajouter une réflexion plus générale sur les priorités que le prochain quinquennat devrait inévitablement aborder. Pour ce faire, nous avons invité une dizaine de personnalités de premier plan à répondre à quatre questions volontairement « basiques » :
1.Quelle pourrait être à vos yeux l’idée maîtresse susceptible de porter aujourd’hui un projet politique d’envergure ?
2.Si vous étiez actuellement en responsabilité politique, quelles sont les trois mesures que vous mettriez prioritairement en œuvre ?
3.Faut-il résolument adapter la France à la mondialisation quitte à perdre au passage certaines de ses singularités ? Si non pourquoi, si oui en quoi ?
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4.L’action politique se heurte à des obstacles nombreux dès qu’elle est animée d’une volonté réformatrice. Que faire pour la « libé -rer » ? Des changements constitutionnels vous paraissent-ils souhaitables ?
C’est le compte rendu des réponses apportées et des discussions qu’elles ont suscités avec les membres du CAS que nous publions ici. Je tiens à remercier très chaleureusement les divers intervenants d’avoir joué le jeu avec talent et même, si je ne me trompe, avec un certain enthousiasme. Ce fut pour nous, chaque fois, un moment de réflexion et d’écoute au plus haut point stimulant. Sans prétendre aucunement résu -mer ici la richesse et la diversité des interventions dont on verra qu’elles comportent des propositions variées et originales, six priorités m’ont semblé ressortir fortement de l’ensemble :
 Recréer du lien social, notamment entre les générations. C’est dans cette perspective que s’inscrit, par exemple, la proposition, soutenue par plusieurs intervenants, de rétablir ou plutôt d’établir un service national, à la fois civique et civil, obligatoire pour tous. En effet, l’objectif est d’abord et avant tout un objectif de solidarité. Bien sûr, il s’agit aussi de faire comprendre aux jeunes que nous vivons tous dans un monde où il n’existe pas seulement des droits, mais également des devoirs, d’assurer entre eux un brassage social au sein de ce fameux « creuset républicain » dont la disparition du service militaire nous a malheureusement privés. Mais, par-delà ces finalités légitimes, il s’agit aussi et surtout de dire aux jeunes générations que nous, les adultes, avons besoin d’eux, de leur vitalité, de leurs talents et, le cas échéant, de leur générosité pour construire un monde commun. Bien entendu, ceux qui ont défendu cette idée ont bien conscience qu’elle ne constitue qu’une mesure parmi d’autres dans la voie de la reconstruction néces -saire de nos solidarités.
Le sentiment des inégalités s’est considérablement accru ces dernières années et notamment la conviction que selon qu’on naît ici ou là, les chances de réussite peuvent varier du tout au tout. Sans reprendre ici le débat ouvert l’année dernière sur la discrimination positive, on voit
bien que des efforts nouveaux seront nécessaires pour qu’une politique de justice énergique accompagne et pour ainsi dire « compense » les indispensables efforts de rigueur qui nous attendent au cours des prochaines années.
 Réduire la dette s’impose dans cette perspective, non seule -ment comme une nécessité économique, un impératif catégorique en termes d’emploi et de compétitivité, mais surtout comme un devoir éthi -que envers les jeunes générations qu’on cherche par ailleurs à mobiliser au service de la nation : non seulement nous n’avons pas le droit de leur laisser une « ardoise » impressionnante en termes de déficits publics, mais encore moins de leur léguer un monde qui sera, en raison de notre manque de rigueur et de courage, un monde de corporatismes, d’égoïs -mes démultipliés et de conflits sociaux permanents. Depuis plus de vingt-cinq ans maintenant, nos politiques publiques ont fait preuve sur ce plan, et ce, toutes tendances confondues, de démagogie autant que d’ir-responsabilité. Cette irresponsabilité est aujourd’hui totalement insup-portable. Inutile, toutefois, de se voiler la face : réparer les dégâts déjà causés par des années de laisser-aller, de lâcheté et d’inaction, deman-dera aux prochaines équipes gouvernementales une habileté, mais aussi un courage politique hors du commun.
Il ne suffit pas, en effet, de décréter en parole ou dans un rapport qu’il faut ne pas renouveler les postes d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite : il faut en plus être capable de dire clairement à nos concitoyens où les réductions d’effectif auront lieu, de leur annoncer, par exemple, qu’une telle mesure suppose inévitablement que l’on supprime un nombre significatif de postes dans l’Éducation nationale puisqu’elle regroupe près de la moitié de la fonction publique ! Or chacun sait qu’une immense majorité de nos concitoyens y sera hostile, à droite presque autant qu’à gauche. Il faut aussi,last but not least, avoir la capa-cité politique de tenir le choc des manifestations de rue qu’une telle déci -sion, une fois mise un tant soit peu en pratique, ne manquera pas de soulever dans notre pays. Mais, là encore, l’expérience montre que le courage et l’obstination ne suffisent pas : on ne peut gouverner face à
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une contestation continue et un désordre chronique. C’est dire combien le défi est loin d’être relevé...
 De là la nécessité, en apparence paradoxale mais en apparence seulement, de renforcer la représentativité des syndicats et d’améliorer le dialogue social afin que notre pays redevienne réformable. Une telle poli -tique s’impose comme une mission d’autant plus indispensable que l’on tient la radicalité des syndicats pour un effet de leur faible représentati -vité en France. On lira avec intérêt les propositions qui vont dans ce sens.
 Permettre aux Français de travailler davantage et sans doute plus longtemps, que ce soit dans la fonction publique ou dans l’entre -prise, fera également partie de l’effort à fournir si nous voulons tout simplement éviter le déclin. Il est également clair que la situation doit commencer à se redresser au niveau de l’école où la pédagogie du travail doit être dès que possible revalorisée contre une quarantaine d’années d’innovations orientées vers le « tout ludique ». Toutes les analyses sérieuses, à droite comme à gauche, en apportent constamment la preuve : la défense en l’état, sans aménagement aucun, de mesures telles que les trente-cinq heures semble avoir de ce point de vue fait long feu jusques et y compris dans les rangs de la gauche républicaine.
Ajoutons à cela le fait que tous s’accordent sur la nécessité de relancer l’Europe par une politique de grands projets concrets, sans exclure pour autant la nécessité d’une ré-élaboration de règles de fonc -tionnement qui, à défaut de reprendre le défunt traité constitutionnel, permettraient à tout le moins de ne pas en rester au désastreux traité de Nice. Il faudra de toute façon que notre pays s’efforce de reconquérir la place qu’il a malheureusement perdue aujourd’hui dans le concert des nations européennes.
 Enfin, tous les intervenants ont conscience qu’aucune réforme difficile ne sera possible, non seulement sans un absolu respect du prin -cipe d’égalité des chances, mais, bien au-delà de cette simple évidence, sans la mise en place de politiques plus actives dans le domaine de l’équité : c’est dans cette perspective que plusieurs intervenants, sans
parler nécessairement d’ailleurs de discrimination positive, insistent cependant à juste titre sur la nécessité de procéder à l’avenir à un recrute -ment plus juste et plus ouvert des futures élites de la nation.
Inutile de dire qu’à titre personnel – mais je crois que ce senti -ment vaut pour la quasi-totalité des membres du CAS – je partage sans restriction l’ensemble de ces priorités. Je note cependant, et c’est là à mes yeux un point essentiel, peut-être mêmele -point essentiel, que nos invi tés, sans exception aucune, nous ont fait part, et parfois, il faut bien l’avouer de façon un peu ironique ou désabusée, de leur conviction selon laquelle de telles réformes sont pratiquement utopiques en raison de la quasi-ingouvernabilité de notre pays. Certains ont souligné l’impact, à cet égard, d’une vie médiatique contrainte, pour rester économiquement viable, de subordonner peu ou prou le souci de former et d’informer à la logique brutale de l’audimat généralisé.
La question de la « faisabilité » ou de la « réformabilité » est, en effet, décisive, d’autant plus que les politiques et les observateurs profes-sionnels la laissent presque toujours de côté pour s’en tenir aux seules considérations qui leur sont accessibles, parce que spectaculaires, et qui touchent, pour l’essentiel, à ce que l’on pourrait nommer la « technique politique ». Il est évident qu’on ne peut pas en rester là. Nous avons trop à faire pour nous contenter aujourd’hui d’un simple et désespérant cons-tat d’impuissance. Comment avancer sur ce sujet ? Comment dégager des marges de manœuvre pour l’action au lieu de naviguer sans cesse entre ces deux écueils que sont la témérité qui affronte sans succès les obstacles et la démagogie qui se contente de surfer sur les vagues de l’opinion publique ? C’est là sans doute la question la plus urgente de la
politique moderne à l’âge de la communication et du primat de la technique.
Il ne sert à rien d’identifier de belles et bonnes priorités pour la France si chaque fois qu’un gouvernement se trouve en place il se voit
réduit à l’inaction ou contraint à faire marche arrière dès qu’une mesure s’avère un tant soit peu indigeste aux yeux d’une fraction remuante du pays. Disons-le clairement : les défis qui sont ceux de la France aujourd’hui
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