Chômage des jeunes en Suisse:
Explications et mesures prises
La lutte contre le chômage des jeunes est une des priorités du DFE; c’est
en outre un objectif important pour le conseiller fédéral Joseph Deiss.
Témoin la création en février 2003, sur son initiative, de la Task Force
«Places d’apprentissage 2003», dont l’engagement a contribué de
manière déterminante au redressement de l’offre de places
d’apprentissage après le recul de 3% enregistré en 2002. En 2004, la
tendance s’est inversée, puisque l’offre s’est étoffée de quelque 1500
possibilités, selon le baromètre des places d’apprentissage.
Il reste néanmoins que le nombre des jeunes chômeurs, en particulier dans la
tranche d’âge des 20 à 24 ans, demeure élevé pour la Suisse; conscient du
problème, Joseph Deiss a pris le taureau par les cornes: à l’automne 2004, il a
chargé les offices compétents de son département (Secrétariat d’État à l’économie
[seco] et Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie [OFFT])
d’aller au-delà des mesures en vigueur et d’examiner des pistes qui permettraient
de faire baisser le chômage des jeunes grâce à l’intégration du plus grand nombre
possible de jeunes aux marchés de la formation et du travail.
Vous trouverez dans les pages qui suivent une analyse de la problématique, accompagnée d’une
présentation des mesures, actuelles et à venir prochainement, de lutte contre le chômage des jeunes.
Le chômage des jeunes et ses causes
Statistique du seco Selon le seco, une moyenne de 38 468 jeunes de 15 à 24 ans
étaient inscrits auprès d’un ORP comme demandeurs d’emploi en
2004. Sur cet effectif, 28 310 étaient au chômage, autrement dit,
ils suivaient par exemple un programme d’emploi temporaire ou
bénéficiaient d’un gain intermédiaire. Le taux de chômage des 15
à 24 ans était supérieur à celui des 25 à 49 ans (4,7% contre
3,8%).
Comme le montre le graphique 1, l’évolution a été très variable
d’une classe d’âge à l’autre. Le taux de chômage est resté
légèrement en dessous du taux général chez les 15 à 19 ans,
tandis qu’il était largement supérieur à la moyenne chez les 20 à
24 ans.
8
7
6
5
4
3
Statistique de l’OFS
2
1
0
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
15-19 Jahre Total 20-24 Jahre
Graphique 1: Taux de chômage des jeunes depuis 1990 (corrigé des variations
saisonnières, en %), seco
Mais tous les jeunes sans emploi ne s’inscrivent pas auprès d’un
ORP. Selon l’Enquête suisse sur la population active (ESPA), qui
est réalisée par l’Office fédéral de la statistique (OFS) et qui
comprend aussi les personnes non inscrites dans un ORP,
environ 45 000 jeunes entre 15 et 24 ans étaient sans emploi au
deuxième trimestre 2004. Le taux de jeunes sans emploi était
nettement plus élevé que le taux général de sans-emploi (7,7%
contre 4,3%). Il convient toutefois de noter que la définition internationale du sans-emploi est relativement large, vu qu’elle
englobe notamment les jeunes en quête d’une activité accessoire
parallèlement à leur formation (étudiants, p. ex.).
Comparaison En comparaison avec d’autres pays, le chômage des jeunes
internationale demeure relativement faible en Suisse, ce qui plaide pour notre
jeunesse, notre système dual de formation professionnelle et la
grande capacité d’absorption de notre marché du travail.
Le chômage des jeunes en comparaison internationale
30
25
20
15 15-24 ans
10
5
0
Graphique 2: le chômage des jeunes en comparaison internationale
(OFS/Eurostat)
Caractéristiques Le chômage des jeunes présente des traits caractéristiques:
• le taux de chômage des 20 à 24 ans est en général
supérieur aux taux pour l’ensemble de la population;
• la durée du chômage est inférieure à la moyenne. Seule la
moitié environ des jeunes recherche un emploi pendant
plus de quatre mois ;
• il est plus sensible aux fluctuations conjoncturelles, tant
vers le haut que vers le bas.
Causes Problème des transitions: la majeure partie des jeunes de 15 à
24 ans passe par une ou plusieurs phases de transition entre le
resystème de formation et le marché du travail (1 transition: école
eobligatoire – formation professionnelle; 2 transition: formation
professionnelle - marché du travail). Les transitions
s’accompagnent d’un risque accru de chômage. Il s’ensuit qu’une
des mesures importantes du dispositif de lutte contre le chômage
des jeunes consiste à améliorer les interfaces entre le système de
formation et le marché de l’emploi et l’accompagnement des
jeunes dans ce contexte.
Sensibilité à la conjoncture: la grande réactivité du chômage
des jeunes à la conjoncture est aussi liée à la problématique des
transitions. Les entreprises qui doivent comprimer leurs effectifs le
font souvent en comptant sur le non-renouvellement des postes
libérés par les départs naturels. Il s’ensuit que les jeunes qui sont
en quête d’un premier emploi au sortir du système de formation
ont la tâche particulièrement difficile en période de basse
conjoncture.
AUT
NLD
IRL
Suisse
DNK
LUX
DEU
UKD
SWE
PRT
EU15
BEL
FRA
ESP
GRE
ITA
FINDémographie: les statistiques des jeunes au sortir de l’école
obligatoire prévoient une augmentation des effectifs de quelque
5,5% à la fin de l’année prochaine, passant de 82 576 en 2002 à
87 063 jeunes en 2006. La pression sur le marché des places
d’apprentissage va perdurer jusqu’en 2008 environ, vu que les
jeunes qui optent pour des solutions transitoires arrivent en
moyenne un à deux ans plus tard sur le marché du travail.
Jeunes au sortir de l'école,
tendance 1999-2011
88000
86000
84000 Jeunes au sortir de
l'école82000
80000
78000
76000
eGraphique 3: Évolution démographique du nombre d’élèves de 9 (OFS 2003)
Changements structurels: La structure de l’emploi a été
profondément modifiée par les vastes mutations structurelles
intervenues. Alors que le secteur des services gagne en
importance, on constate un recul de l’industrie et de l’industrie
manufacturière dans la création globale de valeur. Or le nombre
de places d’apprentissage par rapport aux actifs est
traditionnellement plus élevé dans la production que le secteur
des services. Toutefois, rien ne permet d’affirmer aujourd’hui que
les jeunes actifs qui achèvent leur formation professionnelle dans
le secteur secondaire avant de rejoindre le secteur des services
soient pénalisés.
Nécessité des Bien qu’il faille s’attendre à une nette détente sur le front du
mesures chômage des jeunes en cas de reprise de l’économie, il ne faut
pas en déduire pour autant qu’il n’y a pas lieu d’agir aujourd’hui. Il
est essentiel, d’une part, d’encourager les jeunes à rester dans le
système éducatif et, d’autre part, d’éviter que des qualifications
acquises ne soient perdues.
On peut distinguer deux catégories principales de jeunes qui ont
besoin d’un soutien dans la recherche d’un emploi, impliquant
deux formes d’aide distinctes:
1) les jeunes qui ne trouvent pas de place d’apprentissage à
rel’issue de l’école obligatoire (1 transition), et
2) les jeunes qui ne parviennent pas à s’intégrer au marché du
etravail (2 transition).
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011Mesures pour les jeunes après la scolarité obligatoire
Mesures pour L’objectif de la politique de formation et de croissance est de
les jeunes sans permettre au plus grand nombre de jeunes d’entrer dans la vie
place professionnelle.
d’apprentissage
Afin de réagir à court et à moyen termes aux problèmes actuels
sur le marché des places d’apprentissage, le conseiller fédéral
Deiss a mis sur pied la Task Force «Places d’apprentissage
2003», dont le but était de préserver les chances des jeunes
d’accéder au monde professionnel, malgré la crise conjoncturelle
et l’évolution démographique et structurelle.
Aujourd’hui, la Confédération et les cantons disposent d’un
éventail de mesures qui ont fait leurs preuves et qui poursuivent
deux objectifs: d’une part, le maintien des places d’apprentissage
existantes et la création de places supplémentaires (mesures
sous l’angle de l’offre) et, d’autre part, l’encouragement des
jeunes dans leurs recherches d’une place d’apprentissage
(mesures sous l’angle de la demande).
Augmentation de L’engagement de promoteurs de places d’apprentissage
l’offre de places (personnes bien implantées dans l’économie régionale qui incitent
d’apprentissage les entreprises à offrir des places d’apprentissage
supplémentaires) et le financement de départ accordé aux
réseaux d’entreprises formatrices servent tous deux à la création
de nouvelles places d’apprentissage.
Les autres mesures prises sont les suivantes:
Confédération Cantons Organisations du
monde du travail
À court terme Appels aux Modèle: Appels aux entreprises
entreprises Appels, campagnes membres d’associations «Plus de places professionnelles
Promoteurs de d’apprentissage»
places
d’apprentissage Augmentation du nombre
subventionnés d’offres transitoires
Recours à des
promoteurs de places
d’apprentissage À moyen terme Diffusion de l’étude Institution de semestres Création d’offres et de
«Coût/Bénéfice de la de motivation places d’apprentissage
formation des moins exigeantes, en
apprentis» Marketing en faveur des collaboration avec la
places d’apprentissage Confédération et les
Label d’entreprise cantons
formatrice
À long terme Amélioration de la
situation statistique,
en collaboration avec
les cantons
Recherche sur la
formation
professionnelle:
capacité à former des
entreprises
Tableau 1: Mesures sous l’angle de l’offre
Label: Les offices cantonaux de formation professionnelle
remettent aux entreprises formant des apprentis un label qui
témoigne, vis-à-vis de la clientèle, de l’engagement de l’entreprise
en faveur de la formation professionnelle.
Création d’offres mo