Consommation et chômage : une étude empirique sur données microéconomiques américaines
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Dans les années 80, les États-Unis ont connu une longue période d'expansion économique, accompagnée d'une baisse du taux de chômage et d'une diminution marquée du taux d'épargne des ménages. Plusieurs études empiriques traitent des liens entre consommation et chômage, sans qu'aucun modèle théorique solide n'ait vraiment réussi à les établir. La diversité, et les évolutions, des situations d'emploi des ménages et de leurs comportements de consommation rendent ces constructions difficiles. L'utilisation de données microéconomiques américaines permet d'estimer une fonction de consommation, à partir de variables construites (la participation féminine au marché du travail, le risque de chômage du ménage et le revenu disponible de la famille) et de variables sociodémographiques. Une situation de chômage effective réduit la consommation en biens durables du ménage. Par ailleurs, plus le niveau d'éducation est élevé, plus le risque de chômage est faible, mais plus le ménage est sensible à ce risque et augmente son taux d'épargne. Une première estimation met en évidence l'influence du risque de chômage sur le taux d'épargne, qui disparaît lors de la prise en compte de variables reflétant ce risque (catégorie socioprofessionnelle, domaine d'activité, diplôme). Cependant, il convient de rester prudent quant à l'interprétation de ce dernier résultat : ces variables peuvent aussi être liées à la disposition de l'individu vis-à-vis du risque. Une mesure subjective de celui-ci permettrait de tester des modèles en environnement incertain. De la même façon, les modifications intervenues, en France, sur le marché du travail au cours des années 90, ont pu influencer les comportements d'épargne et de consommation et seules des études à partir de données microéconomiques, qui prendraient en compte la diversité des situations dans l'emploi et des comportements de consommation, permettraient d'en rendre compte.

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Langue Français

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CONSOMMATION
Consommation et chômage :
une étude empirique sur données
microéconomiques américaines
Damien Dans les années 80, les États-Unis ont connu une longue période d’expansion
Échevin* économique, accompagnée d’une baisse du taux de chômage et d’une diminution
marquée du taux d’épargne des ménages. Plusieurs études empiriques traitent
des liens entre consommation et chômage, sans qu’aucun modèle théorique solide
n’ait vraiment réussi à les établir. La diversité, et les évolutions, des situations
d’emploi des ménages et de leurs comportements de consommation rendent
ces constructions difficiles.
L’utilisation de données microéconomiques américaines permet d’estimer
une fonction de consommation, à partir de variables construites (la participation
féminine au marché du travail, le risque de chômage du ménage et le revenu
disponible de la famille) et de variables sociodémographiques. Une situation
de chômage effective réduit la consommation en biens durables du ménage.
Par ailleurs, plus le niveau d’éducation est élevé, plus le risque de chômage est
faible, mais plus le ménage est sensible à ce risque et augmente son taux
d’épargne. Une première estimation met en évidence l’influence du risque
de chômage sur le taux d’épargne, qui disparaît lors de la prise en compte
de variables reflétant ce risque (catégorie socioprofessionnelle, domaine d’activité,
* Damien Échevin ap- diplôme). Cependant, il convient de rester prudent quant à l’interprétation de ce
partient au TEAM de
dernier résultat : ces variables peuvent aussi être liées à la disposition de l’individul’Université de Paris I.
L’auteur remercie vis-à-vis du risque. Une mesure subjective de celui-ci permettrait de tester
F. Gardes, P.Y. Hénin,
des modèles en environnement incertain.S. Lollivier, J.M. Robin,
D. Verger et le rappor-
De la même façon, les modifications intervenues, en France, sur le marché duteur, ainsi que les
participants des Jour- travail au cours des années 90, ont pu influencer les comportements d’épargne et
nées de Microéconomie
Appliquée de Lyon, en de consommation et seules des études à partir de données microéconomiques, qui
particulier L. Arrondel et prendraient en compte la diversité des situations dans l’emploi et des
A. Masson, pour leurs
remarques et conseils. comportements de consommation, permettraient d’en rendre compte.
u cours de la décennie 80, l’économie d’expansion et une baisse du taux de chômage.
Les noms et dates entre Aaméricaine connaît d’abord une phase de Elle enregistre, dans le même temps, une dimi-
parenthèses renvoient à
récession puis une reprise de l’activité écono- nution marquée du taux d’épargne des ména-
la bibliographie en fin
mique se traduisant par une longue période ges, qui avait atteint des niveaux élevésd’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325, 1999 - 4/5 75jusqu’au début des années 70. Ces faits ont Quelques études empiriques
nourri le débat concernant le comportement
sur le lien entre chômage
d’épargne des ménages. Parmi les explications
et consommationdu déclin du taux d’épargne, on trouve le relâ-
chement des contraintes de crédit, la diminution
du taux de chômage, ou encore l’accroissement eu d’études empiriques traitent de la causa-
de la participation féminine sur le marché du P lité allant du chômage à la consommation.
travail (Carroll, 1992). Au milieu de la décen- Deux types d’analyses sur séries temporelles
nie 80, les inégalités de consommation, agrégées retiennent le taux de chômage, comme
comme les inégalités de revenu, se sont variable approchée de la prégnance des contrain-
accrues. En somme, l’originalité de l’expé- tes de liquidité pour le premier type (Flavin,
rience américaine des années 80 semble révéler 1985), comme variable approchée d’un compor-
un parallèle entre l’évolution de la consom- tement d’épargne de précaution pour le second
mation et l’évolution du revenu, tant au niveau (Cadiou, 1995 ; Malley et Moutos, 1996). Ces
macroéconomique qu’au niveau microéco- études macroéconomiques établissent un lien -
nomique. entre consommation et chômage, mais les raisons
de ce lien restent à préciser : traduit-il un simple
À partir de ce premier constat, on cherche à ex- effet de revenu, un effet des contraintes d’endet-
pliquer le comportement d’épargne des ména- tement ou celui des incertitudes ? Ces insuffisan-
ges américains. L’étude de la propension à ces pourraient être comblées par un travail sur
consommer des familles s’appuie sur les don- des données individuelles. Certaines analyses
nées du Consumer Expenditure Survey récentes montrent notamment que l’introduction
(CEX), disponibles de 1982 à 1989. Puisque de variables dites d’offre de travail ou de partici-
les données américaines n’ont pas d’équiva- pation sur le marché du travail dans les équations
lent en France (1), leurs enseignements de- économétriques permettent d’améliorer les pré-
vront permettre d’enrichir nos connaissances visions de la consommation à partir de l’équation
sur les différents facteurs endogènes liés au d’Euler (voir encadré 1 de l’article de présenta-
comportement de consommation. Cet objec- tion d’Échevin sur les modèles d’épargne et de
tif nécessite l’étude des interactions entre les consommation, dans ce numéro), au même titre
différentes variables introduites dans la fonc- que les variables démographiques couramment
tion de consommation, parmi lesquelles les utilisées (Attanasio et Weber, 1995 ; Attanasio et
variables démographiques (âge, taille de la Browning, 1995 ; Blundell et al., 1994). Ces
famille et composition familiale) et celles résultats empiriques tendent à prouver que le
relatives à la participation sur le marché du comportement intertemporel de consommation,
travail. On établit ainsi les influences conjoin- affecté par l’évolution des préférences au cours
tes de ces facteurs sur le comportement de du cycle de vie, selon l’âge et la composition du
consommation. En outre, la nature indivi- ménage, est également contraint par la situation
duelle des données doit permettre d’évaluer dans l’emploi de la famille.
la fiabilité des modèles de consommation qui
présupposent l’hétérogénéité des consom-
Absence de fondements théoriquesmateurs, et notamment des modèles qui dé-
crivent le lien entre la consommation et le solides de ce lien
revenu permanent, défini par Friedman
(1957) comme le niveau de revenu qu’un Dans la fonction de consommation, un modèle
ménage, appartenant à tel sous-groupe de la théorique de référence, qui justifierait l’inclusion
population, peut s’attendre à toucher au de la situation dans l’emploi de la famille, manque
cours d’une année donnée. toutefois à l’analyse, et ce pour deux raisons. Tout
d’abord, la situation dans l’emploi est de nature
On ne cherche pas ici à tester les différents mo- endogène, elle dépend de préférences et de
dèles de consommation. Les tests des restric- rigidités inobservables. Ensuite, une situation de
tions des modèles, nécessaires pour trancher chômage est le plus souvent imprévisible, il est
en faveur de telle ou telle hypothèse, sont en ef-
fet limités par la nature des données disponi-
bles, qui se présentent sous forme d’enquêtes 1. LesenquêtesBudget de Famille de l’Insee ne fournissent pas
répétées. Aussi l’originalité de l’étude réside- derenseignementsurlesheurestravailléesaucoursdel’année,
et les informations sur la situation d’emploi des personnes dut-elle davantage dans l’attention particulière
ménage sont assez sommaires. Les enquêtes Emploi,bien
portée à l’influence du chômage sur la consom- renseignées sur ce dernier point, ne contiennent aucune
mation des ménages. information sur la consommation des ménages français.
76 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 324-325, 1999 - 4/5donc néc

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