L insertion des jeunes sur le marché du travail : le poids des origines socioculturelles
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L'insertion des jeunes sur le marché du travail : le poids des origines socioculturelles

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Les difficultés d'insertion professionnelle sont plus importantes pour les jeunes dont le père est ouvrier que pour les enfants de cadres ou de professions intermédiaires. Ces différences tiennent en grande partie au niveau de diplôme atteint. Cependant, à diplôme équivalent, l'origine sociale a peu d'effet sur la participation à l'emploi. Lorsqu'ils sortent de l'enseignement supérieur, les enfants d'ouvriers, même s'ils accèdent à des salaires plus faibles en moyenne, ne sont pas plus confrontés au chômage que les enfants de cadres. Les origines nationales induisent un clivage important. Même à diplôme équivalent et avec une profession du père comparable, les jeunes issus de l'immigration maghrébine ont un risque bien plus élevé de rester à l'écart de l'emploi que les jeunes d'origine européenne. Certains événements du passé familial semblent influer aussi sur les difficultés d'insertion.

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Langue Français

Extrait

Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique
Composite Trame par dØfaut
Emploi 3
L’insertion des jeunes
sur le marché du travail :
le poids des origines socioculturelles
Alberto Lopez, Gwenaëlle Thomas*
Les difficultés d’insertion professionnelle sont plus importantes pour
les jeunes dont le père est ouvrier que pour les enfants de cadres ou
de professions intermédiaires. Ces différences tiennent en grande partie
au niveau de diplôme atteint. Cependant, à diplôme équivalent,
l’origine sociale a peu d’effet sur la participation à l’emploi.
Lorsqu’ils sortent de l’enseignement supérieur, les enfants d’ouvriers,
même s’ils accèdent à des salaires plus faibles en moyenne, ne sont
pas plus confrontés au chômage que les enfants de cadres.
Les origines nationales induisent un clivage important. Même à diplôme
équivalent et avec une profession du père comparable, les jeunes issus de
l’immigration maghrébine ont un risque bien plus élevé de rester à l’écart
de l’emploi que les jeunes d’origine européenne. Certains événements
du passé familial semblent influer aussi sur les difficultés d’insertion.
’enquête Génération 98 du Une stabilisation est une étape franchie assez ra-
Céreq permet une analyse pidement : 58 % des jeunesen emploi plus tardiveL sur cinq ans des parcours ayant quitté le système éducatifet difficile que l’accès
sur le marché du travail des jeu- en 1998 ont obtenu leur premier
à un premier emploi
nes sortis de formation initiale emploi en moins de trois mois
en 1998 (encadré 1). Une enquête (encadré 2). Et même, 40 %
similaire avait été réalisée pour Pour une petite majorité des jeu- d’entre eux l’ont trouvé sans dé-
la génération 1992. nes, l’accès au premier emploi lai. Dans certains cas, les jeunes
* Alberto Lopez fait partie du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq). Gwenaëlle Thomas en faisait également partie
au moment de la rédaction de cet article.
Données sociales - La société française 293 édition 2006
47.ps
N:\H256\STE\zf3njy\_donnees\Donneessociales2005-2006\047\47.vp
lundi 3 avril 2006 11:37:27Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique
Composite Trame par dØfaut
3 Emploi
étaient déjà en contact avec leur accédé à leur premier emploi en Globalement, quatre types de tra-
futur employeur grâce à un stage, moinsdequatremois, alorsque jectoires peuvent être distingués
un apprentissage ou une expé- le chômage progressait fortement. (figure 1).
rience de travail (travail étudiant : En fait, c’est l’obtention d’un em-
emploi régulier, petits boulots, ploi durable et d’un statut stable Lesdeuxtiers desjeunes(65 %)
etc.) au cours de leur formation qui est souvent longue et délicate. ont connu une période continue
initiale. Même dans une conjonc- Ainsi, pour 26 % des débutants, d’emploi de plus de 18 mois au
ture nettement moins favorable, la durée du premier emploi ne cours des cinq années suivant
les délais d’accès au premier em- dépasse pas six mois et débouche leur sortie de formation initiale
ploi restent relativement limités. sur une période de « non-em- et ont acquis un statut stable à la
Ainsi, la moitié des jeunes sortis ploi » (chômage, formation ou fin de la période : ils sont alors
du système éducatif en 1992 ont inactivité). salariés sous contrat à durée in-
Encadré 1
L’enquête Génération 98
L’enquête Génération 98 réalisée sociale du père. Celle-ci est co- nales, le pays de naissance de la
par le Céreq a pour objectif d’ana- difiée à partir d’une déclaration du mère joue un rôle important.
lyser les parcours sur le marché jeune sur l’activité du père en 1998
Dans le cadredel’interrogationdedu travail des jeunes sortis de for- (datedelasortiedeformation ini-
mation initiale en 1998 à tous les tiale). Dans plusieurs cas, l’enquê- 2003, un sous-échantillon de jeu-
nes a été interrogé sur divers évé-niveaux de formation. té n’a pas pu ou voulu indiquer la
nements pouvant avoir perturbé laprofession de son père. D’autres
Un échantillon de 56 000 jeunes a vie familiale au cours de leur en-variables susceptibles d’induire
fait l’objet d’une première interro- fance : problèmes financiers, chô-desdifférenciationsdansl’inser-
gation au printemps 2001, trois tion des jeunes sont aussi utilisées mage prolongé d’un parent, graves
ans après la fin de leurs études. problèmes de santé, ruptures fa-dans l’analyse, comme l’apparte-
De nombreuses données sur les miliales, etc. Malgré le caractèrenance du père au secteur public,
parcours ont été recueillies grâce facultatif de ces questions (stipulél’activité professionnelle de la
à un calendrier professionnel et par l’enquêteur), la quasi-totalitémère, etc.
des modules de questions permet- des jeunes a accepté d’y répondre.
tant de préciser diverses séquen- Pour caractériser les origines na-
L’ensemble de l’information col-ces d’emploi ou de non-emploi tionales des jeunes, le lieu de nais-
lectée auprès des personnes enquê-(voir Céreq 2002). Une deuxième sance du père a été retenu. Les
tées est riche, mais l’enquêteinterrogation de Génération 98 a jeunes dont le père est né hors de
comporte des limites. D’une part,eu lieu au printemps 2003, soit France ne correspondent pas ri-
cinq ans après la sortie du sys- goureusement aux « jeunes immi- comme dans toute étude de ce
type, les déclarations rétrospecti-tème éducatif. Elle s’est adressée à grés », de première ou deuxième
ves peuvent comporter des « er-un sous-échantillon de 22 000 jeu- génération. Ils sont en effet consi-
reurs de mémoire » et mettre ennes, dont la répartition par niveau dérés dans cette analyse comme
jeu une appréciation variable deset type de formation est proche de « issus de l’immigration », même si
celle de la population de référence 15 % des pères nés à l’étranger ont événements passés et de leur gravi-
té. D’autre part, malgré les redres-(les 740 000 jeunes sortis de for- été déclarés « Français de nais-
sements statistiques réalisés, lesmation initiale en 1998). Elle a sance » en termes de nationalité.
jeunes les plus désocialisés et lespermis de prolonger le recueil
- La caractérisation des origines socio- plus marginalisés sont très mal re-d’information sur le parcours pro
fessionnel. Le questionnaire culturelles privilégie ici le père pour présentés dans une enquête télé-
pouvoir appréhender à la fois les ori- phonique de ce type. Au sein descontenait aussi plusieurs modules
ginessocialesetnationalesdansla ménages ordinaires, beaucoup dethématiques, dont l’un visait à
présentation des résultats. Dans plu- résultats de l’enquête Généra-mieux comprendre la persistance
- sieurs modèles économétriques non tion 98 sont comparables à ceuxde situations de non-emploi plu
sieurs années après la fin des présentés ici, l’effet des caractéristi- des enquêtes Emploi de l’Insee.
ques sociales de la mère a été testé. Mais les jeunes résidant dans desétudes.
Ces caractéristiques jouent en géné- foyers ou d’autres habitats collec-
Lesoriginessocialesdes jeunes ral dans le même sens que celles du tifs sont peu présents voire inexis-
sont appréhendées par la catégorie père. Concernant les origines natio- tants dans ces enquêtes.
Données sociales - La société française 294 édition 2006
47.ps
N:\H256\STE\zf3njy\_donnees\Donneessociales2005-2006\047\47.vp
lundi 3 avril 2006 11:37:28Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique
Composite Trame par dØfaut
Emploi 3
déterminée, fonctionnaires ou
Encadré 2 non-salariés. Même si quelques
Critères d’insertion personnes sont sorties provisoire-
ment de l’emploi au cours de la
Le délai d’accès au premier emploi après la sortie de la formation ini-
période, lR

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