La main-d œuvre des établissements industriels décentralisés : l exemple de l Eure - article ; n°404 ; vol.74, pg 416-431
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La main-d'œuvre des établissements industriels décentralisés : l'exemple de l'Eure - article ; n°404 ; vol.74, pg 416-431

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Description

Annales de Géographie - Année 1965 - Volume 74 - Numéro 404 - Pages 416-431
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Burgel
La main-d'œuvre des établissements industriels décentralisés :
l'exemple de l'Eure
In: Annales de Géographie. 1965, t. 74, n°404. pp. 416-431.
Citer ce document / Cite this document :
Burgel Guy. La main-d'œuvre des établissements industriels décentralisés : l'exemple de l'Eure. In: Annales de Géographie.
1965, t. 74, n°404. pp. 416-431.
doi : 10.3406/geo.1965.18434
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1965_num_74_404_18434La main-d'œuvre
des établissements industriels décentralisés :
l'exemple de l'Eure
par Guy Burgel
La décentralisation industrielle recouvre deux réalités : 1. le transfert
hors de la région parisienne d'établissements qui s'y trouvaient installés
{stricto sensu) ; 2. toute création industrielle réalisée hors de la région pari
sienne (lato sensu). Mais c'est un même fait géographique qu'il convient
d'étudier dans son ensemble : l'industrialisation décentralisée. A l'expérience,
il apparaît que la main-d'œuvre des nouvelles usines fournit un thème de
réflexion particulièrement intéressant. D'abord, dans certaines régions, le
personnel de ces établissements commence à constituer une part non négli
geable de la population active totale : en 1962, il y avait, dans le département
de l'Eure, une centaine de nouvelles implantations industrielles employant
10 000 salariés sur une population active totale de 150 000 personnes ;
depuis, le mouvement d'industrialisation s'est encore amplifié. Ensuite, il
est désormais possible, semble-t-il, de décrire et d'expliquer dans un domaine
qui a donné matière jusqu'ici à des études surtout prospectives.
Cette géographie classique de la décentralisation industrielle n'est pas
inutile : la connaissance des répercussions entraînées sur le marché régional
de la main-d'œuvre par l'installation de nombreux établissements industriels
est à verser au dossier de l'aménagement rationnel du territoire (fig. I)1.
1. Signalons une source de renseignements que les géographes ont peu utilisée jusqu'ici : les
fichiers du personnel. Ces documents d'établissement, quand ils sont bien tenus, permettent une
étude précise de la main-d'œuvre employée : âge, sexe, lieux de naissance et de résidence (avec
les changements de domicile), emploi, qualification professionnelle et professions exercées anté
rieurement. La possibilité de réunir ces caractéristiques pour un secteur homogène de la popul
ation active est un moyen de préciser la notion de géographie sociale. Nous présentons ici les
principaux résultats que cette méthode nous a permis de recueillir sur la main-d'œuvre des
nouvelles implantations industrielles du département de l'Eure (fig. 1). DÉCENTRALISATION INDUSTRIELLE : L'EURE 417
I. UNE MAIN-D'ŒUVRE JEUNE
Sur quelque 10 000 salariés travaillant dans les nouvelles implantations
du département de l'Eure en 1962, notre échantillon porte sur près de
3 000 unités. Le tableau I donne la répartition par âge du personnel des éta
blissements visités. Il permet en outre une comparaison avec la population
active totale du département en 1954 (en l'absence des résultats de 1962).
TABLEAU I
Répartition par âge de la main-d'œuvre
des usines décentralisées et de la population active totale
(en %)
Population active totale Tranches d'âge Personnel nouv. usines (1954)
15-19 ans 16,4 10,2
20-24 — 17,8 11
25-29 — 18,8 11,2
30-34 - 13,8 11,3
35-39 — 12,2 6,1
40-44 — 7,3 10
45-49 - 5,5 10,5
50-54 — 3,5 10,2
55-59 - 2,8 7,5
+ 60 - 1,4 11,2
Plus de la moitié du personnel des nouveaux établissements a moins
de 30 ans : la proportion atteint seulement 32,4 p. 100 du total de la popul
ation active. Les plus de 60 ans ne représentent qu'une portion très restreinte
de la main-d'œuvre considérée ; ils fournissaient plus de 10 p. 100 de la popul
ation active en 1954. Si l'on admet que de 1954 à 1961 l'allure générale de la
population active n'a guère été modifiée (la vague démographique d'après
guerre commençant tout juste à faire sentir ces effets à cette date), on voit que
le personnel des nouvelles implantations occupe une place singulière au sein
de la population active.
Quelles sont les raisons de cette situation ? La structure par âge de la popul
ation totale ne permet pas de donner l'explication. Bien que témoignant
d'une plus grande jeunesse que l'ensemble français, la pyramide d'âge du
département ne révèle pas une proportion exceptionnelle de classes jeunes,
qui expliquerait leur prépondérance dans la nouvelle main-d'œuvre indust
rielle. Les causes sont ailleurs, dans l'attitude des jeunes face à l'entreprise
et dans la politique même poursuivie par ces entreprises.
a. Tout naturellement, ce sont les jeunes qui sont attirés par les emplois
nouveaux. Dans un département où les sources d'emploi traditionnelles pré
sentent une certaine stabilité, voire une légère régression, où la montée des
Ann. de Géog. — lxxiv» année. 27 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 418
jeunes est sensible, les nouveaux emplois industriels fixent l'excédent démo
graphique. Les jeunes, qui étaient tentés par l'émigration parisienne, s'ar
rêtent à Evreux ou à Louviers. Ceux qui avaient déjà commencé l'aventure
reviennent au pays en apprenant le lancement d'une nouvelle usine. A cela
s'ajoutent des attraits psychologiques et économiques auxquels les jeunes
sont très sensibles : fierté de travailler dans des bâtiments modernes, aux
ф établit sèment de 1 à 5 salariés
» de 6 à 10 "
« de 11 à 50 '
de plut de 500
Fig. I. — Établissements industriels implantés dans l'Eure depuis la guerre.
vastes parois vitrées, à l'allure de laboratoire, satisfaction pour une jeune
fille de n'être pas considérée comme une ouvrière, mais comme une « condi-
tionneuse », une « monteuse », voire une « contrôleuse ». Qu'on y joigne
l'organisation des loisirs, des salaires plus élevés — attrait particulièrement
ressenti chez des personnes où le désir d'ascension est plus vif — , le nouvel
emploi industriel est pour le jeune plus qu'une possibilité de travail, une
promotion professionnelle et sociale.
b. Les entreprises encouragent cette tendance naturelle. Leur intérêt les
y invite. Les directeurs des grandes entreprises décentralisées sont parti
culièrement sensibles à la productivité du travailleur. Pour les cadres, on INDUSTRIELLE : L'EURE 419 DÉCENTRALISATION
pense que l'allant et le dynamisme de la jeunesse peuvent pallier une expé
rience insuffisante. Pour les ouvriers, la dextérité et la rapidité des jeunes
remplacent la qualification professionnelle. D'autant que très souvent, notam
ment dans la construction électrique, il est moins besoin de connaissances
techniques que de résistance physique et nerveuse pour monter pendant huit
ou neuf heures par jour des pièces de faibles dimensions. Et les tests psychose chargent d'écarter sans pitié les plus de 40 ans, nous avoue
crûment un responsable industriel.
La jeunesse de la main-d'œuvre est indéniable ; cette réalité demande,
en fait, à être nuancée en fonction de trois facteurs : la répartition par sexe,
les catégories socio-professionnelles, l'environnement géographique des
nouvelles usines.
I. L'influence de la répartition par sexe
Dans les usines décentralisées, le personnel féminin apparaît plus jeune
que le personnel masculin. Le tableau II permet d'en juger.
TABLEAU II
Répartition par sexe de la main-d'œuvre
des usines décentralisées et de la population active totale
(en %)
Population active totale Personnel nouvelles usines (1954) Age
H F H F
— 20 ans 6,5 28,7 8,8 12,8
20-24 — 13,5 25,3 9,6 13,7
25-29 - 12,3 9,1 21,8 14,7
30-34 — 16,4 9 12,7 8,6
Ces disharmonies de la répartition par âge et par sexe résultent de plu
sieurs causes :
— La guerre d'Algérie, en portant le service militaire à vingt-huit mois,
a longtemps réduit les possibilités de recrutement des jeunes gens de 20 à
24 ans et s'est répercutée

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