Le contenu en emplois de la croissance française
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L'enrichissement de la croissance en emplois en Europe depuis 2000 contraste avec la « reprise sans emplois » observée aux États-Unis de 2002 à 2004. La France se situe à mi-chemin entre ces deux extrêmes. En dépit de la persistance du chômage, la croissance n'est pas devenue particulièrement « pauvre en emplois ». Néanmoins, le ralentissement de la productivité par tête, caractéristique des années quatre-vingt-dix, se serait interrompu depuis 2000 sous l'influence de plusieurs facteurs. Les créations d'emplois dues aux allégements de cotisations sociales sont désormais engrangées et la durée du travail s'est stabilisée avec la fin du passage aux 35 heures et de la progression du temps partiel. Le raffermissement de la productivité horaire est notamment sensible dans les services marchands. Ces mêmes éléments suggèrent que le raffermissement de la productivité du travail en France depuis 2000 pourrait être un phénomène pour partie durable.

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Langue Français

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Profil couleur : DØsactivØ
Composite 150 lpp 45 degrØs
Emploi 3
Le contenu en emplois
de la croissance française
Fabien Toutlemonde*
L’enrichissement de la croissance en emplois en Europe depuis 2000 contraste
avec la « reprise sans emplois » observée aux États-Unis de 2002 à 2004.
La France se situe à mi-chemin entre ces deux extrêmes.
En dépit de la persistance du chômage, la croissance n’est pas devenue
particulièrement « pauvre en emplois ». Néanmoins, le ralentissement
de la productivité par tête, caractéristique des années quatre-vingt-dix,
se serait interrompu depuis 2000 sous l’influence de plusieurs facteurs.
Les créations d’emplois dues aux allégements de cotisations sociales
sont désormais engrangées et la durée du travail s’est stabilisée avec la fin
du passage aux 35 heures et de la progression du temps partiel.
Le raffermissement de la productivité horaire est notamment sensible
dans les services marchands. Ces mêmes éléments suggèrent
que le raffermissement de la productivité du travail en France
depuis 2000 pourrait être un phénomène pour partie durable.
n France, les années sance plus soutenue a été à l’ori- et, dans une moindre mesure,
quatre-vingt-dix ont cons- gine d’une inquiétude de voir se du Japon. Lors de la récenteE titué une période d’enri- dessiner une « reprise sans em- phase de reprise de l’économie
chissement de la croissance en plois » (Passeron, Perez-Duarte, mondiale, un certain nombre
emplois. Au contraire, après le 2003). Dès la fin de 2003, des si- de grandes économies ont
ralentissement conjoncturel de gnaux négatifs pour la création connu un retour rapide à des
2001-2003, le retour à une crois- d’emplois arrivaient des États-Unis gains de productivité du tra-
* Fabien Toutlemonde fait partie de la mission Analyse économique de la Dares du ministère de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du
Logement.
Données sociales - La société française 215 édition 2006
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vail élevés, cet alignement sur le cadré 1). Autrement dit, aux quatre-vingt-dix pour que le sec-
scénario observé aux États-Unis États-Unis, il faudrait désormais teur privé recommence à créer
se traduisant par une croissance près d’un point de croissance de des emplois après une phase de
moins riche en emplois. plus qu’au début des années ralentissement économique.
Figure 1 - Croissance, créations d’emplois et gains de productivitéLa « reprise sans emplois »
par tête aux États-Unisdes États-Unis n’a pas
traversé l’Atlantique variation annuelle en %
8
En 2004, pour la troisième année
GainsGains dede productivitéproductivité
consécutive, les créations d’em- 6
Croissance du PIBplois aux États-Unis apparaissent
modestes au regard d’une crois- 4
sance soutenue (Dares, 2005).
Les gains de productivité par tête
2
atteignent ainsi un rythme re-
cord de + 4,2 % en 2004 (fi-
0gure 1). Parce qu’elle n’apparaît Progression de l'emploi
plus comme transitoire, cette (salarié + non salarié)
-2« reprise sans emplois » pourrait
bien indiquer un certain change-
ment de régime vers une crois-
Champ : secteurs marchands non agricoles (« non-farm private sector »).sance durablement moins riche
Sources : Bureau of Labor Statistics (BLS), calculs Dares.
en emplois outre-Atlantique (en-
Encadré 1
Définitions
Différents concepts de producti- danciels, relativement stables, des sous de + 2,0 % l’an. Il y a enrichis-
vité évolutions cycliques de la producti- sement de la croissance en emplois
vité. Celle-ci s’accélère au-delà de sa lorsque la productivité par tête ra-
La productivité du travail rapporte tendance en phase de reprise de l’é- lentit de façon durable. Le contenu
un volume de production à un vo- conomie, lorsque les entreprises de la croissance en emplois est
lume d’emploi. Deux concepts co- privilégient la reconstitution de donc susceptible d’être affecté par
habitent. La productivité par tête leurs marges. Lorsque le retour de la conjoncture économique (cycle
retient au dénominateur les effec- la croissance est confirmé, les em- de productivité) mais également
tifs des personnes occupant un bauches reprennent et la producti- par les mesures de politique de
emploi. La productivité horaire vité par tête ralentit peu à peu. l’emploi et par l’évolution de la
retient au dénominateur le nombre Enfin, lorsque la croissance faiblit durée du travail.
d’heures travaillées. Du fait de ces de nouveau, les entreprises ne com-
définitions, il est possible de pas- mencent pas immédiatement à li- Un ralentissement de la producti-
ser de l’une à l’autre : les gains de cencier, si bien que la productivité vité (i.e. une croissance plus riche
productivité par tête s’obtiennent par tête continue de ralentir sous en emplois) n’est pas systématique-
comme la somme des gains de pro- son rythme de progression tendan- ment bon ou mauvais en soi. Un
ductivité horaire et du taux de ciel. ralentissement de la productivité
croissance de la durée hebdoma- correspondant à la réinsertion sur
daire moyenne du travail. Le « contenu de la croissance en le marché du travail d’individus
emplois » faiblement productifs qui en
Cycle de productivité et produc- étaient exclus est positif. Une accé-
tivité tendancielle Les gains de productivité par tête lération de la productivité (i.e. une
sont également assimilés au « conte- croissance moins riche en emplois)
Productivités par tête et horaire nu de la croissance en emplois » : ils est quant à elle une bonne chose si
fluctuent au gré de la conjoncture, indiquenteneffetle rythme de elle traduit une mobilisation effi-
autour d’une tendance de croissance à atteindre pour com- cace du progrès technique, suscep-
moyen-long terme. On distingue mencer à créer des emplois. Il se tible de doper de manière durable
donc les gains de productivité ten- situe aujourd’hui en France en des- la croissance potentielle.
Données sociales - La société française 216 édition 2006
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Ce phénomène ne semble pas vés lors des précédentes phases croissance en emplois sur les
s’être diffusé aux partenaires de reprise conjoncturelle (fi- cinq dernières années. La fai-
commerciaux des États-Unis, en gure 2). En 2004, les gains de blesse de l’emploi dans la zone
dépit du jeu de la concurrence productivité au Japon (+ 2,6 %) euro sur la période récente tien-
internationale qui induit une et au Royaume-Uni (+ 2,8 %) res- drait ainsi principalement à celle
pression sur les marges et la pro- tent ainsi dans les bornes des évo- de la croissance, affectée par une
ductivité, et du rattrapage à lutions des années quatre-vingt- conjoncture difficile entre 2001
l’œuvre en matière de nouvelles dix. Dans la zone euro, depuis et 2003.
technologies de l’information et 2000, les gains de productivité
de la communication (NTIC). Au sont systématiquement inférieurs
Japon comme en Europe, la pro- à leur moyenne des années La croissance de la zone
ductivité par tête progresse à des quatre-vingt-dix, suggérant un euro est devenue
rythmes conformes à ceux obser- enrichissement progressif de la plus riche en emplois
depuis 2000
Figure 2 - Gains de productivité par tête au Japon et en Europe
variation annuelle en % En 2004, le PIB de la zone euro
5 progresse de + 1,7 %, après
+ 0,3 % en 2003. L’emploi (sala-
4
rié ou non) des secteurs mar-Royaume-Uni
chands non agricoles augmente
3
de+0,5 %. Malgréla reprisede
l’activité, les gains de productivi-2
té par tête, qui s’élèvent à
+ 1,2 % en 2004, demeurent infé-1
rieurs à leur moyenne sur la pé-
Zone eu

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