Le travail à temps partiel féminin et ses déterminants
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Les actives à temps partiel ne constituent pas une population homogène. Les unes ont fait le choix de ne pas travailler à temps plein ; les autres, au contraire, ont dû accepter un temps de travail inférieur au temps complet. En outre, pour celles qui ont choisi le temps partiel, les motivations peuvent être diverses : garder de jeunes enfants, prendre en charge un parent ou un conjoint dépendant, sortir progressivement du marché du travail, suivre une formation, etc. D'après les chiffres de la partie française du Panel européen de ménages, dans plus de la moitié des cas, c'est pour des raisons d'ordre familial que les actives optent pour le temps partiel. Dans le choix du temps partiel, et, plus particulièrement, lorsque celui-ci s'inscrit dans une logique de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, le niveau de rémunération du conjoint et le nombre d'enfants à charge sont deux éléments déterminants. La probabilité de choisir le temps partiel plutôt que le temps plein, que ce soit pour des raisons d'ordre familial ou pour d'autres raisons, est également plus forte pour les actives âgées de 55 ans ou plus et pour celles qui souffrent d'un handicap. À l'inverse, toutes choses égales par ailleurs, plus le taux de salaire de la femme est élevé, moins le choix de travailler à temps partiel pour des raisons familiales, plutôt qu'à temps complet, est probable. En revanche, lorsque la décision relative au nombre d'heures de travail renvoie à une logique autre que familiale, le niveau du salaire horaire ne semble pas jouer.

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Langue Français

Extrait

Le travail à temps partielféminin et ses déterminants
Cécile Bourreau-Dubois, Olivier Guillotet Éliane Jankeliowitch-Laval*
ACTIVITÉ
Les actives à temps partiel ne constituent pas une population homogène. Les unes ontfait le choix de ne pas travailler à temps plein ; les autres, au contraire, ont dû accepterun temps de travail inférieur au temps complet. En outre, pour celles qui ont choisi letemps partiel, les motivations peuvent être diverses : garder de jeunes enfants, prendreen charge un parent ou un conjoint dépendant, sortir progressivement du marché dutravail, suivre une formation, etc. D’après les chiffres de la partie française duPaneleuropéen de ménages, dans plus de la moitié des cas, c’est pour des raisons d’ordrefamilial que les actives optent pour le temps partiel.Dans le choix du temps partiel, et, plus particulièrement, lorsque celui-ci s’inscrit dansune logique de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, le niveau derémunération du conjoint et le nombre d’enfants à charge sont deux élémentsdéterminants. La probabilité de choisir le temps partiel plutôt que le temps plein, que cesoit pour des raisons d’ordre familial ou pour d’autres raisons, est également plus fortepour les actives âgées de 55 ans ou plus et pour celles qui souffrent d’un handicap.À l’inverse, toutes choses égales par ailleurs, plus le taux de salaire de la femme estélevé, moins le choix de travailler à temps partiel pour des raisons familiales, plutôt qu’àtemps complet, est probable. En revanche, lorsque la décision relative au nombred’heures de travail renvoie à une logique autre que familiale, le niveau du salaire horairene semble pas jouer.
* Cécile Bourreau-Dubois, Olivier Guillot et Éliane Jankeliowitch-Laval appartiennent à l’ADEPS-EPS (CNRS et Université Nancy 2 ).Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 349-350, 2001-9/10
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n France, les femmes sont de plus en plusEnombreuses à travailler à temps partiel.Ainsi, entre 1982 et 1999, d’après les chiffresdes enquêtesmploi de l’Insee, la proportionEd’actives occupées concernées est passée de19 % à 32 % (1).Le temps partiel peut résulter ou non d’unchoix. On peut considérer que le temps partielest « choisi » lorsque le nombre d’heures tra-vaillées correspond au volume horaire qu’unefemme souhaite offrir, compte tenu de son tauxde salaire, des revenus de son conjoint éventuel,de ses charges familiales, etc. (Mourre, 1999).En revanche, le temps partiel peut être qualifiéde « subi » si la durée hebdomadaire de travailest inférieure au volume désiré. C’est le caslorsqu’il existe, sur le marché du travail, unrationnement des emplois à temps plein et/oudes emplois à temps partiel « long » (d’unedurée de trente heures ou plus par semaine, parexemple). Ainsi, en 1999, toujours d’après lesdonnées de l’enquêteEmploi, ce sont plus d’untiers des femmes travaillant à temps partiel quidéclaraient souhaiter travailler davantage (lestrois quarts d’entre elles désirant occuper unemploi à temps plein).L’intérêt d’intoduire une distinction entre tempspartiel choisi et temps partiel subi a été récem-ment souligné (Galtier, 1999a, 1999b et 1999c).En effet, les femmes souhaitant travaillerdavantage présentent des caractéristiques diffé-rentes de celles qui sont satisfaites de leur duréede travail. Leur position sur le marché du travailest, en moyenne, moins favorable : salaire men-suel plus faible, moindre ancienneté dans l’éta-blissement, emploi temporaire plus fréquent.Le choix de travailler à temps partiel plutôt qu’àtemps plein peut renvoyer à différentes logiquesde comportement : logique de conciliation entrevie familiale et vie professionnelle, de sortieprogressive d’activité en fin de carrière, deretrait partiel du marché du travail lorsque l’étatde santé s’est dégradé, d’investissement encapital humain pour des actives suivant une for-mation, etc. Ceci invite, au-delà de la distinctionentre temps partiel subi et temps partiel choisi, àne pas considérer la population des activesayant fait le choix du temps partiel comme unensemble homogène.C’est en cherchant à tenir compte de ces diffé-rentes logiques que l’on aborde ici la questiondes déterminants individuels du travail à temps
partiel. Avant d’en venir à l’approche économé-trique, on présente les résultats d’une analysedescriptive portant sur les caractéristiques desactives occupées à temps partiel et sur leurs tra-jectoires d’activité. Cette étude s’appuie sur lesdonnées françaises des trois premières vagues(1994-1996) duPanel européen de ménages (cf.encadré 1). (1)Un portrait des activesà temps partielors de la première vague d’enquêteL(automne 1994), 28 % des actives occupéestravaillaient à temps partiel. Avant d’opérer unedistinction entre temps partiel choisi et tempspartiel subi, il peut être intéressant de comparerles caractéristiques de ces femmes, dans leurensemble, avec celles des actives ayant unemploi à temps plein.Les femmes travaillant à temps partiel sont plusnombreuses à vivre en couple avec au moinsdeux enfants (30 % contre 18 %). En revanche,ni le statut d’activité du conjoint, ni les gainsmensuels de ce dernier ne semblent être des cri-tères de différenciation (cf. tableau A enannexe).Plus souvent employées des services aux parti-culiers (20 % des cas contre 7 %), les actives àtemps partiel ont, en moyenne, moins d’ancien-neté que les autres actives occupées (8 anscontre 11 ans) alors qu’elles ont, en moyenne, lemême âge (39 ans). Notamment, une sur cinqétait présente depuis moins d’un an dans l’éta-blissement les employant à la date de l’enquête,contre 10 % des actives à temps complet.Ces femmes ont davantage connu le chômageet/ou l’inactivité depuis la fin de leurs études :plus de 7 ans en moyenne, contre 4 ans pour lesautres actives (pour une durée potentielle d’acti-vité à peu près identique). Au cours des deuxannées précédant l’enquête, elles sont aussi troisfois plus nombreuses à s’être trouvées au chô-mage durant au moins six mois (11 % des cascontre 4 %). Cette précarité se manifeste égale-ment par une proportion bien plus forte de con-trats à durée déterminée (20 % contre 8 %).1. Le temps partiel est nettement moins répandu chez les hom-mes (5,5 % des actifs ayant un emploi en 1999).
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