Les intermittents du spectacle - Croissance de l emploi et du chômage indemnisé
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Selon une étude du centre de sociologie des arts, en 1992, les deux tiers des professionnels employés dans le spectacle n'étaient ni permanents, ni saisonniers, ni intérimaires, mais intermittents. En effet, la nature des activités liées aux arts du spectacle et leur caractère temporaire a engendré une relation employeur-salarié unique en son genre : le contrat d'emploi intermittent à durée déterminée. Cette forme d'emploi (qui illustre une sorte d'hyperflexibilité du travail puisque la durée du contrat peut aller d'une journée à plusieurs mois) s'est surtout développée depuis le début des années quatre-vingt. Le volume de travail a globalement progressé de 46 % entre 1980 et 1992 alors que le nombre d'intermittents était multiplié par deux. Quant aux contrats, ils sont de plus en plus nombreux mais de plus en plus courts.

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Langue Français

Extrait

N° 510 FÉVRIER 1997
PRIX : 15 F
LES INTERMITTENTS DU SPECTACLE
Croissance de l’emploi
et du chômage indemnisé
Pierre-Michel Menger, Centre de sociologie des arts, EHESS CNRS Paris
vidéo, éclairagiste, ensemblier) et les ou elon une étude du centre de socio
vriers (travailleurs du plateau, travailleurs dulogie des arts, en 1992, les deux
décor, travailleurs des laboratoires, ...) seS tiers des professi onnels employés
partagent entre permanents, proportionnel
dans le spectacle n’étaient ni permanents,lement plus répandus dans le spectacle vi
ni saisonniers, ni intérimaires, mais inter-vant, et intermittents, abondamment
mittents. employés dans le cinéma et l’audiovisuel.
Depuis 1980, l’ensemble du secteur desEn effet, la nature des activités liées aux
spectacles évolue vers un recours croissantarts du spectacle et leur caractère tempo-
aux emplois de brève durée et vers l’imbri
raire a engendré une relation employeur-
cation de plus en plus fréquente entre emploi
salarié unique en son genre : le contrat rémunéré et chômage indemnisé. La pro
d’emploi intermittent à durée déterminée. duction des spectacles est fondée sur une
Cette forme d‘emploi (qui illustre une grande flexibilité de l’emploi : l’intermittence
est utilisée pour disposer d’une réserve élar sorte d’hyperflexibilité du tarvail puisque
gie de main d’œuvre disponible à chaquela durée du contrat peut aller d’une jour-
instant, pour contenir la hausse des coûts de
née à plusieurs mois) s’est surtout déve
production des spectacles, pour s’ajuster à
loppée depuis le début des années l’expansion de la sous traitance dans la pro
quatre-vingt. Le volume de travail a globa-duction de programmes audiovisuels, et en
lement progressé de 46 % entre 1980 et fin pour spéculer continuellement sur les
talents nouveaux.1992 alors que le nombre d’intermittents
était multiplié par deux. Quant aux con-
Les coûts de la flexibilitétrats, ils sont de plus en plus nombreux
mais de plus en plus courts.
Le déroulement normal de l’activité d’un in
termittent se présente comme une succes
Dans les années 1980, l’emploi dans les arts sion de périodes de travail et de périodes
du spectacle s’est fortement développé en plus ou moins longues de non emploi. Pour
France, stimulé par la croissance de l’offre que la main d’œuvre reste disponible et as
de programmes audiovisuels, par l’augmen sure à la production artistique sa flexibilité,
tation du nombre et de la variété des spec il faut que le coût de cette disponibilité soit
tacles vivants, et par la forte progression des partagé. Une partie de ce coût est prise en
dépenses culturelles publiques de l’Etat et charge par l’entreprise qui paie des salaires
des collectivités locales. Ce développement dont le taux horaire est plus élevé que dans
pouvait s’effectuer selon deux modalités d’autres secteurs, à qualification donnée :
principales : l’emploi à temps plein, sur con c’est la compensation de la discontinuité de
trat à durée déterminée ou indéterminée, et l’emploi. Une autre partie l’est par le salarié
l’emploi intermittent sur contrat à durée dé lui même sur qui reposent le poids de la re
terminée. La plupart des artistes interprètes cherche permanente d’un travail et, tout par
dans le spectacle vivant, le cinéma et l’au ticulièrement dans les emplois artistiques, le
diovisuel les comédiens, les musiciens, lessoin de la préparation de l’activité : sa situa
danseurs, les artistes lyriques sont inter tion se caractérise par l’irrégularité des pé
mittents (Pour comprendre ces résultats). riodes de travail et des revenus. Enfin, le
Seule la diffusion musicale classique em- système dispose d’un mécanisme spécifi
ploie une proportion importante de salariés que d’assurance contre le sous emploi : le
non intermittents. En revanche, les cadres régime d’assurance chômage des intermit
(réalisateur, régisseur, cadreur, décorateur, tents du spectacle, établi dans sa forme ac
ingénieur du son, ...), les techniciens (assis tuelle en 1969 et régulièrement renégocié
tant de production, accessoiriste, technicien par les partenaires sociaux.
INSEE PREMIEREobservé de la durée moyenne des con professionnels faisant durablementUn usage plus intensif
trats d’emploi trouve ici une de ses ex carrière. Ces disparités sont encorede l’alternance emploi/chômage
plications. accrues lorsque le secteur connaît des
Lorqu’un intermittent a atteint ou dé difficultés conjoncturelles. Les com
passé un seuil d’activité cumulée de pléments de ressources procurés parLe noyau et le halo
507 heures sur les 12 derniers mois, l’assurance chômage n’atténuent que
et qu’il connaît une période d’inactivi Sur quelque 100 000 personnes ayanttrès partiellement les inégalités de
té, il entre, pour un an, dans un épi bénéficié d’au moins un contrat d’in gains entre ces professionnels inter
sode d’indemnisation qu’il peut termittent en 1992, un peu plus de mittents, qui sont très supérieures à
néanmoins suspendre à tout moment 38 000 ont travaillé assez pour s’assu celles que connaissent les personnels
pour reprendre une activité de courte rer l’indemnisation de leur temps non employés sur contrat permanent.
durée, puis, dès la fin de celle ci, re travaillé. L’intermittence n’est pas un
trouver son état de chômeur indemni statut d’emploi, c’est une forme d’em L’intermittence, une forme
sé. Deux compteurs égrènent ainsi ploi sous laquelle sont embauchés des d’emploi en expansion
son temps : celui de l’indemnisation, personnels dont la forte majorité ne
qui se réduit avec le temps chômé, et contribuent que de manière éphémère Entre 1980 et 1992, le volume de tra
celui du travail rémunéré effectué en à l’activité du secteur. Le turn over estvail (mesuré enjours) dans les specta
tre deux moments d’inactivité indemni considérable : chaque année, les en cles a progressé de 46 %, la masse
sée, qui permet d’acccumuler des trants représentent autour de 15 % salariale de 97 % (en francs constants)
heures propres à assurer, si elles sontdes effectifs. Parmi ces entrants, la et les effectifs de 64 % (tableau 1). La
suffisamment nombreuses, un nouvel moitié environ aura quitté ce secteur part qu’occupe le travail intermittent
épisode consécutif d’indemnisation, à d’emploi au cours des deux ans qui dans le volume de travail est passée
la fin du premier. En 1980, cette alter suivent. Un noyau de professionnels de 24 % à 33 . La tendance est simi %
nance entre temps chômé et reprise expérimentés ou cherchant à accumu laire pour la masse salariale. Mais
d’activité réduite au sein d’un épisode ler les expériences de travail qualifian comme les rémunérations horaires
d’indemnisation était une pratique mi tes est ainsi enveloppé d’un halo sont plus élevées dans l’emploi inter
noritaire : dans 36 % des cas seule d’intermittents qui quittent assez rapi mittent que dans l’emploi permanent,
ment, les intermittents bénéficiaires dement le secteur et d’individus princi notamment pour compenser la briève
des Assedic suspendaient leur indem palement actifs dans d’autres types té des engagements et les risques de
nisation pour de brèves périodes de d’emplois (voire d’autres secteurs) et sous emploi et de discontinuité d’acti
travail ; le plus souvent, un intermittentoccasionnellement embauchés comme vité qui en résultent, la part des inter
connaissait une période de chômage intermittents au gré des besoins. Mais mittents dans la masse salariale est
indemnisé de plusieurs mois sans tra ce noyau est lui même loin d’être homo supérieure à son poids en volume de
vailler. La pratique de l’alternance en gène. travail : elle représentait 42 % du total
tre temps chômé indemnisé et reprise L’une des caractéristiques les plus en 1980, elle en représente 53 % en
d’activité réduite est devenue majori spectaculaires et les moins évoquées 1992.
taire en 1985 (60 % des cas), et

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