Les modes de stabilisation en emploi en début de vie active
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Dans un contexte où les cheminements des jeunes en début de vie active se sont complexifiés, l'analyse des modes de stabilisation en emploi révèle les voies par lesquelles des débutants nouent des liens plus ou moins durables avec les employeurs. Aidée par l'embellie économique, la majorité de la génération sortie de formation initiale en 1998 a accédé en moins d'un an à une première période d'emploi, continue, de plus de 18 mois. Mais cette première stabilisation en emploi présente des formes très différentes selon les individus. Parmi les six types de trajectoires distingués, le plus fréquent est certes celui qui correspond à un engagement durable avec un employeur sur un statut stable dès le départ, mais il ne représente qu'un tiers des jeunes stabilisés en emploi. Parmi les autres types, l'accès différé au CDI et la mobilité entre employeurs tiennent également une place importante. Loin d'être marginal, le maintien chez un même employeur avec un contrat temporaire a concerné un jeune sur cinq. Cette dernière forme de stabilisation en emploi est, en partie, liée à l'usage des contrats aidés qui sont, par nature, transitoires. Elle renvoie aussi, plus largement, à certains traits de la gestion de la main-d'oeuvre juvénile par les employeurs, qu'ils soient publics ou privés. Le recours à des CDD prolongés ou à l'intérim peut, en effet, devenir structurel et dépasser la simple gestion de surcharges de travail passagères.

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Langue Français

Extrait

INSERTION PROFESSIONNELLE
Les modes de stabilisation en emploi
en début de vie active
Alberto Lopez*
Dans un contexte où les cheminements des jeunes en début de vie active se sont
complexifiés, l’analyse des modes de stabilisation en emploi révèle les voies par
lesquelles des débutants nouent des liens plus ou moins durables avec les employeurs.
Aidée par l’embellie économique, la majorité de la génération sortie de formation initiale
en 1998 a accédé en moins d’un an à une première période d’emploi, continue, de plus
de 18 mois. Mais cette première stabilisation en emploi présente des formes très
différentes selon les individus. Parmi les six types de trajectoires distingués, le plus
fréquent est certes celui qui correspond à un engagement durable avec un employeur sur
un statut stable dès le départ, mais il ne représente qu’un tiers des jeunes stabilisés en
emploi.
Parmi les autres types, l’accès différé au CDI et la mobilité entre employeurs tiennent
également une place importante. Loin d’être marginal, le maintien chez un même
employeur avec un contrat temporaire a concerné un jeune sur cinq. Cette dernière forme
de stabilisation en emploi est, en partie, liée à l’usage des contrats aidés qui sont, par
nature, transitoires. Elle renvoie aussi, plus largement, à certains traits de la gestion de
la main-d’œuvre juvénile par les employeurs, qu’ils soient publics ou privés. Le recours
à des CDD prolongés ou à l’intérim peut, en effet, devenir structurel et dépasser la simple
gestion de surcharges de travail passagères.
Le niveau et le type de formation sont des déterminants importants du mode de
stabilisation en emploi et de son délai. Les titulaires des diplômes les plus prestigieux
accèdent souvent d’emblée au CDI ou au statut de fonctionnaire. Certains ont déjà opéré
une mobilité en moins de 18 mois, cassant un CDI avec, apparemment, une stratégie de
carrière. À l’opposé, le maintien en statut précaire est plus fréquent pour les moins
diplômés. Certaines formations secondaires préparant aux métiers industriels semblent,
de leur côté, favoriser une stabilisation en emploi avec une mobilité plutôt subie, en
partie liée au recours fréquent à l’intérim dans les qualifications ou secteurs d’activités
correspondants.
* Alberto Lopez est chef du Département des entrées dans la vie active (Deva) au Céreq, 10 place de la Joliette,
BP 21321, 13567 Marseille, Cedex 02. Courriel : lopez@cereq.fr
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 378-379, 2004 105e sort des jeunes à l’issue de leur formation a priori assez continu (1) et difficile à évaluer
initiale a fait l’objet d’une attention particu- directement à travers une enquête statistique.L
lière des pouvoirs publics depuis de longues La deuxième approche est confrontée au fait
années. Dans le début des années 1970, ce sont que, pour beaucoup de jeunes, le début de car-
plutôt des soucis de planification, en lien avec rière, censé succéder à une phase d’insertion,
les anticipations dans les besoins de main- est marqué par un changement d’employeur
d’œuvre, qui motivaient l’analyse des destinées assez fréquent, que ce soit dans une stratégie
professionnelles de jeunes à l’issue des différen- de promotion professionnelle ou dans une pré-
tes formations. Mais avec le développement du carité plus ou moins imposée. Dès lors, on pri-
chômage, particulièrement important chez les vilégie ici, dans une démarche empirique, la
jeunes, la question de leur accès à l’emploi est notion de stabilisation en emploi. On désigne,
devenue de plus en plus centrale. Au cours des par ce terme, le passage de la formation ini-
années 1980 et 1990, le recours à l’intérim ainsi tiale à une participation relativement continue
que l’usage de contrats à durée déterminée et à l’emploi (2).
aux autres formes particulières d’emploi se sont
intensifiés. Dans un contexte où la norme du CDI est remise
en cause par les évolutions des modes de gestion
Dans ce contexte de chômage de masse et de de la main-d’œuvre depuis les années 1980
précarisation de l’emploi, les cheminements (Ramaux, 1993), cette stabilisation ne peut se
se sont complexifiés, avec de nombreux confondre avec l’accès à un statut stable. Plus
accès et retraits de l’emploi. Plus que jamais, ou moins rapide et plus ou moins directe, elle
l’analyse des relations entre la formation ini- peut prendre différentes formes allant de l’enga-
tiale et les cursus professionnels est délicate. gement ferme et durable avec un employeur, à
La situation de court terme ne préjuge pas travers un CDI signé dès le premier mois,
toujours de la situation à moyen terme jusqu’au maintien dans l’emploi par une succes-
(Vergnies, 1994). L’accès rapide à un sion de périodes d’emploi sous CDD chez des
premier emploi peut initier un parcours chao- employeurs différents.
tique avec des périodes de non-emploi plus
ou moins longues. Le premier emploi peut Beaucoup d’analyses se sont centrées sur le
n’être qu’un emploi d’attente, assez éphé- chômage ou les difficultés d’accès à l’emploi
mère. Ainsi est-on amené à prendre en des jeunes. Cet article concerne plutôt le main-
compte le déroulement d’un processus plus tien dans l’emploi et cherche à cerner comment
ou moins long au bout duquel les jeunes des jeunes issus de divers niveaux et types de
occupent une « position stabilisée dans un formations se stabilisent en emploi. Plus préci-
système d’emploi » (Vernière, 1997). sément, on examine ici successivement :
Cette formulation demande à être précisée si on - jusqu’où la stabilisation en emploi apparaît
veut rendre compte de ce qu’est l’aboutissement comme un mouvement de fond au niveau d’une
du processus pour un individu. Pour Vernière, le cohorte de jeunes avec une sorte de « marche
jeune sortant de formation initiale doit acquérir vers le plein emploi »,
une certaine qualification par les expériences de
- dans quelles conditions des individus arriventtravail pour cesser d’être un débutant et attein-
à une participation relativement continue àdre un niveau de productivité standard sur son
l’emploi (en jaugeant le poids relatif des princi-poste de travail. Pour Vincens (1981), le proces-
pales formes de stabilisation en emploi),sus de référence est celui d’une « quête
d’emploi » avec une conduite relativement
- comment les formes de cette stabilisationrationnelle qui s’arrête lorsque l’individu cesse
varient suivant la formation initiale dont led’investir du temps dans la recherche d’un
jeune est issu,emploi, qu’il est sur un emploi durable qui cor-
respond à celui qu’il estime pouvoir et devoir
- jusqu’où la stabilisation est durable et coïn-
garder compte tenu de son information et de son
cide avec un certain palier pour l’individu, dans
expérience.
un processus de type « quête d’emploi ».
Malgré leur intérêt, ces deux approches théo-
riques ont du mal à trouver une traduction
1. Processus qui peut d’ailleurs démarrer pendant la période de
dans une définition opérationnelle simple. formation initiale.
2. Les critères retenus sont exposés dans la suite de l’article.L’une se heurte au fait que l’accumulation
Quelques simulations avec des critères un peu différents sont
d’expérience professionnelle est un processus présentées en annexe 1.
106 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 378-379, 2004Tenir compte d’un contexte conjoncturel L’outil d’observation :
spécifique (3)Génération 98, une enquête
de cheminement De fait, cette enquête porte sur une génération
de sortants du système éducatif particulière,
arrivée sur le marché du travail dans un contexteour éclairer ces questions, on dispose des
économique favorable. Comme lors des cyclesenquêtes sur les cheminements en début deP
précédents (Meron et Minni, 1995 ; Fondeur etvie active réalisées par le Céreq. Cet article
Minni,

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