Les opinions des salariés sur la réduction de leur temps de travail
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Si une large majorité des salariés à temps complet préféreraient travailler moins, la moitié y mettent comme condition le maintien de leur salaire. L'opinion des salariés vis-à-vis de la réduction de leurs horaires de travail est fortement dépendante du niveau de vie et de la composition du ménage, mais aussi des conditions de travail. Les ouvriers et les employés, dont les conditions de travail sont les plus difficiles, sont plus ouverts à l'idée de moins travailler. Cependant, leur faible niveau de vie explique leur réserve à l'encontre d'une réduction parallèle des salaires. Les cadres sont plus réticents à diminuer leur temps de travail. Toutefois, lorsqu'ils l'envisagent, ils acceptent plus fréquemment la faiblesse ou même l'absence de compensation salariale. Les salariés protégés par des contrats de travail stables sont plus tentés par une réduction de leur temps de travail, mais avec le maintien de leur salaire. Par ailleurs, la pratique de nombreux loisirs et la participation à la vie associative n'influencent que faiblement les choix sur le temps de travail.

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Langue Français

Extrait

MARCHÉ DU TRAVAIL
Les opinions des salariés
sur la réduction
de leur temps de travail
Si une large majorité des salariés à temps complet préféreraient travaillerEmmanuelle
moins, la moitié y mettent comme condition le maintien de leur salaire. L’opinionCrenner*
des salariés vis-à-vis de la réduction de leurs horaires de travail est fortement
dépendante du niveau de vie et de la composition du ménage, mais aussi
des conditions de travail.
Les ouvriers et les employés, dont les conditions de travail sont les plus difficiles,
sont plus ouverts à l’idée de moins travailler. Cependant, leur faible niveau de vie
explique leur réserve à l’encontre d’une réduction parallèle des salaires.
Les cadres sont plus réticents à diminuer leur temps de travail. Toutefois,
lorsqu’ils l’envisagent, ils acceptent plus fréquemment la faiblesse ou même
l’absence de compensation salariale. Les salariés protégés par des contrats de
travail stables sont plus tentés par une réduction de leur temps de travail, mais
avec le maintien de leur salaire. Par ailleurs, la pratique de nombreux loisirs et la
participation à la vie associative n’influencent que faiblement les choix sur le
temps de travail.
es opinions des salariés sur leur temps de composition du ménage, le nombre d’enfants à
* Emmanuelle Crenner Ltravail sont motivées par des raisons d’ori- charge, l’existence de plusieurs salaires ou defait partie de la division
Condition de vie des gine professionnelle comme privée, indivi- revenus non salariaux modifient les données de
ménages de l’Insee. duelle comme collective. Souhaiter moins la question de la diminution du temps de travail,
travailler dépend de la situation profession- surtout lorsqu’elle serait accompagnée d’une
nelle. La satisfaction, quant à l’emploi, peut in- perte de salaire. D’autres aspects extra-profes-
citer ou freiner les salariés à envisager une sionnels, comme le souhait d’une plus grande
réduction de leur temps de travail. La difficulté disponibilité pour s’occuper des enfants, la pra-
des conditions de travail, la précarité de l’em- tique d’activités de loisirs ou associatives, peu-
ploi occupé et la rémunération perçue sont au- vent également jouer un rôle. Finalement, les
tant de facteurs susceptibles d’influencer la conditions de vie des ménages ne sont pas indé-
position des salariés vis-à-vis de leurs horaires pendantes de la situation vécue dans le cadre
de travail. Cependant, la sphère privée et les strictement professionnel et l’ensemble de ces
conditions de vie des salariés déterminent aussi facteurs déterminent l’opinion des salariés vis-
leurs opinions sur une baisse de leur temps de à-vis de la réduction de leurs horaires de travail.
Les noms et dates entre travail. Ces positions reflètent un arbitrage en-
parenthèses renvoient à tre temps de travail et temps libre. Ainsi, l’envi- Compte tenu de la diversité des situations,
la bibliographie en fin
ronnement familial joue un rôle important : la l’opinion des salariés sur la baisse du temps ded’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 321-322, 1999 - 1/2 149Encadré 1
LA SOURCE UTILISÉE
Les questions analysées dans cette étude provien- Le niveau de vie du ménage est déterminéà partir
nent uniquement du dispositif d’enquêtes des déclarations du ménage concernant l’ensemble
permanentes sur les conditions de vie des mé- de son revenu net annuel. Ce revenu comprend
nages (PCV) qui permet, depuis janvier 1996, d’une part les salaires, traitements et primes et les
d’étudier annuellement l’évolution d’indicateurs so- revenus d’activités professionnelles indépendantes.
ciaux. L’ensemble des indicateurs est divisé en trois D’autre part, sont pris en compte le RMI, les alloca-
groupes, dont chacun fait l’objet d’une enquête an- tions chômage, les préretraites, retraites, pensions
nuelle, en janvier, en mai ou en octobre, réalisée et rentes diverses, les dividendes et revenus d’ac-
auprèsd’un échantillon de 6 000 ménages répon- tifs financiers et les loyers et fermages. Enfin, le
dants. L’enquête de janvier, intituléeQualité de revenu global inclut aussi les prestations familiales
l’habitat et du voisinage, apporte des informations et les allocations de logement. Il est, en premier
sur les nuisances subies par les ménages aux lieu demandé au ménage quels types de revenus
alentours et à l’intérieur de leur logement, sur l’im- sont perçus, parmi la liste précédente. Ensuite, le
portance des équipements de proximité et sur ménage situe la somme de tous ses revenus dans
l’insécurité aux alentours du logement. Celle de mai une des tranches de montants proposées.
traite des problèmes de santé et des difficultés des
ménages. L’enquête d’octobre, exploitée ici, permet Les revenus utilisés pour calculer le niveau de vie
de mieux connaître la participation à la vie sociale du ménage est, en fait, un revenu en continu obtenu
des ménages. Ces questions spécifiques sont posées grâce à la méthode des résidus simulés. Cette mé-
à un individu de plus de 15 ans dans chaque mé- thode permet de transformer une variable discrète
nage, désigné par un tirage aléatoire. L’échantillon en une variable continue. Elle a aussi l’avantage,
comprend environ 2 000 salariés à temps complet. par rapport à une méthode d’interprétation plus sim-
ple (comme le milieu de tranche ou la moyenne
Concernant la réduction du temps de travail,trois géométrique), de pallier le manque de précision sur
questions indépendantes étaient posées aux sala- les revenus, fréquent avec ce type d’interrogation,
riés, présentées dans l’ordre suivant : en utilisant d’autres informations, considérées
comme significatives du revenu du ménage.
1-Préféreriez-vous travailler moins si on ne baisse
pas votre rémunération ? Le niveau de vie du ménage correspond à son re-
2-Préfé travailler moins si votre rému- venu par équivalent-adulte et résulte du rapport
nération baisse moins que votre temps de travail ? entre le revenu global du ménage et la somme des
3-Préféreriez-vous travailler moins si votre rému- unités de consommation (u.c.). Les unités de con-
nération baisse dans les mêmes proportions que sommation sont calculées à partir de l’échelle
votre temps de travail ? OCDE corrigée, qui affecte des coefficients de va-
leur 1 à la personne de référence, 0,5 à tout autre
Quatre catégories de réponses ont été ainsi déter- adulte du ménage et 0,3 aux enfants. Le niveau de
minées : vie est présenté sous forme de quartiles. Le premier
-les salariésprêts à travailler moins mais refusant quartile correspond au quart des ménages les plus
une baisse de salaire sont ceux qui ont répondu modestes et le quatrième au quart des ménages les
« oui »à 1mais « non »à 2et3; plus aisés. Par ailleurs, on dispose aussi de la tran-
-les salariésprêts à travailler moins et acceptant che du salaire mensuel net de la personne
une baisse de salaire moins que proportionnelle ont interrogée.
répondu « oui »à 1et2,mais « non »à 3;
-les salariésprêts à travailler moins et acceptant La difficulté des conditions de travail des salariés
une baisse proportionnelle de leur salaire ont répon- est évaluée à travers les dix questions suivantes :
du « oui »à 1, 2 et 3 ;
- enfin, les salariés refusant de travailler moins ont L’exécution de votre travail vous impose-t-elle :
répondu « non » aux trois questions.
1 - de rester longtemps debout ?
Par conséquent, la proportion de salariés ayant 2 - de dans une autre posture pénible
répondu « oui »à la première question corres- ou fatigante à la longue ?
pond à la somme des trois premières colonnes du 3-d’effectuer des déplacements à pied longs et fré-
tableau 1. Celles des salariés favorables à la quents ?
deuxième est la somme des deux premières co- 4 - de porter ou déplacer des charges lourdes ?
lonnes, alors que ceux ayant répondu « oui »à la 5-d’effectuer d’autres efforts physiques impor-
troisième questio

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