Une forte segmentation des emplois dans les activités de services
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Les emplois de services sont souvent considérés à tort comme des emplois de moindre qualité comparés à l'industrie. Les conditions d'emploi et de rémunération sont en fait extrêmement variables d'une activité de services à l'autre. Les services informatiques, professionnels (activités comptables, juridiques, conseil), la recherche et développement, la location de logements et les activités audiovisuelles offrent majoritairement des emplois bien rémunérés, à temps plein, stables, nécessitant des qualifications élevées. À l'opposé, les emplois les plus « défavorisés » se retrouvent plutôt dans des activités telles que les hôtels, cafés, restaurants, les services personnels, le gardiennage, les activités de courrier privé, de sécurité et de nettoyage. Par ailleurs, l'hétérogénéité des emplois est importante au sein de chaque activité de services. Une polarisation de la main-d'oeuvre se retrouve telle que le décrit le modèle dualiste de flexibilité du travail. D'un côté, les salariés du coeur de métier des entreprises (encadrement, spécialistes) bénéficient d'un statut relativement favorable (stabilité, qualification, rémunération) ; de l'autre, les personnels de la périphérie constituent le principal volant de flexibilité de la main-d'oeuvre (temps partiels, durées limitées, qualifications et rémunérations moindres). Cette segmentation interne des emplois se décline de manière traditionnelle dans un tiers des secteurs allant des activités immobilières, aux services professionnels juridiques, comptables et de conseil en passant par la restauration rapide et les débits de boissons notamment. Les autres activités de services se distinguent en raison d'une flexibilité qui touche aussi les cadres (dans l'audiovisuel) et qui peut-être volontaire, comme dans l'informatique.

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Langue Français

Extrait

Casses-Missegue 26/09/2001 15:57 Page 81
EMPLOI
Une forte segmentation
des emplois dans les activités
de services
Chantal Cases et Nathalie Missègue *
Les emplois de services sont souvent considérés à tort comme des emplois de moindre
qualité comparés à l’industrie. Les conditions d’emploi et de rémunération sont en fait
extrêmement variables d’une activité de services à l’autre. Les services informatiques,
professionnels (activités comptables, juridiques, conseil), la recherche et dévelop-
pement, la location de logements et les activités audiovisuelles offrent majoritairement
des emplois bien rémunérés, à temps plein, stables, nécessitant des qualifications
élevées. À l’opposé, les emplois les plus « défavorisés » se retrouvent plutôt dans des
activités telles que les hôtels, cafés, restaurants, les services personnels, le gardiennage,
les activités de courrier privé, de sécurité et de nettoyage.
Par ailleurs, l’hétérogénéité des emplois est importante au sein de chaque activité de
services. Une polarisation de la main-d’œuvre se retrouve telle que le décrit le modèle
dualiste de flexibilité du travail. D’un côté, les salariés du cœur de métier des entre-
prises (encadrement, spécialistes) bénéficient d’un statut relativement favorable (stabi-
lité, qualification, rémunération) ; de l’autre, les personnels de la périphérie constituent
le principal volant de flexibilité de la main-d’œuvre (temps partiels, durées limitées,
qualifications et rémunérations moindres).
Cette segmentation interne des emplois se décline de manière traditionnelle dans un
tiers des secteurs allant des activités immobilières, aux services professionnels juri-
diques, comptables et de conseil en passant par la restauration rapide et les débits de
boissons notamment. Les autres activités de services se distinguent en raison d’une
flexibilité qui touche aussi les cadres (dans l’audiovisuel) et qui peut être volontaire,
comme dans l’informatique.
* Chantal Cases appartient à la Sous-direction de l'observation de la santé et de l'assurance maladie à la Direction de la recherche,
des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) et Nathalie Missègue à la division Services de l'Insee. Chantal Cases faisait
partie de la division Services au moment de la rédaction de cet article.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d'article.
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Au niveau sectoriel, on peut donc tenter dea croissance structurelle de l’emploi
mettre en évidence deux types d’hétérogénéitéLdans les services (depuis le début du
e des emplois. Le premier relève d’une varia-XIX siècle en France) et le déclin de l’emploi
bilité entre secteurs des conditions d’emploi etindustriel (depuis le milieu des années 70)
de rémunération. Certains secteurs de servicesont suscité diverses analyses, dont beaucoup
offrent majoritairement des emplois stables,portent sur la qualité des emplois créés et la
à temps plein, nécessitant des qualificationsconséquence du renforcement de l’emploi
élevées, d’autres des emplois intermittents,tertiaire sur l’évolution du fonctionnement du
à temps partiel, sans qualification. Cette hété-marché du travail.
rogénéité, et ses conséquences sur la question
des « bons » et « mauvais » emplois, relève, enUne des polémiques qui s’est développée à ce
d’autres termes, de la mise en évidence d’unepropos porte sur la possible détérioration de la
segmentation des emplois entre groupes d’acti-qualité des emplois, les emplois de services
vités économiques.étant considérés majoritairement comme de
«mauvais » emplois, plus mal rémunérés et
plus précaires que dans l’industrie qui avait Le second type d’hétérogénéité repose plutôt
constitué le moteur de la croissance de l’em- sur la segmentation interne aux différents sec-
ploi dans la période postérieure à la révolution teurs. Y trouve-t-on également une certaine
industrielle. Les travaux analysant à un niveau polarisation de la main-d’œuvre comme le
fin de détail les caractéristiques sectorielles de suggère le modèle de segmentation flexible
l’emploi dans les services montrent que cette (Rouquette, 1999b)? Cette hétérogénéité
vision est très schématique (Meisenheimer, interne sera essentiellement analysée par
1998 ; Rouquette, 1999a). En effet, les services secteur fin d’activité, et non par entreprise
sont essentiellement caractérisés par une très comme le propose le modèle d’origine.
forte hétérogénéité de la qualité des emplois, Différents groupes de salariés seront mis en
qu’elle soit mesurée en termes de salaire, de évidence au sein de chaque secteur à l’aide de
stabilité professionnelle, de conditions de tra- méthodes de classification portant sur les
vail ou de nature des contrats de travail. Dès caractéristiques de l’emploi salarié issues des
lors, la hausse de la part des emplois de services fichiers de déclarations annuelles de données
n’entraînera une détérioration globale de la sociales (DADS). Enfin, les distributions des
qualité des emplois que si la dynamique de critères retenus pour caractériser les modes de
cette croissance porte sur les activités les plus gestion de la main-d’œuvre (répartition par
défavorisées en la matière. Seule une analyse qualification, volume de travail effectué, stabi-
sectorielle détaillée de la qualité des emplois, lité dans l’entreprise, niveau de rémunération)
qu’il faudrait compléter par une analyse seront également analysées pour vérifier si la
détaillée de la dynamique des créations d’em- typologie issue de l’analyse ne résulte pas de
plois dans les services, peut donner des élé- très fortes différences entre les entreprises
ments de réponse à cette question. d’un même secteur plutôt que d’un véritable
modèle de segmentation interne généralisé.
Par ailleurs, les travaux menés dans les années
80 sur les systèmes d’emploi dans divers sec-
teurs de l’industrie et des services font appa- Une forte hétérogénéité
raître des caractéristiques communes conver- intersectorielle des conditions
geant, selon certains économistes, vers un d’emploi et de rémunérationmodèle post-industriel (Hirschhorn, 1987) ou
modèle de segmentation flexible (Gadrey,
es services sont caractérisés par une très1992). Envisagé au niveau de l’entreprise et de Lforte hétérogénéité de la « qualité » desses modalités de gestion de la main-d’œuvre,
emplois entre les secteurs, que cette qualitéce modèle conduit à une segmentation interne
soit mesurée par le type de contrat, le niveaude l’emploi selon le statut. Une dichotomie
de salaire, la stabilité professionnelle ou lesexisterait entre les salariés du noyau de l’en-
conditions de travail.treprise et les travailleurs (salariés internes ou
externes) de la périphérie, relevant de formes
particulières d’emploi. Les salariés du noyau Globalement, la situation des salariés des ser-
bénéficieraient des conditions d'emploi les vices marchands privés ou semi-publics diffère
plus « favorables » alors que ceux de la péri- peu de la situation moyenne de l’ensemble de
phérie constitueraient plutôt le volant de l’économie en matière de contrats (Rouquette,
main-d'œuvre flexible. 1999a). Ils recourent un peu plus au temps par-
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tiel (17 % en 1996 contre 15 % pour l’ensemble dologie proche de celle proposée par
de l’économie) et nettement plus au travail Meisenheimer (1998). Quatre critères géné-
intermittent (16,5 % contre 5,5 %). Ce dernier raux ont ainsi été retenus: la qualification
résultat tient largement au fait que les salariés (taux de patrons et cadres supérieurs parmi
intérimaires sont comptabilis

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