Vue d ensemble - Salaires - Le salaire réel ralentit nettement en 2008
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Le pic d’inflation début 2008 et la dégradation du marché du travail sur la fin d’année freinent les salaires réels. Au-delà des indicateurs conjoncturels, les données individuelles issues des déclarations annuelles de données sociales (DADS) remplies par les entreprises permettent d’examiner plus finement les évolutions de l’ensemble des rémunérations du secteur privé et semi-public. Elles fournissent des indications sur l’hétérogénéité des situations des salariés, notamment les distributions de salaires par sexe, âge ou catégorie socioprofessionnelle. Par exemple, en 2007, les 1 % de salariés à temps complet les mieux rémunérés du secteur privé, soit 133 000 personnes, ont disposé, en moyenne, d’un salaire annuel brut de 215 600 euros, soit trois fois plus que le salaire moyen des 10 % de salariés à temps complet les mieux rémunérés, et près de sept fois le salaire moyen de l’ensemble des salariés à temps complet du secteur privé.

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Langue Français

Extrait

Le salaire réel ralentit nettement en 2008
Michel Amar, Sabine Bessière, Pauline Charnoz, Étienne Dalibard, Vincent Gombault*
1En 2008, le salaire mensuel de base (SMB) dans les entreprises du secteur privé de plus
de 10 salariés augmente un peu plus qu’en 2007 : + 3,0 % après + 2,7 % en euros cou-
rants. En termes réels cependant, c’est-à-dire corrigé de l’évolution de l’indice des prix,
le SMB ralentit très fortement : + 0,2 % en euros constants après une hausse de + 1,2 %
en 2007. Ce ralentissement en termes réels est observé pour les ouvriers (+ 0,3 %) et les
employés (+ 0,2 %), et on peut même parler de stagnation pour les professions intermé-
diaires (+ 0,1 %) et les cadres (– 0,1 %). Le pic d’inflation du premier semestre 2008 est la
principale raison de cette diminution de croissance, la revalorisation substantielle du Smic
en juillet permettant toutefois une légère augmentation chez les ouvriers et les employés.
Comme les années passées , c’est dans le secteur de la construction, qui connaît depuis de
nombreuses années des difficultés de recrutement, que la hausse du SMB est la plus forte.
Cependant, dans ce secteur d’activité comme dans les autres, les salaires en euros constants
progressent moins vite qu’en 2007 : le SMB progresse de 0,5 % en 2008 contre + 1,7 %
en 2007 dans la construction, de 0,3 % après + 1,2 % dans l’industrie, et de 0,1 % après
+ 1,1 % dans le tertiaire.
L’évolution du SMB reflète la variation moyenne de salaire perçu, à structure de qualifica-
tion constante. Ces résultats ne prennent donc pas en compte l’évolution de la structure
de l’emploi (hausse des qualifications, modification de la part des personnes travaillant à
temps partiel, effet des « entrées-sorties ») et des compléments de rémunération (primes,
heures supplémentaires, épargne salariale). Pour mesurer l’évolution de la rémunération des
salariés en intégrant les changements de structure de l’emploi, il faut se référer à l’évolution
2du salaire moyen par tête (SMPT) . En 2008, et encore début 2009, le SMPT ralentit, freiné
par la dégradation du marché du travail. L’évolution des prix accentue ce ralentissement
en 2008 : le SMPT du secteur concurrentiel non agricole est, cette année là, stable en euros
constants (+ 0,0 %), après avoir progressé de + 1,4 % en 2007. À l’inverse, début 2009, le
reflux de l’inflation modère ce ralentissement.
Le pic d’inflation début 2008 et la dégradation du marché du travail
sur la fin d’année freinent les salaires réels
Le pic d’inflation exceptionnel observé au premier semestre 2008 est la raison principale
d’un tel ralentissement des salaires réels. En effet, bien que les fluctuations de l’inflation se
transmettent généralement aux salaires nominaux, cette transmission n’est que partielle et
retardée. Ainsi en 2008, le SMB accélère bien du fait de la hausse de l’inflation, mais pas
* Michel Amar, Sabine Bessière, Pauline Charnoz, Étienne Dalibard, Vincent Gombault, Insee.
1. L’évolution du salaire mensuel de base (SMB) reflète la variation moyenne des salaires, à structure de qualification
constante. Le SMB exclut les primes et les gratifications de toute nature, ainsi que la rémunération des heures sup-
plémentaires.
2. L’évolution du salaire moyen par tête (SMPT) reflète celle des salaires versés par l’ensemble des entreprises. Cet
indicateur rapporte l’évolution de la masse salariale totale au nombre de salariés. Par rapport au SMB, il prend notam-
ment en compte les très petites entreprises, et intègre les effets de structure (évolution des qualifications, de la part du
temps partiel), conjoncturels (niveau des heures supplémentaires) et saisonniers (primes).
Vue d'ensemble - Salaires 51autant que les prix ; par conséquent le SMB réel ralentit. De plus, la situation sur le marché
de l’emploi se dégrade en 2008 : le ralentissement de l’activité (+ 0,3 % contre + 2,3 %
en 2007), et notamment son repli à partir du deuxième trimestre, entraîne de nombreuses
destructions d’emplois sur la fin de l’année (figure 1), et le taux de chômage remonte nota-
blement au quatrième trimestre (+ 0,6 point). Cette dégradation du marché du travail crée un
climat défavorable aux salariés lors des négociations salariales. De plus, dans les entreprises
en difficulté, le fort recul de l’activité freine probablement les salaires, notamment à travers la
partie variable (primes). La revalorisation significative du Smic (+ 3,2 % en juillet 2008 après
+ 2,3 % en juillet 2007) du fait de la forte inflation observée jusqu’à l’été 2008, ainsi que la
loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA) qui favorise la rémunération
des heures supplémentaires, ne suffisent pas à maintenir la croissance des salaires réels.
1. Indicateurs de salaires et emploi marchand depuis 1990
évolution annuelle, en %, en euros constants pour les salaires
5
Salaire mensuel de base (SMB) réel
4
Salaire moyen par tête (SMPT) réel
Emploi marchand non agricole3
2
1
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
- 1
- 2
- 3
Note : dans ce graphique on utilise comme déflateur du SMB et du SMPT l’indice des prix à la consommation (y compris tabac) de l’ensemble des ménages.
Champ : France (SMPT), France métropolitaine (SMB, Emploi marchand non agricole).
Sources : Insee, comptes nationaux et indice des prix ; Dares, enquête Acemo.
Au-delà des indicateurs conjoncturels, les données individuelles issues des déclarations
annuelles de données sociales (DADS) remplies par les entreprises permettent d’examiner
plus finement les évolutions de l’ensemble des rémunérations du secteur privé et semi-public.
Par rapport aux indicateurs macroéconomiques, elles fournissent des indications sur l’hétéro-
généité des situations des salariés, comme par exemple les distributions de salaires par sexe,
âge ou catégorie socioprofessionnelle. Ces données exhaustives sont plus détaillées et plus
précises, mais fournissent des évolutions moins récentes que les indicateurs macroéconomi-
ques, car elles nécessitent un retraitement statistique plus lourd. Les analyses qui suivent por-
tent sur l’année 2007, nettement plus favorable que 2008 sur le plan des salaires. Les résultats
peuvent être légèrement différents de ceux fournis par les indicateurs macroéconomiques, en
3raison de différences de champ et de concepts .
Selon les DADS, la rémunération nette moyenne pour un poste à temps complet dans le
secteur privé et semi-public s’établit en 2007 à 24 016 euros par an (2 001 euros par mois),
soit une augmentation de 3,3 % par rapport à 2006. Compte tenu de la hausse des prix
3. En particulier, le salaire moyen par tête (SMPT) est calculé dans les comptes nationaux comme le rapport de la masse
salariale brute aux effectifs physiques. À partir des DADS, on présente ici des résultats portant essentiellement sur la
progression du salaire net moyen des seuls postes de travail à temps complet. Ces moyennes de salaires annualisés sont
pondérées par les durées d’emploi. Par exemple, un salarié à temps complet ayant travaillé six mois dans l’année et ayant
perçu 10 000 euros compte pour 0,5 année-travail rémunérée 20 000 euros par an.
52 France, portrait social - édition 2009à la consommation (+ 1,5 % en 2007), le salaire net moyen augmente de 1,8 % en 2007
en euros constants. Cette progression est nettement plus forte que celle observée en 2006
(+ 1,0 %) et en 2005 (+ 0,4 %). Il faut remonter à 1999 pour constater une hausse du salaire
moyen en euros constants de cette ampleur, mais dans un contexte de hausse des prix plus
faible (+ 0,5 %).
Hausse du salaire dans le secteur privé et semi-public en 2007
En 2007, cette progression du salaire net annuel moyen concerne toutes les catégories
socio-professionnelles. Mais, comme les deux années précédentes, elle est plus forte pour les
cadres (+ 2,4 % en euros constants pour le salaire net, figure 2) que pour les ouvriers et les
professions intermédiaires (respectivement + 1,4 % et + 1,2 %). C’est pour les employés que
la croissance du salaire est la moins favorable en 2007 (+ 0,9 %).
2. Salaires annuels nets moyens po

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