A armes égales : rapport au Premier ministre
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Description

Par lettre de mission du 3 octobre 2005, le Premier ministre Dominique de Villepin confiait à Bernard Carayon la mission d'étudier les moyens de renforcer la compétitivité des entreprises françaises dans le monde. Ce rapport analyse la situation actuelle du monde et les contraintes et opportunités qu'elle génère pour la France. Les propositions sont articulées selon le cycle de l'entreprise : création, recherche et financement et enfin conquête de marchés. Ce rapport souligne en particulier l'importance pour la présence des entreprises françaises à l'étranger des normes internationales. Il propose plusieurs pistes pour mieux faire entendre la voix de la France dans les grands débats européens et internationaux qui aboutissent à la production de normes.

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Publié par
Publié le 01 septembre 2006
Nombre de lectures 27
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

« A armes égales »
Rapport au Premier ministre
par
Bernard Carayon,
députéIntroduction
« Le sentiment de vivre une période de transition, en attente de
la reconstitution d'un ordre, de l'instauration d'une nouvelle harmonie,
de la réussite d'un nouvel assemblage des éléments de ce qui est... res-
senti comme une mosaïque, avive la sensation d'incohérence. »
Préface d'Alain Corbin, Professeur de l'Université Paris I Sorbonne à l'ouvrage « La Lecture
et la Vie » de Judith Lyon-Caen, Tallendier, 2006.
« Mondialisation, communication, dématérialisation... Les ren-
gaines de la modernité n'y font rien. L'espace, un espace tangible, lieu
de la volonté commune, demeure le premier levier de l'action. »
Eric Orsenna, « Voyage au Pays du Coton, Petit précis de mondialisation», Fayard, 2006.
Les Français douteraient-ils de la France ?
Notre pays subirait un déclin inéluctable. Obnubilé par les risques et
frappé de cécité sur les opportunités d’une « mondialisation » approchée de
manière idéologique, il serait même incapable de penser l’avenir de la cons-
truction européenne.
1Face à l’instabilité du monde « post-libéral », à la réalité de la compé-
tition internationale, aux conséquences de la part croissante prise par l’infor-
mation dans la vie quotidienne des acteurs économiques, sociaux et politi-
ques, il serait vain d’imaginer que la France dispose des moyens d'agir
seule. Pour partie, l’économie mondiale est désormais soumise à des fonds
d’investissements s’affranchissant de toute gouvernance, dont le seul intérêt
est le profit à court terme, ainsi qu'à des mécanismes internationaux de régu-
lation sur lesquels la France pèse peu.
Il en est de même pour tout ce qui relève désormais des compétences
de l’Union européenne. Alors que nous avons choisi de déléguer certains
fondamentaux de notre souveraineté, que notre monnaie est commune, que
nous mettons en place une politique européenne de sécurité et de défense,
que nous participons à l’élaboration d’une politique étrangère commune,
nous semblons découvrir le fait qu’une part essentielle -mais non mesurée-
de notre droit relève désormais de négociations à vingt-cinq et échappe ainsi
à notre seule volonté.
L’Europe, comme le reste du monde, est confrontée à deux défis ma-
jeurs et immédiats.
Celui de l’énergie dont nous n’avons que récemment pris conscience,
défi vital non seulement du point de vue de la sécurité des approvisionne-
ments, mais surtout de la disponibilité des ressources. Des stratégies coll-
ectives et des partenariats, des efforts dans les domaines de la recherche et
de l’innovation, sont cruciaux.
Celui de la sécurité, tant du point de vue traditionnel de la défense du
territoire que de celui des menaces issues, notamment, de l’internationali-
sation du terrorisme, du crime organisé et de la cybercriminalité.
La lettre de mission du Premier ministre ouvre plusieurs pistes qui
2pourraient, chacune, faire l’objet d’un rapport distinct . Certaines recoupent
et complètent la politique publique d’intelligence économique que j'ai appe-
3lée de mes vœux dans mon rapport précédent . L’essentiel reste toutefois à
mettre en œuvre par les pouvoirs publics, encore trop timides en ce
domaine. Il faut aller au-delà d’une seule approche administrative.
Dans le cadre du présent rapport, j'ai choisi comme point de départ la
situation actuelle du monde et les contraintes et opportunités qu'elle génère
pour notre pays, afin de mettre l’accent sur ce qui nous permettra d’être à
armes égales avec nos partenaires et compétiteurs. Les développements et
les propositions sont articulés selon le cycle de l’entreprise: création,
recherche et financement, conquête de marchés. J’ai commencé par les pré-
alables nationaux -comme m’y ont invité nombre de mes interlocuteurs- in-
dispensables à l’efficacité des actions suggérées ensuite.
L’effort que nous devons engager est nécessairement collectif ; il n’est
pas réservé, tour à tour, à des segments différents de la société, agissant à
1 « Penser l’après-libéralisme », Libération, 22 septembre 2005.
2 A l'instar du rapport du Commissariat général du Plan «Le Dispositif Français de Nor-
malisation, évaluations et perspectives», mai 1997, dont nombre d'analyses restent d'ac-
tualité.
3 «Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale», La Documentation
française, juin 2003.
7
))))))))))chaque fois, de manière solitaire –individus, citoyens, entrepreneurs, acteurs
sociaux, fonctionnaires, responsables politiques. Il demande anticipation,
concertation, débat et volonté d’agir ensemble.
Face aux défis à relever, j'ai estimé nécessaire, pour répondre aux ob-
jectifs fixés par cette mission, de prôner, au-delà de nos relations transatlan-
tiques, connues, une vision et une dynamique continentales, notamment en
rencontrant nos partenaires distincts, allemands et russes.
S'agissant de l'Allemagne, de mon entretien avec l'un des membres du
Conseil des Sages («Sachverstandigenrat») du Chancelier fédéral, je retiens
que la volonté et l'action politiques sont à la base de cette «alchimie singu-
lière» qui fonde l'amitié franco-allemande; que les outils concrets de la coo-
pération bilatérale mis en place progressivement depuis le Traité de l'Elysée
continuent de conforter cette relation et d'absorber les différends; enfin que
l'association de nos économies et de nos politiques constituent toujours une
force d'entraînement vis-à-vis de nos autres partenaires en Europe et du reste
du monde.
Pour ce qui est de la Russie, je me suis entretenu notamment avec le
Représentant spécial du Président de la Fédération pour les relations énergé-
tiques extérieures, le Président de l'Union des entreprises et avec le Prési-
dent de la compagnie métallurgique, Severstal. Ces entretiens ont confirmé à
mes yeux la volonté de la Russie d'être partie prenante à l'Europe à la me-
sure de ses ressources énergétiques, et l'importance d'établir des partenariats
stratégiques entre nos deux pays dans des domaines-clés, tels que l'énergie,
la défense, l'espace, les télécommunications et la santé, domaines qui ne
peuvent être abordés selon les seuls critères de l'analyse économique libé-
rale.
Enfin j’ai décidé de ne pas employer dans ce rapport deux locutions
utilisées de manière ambigüe par leurs détracteurs.
D’abord, celle de « patriotisme économique », promue dans mon rap-
4port précédent, si souvent employée à mauvais escient . Ses contempteurs,
en France et en Europe, l’ont habilement déguisé en « protectionnisme »,
sans doute se souvenant du dicton populaire : «Qui veut noyer son chien,
l’accuse de la rage».
Ensuite, celle de « politique industrielle ». Elle est ignorée de ceux de
nos partenaires européens qui n’ont pas ou guère d’industrie, désertée par
les Britanniques au profit des services, abritée par les Allemands derrière
l’action des Länder ou des fondations. Elle a été d’abord considérée comme
la condition de la reconstruction des Etats puis de l’Union européenne, et
ensuite comme une entrave à la mise en place du marché intérieur, même si
elle semble aujourd’hui en convalescence dans les cabinets des commissai-
res européens qui en ont, cependant, des visions divergentes. Dans ce do-
maine comme en d’autres, la France aura joué le rôle de précurseur en
créant, par exemple, l’« Agence pour l’Innovation Industrielle ».
Il est pourtant bien question dans ce rapport de « patriotisme économi-
que » et de « politique industrielle »! La plupart des Etats ont habillé ces
deux notions d’un discours qui s’inspire d'une théorie libérale justifiant l'ef-
facement de l’Etat dans l’activité économique, tout en mettant en place, en
catimini, les institutions, les outils et les méthodes qui associent, en amont,

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