Informatique flash

Appoline Raposo

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Extrait

ÉCOLE POLYTECHNIQUE INFORMATIQUE FÉDÉRALE DE LAUSANNE Valencia Bogota page 11 page 3Charleroi Zarzal page 2 Strasbourg Genève page 26 Morteau Lisboa Ceske Budejovice page 5 page 30 BudapestUtrecht page 9 Lausanne Dakar page 35 Jœnsuu page 21 Antananarivo St. Petersbourgpage 41 page 17 Ouagadougou Bangkokpage 15 page 33 Cluj-Napoca Chisinaupage 23 page 18 FLASHT E R R A I N F O R M A T I C A Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague (Jacques Brel) de Charleroi – Belgique par Jean-Jacques Dumont, EPFL – Service informatique central Editorial Brel exagère un peu: il y a d’autres désintéressée et constructive était bel et bien possible. mers que la Mer du Nord, et peut-être même reste-t- A la lecture de ce modeste fascicule, nous verrons il quelques coins de terre sur la Terre qui ne soient pas comment en Hongrie et en République Tchèque, le défrichés encore. Toutefois, l’informatique, mainte- CERN a pu directement apporter des éléments de nant mise en réseau universel grâce à Internet, est en réflexions permettant d’envisager une intégration plus train de bouleverser la face de notre brave vieille rapide dans cette mouvance des Pays d’Europe de planète plus rapidement qu’il ne faut pour l’imaginer. l’Est, qui figurent aujourd’hui parmi les plus défavori- Le but de ce Flash informatique spécial été1996 est sés. Cette indigence actuelle, et que l’on espère de donner au lecteur une fugitive impression de cette momentanée, sera confirmée par d’autres témoigna- explosion à travers des textes à sujet libre que nous ont ges venus de Roumanie, de Moldavie, ainsi que de fournis quelques témoins rapprochés du phénomène. la prestigieuse ville de St-Petersbourg. Première constatation: bien qu’aucun thème par- Nous verrons également comment l’Amérique ticulier n’ait été proposé à ces auteurs tout aussi Latine, en particulier la Colombie et le Venezuela, ont impromptus que bénévoles, il en ressort que sur tous su saisir cette chance pour relancer leur développe- les continents, l’introduction des nouveaux moyens de ment de façon spectaculaire. Mais pas aussi specta- communication a fait naître des espoirs qui peu à peu culaire toutefois que dans les pays de l’Est Asiatique, cessent de paraître fous. Partout, cette évolution où la Malaisie, l’Indonésie et la Thaïlande notamment provoque une prise de conscience et une mobilisation sont en train de rattraper le peloton de tête composé autour de cette possibilité de rétablir une certaine du Japon évidemment, mais aussi de la Chine, de la égalité d’accès à l’information, à la formation, à Corée et de Singapour. l’éducation et à la culture. Nous visiterons surtout l’Afrique, menacée d’ex- Bien sûr, il y a loin du rêve à la réalité. Mais déjà clusion définitive, mais d’autant plus motivée pour le rêve en soi est une formidable thérapie par rapport s’accrocher au fourgon du rapide en partance: de au catastrophisme ambiant. Y croire, c’est déjà un Dakar à Madagascar en passant par Ouagadou- début de réussite. gou, nous verrons que même avec très peu de moyens Seconde constatation: le modèle du web, ima- il est possible de rester dans le coup. giné au CERN pour établir des canaux de diffusion Et l’Europe dans tout cela? Notre économie d’information dynamiques et conviviaux entre tous les menacée de toutes parts devrait également profiter de membres d’une certaine communauté (celle des phy- ce bol d’air frais, comme en attestent les billets reçus siciens spécialisés en hautes énergies) a largement de Finlande et des Pays-Bas. Et puis, il reste notre démontré son efficacité bien au-delà de ce cercle privilège: celui de la philosophie et la dialectique, restreint. On peut dire que cette tour de Babel où se comme celles pratiquées au Portugal. N’empêche côtoient depuis trente ans des individus de toutes qu’ignorer aujourd’hui l’ampleur du phénomène re- origines, cultures, langues, idéologies mais qui parta- viendrait à nous plonger définitivement dans un gent les mêmes intérêts scientifiques aura démontré au processus de décadence irréversible. A bon enten- reste de l’humanité qu’une cœxistence pacifique, deur? n 2 Charleroi—l F El fin de cien años de soledad Zarzal – de Bogota – Colombie par Eduardo Sanchez , EPFL – Laboratoire de Systèmes Logiques Internet en Colombie UNE EXPÉRIENCE AVEC LA ces allouées à la recherche dans les pays du Nord et COLLABORATION DE L’EPFL du Sud, il est inutile d’expliquer dans quel sens se font les transferts d’information dans Internet… Pour ne pas Bien que j’aime continuer à croire que c’était sous parler de la mainmise croissante des sites commer- forme de boutade qu’un responsable départemental ciaux sur le Web, qui pourraient le transformer en un énorme panneau d’affichage en peu de temps.de l’informatique à l’EPFL a affirmé un jour devant moi préférer la fermeture de la bibliothèque centrale à Cet état de choses est facilement visible dans la l’interdiction d’accès à Internet pour les étudiants, il est liste des 125 meilleurs sites du Web publiée par indéniable que, en très peu de temps, Internet, la très L’Hebdo: il est rare d’y trouver un site en dehors d’un médiatique autoroute de l’information, est devenu un pays industrialisé, voire en dehors des USA. Il est outil de travail indispensable pour les chercheurs. donc remarquable d’y voir un site de la Colombie, Au-delà de ce fait incontestable, certains lauda- pays connu sous nos latitudes presque exclusivement teurs d’Internet lui trouvent d’autres qualités, un peu pour sa production de cocaïne: le site du journal El plus discutables: vecteur de diffusion de la démocra- Tiempo de Bogota apparaît à côté du New York tie et du progrès matériel, outil d’aide au développe- Times ou de CNN. ment pour les pays du tiers monde, par exemple. Mais les choses deviennent plus intéressantes Difficile de séparer la part d’utopie, indissociable à pour nous quand on sait que ce n’est pas un fait isolé, tout développement technologique important, de la que des chercheurs colombiens utilisent couramment réalité. En ce qui concerne les avantages de la Internet, que d’autres serveurs aussi intéressants exis- société de l’information pour les pays en voie de tent également en Colombie (une recherche dans développement, il me semble tout de même qu’assez AltaVista indique, par exemple, que Zarzal, ma ville souvent on oublie la réalité socio-économique du natale, comme tout le monde le sait, apparaît dans monde dans lequel s’inscrit Internet. Voyons quelques 25 endroits) et que, surtout, la Suisse et l’EPFL en chiffres: particulier ont contribué, directement et indirecte- le nombre d’ordinateurs personnels est d’un peu ment, à cet essor d’Internet dans un pays du Sud. moins de 200 millions, pour une population En effet, la première utilisation d’Internet comme mondiale de 6 milliards; moyen de communication entre les chercheurs colom- l des 10 millions d’ordinateurs connectés à Internet, biens fut la création, en 1990, par Fernando Rivera, près de 60% sont localisés aux USA; physicien colombien du CERN, de Colext, un listserver l 15% de la population mondiale, concentrés dans pour des colombiens à l’étranger (à l’époque il quelques pays riches, possèdent les trois quarts n’existait en Colombie aucune liaison avec Internet). des principales lignes téléphoniques, premier Le succès de cette liste (très rapidement il y eut moyen d’accès à Internet. plusieurs centaines de colombiens inscrits) a révélé le Si à ces chiffres on ajoute la disparité de ressour- nombre et l’importance des chercheurs colombiens à 3 I S P E C I A L E T E — Bogota - 3 S E P T E M B R E 1 9 9 6l l l l n l l l l T E R R A I N F O R M A T I C A Colombie: Jerry est rentré avec une colombienne). Aujourd’hui ils sont mariés, heureux et attendent un enfant, installés en Californie, où Jerry travaille pour Logitech). Un nouvel ingénieur informaticien EPFL, Rolf Grau, est le remplaçant de Jerry. Et un troisième sera le remplaçant de Rolf cette année, lors de son retour. Entre temps, d’autres enseignants colombiens sont venus dans notre département d’informatique pour l’étranger. Colciencias, l’équivalent colombien de parfaire leur formation. Aussi, Walter Pineda, de notre Fonds National, comprit l’intérêt de mettre cette UniValle, et Antonio Restrepo, responsable du réseau communauté en contact avec les groupes de recher- à l’EAFIT à Medellin et pionnier d’Internet en Colom- che du pays: le réseau Caldas fut ainsi créé, avec des bie, sont aujourd’hui au LTI, Fabio Restrepo et Andres nœuds dans les principaux pays industrialisés, avec Perez, de UniValle, au LSL (ceci sans compter d’autres pour finalité la mise en contact entre les chercheurs boursiers non informaticiens qui se trouvent aux dé- colombiens de l’intérieur et de l’extérieur. L’un des partements d’électricité et de chimie). premiers nœuds, et l’un des plus actifs fut le suisse, par Aujourd’hui la culture Internet a envahi les univer- l’intermédiaire de l’ACIS (Association Colombienne sités colombiennes, le contact entre les groupes de de Chercheurs en Suisse), dont je suis le président chercheurs est devenu plus aisé, les discussions dans depuis sa création en 1992. les News sont très actives, et les serveurs Web Un premier lien, exclusivement de email, fut établi foisonnent, qu’ils par Bitnet avec la Universidad de los Andes, princi- soient académi- pale université privée du pays. D’autres universités ques, commerciaux utilisaient le modem pour communiquer avec los ou institutionnels. Si Andes et de là avec l’extérieur. En 1993, les trois vous voulez avoir universités les plus actives, los Andes à Bogotá, une autre image de Universidad del Valle à Cali et EAFIT, université la Colombie que privée de Medellin, se sont mises d’accord pour créer celle diffusée par les un réseau national, aux normes d’Internet. pages internationa- L’une de ces trois universités, l’Universidad del les de nos journaux, Valle avait signé depuis 1981, sous mon impulsion, faites un détour par un accord de coopération avec l’EPFL. Da