L émigration javanaise : mythes et réalités  - article ; n°571 ; vol.102, pg 255-276
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L'émigration javanaise : mythes et réalités - article ; n°571 ; vol.102, pg 255-276

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Description

Annales de Géographie - Année 1993 - Volume 102 - Numéro 571 - Pages 255-276
The Javanese are famous as clever rice-growers, as well as deep rooted peasants. Indeed for a good while, they seldom sailed out their native island contrary to the Bugis, the Banjars and the Minangkabaus. Yet, at the end of the twenthieth century, their mobility progressivly increased in such a way that migratory flows swelled up after the second world war. This is the reason why we sometimes hear about a governemental attempt to javanize the Indonesian Earth. However when precisely analyzing the phenomenon, it clearly appears that Javanese settlements only gained in importance in a small number of provinces, mainly in Sumatra. Through a survey conducted in Sumatra Lampung pioneer front area, it becomes easy to point out the complexity of the situation : the impact of sponsored migrations is far less important than expected. Finally, when coming back to Java, or more precisely to the Special Province of Yogyakarta, some false certitudes have to be reconsidered : the link between high demographic pressure and emigration is less evident than expected as well as the unavoidable occurence of Javanese spreading throughout the entire archipelago.
Les Javanais ont acquis une réputation de riziculteurs minutieux et enracinés. De fait, durant des siècles, ils ne quittent guère leur île natale ; seuls les Bugis, les Banjar et les Minangkabau ont la réputation d'être de grands voyageurs. Ce n'est qu'au début du XXe siècle que la mobilité des Javanais s'accroît et c'est seulement après la seconde guerre mondiale que se développent des courants migratoires intenses. Certains dénoncent à cette occasion une volonté gouvernementale de « javanisation » de l'archipel bien qu'à y regarder de près le peuplement javanais ne soit significatif qu'à Sumatra, dans un nombre limité de provinces. L'analyse de la situation au Lampung, région de « terres-neuves » par excellence, démontre, si besoin est, la complexité du phénomène : l'incidence des programmes de colonisation dirigée demeure faible contrairement à toute attente. Enfin, un retour à Java, dans la « Région Administrative Spéciale » de Yogyakarta, permet de remettre en cause un certain nombre d'idées reçues : la liaison entre hautes pressions démographiques et émigration est moins évidente qu'il n'y paraît, de même que le caractère inéluctable de l'expansion javanaise Outre-Mer.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Daniel Benoit
M. Olivier Sevin
L'émigration javanaise : mythes et réalités
In: Annales de Géographie. 1993, t. 102, n°571. pp. 255-276.
Citer ce document / Cite this document :
Benoit Daniel, Sevin Olivier. L'émigration javanaise : mythes et réalités . In: Annales de Géographie. 1993, t. 102, n°571. pp.
255-276.
doi : 10.3406/geo.1993.21146
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1993_num_102_571_21146Abstract
The Javanese are famous as clever rice-growers, as well as deep rooted peasants. Indeed for a good
while, they seldom sailed out their native island contrary to the Bugis, the Banjars and the
Minangkabaus. Yet, at the end of the twenthieth century, their mobility progressivly increased in such a
way that migratory flows swelled up after the second world war. This is the reason why we sometimes
hear about a governemental attempt to " javanize " the Indonesian Earth. However when precisely
analyzing the phenomenon, it clearly appears that Javanese settlements only gained in importance in a
small number of provinces, mainly in Sumatra. Through a survey conducted in Sumatra Lampung
pioneer front area, it becomes easy to point out the complexity of the situation : the impact of sponsored
migrations is far less important than expected. Finally, when coming back to Java, or more precisely to
the Special Province of Yogyakarta, some false certitudes have to be reconsidered : the link between
high demographic pressure and emigration is less evident than expected as well as the unavoidable
occurence of Javanese spreading throughout the entire archipelago.
Résumé
Les Javanais ont acquis une réputation de riziculteurs minutieux et enracinés. De fait, durant des
siècles, ils ne quittent guère leur île natale ; seuls les Bugis, les Banjar et les Minangkabau ont la
réputation d'être de grands voyageurs. Ce n'est qu'au début du XXe siècle que la mobilité des Javanais
s'accroît et c'est seulement après la seconde guerre mondiale que se développent des courants
migratoires intenses. Certains dénoncent à cette occasion une volonté gouvernementale de «
javanisation » de l'archipel bien qu'à y regarder de près le peuplement javanais ne soit significatif qu'à
Sumatra, dans un nombre limité de provinces. L'analyse de la situation au Lampung, région de « terres-
neuves » par excellence, démontre, si besoin est, la complexité du phénomène : l'incidence des
programmes de colonisation dirigée demeure faible contrairement à toute attente. Enfin, un retour à
Java, dans la « Région Administrative Spéciale » de Yogyakarta, permet de remettre en cause un
certain nombre d'idées reçues : la liaison entre hautes pressions démographiques et émigration est
moins évidente qu'il n'y paraît, de même que le caractère inéluctable de l'expansion javanaise Outre-
Mer.emigration javanaise
mythes et réalités
Démographe chargé de recherche Daniel O.R.S.T.O.M BENOIT
Olivier SEVIN
Géographe Maître de Conférences Université de Paris-Sorbonne
archipel indonésien composé un peu plus de 13 000 îles et îlots
se déploie sur près de 47 de longitude 94 141 05 de longitude
est et sur un peu plus de 18 de latitude 02 de latitude nord
11 15 de latitude sud est par conséquent le plus grand archipel du
monde il étend sur une distance excédant celle de Gibraltar Oural
La République Indonésie qui succédé aux Indes Néerlandaises est
donc un pays la fois très vaste 491 000 km2 et très morcelé
ce morcellement extrême correspond une richesse infinie de
peuples qui très souvent identifient leur île Ensemble ils totalisent
179 194 223 en 1990 Mais la population indonésienne est parti
culièrement mal répartie Les îles de Java de Madura et de Bali qui
font vivre 62 de la population du pays occupent que du
territoire national inverse certaines îles sont sous-peuplées notam
ment Iran Jay partie occicentale et indonésienne de la Nouvelle-
Guinée Kalimantan partie indonésienne de Bornéo voire dans une
moindre mesure Sumatra
Ce est pas un phénomène unique car irrégularité du peuplement
caractérise toute Asie du Sud-Est où les phénomènes de colonisation
pionnière sont légion Il suffit évoquer la bonification des trois
grands deltas Irrawady Chaopraya et Mékong pour en convaincre
Mais la situation indonésienne est originale abord si en Asie conti
nentale ces mouvements pionniers sont anciens et achevés en Indoné
sie la colonisation est actuelle Ensuite en Indonésie ces transferts de
populations effectuent sous une double forme migrations spontanées
et depuis 1905 migrations organisées dans le cadre du programme
colonial de Kolonisatie puis de Transmigration de Indonésie indé-
Ann Gèo. no 571 1993 256 ANNALES DE OGRAPHIE
pendante Enfin et surtout alors que on sait que ce déséquilibre
démographique est ancien que dès le milieu du xixe siècle le problème
de la surpopulation javanaise se pose avec acuité on constate que
émigration javanaise est curieusement un phénomène récent Les
Javanais ne commencent quitter leur île au début du xxe siècle et
ce est après la seconde guerre mondiale que le mouvement prend
de ampleur Pour aussi paradoxal que cela puisse paraître ce est
donc pas lorsque les disettes succèdent aux famines cet égard les
années 1849-1850 sont terribles dans le Centre-Java que les mouve
ments migratoires amorcent mais bien plus tard après 1880 Et
cette fois encore ces migrations sont très originales les Javanais en fin de siècle ne se dirigent que vers la côte du détroit de Malaka
Il décidément de quoi surprendre quiconque en tête image de
ces flots emigrants irlandais chassés de leur terre par la maladie de
la pomme de terre et la misère dès 1846
On le voit donc les interrogations sont multiples Sous quelles
formes ont débuté les migrations javanaises Quelle est la part des
migrations spontanées Quelle est celle des migrations organisées La
question mérite autant plus être posée que on attribue souvent
une volonté de javanisation de archipel aux actions entreprises par
le ministère de la Transmigration Il faut donc très logiquement inter
roger sur les inégalités spatiales de cette présence javanaise Outre-
Mer
Il est depuis peu possible de répondre ces questions parce que
pour la première fois la ventilation île par île et province par province
du poids démographique des différents peuples de archipel pu être
obtenue alors pour des raisons politiques évidentes compte
tenu de la faiblesse du sentiment national ces données demeuraient
confidentielles seuls étaient publiés des recensements qui ne dénom
braient que des Indonésiens En outre de 1985 1987 une série
enquêtes pu être menée au Lampung2 dans des régions de terres-
neuves où sont surreprésentés les migrants spontanés tandis en
1990 et 1991 des enquêtes villageoises fines ont été lancées Java
cette fois dans la Région Administrative Spéciale de Yogyakarta Il est
donc dorénavant permis non seulement de cerner et de quantifier le
phénomène mais aussi apprécier le poids relatif des différents facteurs
qui concourent la prise de décision
Il ne agit pas proprement parler un recensement base ethnique sur le modèle
du Recensement Général des Indes Néerlandaises de 1930 Il agit un sondage au 1/20
représentatif au niveau kabupaten ou département) sur la langue ou les dialectes utilisés dans la
vie courante Fort heureusement pour notre propos les Javanais sont sans doute les Indonésiens
qui restent le plus attachés leur langue maternelle
Le Lampung constitue extrémité méridionale de Sumatra
Ann Gèo. no 571 1993 JAVANAISE MYTHES ET ALIT 257 MIGRATION
la fin du xi siècle les migrants
ne sont pas javanais
est bien là que réside le paradoxe Malgré les famines qui pério
diquement endeuillent Java dans les années 1840-1850 rares sont les
Javanais qui prennent la décision irrévocable de quitter leur île Certes
on dit hui que les paysages du Sud-Sumatra évoquent image
une petite Java certes on affirme toujours que est parce que
les Javanais ont trouvé un milieu qui leur paraissait familier et ils
ne ressentent guère le dépaysement il en demeure pas moins vrai
en 1850 alors que les villageois meurent de faim Java le Lampung
quelques encablures de la côte javanaise reste vide hommes En <

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