Léconomie française : ruptures et continuités de 1959 à 2006
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Avant le choc pétrolier de 1974, la France connaît une croissance forte et régulière, fondée sur le dynamisme de la consommation des ménages comme de l’investissement des entreprises. Depuis lors, la croissance française est à la fois plus faible et plus volatile. Depuis le début des années 1990, la part des rémunérations dans la valeur ajoutée des entreprises se stabilise à un niveau inférieur à celui des années 1960. Elle était restée constante jusqu’au milieu des années 1970, puis s’était accrue jusqu’au milieu des années 1980 avant de s’infléchir ensuite. L’évolution du pouvoir d’achat, moins dynamique depuis le milieu des années 1970, pèse sur la consommation des ménages. Le taux d’investissement des entreprises baisse depuis le début des années 1960, bien que leur taux de marge se soit redressé. Malgré la hausse des prélèvements obligatoires, le besoin de financement des administrations publiques s’est globalement alourdi du début des années 1960 au milieu des années 1990. Une croissance plus faible et plus volatile depuis le premier choc pétrolier Une déformation durable du partage de la valeur ajoutée Une montée des prestations sociales et des revenus de la propriété Une décélération du pouvoir d’achat des ménages Une baisse continue du taux d’investissement des entreprises Des finances publiques contraintes par le poids de la dette Une augmentation des prélèvements obligatoires La Nation à nouveau confrontée au besoin de financement Encadré L'évolution du partage de la valeur ajoutée depuis 1959

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Langue Français

Extrait

N° 1136 - MAI 2007
PRIX : 2,30€
L’économie française :
ruptures et continuités de 1959 à 2006
Jacques Bournay, Pierre-Alain Pionnier,
division Concepts, méthodes et évaluation des comptes nationaux, Insee
vant le choc pétrolier de 1974, la En France, le premier choc pétrolier marque la
fin d’une période de forte croissance qui duraitFrance connaît une croissance
depuis la fin du second conflit mondial. AlorsAforte et régulière, fondée sur le
que le pays connaît une croissance moyennedynamisme de la consommation des ména-
de 5,6 % par an entre 1960 et 1974 (gra-
ges comme de l’investissement des entre-
phique 1), le rythme de progression du PIB
prises. Depuis lors, la croissance française baisse par la suite nettement. Depuis 1975, la
est àlafoisplusfaibleetplusvolatile. croissance ne s’élève qu’à 2,3 % par an en
moyenne et s’avère plus volatile qu’aupara-Depuis le début des années 1990, la part
vant ; néanmoins, le PIB en volume a quasi-des rémunérations dans la valeur ajoutée
ment doublé en trente ans.des entreprises se stabilise à un niveau
En valeur, la composition de la production par pro-
inférieur à celui des années 1960. Elle
duits évolue de façon assez régulière depuis la fin
était restée constante jusqu’au milieu des des années 1950. La part de la production agri-
années 1970, puis s’était accrue jusqu’au cole passe de 10 % à 2 %. Celle de la production
milieu des années 1980 avant de s’inflé- industrielle se replie de 44 % à 30 %, alors que
celle des services marchands et non marchandschir ensuite.
croît de 40 % à un peu plus de 60 %. La part de laL’évolution du pouvoir d’achat, moins
construction reste relativement stable et oscilledynamique depuis le milieu des années
autour de 8 % de la production totale.
1970, pèse sur la consommation des
Sur longue période, l’ouverture internationale
ménages. de la France se traduit par une forte croissance
Le taux d’investissement des entreprises du poids des importations et des exportations
baisse depuis le début des années 1960, dans le PIB. Alors qu’elles représentaient envi-
ron un huitième du PIB en 1960, leur poidsbien que leur taux de marge se soit
atteint aujourd’hui un peu plus du quart. Enredressé.
revanche, le poids dans le PIB des dépensesMalgré la hausse des prélèvements obli-
de consommation des ménages (55 %) et de
gatoires, le besoin de financement des
l’investissement (environ 20 %) est resté relati-
administrations publiques s’est globale- vement stable dans le temps. L’augmentation
ment alourdi du début des années 1960 au de la variabilité du PIB est, elle, fortement liée à
celle de l’investissement.milieu des années 1990.
Taux de croissance du PIB en volume
en %
10
1960-1974 : 5,6 % 1975-2006 : 2,3 %
8 Contribution des dépenses de consommation des ménages
Contribution de l'investissement total (FBCF)
6 Taux de croissance du PIB (volume)
4
2
0
–2
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004 2006
Source : comptes nationaux, Insee.
INSEE
PREMIEREencaisses réelles. Ainsi, l’évolution desUne déformation durable Une décélération
dépenses de consommation passe dedu partage de la valeur ajoutée du pouvoir d’achat des ménages
5,6 % par an en moyenne sur la période
Pour les sociétés non financières Pendant les quinze années qui précè- 1960-1974 à 2,6 % entre 1975 et 1987.
(encadré), la part des rémunérations dent le premier choc pétrolier, les ména- Durant cette dernière période, les ména-
dans la valeur ajoutée, après avoir ges bénéficient d’une croissance de leur ges réduisent leur taux d’épargne de
oscillé autour de 70 % jusqu’au milieu pouvoir d’achat de 5,6 % par an en 21 % à 11 %, et compensent partielle-
des années 1970, s’accroît sous l’effet moyenne, contre 2,0 % depuis 1975 ment le ralentissement du pouvoir d’a-
des deux chocs pétroliers (1974 et (graphique 4). Néanmoins, la décéléra- chat à 1,6 % par an.
1979) pour dépasser 74 % en 1982 tion des dépenses de consommation
(graphique 2).Aveclamiseenplace des ménages (hors prestations sociales Une baisse continue
d’une politique de désinflation compé- en nature) est beaucoup moins nette jus- du taux d’investissement
titive, elle rejoint le niveau d’avant le qu’à la fin des années 1980. En effet, les
des entreprises
premier choc pétrolier en 1986 et ménages compensent en partie la décé-
continue de décroître jusqu’en 1989. lération de leur pouvoir d’achat par une Le taux des sociétés
Elle oscille depuis lors autour de 65 %. diminution de leur taux d’épargne (défi- non financières (SNF) est globalement
nitions) dans un contexte de désinflation en baisse depuis la fin des années 1950
qui nécessite moins de reconstituer des (graphique 5). Ce mouvement structurel
Une montée des prestations
Part des rémunérations dans la valeur ajoutée du secteur non financiersociales et des revenus
en %de la propriété 80
75
VA des SNF (prix de base)Quatre évolutions notables affectent la VA des SNF (prix du producteur, base 1980)
70composition du revenu des ménages
65depuis la fin des années 1950. La part
des prestations sociales en espèces 60
s’accroît de près de moitié entre 1974 et
55
VA des SNFEI (prix de base)1986 (graphique 3). Depuis lors, elle se
50
stabilise à environ 30 % du revenu dis-
45ponible brut (RDB) (définitions). La part
1959 1963 1967 1971 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2006
des revenus du patrimoine (y compris
Source : comptes nationaux, Insee.
les loyers) a été multipliée par plus de
deux depuis 1959, passant de 10 % à Composition du revenu des ménages
près de 25 % du RDB. Le poids des en %
impôts et des cotisations sociales dans 130
Autres transferts courants
le revenu a suivi une évolution compa- 110
Prestations sociales en espècerable et représente aujourd’hui un peu 90
moins de 25 % du RDB. Concernant 70 Revenusdelapropriété
l’agrégat formé par le revenu mixte et 50
Salaires brutsles salaires bruts, sa part dans le 30
revenu n’a que légèrement diminué, Revenu mixte10
0passant de 80 à 70 % du RDB, mais sa
Impôts courants– 10
composition a notablement évolué en
– 30 Cotisations socialesraison de l’augmentation de la propor- 1960 1970 1980 1990 2000 2006
Source : comptes nationaux, Insee.tion de salariés dans l’économie.
Évolution du pouvoir d’achat, des dépenses de consommation et de l’épargne des ménages
en %
25
Taux d'épargne
Dépenses de consommation (volume)
20
15
Déflateur de la consommation des ménages
10
Pouvoir d'achat du RDB
5
0
–5
1960 1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004 2006
Source : comptes nationaux, Insee.
INSEE - 18, BD ADOLPHE PINARD - PARIS CEDEX 14 - TÉL. : 33 (0) 1 41 17 50 50
INSEE
PREMIEREest toutefois corrigé par des rebonds premier choc pétrolier, ainsi que deDes finances publiques
cycliques durant les phases de forte l’impact de la récession sur les ren-contraintes par le poids
croissance de la fin des années 1980 et trées fiscales. De 1981 à 1999, le
de la dette
de la fin des années 1990. solde primaire (hors intérêts versés
S’agissant des conditions de finance- La période de croissance forte et et revenus d’actifs reçus) des APU
ment de l’investissement, le taux d’auto- régulière d’avant le premier choc pétro- est systématiquement négatif. Cela
financement (définitions) se maintient lier coïncide, sauf en 1968, avec une entraîne une forte croissance de la
entre 50 % et 60 % jusqu’à la moitié des situation excédentaire des comptes dette et des charges d’intérêts qui
années 1970. Il chute ensuite à partir du publics. Les charges d’intérêts des atteignent un maximum de 3,7 points
premier choc pétrolier, pour atteindre un administrations publiques (APU) sont de PIB en 1996. L’accroissement du
minimum de l’ordre de 35 % en 1982. Il alors faibles et même légèrement infé- déficit primaire jusqu’à 3,9 points de
se redresse rapidement dans la seconde rieures aux revenus de leurs actifs. Le PIB lors de la récession de

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