Les degrés d utilisation des équipements industriels : évolutions cycliques et stabilité sur longue durée durée
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La variation des degrés d'utilisation des équipements industriels permet d'ajuster, à court terme, les capacités de production aux fluctuations de l'activité économique. Depuis le début des années soixante, ces degrés d'utilisation sont restés stables : 85 % environ pour le taux d'utilisation et 50 heures hebdomadaires pour la durée. Les secteurs dont les processus de production sont plus intensifs en capital ont des degrés d'utilisation plus élevés. Aux États-Unis, le cycle du taux d'utilisation des capacités de production est en avance sur les cycles européens et la durée d'utilisation des équipements plus longue.

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Langue Français

Extrait

N° 470 JUILLET 1996
Prix : 14 F
LES DEGRÉS D’UTILISATION
DES ÉQUIPEMENTS INDUSTRIELS :
Évolutions cycliques
et stabilité sur longue période
Gilbert Cette, Banque de France et Claire Waysand, Insee
l’utilisation du capital (Cf. Pour comprendrea variation des degrés d’utilisa
ces résultats).
tion des équipements industrielsL permet d’ajuster, à court terme, Taux et durée d’utilisation du capital
les capacités de production aux fluctua
Les degrés d’utilisation du capital sont le
tions de l’activité économique. Depuis le plus souvent appréhendés par deux catégo
début des années soixante, ces degrés ries d’indicateurs. La première correspond
au taux d’utilisation des capacités de pro d’utilisation sont restés stables : 85 %
duction (TU), c’est à dire au rythme auquel
environ pour le taux d’utilisation et les équipements sont utilisés (quand ils
50 heures hebdomadaires pour la durée. "tournent"), en référence à un rythme possi
ble d’utilisation. De nombreux processus deLes secteurs dont les processus de
production peuvent ainsi être ralentis ou
production sont plus intensifs en capital accélérés. Si, par exemple, une chaîne de
ont des degrés d’utilisation plus élevés. montage d’automobiles produit quarante
voitures à l’heure alors que sa capacitéAux États Unis, le cycle du taux d’utilisa
maximale est de cinquante voitures, le taux
tion des capacités de production est en d’utilisation des capacités de production des
avance sur les cycles européens et la équipements concernés est de 80 %. La
seconde catégorie d’indicateurs corresponddurée d’utilisation des équipements plus
à la durée d’utilisation des équipements
longue. (DUE) qui est, pour le capital, ce qu’est,
La prise en compte de l’intensité de l’utilisa Taux d’utilisation des équipements
tion du capital est importante pour l’analyse industriels entre 1962 et 1996
économique, tout particulièrement en pé-
riode de mouvements cycliques accentués.
En raison des délais entre la décision d’in
vestir et la mise en œuvre opérationnelle
des équipements, le stock de capital fixe
s’adapte lentement aux variations imprévues
de la demande. L’ajustement de l’offre se
traduit alors, à court terme, par une variation
des degrés d’utilisation des équipements. Si
l’accroissement des degrés d’utilisation est
fort, les tensions en résultandans l’ajuste t
ment de l’offre à la demande peuvent être
sources de pressions inflationnistes.
Un nombre croissant de mesures des de
grés d’utilisation a été proposé dans la litté
rature économique. Une telle diversité de
mesures reflète les multiples aspects de Sources : Insee et Banque de France
Pendant l’année de son cinquantenaire l’INSEE publie une série d’études rétrospectives
?
INSEE PREMIEREpour le travail, sa durée effective. Si latravail des personnes et celle des ches de l’industrie, suggère qu’une du
chaîne de montage prise en exemple machines. Ce développement progres rée d’utilisation adaptée aurait été at
est servie par deux équipes de salariés sif a surtout concerné le travail en deuxteinte durant la péiode 1963 1973.r
travaillant chacune cinq journées de équipes, qui obéit à des motivations Au cours de la période de croissance
sept heures trente par semaine, la durée économiques plus que technologiques mouvementée et incertaine des chocs
d’utilisation hebdomadaire des équi (à la différence du travail en continu). pétroliers, de 1973 au début des années
pements sera de 75 heures. Face à des réductions du temps de 80, le taux d’utilisation connaît tout
travail, les chefs d’entreprise pour d’abord une chute brutale (son niveau
raient ainsi maintenir la durée d’utilisa tombe à moins de 80 % en 1975) puisSur le long terme,
tion de leurs équipements à un niveauremonte progressivement jusqu’enles degrés d’utilisation
désiré. 1980 (à 86,6 % au premier trimestre).sont relativement stables...
Il chute à nouveau avec le second
Sur le long terme, aucune tendance à la choc pétrolier, revenant à 82,5 %...mais à plus court terme,
hausse comme à la baisse ne se dégage début 1982. La durée d’utilisation,leurs fluctuations accompagnent
de l’observation des degrés d’utilisation quand à elle, baisseégulièrement (jus rcelles de l’activité économique
des équipements (graphiques 1 et 2) . Le qu’à 46 heures en 1983), du fait de la
taux d’utilisation comme la durée fluc Les fluctuations des degrés d’utilisation réduction du temps de travail et d’un
tuent autour de leur niveau moyen : accompagnent assez nettement les moindre recours au travail posté (qui
environ 85 % pour le taux d’utilisationmouvements généraux de l’activité revient, en 1982, au nieau de 1970).v
et 50 heures pour la durée hebdomadaireéconomique. On discerne schémati- La période de récesion s puis de faible
(DUEA). Une telle stabilité signifie que quement quatre phases depuis le début croissance, amorcée au moment du
la croissance de long terme ne doit des années soixante. premier choc pétrolier, dégage des
rien à une utilisation plus intensive du Durant la période de croissance rapidecapacités de production inutilisées : la
capital. La période des fluctuations de qui précède le premier choc pétrolier, demande se modifie et certains équipe
la durée hebdomadaire d’utilisation le taux d’utilisation des capacités de ments, précédemment rentables, ne le
est plus longue que celle du taux d’uti production, d’abord stable aux environs sont plus. Le stock d’équipements
lisation car de fortes variations de de 85 %, s’élève à la fin des années productifs ne s’ajuste qu’avec inertie.
cette durée nécessitent d’importantes 1960, quand la croissance s’accélère Les surcoûts spécifiques au travail
réorganisations impliquant des délais encore, pour atteindre en 1973 un posté incitent les chefs d’entreprise
de conception, de négociations et de maximum d’un peu plus de 88 %. La à moins recourir à ce type d’organi
mise en place. durée d’utilisation hebdomadaire (DUEA) sation du travail.
La stabilité de la durée d’utilisation desdemeure à peu près stable, entre 52 Pendant la période de retour progressif
équipements est le résultat de deux heures et 53 heures. L’intensification à une croissance plus soutenue, de
tendances opposées qui se compen du travail posté permet de compenser 1982 à 1990, le taux d’utilisation, orienté
sent approximativement : d’une part, la tendance à la réduction du temps de à la hausse (il connaît un maximum de
la tendance séculaire à la réduction du travail, assez ralentie jusqu’à la fin desprès de 89 % en 1990), retrouve une
temps de travail, d’autre part, l’exten années 1960, plus rapide ensuite (ta valeur moyenne proche de celle atteinte
sion du travail posté, qui se traduit parbleau). Ce constat, qui peut être fait au avant le premier choc pétrolier. La durée
un écart grandissant entre la durée duniveau de chaune des grandes bran c d’utilisation est également orientée à
Durées hebdomadaires d’utilisation des facteurs Taux d’utilisation sectoriels, avec embauche,
de production dans l’industrie des équipements industriels
Sources : Durée du travail : Ministère du Travail et Insee ; DUEA et DUEB : Calculs à partir
d’enquêtes du Ministère du Travail, de l’Insee et de la Banque de france (cf. Pour en savoir
Source : Inseeplus : Insee Méthodes n° 49 50 51, 1995)
´`la hausse, mais le niveau atteint en finmoyen, comme leur amplitude de Le cycle américain des
de période (environ 49 heures en 1991)variation, diffèrent selon les secteurs. taux d’utilisation est en avance
demeure encore inférieur aux niveaux Les différences de niveau sont liées sur les cycles européens
d’avant le premier choc pétrolier (envi aux caractéristiques techniques des
ron 52 heures). Le recours au travail processus de production, en particulier Les TU obtenus pour différents pays
posté reprend lui aussi une

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