Rome 1215
31 pages
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Description

ROME, 1215 SONIA PELLETIER-GAUTIER ROME, 1215 Le comte, le pape et le Prêcheur Roman LES ÉDITIONS DU CERF © Les Éditions du Cerf, 2015 www.editionsducerf.fr 24, rue des Tanneries 75013 Paris ISBN 978-2-204-09296-8 Cette même année, c’est-à-dire l’an de l’incarnation mil deux cent quinze, un saint et universel synode fut célébré à Rome, dans l’église du saint Sauveur dite Constantine, au mois de novembre. Il fut présidé par le seigneur pape Innocent III, O¶DQ GL[ KXLWLqPH GH VRQ SRQWL¿FDW« MATTHEW PARIS(v.1200-1259), Chronica majora. Latran à Rome, lundi 30 novembre 1215, à la tombée du jour. Je ne peux me résigner. Dieu sait pourtant que ces trois semaines qu’a duré le concile œcuménique ont été riches en débats, en confrontations d’idées et en propositions éclairées ! De funestes événements se sont certes produits, mais ils n’avaient rien à voir avec ce vaste rassemblement, et les enquêtes criminelles auxquelles il a bien fallu se livrer n’ont en rien porté préjudice au travail intense de ces journées consacrées au bien de la chrétienté tout entière. Pedro lui-même, avec ses frasques que Foulques couvrait plus souvent qu’il n’aurait dû selon moi, n’a pas réussi à gâter l’ambiance.

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Publié le 29 juin 2015
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Langue Français

Extrait

ROME, 1215
SONIA PELLETIER-GAUTIER
ROME, 1215 Le comte, le pape et le Prêcheur
Roman
LES ÉDITIONS DU CERF
© Les Éditions du Cerf, 2015 www.editionsducerf.fr 24, rue des Tanneries 75013 Paris
ISBN 978-2-204-09296-8
Cette même année, c’est-à-dire l’an de l’incarnation mil deux cent quinze, un saint et universel synode fut célébré à Rome, dans l’église du saint Sauveur dite Constantine, au mois de novembre. Il fut présidé par le seigneur pape Innocent III, O¶DQ GL[KXLWLqPH GH VRQ SRQWL¿FDW« MATTHEWPARIS(v.1200-1259), Chronica majora.
Latran à Rome, lundi 30 novembre 1215,à la tombée du jour.
Je ne peux me résigner. Dieu sait pourtant que ces trois semaines qu’a duré le concile œcuménique ont été riches en débats, en confrontations d’idées et en propositions éclairées ! De funestes événements se sont certes produits, mais ils n’avaient rien à voir avec ce vaste rassemblement, et les enquêtes criminelles auxquelles il a bien fallu se livrer n’ont en rien porté préjudice au travail intense de ces journées consacrées au bien de la chrétienté tout entière. Pedro lui-même, avec ses frasques que Foulques couvrait plus souvent qu’il n’aurait dû selon moi, n’a pas réussi à gâter l’ambiance. Les conclusions sages et réfléchies auxquelles étaient parve-nues les commissions se sont enfin vues officialiser par le sceau du pape et devenir de prudents canons destinés à défier le temps et à s’imprimer partout et toujours dans l’esprit des prélats et des fidèles du monde entier ! Ces journées fastes devaient aussi couronner nos efforts de prédicateurs à nous tous, mes frères et moi, mon cher ami Diego surtout. La voix d’Innocent devait s’élever pour que vive partout notre idéal. Ce ne sera pas le cas. Pourtant nous sommes dans le vrai. Je le sais. Foulques a fait ce qu’il a pu pour me mettre du baume au cœur : nous avions obtenu satisfaction sur l’essentiel, je ne savais pas voir le bon côté des choses. Il ne mesure pas vraiment mes attentes, ne sait pas tout ce que nous avons bâti, Diego et moi, ni les épreuves entremêlées de joies que nous avons traversées.
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ROME, 1215
Diego ! Tu croyais tant à la force de la parole ! Toi qui m’as accompagné toute ma vie, comme tu es parti tôt ! Peut-être que toi, tu aurais su trouver les mots pour convaincre Innocent. Moi, je n’ai pas pu. Un bon point pourtant : Innocent accepte de me recevoir. Ce sera l’ultime duel, le face-à-face implacable de la logique politique guidant un souverain universel et des espoirs mesurés d’un petit prêtre, et ce combat-là, je dois le gagner. Je joue ce soir mon va-tout. Diego !… Qu’ai-je donc mal fait pendant ce concile ? Com-ment m’y prendre pour toucher enfin l’esprit du pape, si com-plexe, si brillant ? Comment trouver en même temps la porte de son cœur ? Ô Diego !… Que ton absence me pèse ! Sans un bruit, le garde ouvre grands les battants de la porte d’Innocent. D’où je suis, je ne vois pas le souverain pontife, mais sa voix, sonore et monocorde, crucifie le silence :  Entre, Domingo, entre…
Prologue
Latran à Rome, mercredi 11 novembre 1215.
– Que de gens ! Les yeux écarquillés, Pedro, comte de Castille, reste figé sur place. Devant l’église du Sauveur, la basilique Saint-Jean de Latran où le pape va ouvrir bientôt le concile tant attendu, la foule se presse. Ondulante et bruyante, elle court, cherche des yeux les prélats et les princes les plus prestigieux, bouscule le promeneur, revient et repart sans cesse. Vive et curieuse, elle commente, rit, se plaint de la promiscuité, s’étonne, se congratule, se provoque et rit de nouveau. Pedro la regarde sans la voir et se tourne vers Domingo. – Que de gens ! répète-t-il, l’air assommé. – Bel esprit d’observation ! réplique son ami. C’est toujours un plaisir de t’écouter. Domingo adresse en souriant un salut à son compagnon, puis avec une surprenante aisance fend la foule qui l’impressionnait tant. Il ne reste à Pedro qu’à dévisager ces gens qui de toutes parts le pressent et le poussent sans ménagement. « Décidément, quel monde ! » Cette fois, il est si contrarié qu’il cherche à s’évader. « Du reste, Domingo n’a pas besoin de moi dans l’église ! Il ne verra même pas que je ne suis pas là. » Il tente de s’esquiver par la gauche, n’y parvient pas et, pes-tant comme un beau diable, croit avoir trouvé une échappatoire sur sa droite, juste dans la place que lui laisse un enfant qui vient de tromper la vigilance de sa mère. Malheureusement pour Pedro, le père remet son fils à l’endroit qu’il n’aurait jamais dû
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