L’influence des politiques d’aide aux familles sur la fécondité dans les pays développés - article ; n°2 ; vol.9, pg 53-62
10 pages
Français

L’influence des politiques d’aide aux familles sur la fécondité dans les pays développés - article ; n°2 ; vol.9, pg 53-62

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
10 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Santé, Société et Solidarité - Année 2010 - Volume 9 - Numéro 2 - Pages 53-62
This article seeks to examine the impact of family policies on fertility. These policies appear unquestionably to have a positive effect, albeit to a limited extent, but affect birth schedules to a greater extent than lifetime fertility. However, it should be noted that this influence is no doubt underestimated because their relatively direct long-term effects are difficult to grasp.
Cet article tente de cerner l’impact des politiques de soutien aux familles sur la fécondité. Ces politiques semblent avoir incontestablement un effet positif, mais d’ampleur limitée, et agir davantage sur le calendrier des naissances que sur la descendance finale. Notons cependant que cette influence est certainement sous-estimée en raison de la difficulté à saisir leurs répercussions plus ou moins directes à long terme.
10 pages

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2010
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
dossierPolitiques familiales et fécondité
L’influence des politiques d’aide aux familles sur la fécondité dans les pays développés
Olivier ThévenonFRANCE Économiste, Institut national d’études démographiques et Organisation de coopération et de développement économiques
Anne H. GauthierCANADA Chercheuse, Institut interdisciplinaire de démographie des PaysBas (Netherland Interdisplinary Demographic Institute) ; professeure, Université de Calgary
Cet article tente de cerner Résumé l’impact des politiques de soutien aux familles sur la fécondité. Ces politiques semblent avoir incontestablement un effet positif, mais d’ampleur limitée, et agir davantage sur le calendrier desnais sances que sur la descendance finale. Notons cependant que cette influence est certaine mentsousestimée en raison de la difficulté à saisir leurs répercussions plus ou moins directes à long terme.
This article seeks to exam Abstract ine the impact of family policies on fertility. These policies appear unquestionably to have a positive effect, albeit to a limited extent, but affect birth schedules to a greater extent than lifetime fertility. How ever, it should be noted that this influence is no doubt underestimated because their rela tively direct longterm effects are difficult to grasp.
SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
53 N° 2, 2010
La deuxième complexité de ce modèle réside dans la composante « préférence ». Or, on connaît mal la préférence des indi vidus pour les enfants. Certes, plusieurs enquêtes demandent aux individus quel est leur nombre idéal d’enfants, mais cette question est un indicateur très imparfait des « préférences » individuelles (voir entre autres Bühler, 2010).
Enfin, le cadre théorique est basé entiè rement sur l’hypothèse que la décision d’avoir ou de ne pas avoir un enfant découle
économique selon lequel la décision des indi vidus d’avoir ou non un enfant dépend entièrement de son coût, mesuré tant en termes financiers (coût direct) qu’en termes de temps devant lui être alloué (ce dernier n’étant pas affecté à d’autres activités, sou vent plus rémunératrices comme l’emploi, on parle alors de coût indirect ou d’oppor tunité). La décision dépend aussi du revenu des individus (ou du ménage) et de la pré férence des individus pour les enfants (en comparaison avec d’autres produits de 1 consommation) . Selon ce modèle, inspiré 2 des travaux de Becker dans les années 1960 , les aides de soutien aux familles peuvent donc avoir un effet positif sur la « demande » d’enfants en réduisant soit le coût direct d’un enfant (par exemple par les allocations fami liales), soit son coût indirect (par exemple par les prestations versées lors du congé de 3 maternité) .
Dès le départ, les études sur l’influence des aides de soutien aux familles sur la fécon dité ont pris pour base un modèle théorique
Le cadre théorique
Nous débutons en passant rapidement en revue le cadre théorique qui fait le lien entre politiques et fécondité. Nous dressons ensuite un aperçu des études empiriques sur l’impact des aides de soutien aux familles sur la fécondité, selon les travaux plus récents (basés davantage sur des données indivi duelles). Nous examinons à la fois l’effet des aides financières pour les familles et les aides de conciliation travailfamille. Nous concluons par une discussion des facteurs qui peuvent expliquer le caractère modeste de cette influence des aides de soutien aux familles sur la fécondité et leurs conséquences en termes d’inégalités sociales.
54 SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
1. À l’époque, le parallèle fait dans ce modèle économique entre les enfants et les produits de consommation a choqué de nombreux chercheurs (voir par exemple Blake, 1968). 2. Voir entre autres Becker (1960). 3. Notons que les aides de soutien aux familles peuvent être considérées comme un supplément au revenu du ménage ; elles sont susceptibles ainsi d’avoir un effet positif sur la fécondité.
Ce modèle, simple en apparence, tente cependant de capturer un processus de déci sion beaucoup plus complexe. Tout d’abord, comme l’avait déjà anticipé Becker, il peut se produire untradeoffentre le nombre d’enfants (quantité) et leur « qualité » (Becker, Lewis, 1973). Par ce fait, les aides de soutien aux familles peuvent être utilisées par les parents pour accroître leurs investissements moyens par enfant (et accroître ainsi leur « qualité », en investissant par exemple plus dans leur éducation) plutôt que d’accroître leur demande d’enfants (quantité).
Les auteurs tiennent à remercier les évaluateurs anonymes pour leurs commentaires et suggestions, mais demeurent seuls responsables des thèses avancées dans cet article.
N° 2, 2010
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
a fécondité des pays développés a chuté considérablement depuis bieLn audessous du seuil de remplacement la fin des années 1960, atteignant dans de nombreux pays des niveaux et même des niveaux ditslowestlow(Kohler, Billari, Ortega, 2002). Simultanément, les normes, attitudes et contextes institutionnels qui accompagnent la décision d’avoir des enfants se sont profondément transformés. De nombreuses études publiées depuis les années 1980 ont tenté de mesurer le possible impact des politiques d’aide aux familles sur les niveaux de fécondité (voir la recension de telles études dans Gauthier, 2007). De façon générale, ces études concluent que les politiques de soutien aux familles ont une influence positive sur la fécondité, mais d’une ampleur très faible. De plus, l’effet varie plus fortement en fonction du type d’aide et du type de famille et influencerait davantage le calendrier des naissances que son intensité. Dans cet article, nous faisons le bilan de ces études en mettant surtout l’accent sur les études les plus récentes.
dossierPolitiques familiales et fécondité
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
dossierPolitiques familiales et fécondité
d’un processus économique rationnel. Or, cette décision économique est ellemême soumise à des déterminants non écono 4 miques (comme les normes sociales par exemple) et est très imparfaitement média tisée par le système de prix. En outre, il est fortement possible que ces facteurs non économiques aient un poids différent selon le rang de l’enfant.
Malgré ces limitations, le modèle théo rique économique continue d’être large ment utilisé dans les études. De ce fait, ces études empiriques ont tenté de mettre en parallèle les changements en termes de sou tien aux familles et en termes de fécondité ou, de façon alternative, de comparer les différences entre pays en termes de soutien aux familles et de fécondité.
L’impact des transferts financiers en faveur des familles
Les transferts financiers aux familles sont multiples. Dans la littérature scientifique, les chercheurs se sont concentrés surtout sur deux types principaux de transferts : les allocations de naissance (de typebaby bonus) et les transferts plus réguliers par les allocations familiales (avec ou sans restric tion de revenu) ou les allègements fiscaux.
Les allocations versées à la naissance
La majorité de ces études concluent que de telles mesures ont un effet positif sur la fécondité. C’est le cas notamment en Italie où Boccuzzoet al.(2008) ont analysé l’im pact de l’introduction d’unbonusfinancier accordéauxhabitantsdeFriuliVenezia er Guilia au 1 janvier 2000. Ils estiment que cebonusa provoqué à la fois un moindre recours à l’avortement et une hausse du nombre des naissances parmi les femmes ayant un niveau d’éducation et une situation économique plus faibles. D’autres expé riences confirment un effet positif de ce type de prime, d’autant plus important que la prime est élevée. L’Australie est un exemple
où de telsbonusà la naissance ont été récemment introduits. Il semble alors que cebonus, en réduisant le coût direct d’une naissance, ait agi sur l’intention d’avoir un enfant et, par voie de conséquence, sur la fécondité (Dragoet al., 2009). La spécifica tion économétrique retenue par les auteurs semble, en outre, indiquer que lebonusait agi principalement à travers l’intention d’avoir un deuxième enfant. Milligan (2005) observe lui aussi un effet assez important à partir de l’analyse des conséquences des transferts au Québec par le biais de l’allo cation à la naissance payée aux parents à partir du premier enfant entre 1988 et 1997. La mise en œuvre de ce programme aurait induit une hausse de la fécondité de 12 % en moyenne, allant jusqu’à 25 % pour les ménages éligibles au soutien le plus élevé.
Les transferts permanents
L’aide accordée sous forme de transferts per manents, par le biais d’allocations familiales ou de réductions d’impôts, représente dans certains pays une somme non négligeable pour les ménages (mais variant énormément entre les pays). L’effet de ce type d’aide sur la fécondité est très souvent positif, mais de magnitude variable. La France est, de ce point de vue, un cas particulièrement intéressant en raison de la générosité de ses aides financières et surtout fiscales (Adema, Thévenon, 2008). Peu de travaux ont pourtant analysé l’impact de ces dernières. Une exception notable est le travail de Landais (2003) qui analyse l’impact du changement de législation relatif à la réduction d’impôt octroyée aux parents de trois enfants ayant eu lieu en 1981 – le poids de l’enfant étant passé d’une demi à une part entière pour calculer le revenu imposable. Il conclut lui aussi à une influence positive, mais faible, de cette réforme : une variation de 1 % de l’abattement fiscal accordé aux familles de trois enfants pourrait ainsi produire une hausse de seulement 0,05 % de la probabi 5 lité d’avoir un troisième enfant . L’auteur note, en outre, que la réponse aux incitations fiscales est croissante avec le niveau de revenu,
4. Voir par exemple Schoenet al., 1997. 5. Pour obtenir ce résultat, l’auteur modélise l’impact du changement de la fiscalité des familles avec trois enfants ayant eu lieu en 1981 sur la fécondité des familles avec deux enfants dans les années qui ont suivi l’introduction d’une demipart supplémentaire liée au troisième enfant dans le quotient familial. À partir de cette expérience « naturelle », il obtient une estimation de l’effet de l’abattement fiscal sur la probabilité d’avoir un troisième enfant.
SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
55 N° 2, 2010
56 SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
dossierPolitiques familiales et fécondité
les « très hauts » revenus se montrant légè rement plus sensibles aux incitations fiscales que les « hauts » revenus (ce qui n’est pas étonnant puisque l’abattement est fortement croissant avec le niveau de revenu en France). Toujours pour le cas français, Laroque et Salanié (2005, 2008) estiment, par microsi mulations, que l’effet des aides financières est significatif, mais relativement faible : l’élasti cité de la « demande » d’enfants est estimée à 0,2, ce qui implique qu’une réduction du quart du coût de l’enfant engendrerait une hausse de la fécondité de seulement 5 %.
Plus récemment, Chen (2009) croit déce ler dans la générosité des transferts fiscaux en direction des familles en France l’une des raisons du fait que, contrairement à d’autres pays européens ou aux États Unis, la fécon dité des ménages « riches » est plus élevée que celle des plus pauvres. L’auteur conclut alors que les incitations fiscales exercent une forte influence sur le mariage et la fécondité : une hausse de revenu par le biais des inci tations fiscales équivalentes à 1 % du revenu du ménage produit une croissance moyenne de 0,09 enfant, ce qui correspond à une hausse de la proportion de familles avec au moins un enfant de 4 points de pourcentage. Il est possible toutefois que ces estimations soient positivement biaisées par des pro blèmes de mesure et de caractéristiques non observées. Par exemple, un effet positif mais modéré est estimé par Gaboset al.(2009) sur des données hongroises tenant compte des allocations familiales et avantages fiscaux accordés aux familles, puisqu’une hausse de 1 % des aides produirait une augmentation de la fécondité de 0,2 %.
Les conclusions d’autres études vont dans la même direction. Une étude plus ancienne, mais couvrant la plupart des pays de l’OCDE, conclut à une influence modeste des aides financières sur les taux de fécondité, sans prendre en compte les avantages fiscaux (Gauthier, Hatzius, 1997). Pour donner un ordre de grandeur de cet effet, les auteurs estiment que si le montant global des alloca tions familiales était accru de 25 % dans ces
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
pays, cela conduirait à une hausse moyenne 6 d’environ 0,07 enfant par femme .
D’Addio et Mira d’Ercole (2005), par exemple, concluent que l’augmentation d’un quart du soutien moyen octroyé dans les pays de l’OCDE (les avantages fiscaux étant inclus dans leur estimation du soutien financier) produirait une augmentation du taux de fécondité de 0,05 enfant par femme, soit une augmentation de 3 % du taux conjoncturel de fécondité. Par contre, Kalwij (2009) trouve que les variations de dépenses en prestations familiales moné taires n’ont pas d’effet significatif sur la fécondité dans 16 pays de l’OCDE.
L’impact des aides diffère également selon le rang de naissance, mais les résultats ne sont pas tous convergents pour établir si c’est l’arrivée du premier enfant ou, au contraire, l’agrandissement de la famille qui est plus sensible aux aides financières. Par exemple, Boccuzzoet al.(2008) montrent que les changements de comportements de fécondité suivant l’introduction debonus à la naissance en FriuliVenezia Giuli sont notables pour les femmes (plus faiblement éduquées) ayant déjà un et surtout deux ou trois enfants, et imperceptibles pour celles n’ayant pas encore d’enfants. De même, Gaboset al.(2009) trouvent, sur données hongroises, un impact des aides financières croissant avec le rang de naissance. Pour le cas de la France, Laroque et Salanié (2005, 2008) estiment aussi que la réponse aux incitations financières est plus forte pour les rangs d’enfants plus élevés. La France, où l’aide est assez nettement croissante pour les familles nombreuses, pourrait constituer un exemple d’influence positive d’un soutien aux familles nombreuses. Comme le notent Breton et Prioux (2005), la France est le pays européen où la fécondité de rang 3 ou supé rieur contribue le plus à la fécondité totale.
Les aides à la conciliation entre travail et famille
Ce type d’aide prend plusieurs formes, incluant les congés de maternité et parentaux,
6. Les auteurs modélisent ici l’impact moyen des allocations financières sur les taux de fécondité dans les pays de l’OCDE. Ils obtiennent alors une estimation de l’effet d’un accroissement marginal des aides financières sur les taux de fécondité. Ce paramètre leur permet de simuler quel serait l’impact d’un accroissement de près d’un quart du niveau moyen des allocations familiales dans ces pays. Un accroissement du taux de fécondité de 0,07 enfant par femme est attendu.
N° 2, 2010
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
dossierPolitiques familiales et fécondité
les aides reliées à la garde des enfants et les possibilités de travailler à temps partiel ou 7 selon des horaires flexibles .
Durée et rémunération du congé de maternité et parental
Les congés accordés après la naissance des enfants varient largement entre pays : certains d’entre eux ont tendance à privilégier l’ex tension de sa durée et d’autres son niveau de rémunération. Ces deux paramètres ont une incidence sur la fécondité, dans un sens qui n’est pas toujours clairement établi. D’abord, la durée du congé est un paramètre dont l’effet prédit sur la fécondité n’est pas tou jours positif. Alors que Gauthier et Hatzius (1997) ou Luci et Thévenon (2011) consi dèrent que les taux de fécondité réagissent positivement à un allongement des congés, D’Addio et Mira d’Ercole (2005) parviennent au résultat contraire, bien que la relation esti mée soit de faible intensité : une augmenta tion d’une semaine de la durée du congé rend compte d’une baisse moyenne du taux de fécondité de l’ordre de 0,3 % dans les pays de 8 l’OCDE . L’effet est donc limité puisqu’une durée de congé d’un an serait au total respon sable d’une variation des taux de fécondité de 0,03 enfant par femme.
En revanche, la rémunération du congé semble être un paramètre plus déterminant. Ainsi, les mêmes auteurs estiment qu’une hausse de 10 % du taux de remplacement obtenu par l’indemnisation du congé de maternité produirait une hausse du taux de fécondité d’environ 2,3 %. Des analyses sur des données nationales confirment ce résul tat, spécialement pour les pays scandinaves où ces congés sont relativement généreux. En particulier, les analyses de Ronsen (2004) et Ronsen et Skrede (2008), pour l’ensemble des pays nordiques, et de Hoem (1993), pour la Suède, concluent à un tel effet positif. La prime de congé parental rémunéré, accordée en cas d’une deuxième naissance rapide intro duite au milieu des années 1980, semble avoir
suscité une réduction de l’espacement des naissances qui s’est maintenue malgré les cycles économiques (Andersson, Neyer, 2008). La politique engagée en matière de congé semble donc avoir accéléré le processus et a pu transformer ce changement en situation permanente. L’impact sur la fécondité finale demeure néanmoins incertain, et ce même si les politiques suédoises d’aides à la conci liation ont sans doute été un facteur ayant contribué à minimiser les différences de comportements de fécondité selon le niveau d’éducation (Andersson, Neyer, 2008).
D’autres pays se sont orientés vers un congé couvrant une période plus longue, mais indemnisé de façon forfaitaire. Des effets positifs sur la fécondité sont observés mais, dans ce cas, ils sont fortement différenciés selon le niveau de vie et la catégorie sociale. Pour la Norvège, Aassve et Lappegard (2009) estiment ainsi que les ménages traditionnels où la femme a un faible niveau d’éducation et de revenus ont beaucoup plus souvent recours à l’allocation versée aux parents gardant leur enfant. Ainsi, cette allocation les a incités à avoir un deuxième enfant plus rapidement et, par le fait même, a accéléré l’arrivée d’un troisième enfant (Lappegard, 2009). De son côté, Vikat (2004) observe que la probabilité d’avoir une troisième naissance a été plus grande parmi les femmes bénéficiant de lallocationdegardeparentaleenFinlande au milieu des années 1990. Il note en outre que, pour cette raison, la fécondité n’a pas chuté en Finlande durant la récession connue à cette période, contrairement à ce qui a pu être observé en Suède. De même, pour le cas de la France, Piketty (2005) estime que l’extension de l’allocation parentale d’édu cation aux parents d’un deuxième enfant explique une part limitée d’au plus 20 % à 30 % de l’augmentation des naissances observées entre 1994 et 2001 (entre 10 % et 20 % des naissances de deuxième rang et au plus 10 % des naissances de troisième rang). Les femmes à plus faible niveau d’éducation,
7. À ces types d’aide, ajoutons aussi des aides financières conditionnées au travail qui incitent à une participation à l’emploi. Très peu d’études ont analysé l’impact de telles aides sur la fécondité. Pour le cas britannique, voir Breweret al.(2009) et Ohinata (2008). 8 Gauthier et Hatzius (1997) et Adsera (2004) relèvent un coefficient positif entre la fécondité et les congés parentaux, qui n’est statistiquement significatif que dans la deuxième étude (qui n’isole pas précisément l’impact des variations dans le temps de la durée des congés). Toutefois, l’interprétation de ces résultats n’est pas toujours très claire, car les pays où la durée du congé est la plus longue sont aussi ceux où l’offre de services de garde est la plus faible. Luci et Thévenon (2011) contrôlent néanmoins par l’incidence de la couverture des services d’accueil en direction des enfants de moins de 3 ans et identifient une influence positive, mais de faible ampleur, de la durée des congés liés à la naissance d’un enfant.
SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
57 N° 2, 2010
58 SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
dossierPolitiques familiales et fécondité
ou connaissant des conditions de travail ou d’insertion dans l’emploi relativement mau vaises, ont alors une propension beaucoup plus grande à recourir à cette allocation.
L’accès aux services de garde
L’offre de services de garde et leur prix sont aussi des facteurs permettant de concilier travail et vie familiale et pouvant de ce fait influencer la décision de fécondité. Là encore, la comparaison internationale suggère une forte corrélation entre les taux de fécondité et la fréquentation de modes de garde formels par les enfants de moins de 3 ans, sans toute fois que le lien de causalité soit toujours clai rement identifié (Castles, 2003 ; Di Preteet al., 2003). Luci et Thévenon (2011)établissent néanmoins un lien de causalité positifentre le taux de couverture des modes de garde et les taux de fécondité des pays de l’OCDE, tandis que Kalwij (2009) identifie un effet important des dépenses faites par ces pays en matière de modes de garde sur le calen drier des naissances.
Les analyses sur les données individuelles apportent un éclairage plus hétérogène. Ainsi, certaines études portant sur les pays scandinaves concluent à une influence non significative des caractéristiques des services de garde (couverture et coût) (Ronsen, 2004 ; Anderssonet al., 2004). Toutefois, comme le soulignent Anderssonet al.(2004), cette absence d’impact identifiable est sans doute dû au fait que dans ces pays, où l’offre daccueildequalitéetfinancièrementabordable est élevée, les variations en termes de quantité, de qualité ou de prix des modes de garde disponibles sont relativement faibles. En conséquence, les décisions en matière de fécondité dépendent peu des caractéristiques locales de cette offre et de leur variation. De plus, en contrôlant des facteurs locaux pou vant influencer simultanément l’offre de garde et les décisions de fécondité, Rindfuss et al.(2007) trouvent un impact clairement positif de l’offre de service en direction des plus jeunes enfants sur la première maternité en Norvège. Pour le cas de la Suède, Mörk et al.(2009) estiment que le coût des modes de garde influence la fécondité, même dans un pays où ce coût est fortement subven tionné et la couverture presque universelle. La réforme en matière de garde intervenue
N° 2, 2010
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
en 2001 aurait ainsi induit, sur une période de 18 mois, une augmentation des naissances de 3 à 5 enfants pour 1 000 femmes, équivalente à une hausse du taux de natalité de 4 % à 6 %. S’intéressant au cas de l’Allemagne de l’Ouest, Hank et Kreyenfeld (2003) ne parviennent pas à identifier un effet significatif de l’offre de services de garde public sur la fécondité ; ils estiment toutefois que la disponibilité faible de ces services est une raison de la polari sation du choix de ne pas avoir d’enfant pour occuper un emploi sans interruption ou d’avoir des enfants (et d’occuper alors un emploi à temps partiel) (Thévenon, 2009). Enfin, Pailhé (2009) estime que le recours à des modes de garde formels pour les enfants de moins de 3 ans est un facteur explicatif des différences d’intentions de fécondité existant entre la France, l’Allemagne et la Russie.
Le travail à temps partiel
Enfin, la possibilité, pour les femmes, de travailler à temps partiel ou de bénéficier d’un horaire de travail flexible semble aussi être un facteur favorable à la fécondité. D’Addio et Mira d’Ercole (2005) estiment ainsi que le travail à temps partiel a une incidence posi tive sur les taux de fécondité des pays de l’OCDE. Un résultat similaire est aussi obtenu par Del Bocaet al.(2009) qui, à par tir de données individuelles pour six pays européens, modélisent l’influence des aides sur la fécondité en tenant compte de leur impact simultané sur la participation des femmes à l’emploi. Globalement, les para mètres mesurant l’effet des aides ont des niveaux de significativité plus importants sur l’offre de travail que sur la fécondité qui est néanmoins influencée. L’impact du temps partiel est alors plus important pour les femmes dotées d’un capital éducatif plus élevé, contrairement à ce qui est estimé pour les autres formes d’aides. Allant aussi dans le même sens, Mills (2008) estime que la pos sibilité pour les femmes d’ajuster les horaires de travail augmente leurs intentions de fécondité.
Conclusion Au total, cette revue de littérature suggère que chacun des dispositifs aidant les familles a une influence positive, mais limitée, sur la
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
dossierPolitiques familiales et fécondité
fécondité. En outre, les résultats sont par fois contradictoires et mettent au jour un impact relativement « éphémère » : même si cet effet positif se confirme sur le calendrier des naissances, il ne transparaît pas claire ment sur la descendance finale. Autrement dit, les aides exercent à l’évidence un effet incitatif à court terme en permettant aux ménages d’avoir plus rapidement le nombre d’enfants souhaité ; à plus long terme cepen dant, aucun impact de stimulation du nombre d’enfants n’est clairement identifié. Ainsi, les aides concentrées au moment de la naissance, sous la forme d’un congé ou d’une aide financière, semblent influencer surtout le calendrier d’une naissance prévue, sans forcément influer sur le nombre final d’en fants. Les aides financières qui interviennent postérieurement et qui sont plus massives semblent néanmoins avoir une incidence de plus grande amplitude dans la mesure où elles participent plus significativement à la prise en charge du coût de l’enfant. Surtout, l’accès à des services d’accueil et les aides de conciliation travailfamille, envers les mères en particulier, apparaissent comme des élé ments clés permettant d’expliquer que les taux de fécondité les plus élevés sont obser vés aujourd’hui dans les pays avec de hauts niveaux d’emploi des femmes (OCDE, 2011 ; Luci, Thévenon, 2011).
Néanmoins, il ne faut pas négliger que ces aides ne sont qu’un élément d’un système qui peut influencer le niveau global de fécon dité. Les fortes variations de niveaux de fécondité entre pays, et le fait que les plus hauts taux (et leur plus grande stabilité) soient observés dans les pays où l’emploi des femmes est aussi le plus développé, laissent présumer le rôle de telle complémentarité systémique, bien qu’il soit difficile d’identi fier l’importance relative de chacune de ses composantes. Par ailleurs, les politiques « familiales » font d’abord partie d’un régime d’État social dont l’objectif n’est pas tou jours – à vrai dire peu souvent – conçu pour
stimuler la fécondité. Ces systèmes d’aides peuvent avoir des orientations très différentes : certains visent à favoriser la conciliation d’un emploi avec la venue d’un enfant, tan dis que d’autres encouragent au contraire l’interruption de la période d’activité ou encore concentrent les aides en direction des familles pauvres ou les familles avec enfants d’âge préscolaire (Thévenon, 2011). La per sistance d’un partage inégal des tâches domestiques entre hommes et femmes peut aussi constituer un obstacle supplémentaire aux projets de fécondité (Gauthier, 2008). Par ailleurs, les politiques familiales ne touchent qu’une partie seulement du problème en ne considérant pas l’ensemble des aides qui couvrent la transition vers l’âge adulte et qui permettent aux jeunes adultes d’acquérir l’autonomie matérielle suffisante pour avoir des enfants (Billari, 2004 ; Blossfeldet al., 2005 ; Rindfuss, BraunerOtto, 2008). Les aides en matière de logement, d’autonomie financière et d’emploi au moment de l’inser tion ou de la gestion de crises sont alors à inclure dans le raisonnement.
Enfin, il faut aussi souligner que le climat général de confiance engendré par les aides de soutien aux familles échappe généralement aux recherches que nous avons recensées. La stabilité des aides, leur cohérence et leur continuité sur le cycle de vie des enfants sont alors vraisemblablement d’importants constituants de cette confiance qui reflète simplement l’idée que le tout est supérieur à la somme des dispositifs pris chacun sépa rément. Cette confiance est alors un élément décisif de l’effectivité des politiques, c’està dire du fait que, indépendamment de leurs résultats exacts, la population fera usage des dispositifs et aides auxquels elle a droit (Thévenon, 2010). Elle est aussi un marqueur de la cohérence des politiques familiales avec le reste du système institutionnel qui peut expliquer des écarts de niveaux de fécondité persistants entre les pays.
Bibliographie Aasve A., Lappegard T. (2009). Childcare Cash Benefits and Fertility Timing in Norway, European Journal of Population, 25 (1). Adema W., Thévenon O. (2008). Les politiques de conciliation du travail et de la vie familiale en France au regard des pays de l’OCDE,Recherches et Prévisions: 5172., 93
SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
59 N° 2, 2010
60 SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
dossierPolitiques familiales et fécondité
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
Adsera A. (2004). Changing Fertility Rates in Developed Markets. The Impact of Labor Market Institutions,Journal of Population Economics, 17 : 1743. Andersson G., Neyer G. (2008). Consequences of Family Policies on Childbearing Behavior: Effects or Artifacts?,Population and Development Review: 699724., 34 (4) Andersson G., Duvander A.S., Hank K. (2004). Do ChildCare Characteristics Influence Continued Child Bearing in Sweden? An Investigation of the Quantity, Quality and Price Dimension,Journal of European Social Policy, 14 (4) : 404418. Becker G. (1960). An Economic Analysis of Fertility,in Demographic and Economic Change in Developed Countries, Conference of the UniversitiesNational Bureau Committee for Economic Research, Report of the National Bureau of Economic Research, Princeton, N.J., Princeton University Press, 209240. Becker G., Lewis G. (1973). On the Interaction Between the Quantity and Quality of Children, o Journal of Political Economy: S279S288, March/April., 81 (n 2, part 2) Billari Francesco C. (2004). Becoming an Adult in Europe : a Macro/Micro Demographic perspective,Demographic research. En ligne : <www.demographicresearch.org>. Blake J. (1968). Are Babies Consumer Durables ? A Critique of the Economic Theory of Reproductive Motivation,Population Studies, 22 : 525. Blossfeld H.P., Klijzing E., Mills M., Kurz K. (2005).Globalization, Uncertainty and Youth in Society, Routledge, London. Boccuzzo G., Caltabiano M., Dall Zuana G., Loghi M. (2008). The Impact of the Bonus at Birth on Reproductive Behaviour in a Lowestlow Fertility Context: FriuliVenezia Giulia (Italy) from 1989 to 2005,Vienna Yearbook of Population Research, 125148. Breton D., Prioux F. (2005). Two or Three Children? Influence of Family Policy and Socioeconomic Factors,Population: 415445., 60 (4) Brewer M., Ratcliffe A., Smith S. (2009).Does Welfare Reform Affect Fertility? Evidence from the UK, Working Paper 08/09, RoyaumeUni, Institute for Fiscal Studies. Bühler C. (2010).Measuring Preferred Family Size,Max Planck Institute for Demographic Research, Working Paper. Buttner T., Lutz W. (1990). Estimating Fertility Responses to Policy Measures on the German Democratic Republic,Population and Development Review, 16 (3) : 539555. Castles F. (2003). The World Turned Upside Down : Below Replacement Fertility, Changing Preferences and FamilyFriendly Public Policy in 21 OECD Countries,Journal of European Social Policy: 209227., 13 Chen D. (2009).Can Countries Reverse Fertility Decline? Evidence from France’s Marriage and Baby Bonuses, 19291981, Working Paper. D’Addio A.C., Mira d’Ercole M. (2005).Trends and Determinants of Fertility Rates. The o Role of Policies, Social, Employment and Migration Working Paper, n 27, OECD. En ligne : <http://dx.doi.org/10.1787/880242325663> Del Boca D., Pasqua S., Pronzato Ch. (2009). Market Work and Motherhood Decisions in Contexts,Oxford Economic Papers: 147171., 61 (1) Di Prete T., Engelhardt H., Morgan P., Pacalova H. (2003). Do Crossnational Differences in the Costs of Children Influence Fertility Behavior?,Population Research and Policy Review, 22 (56) : 439477. Drago R., Sawyer K., Sheffler K., Warren D., Wooden M. (2009).Did Australia’s Baby Bonus Increase the Fertility Rate?, Melbourne Institute Working Paper Series, n° 1/09. Gabos A., Gal R., Kezdi G. (2009).Birth Order Fertility Effects of Childrelated Benefits and Pensions – A Test on Hungarian Data, Working Paper. Gauthier A.H. (2008). Some Theoretical and Methodological Comments on the Impact of Policies on Fertility,Vienna Yearbook of Demography, 2528.
N° 2, 2010
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
dossierPolitiques familiales et fécondité
Gauthier A.H. (2007). The Impact of Family Policies on Fertility in Industrialised Countries: a Review of the Literature,Population Research Policy Review, 26 (3) : 323346. Gauthier A.H., Hatzius J. (1997). Family Benefits and Fertility: an Econometric Analysis, Population Studies: 295306., 51 Hank K, Kreyenfeld M. (2003). A Multilevel Analysis of Childcare and the Transition to Motherhood in West Germany,Journal of Marriage and the Family, 65 : 584596. Hoem J. (1993). Public Policy as the Fuel of Fertility: Effects of a Policy Reform on the Pace of Childbearing in Sweden in the 1980s,Acta Sociologica: 1931., 36 Kalwij A. (2009).The impact of Family Policy Expenditure on Fertility in Western Europe, Netspar Discussion Paper, 01/2009007. Kohler H.P., Billari F., Ortega J. (2002). The Emergence of LowestLow Fertility in Europe during the 1990s,Population and Development Review. Landais C. (2003). Le quotient familial atil stimulé la natalité française ?,Économie publique, 13 : 331. Lappegard T. (2009). Family Policies and Fertility in Norway,European Journal of Population, Online first DOI 10.1007/s1068000991901. Laroque G., Salanié B. (2008).Does Fertility Respond to Financial Incentives?, IZA DP 3575D. Laroque G., Salanié B. (2005).Does Fertility Respond to Financial Iincentives?, Document de travail, CREST. Laroque G., Salanié B. (2004). Fertility and Financial Incentives in France,CESifo Economic Studies: 423450., 50 (3) Luci A., Thévenon O. (2011).The Impact of Family Policy Packages on Fertility Trends of OECD Countries, Population American Association, Washington, 30 March – 2 April. Mills M. (2008).Gender Equity and Subjective Experiences of (Un)paidlabour: New Solutions to Low Fertility?, Paper presented at the Vienna VID Conference Can policies enhance fertility? Milligan K. (2005). Subsidizing the Stork: New Evidence on Tax Incentives and Fertility, Review of Economics and Statistics: 539555., 87 (3) Mörk E., Sjörgen A., Svaleryd H. (2009).Cheaper Childcare, More Children, IZA DP N°3942. OCDE (2011).Doing Better for Families, Paris, OCDE. Ohinata A. (2008).Fertility Response to Financial Incentives. Evidence from the Working families Tax Credit in the UK, Warwick Economic Research Paper, 851. Pailhé A. (2009). Workfamily Balance and Childbearing Intentions in France, Germany and the Russian Federation, Chapter 3,inUNECE (eds),How Generations and Gender Shape Demographic Change. Towards Policies Based on Better Knowledge, United Nations, Geneva, 5882. Piketty Th. (2005). L’impact de l’allocation parentale d’éducation sur l’activité féminine et la fécondité en France, 19822002,inLefèvre C., Filhon A. (éds.),Histoires de familles, histoires familiales: 79109., Les Cahiers de l’INED, 156 Rindfuss R., Guilkey G., Morgan S., Kravdal Ø., Guzzo K.B. (2007). Child Care Availability and FirstBirth Timing in Norway,Demography: 345372., 44 (2) Rindfuss R., BraunerOtto S. (2008). Institutions and the Transition to Adulthood: Implications for Fertility Tempo in Low Fertility Settings,Vienna Yearbook of Population Research, 5787. Ronsen M. (2004). Fertility and Family Policy in Norway – A Reflection on Trends and Possible Connections,Demographic Research, 10 (10) : 265286. Ronsen M., Skrede K. (2008). Fertility Trends and Differentials in the Nordic Countries – Footprints of Welfare Policies and Challenges on the Road Ahead,Vienna Yearbook of Population Research, 103123.
SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
61 N° 2, 2010
62 SANTÉ, SOCIÉTÉ ET SOLIDARITÉ
dossierPolitiques familiales et fécondité
LE F F E T D E S P O L I T I Q U E S F A M I L I A L E S S U R L A F É C O N D I T É
Schoen R., Young J.K., Constance A., Nathanson J.F., Astone N.M. (1997). Why Do Americans Want Children?,Population and Development Review. Thévenon O. (2011). Family Policies in OECD Countries: a Comparative Analysis,Population and Development Review: 5787., 37 (1) Thévenon O. (2010). Does Fertility Respond to Work and Familylife Reconciliation Policies in France ?,inTakayama N., Werding M. (éds.),Fertility and Public Policy: How To Reverse the Trend of Declining Birth Rates, Cambridge, MA et London UK, MITPress, chapter 10. Thévenon O. (2009). L’augmentation de l’activité des femmes en Europe : progrès de la conciliation ou polarisation des comportements ?,Population: 263304., 64 (2) Thomson E., McDonald E., Bumpass L.L. (1990). Fertility Desires and Fertility : Hers, His, and Theirs,Demography, 27 (4). Vikat A. (2004). Women’s Labor Force Attachment and Childbearing in Finland,Demographic Research: 175212., Special Collection 3, Article 8
N° 2, 2010
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents