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Freud : l'invention de la psychanalyse - les commencements
La première réunion, en 1902, de la « société psychologique du mercredi » marque la naissance du mouvement psychanalytique, dont l'objectif est de « changer le monde ». Mais la véritable invention de la psychanalyse est plus ancienne : elle date des années que Freud a passées à Paris.
1882 : Freud vient suivre les leçons du professeur Charcot à la Salpêtrière, où l'on « soigne » les femmes hystériques. A cette époque, l'hystérie était conçue comme une maladie de l'utérus qui saisit le corps des femmes, les paralyse, etc. En mettant les femmes sous hypnose, Charcot fait disparaître provisoirement paralysie et contractures. L'hypnose lui permet ainsi de montrer que l'hystérie est une névrose fonctionnelle, sans lien avec l'utérus. C'est pourquoi il refuse de parler de causes génitales. Charcot exerce une influence énorme sur Freud. C'est en réfléchissant sur ses travaux, que Freud invente un lien nouveau entre hystérie et sexualité : à la Salpêtrière, le sexe des femmes parle à l'aide de convulsions. Avec l'invention de la psychanalyse, les cris et les mouvements de la chair seront entendus, ils deviendront un langage.
A son retour à Vienne, Freud fait la connaissance de Joseph Breuer. Ils appliquent la méthode de Charcot à une jeune patiente, Anna O. Breuer met en place avec elle la thérapie de la parole, qui contribue à faire disparaître ses symptômes. Freud et Breuer publie leursÉtudes sur l'hystérie,où sont relatées plusieurs cas, dont celui d'Anna O. Ce livre ne montre pas comment on guérit les hystériques, mais comment on les soigne, et améliore leur état, grâce à la « méthode cathartique » (c'est-à-dire la cure par la parole, qui n'est pas encore au sens strict la psychanalyse). Le contexte viennois est extrêmement important. Il s'agit d'une société rigide, où le destin des jeunes filles est tracé d'avance. Il s'agit aussi d'un creuset intellectuel, où les nouvelles idées circulent. L'écrivain Hugo von Hofmannsthal résume très bien la nouvelle manière de penser la subjectivité qui y est développée : « Nous ne possédons pas notre moi. Il souffle sur nous de l'extérieur, nous fuit pour longtemps, et nous revient dans un soupir ».
1886 : Freud s'installe comme médecin à Vienne. Dans son cabinet, il soigne surtout des femmes de la bourgeoisie, atteintes de névroses, maladies des nerfs, neurasthénies... En 1889, il invente le divan. Autrement dit, il abandonne l'hypnose ; il se retire, pourque ce soit la parole qui devienne l'acte thérapeutique elle-même. Les patients prennent alors l'habitude de raconter leurs souvenirs d'enfance, leurs fantasmes, etc. En écoutant ces paroles chaotiques, sans signification manifeste, Freud, assigne à la sexualité une place fondamentale : elle détermine la vie psychique : « la névrose, écrit Freud, n'est pas une maladie insolite, mais la conséquence partagée par beaucoup de conflits infantiles non résolus ». Dans le cadre de cette réflexion, la rencontre avec W. Fliess est considérable. On considère que leurs échanges épistolaires marquent la naissance de la psychanalyse, dans la mesure où Freud élabore ses théories : bisexualité, séduction, première construction de l'appareil psychique. Ce n'est pas en effet Freud qui a découvert l'importance de la sexualité. C'était une idée partagée par les savants de la fin du siècle. La nouveauté de Freud consiste à abandonner l'idée que toute névrose a pour origine une « séduction réelle » vécue dans l'enfance (viol, attouchement...). Les abus et les violences existent dans les familles, mais la « séduction » ne rend pas compte de l'imaginaire sexuel propre à chaque sujet. Freud formule alors la théorie du fantasme : on invente des « séductions » qui n'ont pas eu lieu, on souffre de choses qui viennent de soi-même. Freud découvre que le sujet est habité par un autre, et c'est en cela que réside sa révolution. Freud est en effet décrit comme un révolutionnaire (mais aussi comme un bourgeois). Il invente de nouveaux concepts : il appellelibidol'énergie sexuelle, etrefoulementle processus par
lequel est rejeté dans l'inconscient un événement que l'on cherche à oublier :« Dans l'inconscient, écrit Freud, rien ne finit, rien ne passe, rien n'est oublié. »
1900 : Parution deL'interprétation des rêves.Il les analyse comme une langue inconnue. Le rêve n'est pas une prédication magique, mais l'accomplissement d'un désir inconscient ou refoulé. Le rêve est ainsi la « voie royale » qui mène vers l'inconscient, vers la connaissance d'un au-delà de la conscience intérieur au sujet. Avec le rêve, Freud est sur la trace d'une psychologie générale, ne s'appliquant pas seulement aux névrosés, mais à tout le monde. Rêves, actes manques, lapsus, oublis : tout à une signification. « Qui parle en moi ? », telle est la question posée par Freud à l'orée du siècle.
1905: Publication deTrois essais sur la théorie sexuelle,qui fait scandale en attribuant aux enfants et aux adultes dits normaux des fantasmes sexuels ou des comportements jugés pathologiques. Freud y élabore le fameuxcomplexe d"Œdipe: une représentation inconsciente où s'exprime le désir de l'enfant pour le parent du sexe opposé et son hostilité pour le parent du même sexe. Ce complexe est une étape dans le développement de l'enfant, entre 3 et 5 ans.
D'une manière générale, Freud reprend tous les termes qui existaient avant lui (sexualité, inconscient...), mais leur donne un sens tout à fait nouveau, en accentuant — et c'est ce qui expliquera l'opposition à la psychanalyse — l'idée que l'homme, le sujet, est déterminé par des forces qui lui échappent. Cela signifie bien en effet une perte de notre maîtrise sur nous-mêmes. Mais, souligne Elisabeth Roudinesco, si Freud a été capable de mettre au jour ces forces inconscientes, c'est parce que la philosophie occidentale était arrivée à un point de réflexion très poussé sur le sujet conscient et sur la conscience.
L'autre nouveauté instituée par Freud, c'est qu'à la différence des médecins et psychiatres de son époque, qui classaient les maladies mentales de façon très sophistiquée, mais qui oubliaient la souffrance de leurs malades (en leur prescrivant des traitements corporels, sans vraiment croire à leur efficacité), la psychanalyse, contestant ce nihilisme thérapeutique, propose d'écouter la parole du patient, et réinvente l'idée d'une possible guérison.
L'émission se termine par une présentation des personnages avec qui Freud a travaillé à partir de 1907 : C. G. Jung, qui le mettra en contact avec la méthode des associations libres, et qui contribuera à l'internationalisation de la psychanalyse, F. Ferenczi, qui insistera sur l'aspect clinique, Ernest Jones, qui introduira la psychanalyse aux États-Unis, et Lou-Andréa Salomé.
Est également abordée, à travers l'exemple de « l'homme aux loups » (qui conduit à la publication deA partir de l'histoire d'une névrose infantile),l'idée d'incurabilité et de curabilité en psychanalyse : il semble bien, qu'à la différence de la médecine, on n'arrive jamais à une guérison totale. E. Roudinesco nuance ce point en expliquant qu'en médecine, dès qu'on arrive à guérir une maladie, une nouvelle resurgie. Il y aura toujours des maladies, car, comme l'a montré Bichat, elle fait partie, comme la mort, de la vie. C'est la même chose en psychanalyse. Les symptômes se modifient au fur et à mesure qu'on invente les techniques pour les guérir. De ce point de vue, un extrait d'une lettre de Ferenczi peut servir de conclusion : « C'est seulement par la psychanalyse que dans le fond je suis devenu homme. C'est seulement depuis qu'elle me gouverne que je peux mieux subordonner le principe de plaisir au principe de réalité, mieux réfréner l'absurde gaspillage d'affects. Je me suis à peu près réconcilié avec l'idée de la mort et de la maladie. J'ai appris à traiter et à considérer les humains comme des malades, et je ne leur tiens pas rigueur de leur méchanceté : c'est qu'ils n'y peuvent rien ».
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