Rapport de l IGAS sur 450 antiépileptiques à l origine de malformations
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Rapport de l'IGAS sur 450 antiépileptiques à l'origine de malformations

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Rapport de l'IGAS sur 450 antiépileptiques à l'origine de malformations à la naissance.

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Publié le 24 février 2016
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Inspection générale des affaires sociales
Enquête relative aux spécialités pharmaceutiques contenant du valproate de sodium
RAPPORT
Xavier CHASTEL
Établi par
Pierre LESTEVEN
Membres de l’IGAS
- Février 2016 -2015-094R
Axel ESSID
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IGAS, RAPPORT N°2015-094R
IGAS, RAPPORT N°2015-094R
SYNTHESE
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Le présent rapport a pour objectif, aux termes de la lettre de mission, de « reconstituer la succession des événements et des choix concernant ces spécialités afin d’analyser les mécanismes de prise de décision en tenant compte de l’évolution des connaissances scientifiques, des éléments issus de la pharmacovigilance, des décisions intervenues dans d’autres pays, notamment européens, et des conditions d’utilisation » des médicaments contenant du valproate de sodium. Il s’attache plus spécifiquement à la question de l’information délivrée aux patientes et aux prescripteurs.
Le valproate de sodium, présent dans plusieurs spécialités pharmaceutiques, princeps et génériques, a d’abord été commercialisé, en 1967, comme antiépileptique. Son indication a ensuite été élargie au traitement des troubles bipolaires. Il constitue encore un médicament de référence, incontournable pour certains patients atteint d’épilepsie.
Les effets tératogènes du valproate de sodium sont connus depuis le début des années 1980, notamment les anomalies de fermeture du tube neural (spina bifida). Dans le courant des années 1980 et 1990, les publications scientifiques documentent de plus en plus précisément les malformations congénitales attribuables aux antiépileptiques en général et au valproate de sodium en particulier. Plus tardivement, à compter des années 2000, les observations de retards 1 de développement et de troubles du spectre de l'autisme touchant certains enfants exposés in utero motivent des études prospectives, notamment britanniques, américaines, australiennes et scandinaves, dont les résultats confirmeront le sur-risque de troubles de développements cognitifs et comportementaux attribuable au valproate à compter de 2009. On peut considérer 2 qu’en 2004 , l’accumulation des signaux justifiait des mesures d’information à l’attention des prescripteurs et des patients.
Ces risques progressivement connus questionnent l’utilisation du valproate de sodium chez les femmes en âge de procréer. Toutefois, les maladies chroniques traitées par ce médicament présentent également des risques graves pour la mère et les fœtus. Dans le cas de l’épilepsie, un arrêt ou un changement de traitement brutal peut avoir des conséquences graves, voire mortelles pour la mère et le fœtus. L’éviction systématique du valproate de sodium ne peut donc être envisagée dans le cadre de stratégies thérapeutiques qui doivent s’appuyer sur l’existence de traitements alternatifs et sur une analyse des bénéfices et des risques associés aux traitements, parmi lesquels les risques tératogènes.
Étant donné la gravité de ces risques pour l’enfant à naître, il convient que la patiente soit dument informée des conséquences d’une grossesse avec maintien du traitement. Un des vecteurs de cette information est la notice, qui est soumise par le laboratoire pharmaceutique à l’autorité en charge de la sécurité du médicament, actuellement l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Le vecteur privilégié demeure le prescripteur lui-même, auquel est destiné un autre document, le résumé des caractéristiques du produit (RCP), reproduit dans les monographies du Vidal. L’information du RCP et de la notice doit être actualisée régulièrement pour refléter l’état des données scientifiques. La notice, destinée à l’information des patients, doit être conforme au RCP. 1  Définition de la classification internationale des maladies (DSM 5) : l’autisme est un trouble du développement caractérisé par des perturbations dans les domaines des interactions sociales, de la communication et par des comportements, intérêts et activités au caractère restreint et répétitif. 2 Trois éléments plaident pour retenir la date de 2004 : -d’imputabilité des retards dela publication d’une étude (Adab, 2004) faisant état de suspicions sérieuses développement au valproate de sodium ; -la proposition, en 2003, du laboratoire Sanofi d’une modification du Résumé des caractéristiques du produit (RCP) pour y inclure les retards de développement ; -le fait qu’un certain nombre de pays européens aient inclus en 2003-2004 cette information dans le RCP.
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La mission relève que l’explicitation des risques liés à une grossesse sous traitement au valproate de sodium n’intervient qu’en 2010. Auparavant, un simple renvoi du type « Consulter votre médecin en cas de grossesse » était notifié.
Concernant le RCP, la mission a pu notamment relever :
des retards dans la prise en compte des données acquises de la science, notamment dans les années 1990, où l’intégralité des malformations n’est pas renseignée, et au début des années 2000 où les risques de retards de développement ne sont pas mentionnés. Dans plusieurs pays européens, ces risques sont évoqués dès 2003-2004, alors qu'il faut attendre 2006 pour la France ; des divergences d’information entre différentes spécialités contenant du valproate de sodium, notamment entre les médicaments princeps et les génériques, ces derniers ne bénéficient d’une information actualisée que depuis juin 2015.
Le constat de la mission est celui d’un manque de réactivité des autorités sanitaires et du principal titulaire de l’autorisation de mise sur le marché. Les alertes ont été, au plan français et européen, motivées davantage par des signaux exogènes, notamment médiatiques, que par une prise en compte des données de pharmacovigilance et des publications scientifiques. L’absence de formalisation d’une doctrine en matière de pharmacovigilance, un cadre juridique européen contraignant et une certaine lenteur administrative, commune aux institutions nationales et communautaires, en sont des facteurs explicatifs.A contrario, le Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT), n ‘étant pas exposé aux mêmes contraintes juridiques, est unanimement reconnu comme une source d’information fiable et réactive sur le sujet. Il conviendrait de sécuriser son financement.
Les connaissances nouvelles ont conduit finalement à des mesures de minimisation du risque, actées au niveau européen, aux termes d’une procédure lancée en octobre 2013 et achevée en octobre 2014. Ces mesures, appliquées en France au printemps 2015, consistent en une actualisation des RCP et notices, et en une information accrue des prescripteurs et des patientes. Les conditions de prescription et de délivrance du médicament sont plus encadrées pour les patientes : la primo-prescription est ainsi restreinte à des médecins spécialistes, la délivrance à la présentation d’un formulaire de consentement signée par la patiente, l’informant des risques liés à la grossesse lors de la prise de ce médicament.
Les délais restreints d’application, l’insuffisance de spécialistes dans certains départements et le manque d’information des patients et des prescripteurs sont susceptibles de limiter l’efficacité de ces mesures.
D’autres questions gagneraient à être expertisées. A titre d’exemple, il apparait que le médicament est largement prescrit en psychiatrie, parfois hors de l’indication retenue par l’autorisation de mise sur le marché. Le caractère indispensable du valproate de sodium pour certaines patientes, qui ne fait pas débat en matière d’épilepsie, gagnerait à être réexaminé en psychiatrie.
De façon plus générale, de nombreuses questions restent en suspens sur l’impact de l’expositionin utero du fœtus à ce produit et, plus précisément, de son interaction avec le génome. Le traitement du valproate de sodium par les autorités sanitaires interroge plus globalement l’organisation du système de pharmacovigilance en France et conduit à préconiser de renforcer activement les procédures en matière de pharmacovigilance. Le directeur général de l’ANSM a clairement positionné la pharmacovigilance comme première priorité et a mobilisé les moyens disponibles de l’agence en conséquence. Son organisation reste à finaliser.
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La mise en place d’une véritable stratégie en matière de pharmaco-épidémiologie, pilotée par la direction générale de la santé et mise en œuvre par l’ANSM, est impérative. La constitution d’une cohorte associant parents et enfants issus de grossesse exposés aux médicaments pourrait en être une modalité. Le financement pourrait être assuré par la mobilisation d’une faible part de la remise conventionnelle consentie par les industriels du médicament lors de leurs négociations avec le comité économique des produits de santé.
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Sommaire
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SYNTHESE ...................................................................................................................................................................3
RAPPORT....................................................................................................................................................................11 INTRODUCTION.............................................................................................................................. . 11 1 LE VALPROATE DE SODIUM OCCUPE UNE PLACE MAJEURE DANS LARSENAL THERAPEUTIQUE DES NEUROLOGUES ET DES PSYCHIATRES......................................................... 13 1.1 Le valproate de sodium demeure un médicament de référence pour le traitement de l’épilepsie .................................................................................................................................................................13 1.1.1 L’épilepsie est une maladie fréquente et survenant précocement ................................................13 1.1.2 Le traitement de cette maladie peut présenter des difficultés .......................................................14 1.1.3 Il s’agit d’une maladie potentiellement dangereuse ........................................................................14 1.1.4 La survenue d’une grossesse doit faire l’objet d’une attention particulière ................................15 1.2 Le valproate de sodium est largement prescrit pour le traitement des troubles bipolaires............16 1.2.1 La prévalence des troubles bipolaires est estimée à 1% de la population générale ...................16 1.2.2 Le traitement des épisodes maniaques repose en première intention sur le valproate de sodium en alternative aux thymorégulateurs (lithium)...............................................................................17 1.3 La prescription du valproate hors AMM semble largement répandue..............................................17 1.4 Les pratiques de prescription du valproate ont sensiblement évolué en France ces dernièresannées.....................................................................................................................................................18 1.5 Il existe de fortes divergences de pratiques de prescription entre les pays de l’Union européenne .............................................................................................................................................................19 2 QUATRE DECENNIES DUSAGE ONT PERMIS UNE CONNAISSANCE ACCRUE DES EFFETS DU VALPROATE DE SODIUM SUR LE FŒTUS..................................................................................... 21 2.1 La reconstitution de la chronologie des connaissances s’appuie nécessairement sur une hiérarchisation des publications scientifiques ...................................................................................................22 2.1.1 La valeur probante des publications est à prendre en considération...........................................22 2.1.2 La réalisation d’études à forte valeur probante présente des exigences méthodologiques et un temps de réalisation élevés. ..................................................................................24 2.2 Les premières alertes sur le caractère tératogène des traitements antiépileptiques en général apparaissent au début des années 1980 ................................................................................................25 2.3 Le risque spécifique de malformations congénitales liées à l’exposition in utero au valproate de sodium se confirme progressivement à partir des années 1980 ..............................................26 2.4 Le registre des malformations en Rhône-Alpes permet d’estimer le nombre de fœtus exposésatteintsdemalformationsenFranceentre2006et2014.................................................................28 2.5 Les résultats des études prospectives ont permis d’attribuer avec certitude au valproate des effets délétères sur le développement cognitif et comportemental des enfants exposés in uterodèslafindesannées2000..........................................................................................................................28 2.6 La relation entre l’exposition in utero au valproate et le développement d’une forme d’autisme est établie en 2013................................................................................................................................31 2.7 La compréhension de la physiopathologie de l’exposition au valproate reste incomplète ............32 3 LES DECISIONS DE LAUTORITE SANITAIRE, EN MATIERE DINFORMATION DES PATIENTS ET DES PRESCRIPTEURS,ONT ETE PEU REACTIVES AU REGARD DE LEVOLUTION DES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES ET DE LAPPARITION DE SIGNAUX FAIBLES..3.......................3 3.1 De la mise sur le marché du médicament en 1967 au début des années 2000, les décisions administratives ont consisté en des modifications limitées du résumé des caractéristiques du produit .....................................................................................................................................................................33
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3.1.1 Les évolutions du RCP de Dépakine® documentent progressivement les malformations congénitales............................................................................................................................33 ® 3.1.2 A cette période, les autres spécialités contenant du valproate de sodium, Dépamide et ® ® Dépakote , ne font pas mention des mêmes informations que celles de la Dépakine ......................37 3.2 Les années 2000 à 2006 sont marquées par la confirmation d’un risque malformatif plus élevé et par l’émergence de l’hypothèse de retards de développement suite à l’exposition in utero du fœtus au valproate de sodium ........................................................................................................................38 3.2.1 Les risques relatifs des différents antiépileptiques et le risque spécifique de retards de développement sont pris en compte par l’EMA.........................................................................................39 3.2.2 La mention des risques propres au valproate et les retards de développement napparaissentdanslesRCPetnoticesfrançaisquen2006.....................................................................41 3.2.3 Dans une approche comparative, la France n’est pas au nombre des pays les plus réactifs................................................................................................................................................................42 3.3 A partir de 2006, les publications sur les risques de retard de développement conduisent à une harmonisation de l’information au plan européen....................................................................................43 3.3.1 L’information relative à la Dépakine® évolue très sensiblement en France..............................43 3.3.2 L’information relative au valproate dans son indication de thymorégulateur donne lieu à un premier arbitrage européen en 2009 ....................................................................................................44 3.3.3 L’arbitrage européen de 2014 est assorti de mesures consensuelles de minimisation du risque, sans distinguer les indications relatives à la psychiatrie et à l’épilepsie.......................................45 4 ANALYSE DES MESURES DE MINIMISATION DU RISQUE........................................................ 48 4.1 Le contenu de l'arbitrage européen concernant l'utilisation du valproate de sodium chez les filles et les femmes en âge de procréer s’impose aux Etats membres .....................................................48 4.2 La déclinaison opérationnelle de ces principes au niveau français est pilotée par l’ANSM...........49 4.2.1 Le traitement doit être instauré et surveillé par un spécialiste, et la délivrance du médicament est soumise à la présentation d'un accord de soins..............................................................49 4.2.2 Les documents à destination des professionnels de santé et des patients (DHPC et matériels éducatif) ont été transmis par les laboratoires............................................................................49 4.2.3 Des enquêtes de suivi ont été requises pour évaluer l’effectivité du dispositif ..........................50 4.2.4 L'étiquetage des médicaments à base de valproate est modifié ....................................................50 4.2.5 L'ANSM a largement communiqué ..................................................................................................51 4.3 Certaines mesures sont d’application malaisée......................................................................................51 4.3.1 Les délais de mise en œuvre sont contraints ...................................................................................51 4.3.2 L’accord de soins suscite des réticences chez certains praticiens.................................................52 4.3.3 La question d’une information effective des patientes comme des professionnels de santé reste posée ..............................................................................................................................................53 5 L’HISTORIQUE DU DOSSIER VALPROATE DE SODIUM INTERROGE PLUS LARGEMENT SUR LORGANISATION DU SYSTEME DE PHARMACOVIGILANCE.......54................................................ 5.1 L'organisation interne de l'Agence pour la pharmacovigilance évolue progressivement ...............54 5.1.1 L’articulation entre la direction de la surveillance et les directions produits a été récemmentaméliorée......................................................................................................................................54 5.1.2 Le comité technique de pharmacovigilance (CTPV) va voir sa participation aux travaux de l'Agence renforcée........................................................................................................................56 5.1.3 Le groupe de travail grossesse doit être sollicité sur des sujets de fond .....................................57 5.1.4 La commission de suivi du rapport bénéfice/risque doit être sollicitée en amont des prises de position de l'Agence........................................................................................................................58 5.2 La mise en place de procédures de travail et d'une organisation par processus n'a pas permis dans les faits de sécuriser la surveillance des médicaments ...............................................................59 5.2.1 La mise en place effective d'un système de management permettant de sécuriser le processus de pharmacovigilance n'a pas fait partie jusqu'en 2015 des priorités des directeurs généraux qui se sont succédés........................................................................................................................59
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5.2.2 L'audit du système de management de la qualité effectué en 2015 confirme ces faiblesses............................................................................................................................................................60 5.2.3 Les faiblesses du système de management entravent une surveillance efficace des médicaments .....................................................................................................................................................61 5.3 La certification ISO 9001 fait enfin partie des priorités du directeur général nommé en septembre2014......................................................................................................................................................62 5.4 Les positions de la HAS peuvent différer de celles de l'ANSM en ce qui concerne les conditions de prescription....................................................................................................................................64 5.4.1 Les conditions de remboursement des médicaments sont susceptibles d’orienter leur usage 64 5.4.2 Les positions de la HAS et de l’ANSM divergent parfois en ce qui concerne les conditionsdeprescription..............................................................................................................................65 5.5 La stratégie en matière de pharmaco-épidémiologie doit être plus explicite....................................66 5.5.1 Les registres des malformations congénitales doivent être pleinement intégrés dans la pharmacovigilance ...........................................................................................................................................66 5.5.2 Les bases de données dédiées à l’évaluation des risques des médicaments pour la femme enceinte et le fœtus disposent d’un fort potentiel en la matière .................................................66 5.5.3 La collaboration entre la CNAMTS et l’ANSM pour l’exploitation des bases SNIRAM-PMSI à propos du valproate en est une illustration.................................................................67 5.5.4 Le financement peut et doit être assuré de façon pluriannuelle ...................................................67 5.5.5 Le centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) doit être soutenu ............................67 5.6 L'État doit définir les principes directeurs en matière de pharmacovigilance..................................67 6 CONCLUSION......................................................................................................................... 69
RECOMMANDATIONS DE LA MISSION.......................................................................................................71
LETTRE DE MISSION............................................................................................................................................73
LISTEDESPERSONNESRENCONTREES....................................................................................................75
ANNEXES : ................................................................................................................................................................77
ANNEXE 1 : BIBLIOGRAPHIE ET RESUMES DES PRINCIPALES PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES ......................................................................................................................................................79
ANNEXE 2 : CHRONOLOGIE DES DECISIONS ADMINISTRATIVES RELATIVES AUX PRINCIPALES SPECIALITES CONTENANT DU VALPROATE DE SODIUM ............................... 139
ANNEXE 3 : TABLEAU COMPARATIF DE L’EVOLUTION DES RCP ET NOTICES.................. 155
ANNEXE 4 : CADRE JURIDIQUE DE L’INFORMATION DES PATIENTS ET DES PRESCRIPTEURS .................................................................................................................................................. 187
PIECES JOINTES .................................................................................................................................................. 199
PIECE JOINTE N° 1 : ENQUETE DE FAISABILITE D’UNE ETUDE FRANÇAISE A PARTIR DU SNIIRAM/PMSI SUR L’EXPOSITION AU VALPROATE ET SES CONSEQUENCES SANITAIRES ..................................................................................................................... 201
PIECE JOINTE N° 2 : ASPECTS METHODOLOGIQUES DE L’EVALUATION DES MEDICAMENTS DANS L’ESPECE HUMAINE – ARTICLE DE SYNTHESE – E. ELEFANT ................................................................................................................................................................ 231
PIECE JOINTE N°3 : ETUDE DU REGISTRE DES MALFORMATIONS CONGENITALES DE RHONE-ALPES – REMERA – EMMANUELLE AMAR .................................................................... 243
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PIECE JOINTE N°4 : NOTE DE PRESENTATION DU CENTRE DE REFERENCE SUR LES AFFECTIONS TERATOGENES (CRAT) .............................................................................................. 259
PIECE JOINTE N°5 : COMPARATIF DES NOTICES ET RCP DES PAYS DE L’UNION EUROPEENNE EN OCTOBRE 2013.............................................................................................................. 263
PIECE JOINTE N°6 : DOSSIER EFEMERIS................................................................................................. 341
REPONSE DE L’ANSM ....................................................................................................................................... 361
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INTRODUCTION
RAPPORT
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3 ® Le valproate de sodium , dénomination commune internationale de Dépakine , est commercialisé depuis 1967. Le rapport bénéfice / risque de la molécule, comparé aux traitements existants, l’a rapidement positionné comme un traitement de première intention de 4 l’épilepsie idiopathique généralisée, voire d’autres formes d’épilepsie .
La commercialisation de spécialités contenant ou générant des sels de valproate ® ® (Dépakote , Dépamide ) pour traiter les troubles bipolaires, a contribué à un élargissement de 5 leur diffusion. Dans d’autres pays , ces molécules peuvent être également autorisées pour prévenir les crises de migraines, indication non retenue en France.
L’évolution des connaissances sur les effets secondaires des sels de valproate (VPA) issues des dispositifs de pharmacovigilance et l’apparition de nouvelles molécules, offrant autant d’alternatives thérapeutiques, vient compléter régulièrement les informations permettant de réévaluer la balance bénéfices/risques du traitement. Dans ce cadre, le 7 octobre 2013, l’agence européenne du médicament (EMA) engage une procédure de réévaluation du rapport bénéfice / risque des sels de valproate. Celle-ci aboutit le 17 novembre 2014 à de nouvelles conditions de prescription et de délivrance des spécialités à base de valproate et dérivés ® ® ® ® (Dépakine , Dépakote , Dépamide , Micropakine et génériques) du fait des risques liés à leur utilisation pendant la grossesse, appliquées par l’Agence nationale de sécurité du médicament 6 (ANSM) en 2015 .
L’enquête confiée à l’IGAS a pour objectif, aux termes de la lettre de mission en date du 22 juin 2015, de « reconstituer la succession des événements et des choix concernant ces spécialités afin d’analyser les mécanismes de prise de décision en tenant compte de l’évolution des connaissances scientifiques, des éléments issus de la pharmacovigilance, des décisions intervenues dans d’autres pays, notamment européens, et des conditions d’utilisation de ce médicaments. La mission devra s’attacher plus spécifiquement aux informations destinées aux prescripteurs et aux patients ».
Rapport bénéfices / risques : une nécessaire réévaluation permanente
Un médicament est une substance active et les conséquences de son action sur l’organisme ne sont jamais exclusivement bénéfiques. Elles s’accompagnent d’effets indésirables, plus ou moins sévères ou fréquents.
Les bénéfices sont perceptibles par les patients (diminution d’un risque de mort prématurée, d’un handicap, de l’intensité des symptômes, raccourcissement de durée de la maladie). Les risques sont hypothétiques et se manifestent avec une gravité qui va de la simple gêne à la mise en danger, selon une fréquence qui demande parfois beaucoup de temps avant de pouvoir être justement évaluée.
3  L'effet antiépileptique de l'acide valproïque que l'on appelait initialement dipropylacétique acide ou DPA a été découvert au début des années 1960 à l'Ecole de Médecine et Pharmacie de Grenoble. Le hasard a joué un rôle essentiel dans cette découverte : en effet l'acide valproïque, produit liquide, était le solvant utilisé dans le laboratoire pour solubiliser les molécules supposées actives et par ailleurs difficiles à solubiliser. Dans le cas présent c'était le solvant qui était actif.Cf. Thérapie, 1963, XVIII, 435-438. 4 Dans la pratique thérapeutique usuelle, sinon dans l’AMM. 5  Le valproate de sodium était indiqué pour le traitement des migraines aux Etats-Unis jusqu’en 2013.Cf.la communication de laFood and drug administration(FDA) du 5 juin 2013 (http://www.fda.gov/Drugs/DrugSafety/ucm350684.htm). Avant l’arbitrage européen rendu en octobre 2014, c’était également le cas dans cinq pays européens (Autriche, Hongrie, Lituanie, Roumanie, Bulgarie). 6 Le 17 avril 2015 en ce qui concerne le résumé des caractéristiques du produit et la notice.
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