Palais et résidences des Mouradites : apport des documents des archives locales (la Tunisie au XVIIe s.) - article ; n°1 ; vol.150, pg 635-656
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2006 - Volume 150 - Numéro 1 - Pages 635-656
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 67
Langue Français

Extrait

COMMUNICATION
PALAIS ET RÉSIDENCES DES MOURADITES : APPORT DES DOCUMENTS DES ARCHIVES LOCALES (LA TUNISIE AU XVII e SIÈCLE)*, PAR M. AHMED SAADAOUI
Au XVII e siècle, les résidences de plaisance étaient très nom-breuses dans les environs de la capitale de la Régence de Tunis : « le terroir de Tunis, nous dit Jean Thévenot, est tout plein de ces métairies, qui sont bâties comme des bastides du terroir de Mar-seille » 1 ; le chroniqueur tunisois de l’époque, Ibn Abî Dînâr, rap-porte que les habitants de Tunis s’enorgueillissaient d’avoir presque tous des maisons de campagne dotées de vastes jardins où ils demeuraient une partie de l’année surtout pendant la saison chaude et à l’automne 2 . Les récits de voyage nous ont décrit certaines de ces maisons, et notamment celles que déte-naient des membres de l’aristocratie tunisoise, comme la rési-dence de Muhammad Shalabî, dit Don Philippe fils du dey Ahmad Khûja 3 , celle d’Ahmad Shalabî fils de Yûsuf Dey 4 ou celle
* Je remercie mon ami Jean-Luc Arnaud, chercheur au C.N.R.S., pour ses observations et ses remarques précieuses. 1. T HÉVENOT 1980, p. 1980. Nous renvoyons à l’Appendice situé en fin de communica-tion pour les références bibliographiques. 2. I BN A D ÎNÂR 1967, p. 304. 3. T HÉVENOT 1980, p. 337, donne une description précise de cette maison de plaisance : « Deux jours après notre arrivée, Don Philippe nous envoya quérir, pour nous faire voir sa métairie qui est éloignée de la ville seulement d’une demi-lieue : le terroir de Tunis est tout plein de ces métairies, qui sont bâties comme des bastides du terroir de Marseille. Celle de Don Philippe est fort belle, elle est bâtie en tour carrée et est la plus haute qui soit à l’en-tour ; il y a cent et onze degrés à monter de la salle au haut de la tour, où l’on a fort belle vue, car on découvre de tous côtés à perte de vue une belle campagne pleine d’oliviers ; il y a là une grande salle, découverte par le haut, y ayant tout à l’entour des galeries couvertes, dont le toit est soutenu de plusieurs colonnes ; au milieu de ce lieu découvert est un grand réservoir d’eau, et il sert à faire plusieurs jets d’eau ; tout ce lieu est orné de marbre, comme aussi toutes les salles et chambres qui sont ornées d’or et d’azur, et de certains travaux de stuc fort agréable, et il y a partout des fontaines qui jouent quand on veut. » Voir également D ’A RVIEUX 1994, p. 62-68 et 97-98, qui parle longuement de ce personnage haut en couleurs et de sa maison. 4. T HÉVENOT 1980, p. 339, dépeint ainsi cette demeure sise près du pont édifié sur la Medjerda par Yûsuf Dey : « Une belle rivière passe près de la maison de Scheleby, et son
636 COMPTES RENDUS DE L’ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS d’Ustâ Murâd 5 ; toutefois les plus belles résidences appartenaient aux Mouradites, comme les palais d’al-‘Abdaliyya à la Marsa, la demeure de Muhammad al-Hafsî à Ras al-Tâbiyya 6 et le parc du Bardo dit également Dâr Murâd Bey 7 , etc. Les membres de cette dynastie avaient par ailleurs des habitations à l’intérieur même de Tunis et dans d’autres villes de la Régence ; ils avaient une résidence à Grombalia 8 , une autre à Mornag 9 et une troisième à Béja portant le nom de Bardo. Pour étudier les plus célèbres des résidences mouradites et suivre leur évolution à l’époque husaynite, nous allons nous appuyer sur une nouvelle documentation puisée dans des archives locales. Deux sortes de documents sont mis à contribu-tion : le premier genre est formé par les actes de waqf 10 relatifs à
père fit bâtir pour la traverser un pont de pierre, qui a sept arche entre les arcades, les-quelles on a bâti avec de grosses pierres de taille depuis le fond jusqu’à la fleur de l’eau ; de sorte que l’eau passant par ces arcades et trouvant de l’autre côté l’eau plus basse, elle fait à chaque arcade une cascade de deux pieds de haut fort agréable à voir, et qui fait grand bruit. Il y a sur cette rivière plusieurs moulins de maréchaux, comme aussi pour moudre et pour presser les bonnets [...]. Ce sont tous esclaves du Scheleby qui travaillent à ces moulins. Au bout du pont est la maison de Scheleby, bâtie en forme de château ; il y a une fort grande cour, et puis d’autres plus petites, les chambres sont comme les autres, avec or, azur et travaux de stuc, et les fontaines partout, et tout pavé de marbre. Elles sont plus superbes que celles que j’avais vues auparavant. Il y a dans ces chambres de beaux tableaux, car ce Scheleby était autrefois fort riche ; son père lui laissa de grands biens, et entre autres dix-huit cents esclaves, mais il a beaucoup dépensé en débauche. » Dans sa chronique, I BN A D ÎNÂR 1967, p. 284-286, évoque longuement, ce manoir, la rivière, le pont, les moulins, la noria, etc. À propos de cette demeure, les documents de waqf (ANT, registre 3992, p. 82-83) indiquent également qu’Ahmad Jalabî (pour Shalabî) b. Yûsuf Dey al-Turkî constitue en habous , au profil de ses deux filles, ‘Aïsha et Khadîja et de leurs époux, Muhammad et ‘Alî, fils de Murâd II, un grand domaine dit Hanshîr al-Lakhmî, situé au nord de la Medjerda. Ce domaine est pourvu d’une maison de plaisance ( burj ) vaste et monumentale, d’entre-pôts, de boutiques, d’une huilerie, d’un fondouk , etc. L’acte notarié date des débuts de rajab 1081/14 novembre 1670. 5. D’A RVIEUX 1994, p. 95-96, parle avec beaucoup d’enthousiaste de cette demeure de plaisance tenue par un gérant espagnol nommé Don Manuel ; il décrit ses jardins, ses bos-qpuaegtns,e ssees  tjreotus vdaiet adua,nsse sl epsl aennsv idroena ud,e seMs ochoaumrsa deita ,sessu ra lpap raortuetem ednet sZ.aCgehtoteu amn.aiÀsopn rdoep ocsa dme- cette demeure, voir AL -W AZÎR AL -S ARRÂJ 1985, t. 2, p. 380 ; I BN A BÎ AL -D IYÂF 1990, t. 2, p. 47-48 et t. 4, p. 79 ; R EVAULT 1974, p. 414. 6. Il est question de la fameuse résidence des rois hafsides ; dans les sources du XVII e siècle, celle-ci apparaît comme propriété de Sulaymân Bey qui est le fils de Rajab Bey et le neveu de Ramdân Bey (I BN A D ÎNÂR 1967, p 230-231) ; puis vers 1640, Hammûda Pacha se l’approprie et l’offre au dey Ahmad Khûja. Deux décennies plus tard, et après avoir été réintégrée dans le domaine mouradite, elle est citée comme demeure du fils de Hammûda Pacha, Muhammad al-Hafsî. I BN A D ÎNÂR 1967, p. 241 et D ’A RVIEUX 1994, p. 98. 7. I BN A D ÎNÂR 1967, p. 248 et D ’A RVIEUX 1994, p. 98-99. 8. I BN A D ÎNÂR 1967, p. 226. 9. Ibid ., p. 268. 10. Le waqf est un bien immobilisé au profit d’une œuvre de charité ou d’un groupe social.
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