A propos d une réédition : Du Bois-Hus et sa « Nuict des Nuicts... » (1641) - article ; n°2 ; vol.76, pg 485-498
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A propos d'une réédition : Du Bois-Hus et sa « Nuict des Nuicts... » (1641) - article ; n°2 ; vol.76, pg 485-498

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Annales de Bretagne - Année 1969 - Volume 76 - Numéro 2 - Pages 485-498
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Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Jean Marmier
A propos d'une réédition : Du Bois-Hus et sa « Nuict des
Nuicts... » (1641)
In: Annales de Bretagne. Tome 76, numéro 2-3, 1969. pp. 485-498.
Citer ce document / Cite this document :
Marmier Jean. A propos d'une réédition : Du Bois-Hus et sa « Nuict des Nuicts.. » (1641). In: Annales de Bretagne. Tome 76,
numéro 2-3, 1969. pp. 485-498.
doi : 10.3406/abpo.1969.2526
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1969_num_76_2_2526JEAN MAKMIER
A propos d'une réédition :
DU BOIS-HUS
ET SA « NUICT DES NUICTS... »
(1641)
principale écrivains éparses bien articles, oublié, Testi fragmentaire, Un besoin superbe e à lui saygi quelques estimables la œuvre assuraient de différence di volume et cette letterature surtout poétique paragraphes exhumation. comme paru une de nominale. survie plusieurs du ù moderne lui. Bologne sieur Des de continue, Non Du Son de thèses, (1) anthologies, dans qu'il Bois-Hus, se,s nom remet la mais contemporains, fût des collection même au artificielle, totalement qui allusions quelques jour d'ailavait des la
leurs ne disait rien à beaucoup de lecteurs cultivés. Breton,
il n'a rencontré qu'en Italie l'âme dévouée dont le secours
était requis pour le tirer des ténèbres, en la personne de
Mlle Annarosa Poli, déjà connue pour de savantes études
sur le xixe siècle français. En saluant comme elle le mérite
son initiative, et en faisant compliment à l'éditeur bolonais,
comment ne pas formuler un regret ? Une fois de plus,
l'édition critique d'un texte français, accompagnée d'un
riche commentaire rédigé lui aussi en français, est publié,
dans d'admirables conditions matérielles, en pays étrang
er. Nos compatriotes, amateurs ou spécialistes, en pâtis-
,sent, et nos bibliothèques publiques, qui devraient acquérir
ces ouvrages, n'en ont pas toujours les moyens. Pendant ce
(1) Gabriel Dr Bois-Hus, La Nuict des Nuicts. Le Jour des Jours.
Le Miroir du Destin ou la Nativité du Daufin du Ciel. La Naissance
du Daufin de la Terre et le Tableau de ses Avantures fortunées. Texte
annoté et présenté par Annarosa Poli. Préface de Jean Rousset.
Bologne. Riccardo Patron, 1967. DU BOIS-HUS ET SA « NUICT DES NUICTS » 480
temps, de remarquables éditions critiques de textes non
moins dignes d'intérêt dorment dans les tiroirs de nos
anciens étudiants de troisième cycle, qui les ont préparées
à titre de thèses, mais à qui les moyens ont manqué pour
les faire imprimer.
Le 24 août 1640, privilège était accordé au sieur Du Bois-
Hus pour un livre intitulé La Nuict des Nuicts. Le Jour des
Jour, ou la Naissance des deux Daufins du Ciel et de la
Terre. L'approbation portait la signature de Chapelain.
L'ironie du sort amenait le grand théoricien de la régularité
classique à patronner une des œuvres les plus outrageuse
ment baroques écrites en France. Mais le même malin
génie, symbole et fils de la complexité de l'époque, ne
l'avait-il pas induit, dix-sept ans plus tôt, à présenter et
vanter au public parisien ce cavalier Marin en qui Mlle Poli
croit discerner, non sans raison, un des maîtres de Du
Bois-Hus ? L'ouvrage, confié à l'éditeur Jean Paslé, fut mis
en vente en 1641, sous un titre encore amplifié. Il avait été
composé en 1638 pour l'essentiel, mais non en totalité, ce
que ne signale pas Mlle Poli. L'auteur, atteint sur ces entre
faites d'une grave maladie, avait dû attendre sa guérison
pour s'en préoccuper de nouveau. Quoiqu'il fasse quelque
mystère dans ,son Avertissement sur Ja cause du retard,
fâcheux pour un poème d'actualité, il nous renseigne dans
la dédicace à Richelieu, où il donne l'explication indispens
able.
C'est en effet la naissance du jeune Louis qui fournit
l'occasion et le sujet principal. Du Bois-Hus nous assure
pourtant que cet événement ne l'a pas déterminé à prendre
la plume : il avait commencé à composer « par divertiss
ement » un poème sur la Nativité du « Dauphin du ciel »,
selon son langage, lorsque survint celJe du « Dauphin de la
terre », qui le pourvut d'un thème nouveau propice à un
fécond parallèle. En fait, le lecteur emporte plutôt l'impres
sion que la venue au monde tardive et quasi-miraculeuse
du futur Roi-Soleil a seule échauffé sa veine poétique, ou
peut-être, tout au plus, qu'il avait entrepris, dans l'attente
incertaine d'une naissance masculine à la cour de France, DU BOIS-HUS KT SA « NUICT DES NUICTS » 487
de célébrer celle du Rédempteur à toutes fins utiles et
comme prolégornène à tout hymne de joie patriotique.
Quoi qu'il en soit, pour son coup d'essai dans les lettres,
il a d'emblée prouvé sa maîtrise en un genre où, sous
maints régimes politiques, la surenchère se déploie pres
que sans limites : le lyrisme dithyrambique de louange et
de flatterie à l'égard des puissants. Son mérite ne s'arrête
pas là heureusement ; ses dons littéraires se manifestent et
s'imposent avec évidence. Mais le tour de force original
dont il faut le créditer consiste à avoir su pousser la fl
agornerie, largement sincère à n'en pas douter, jusqu'à un
degré d'exaltation qui fait éclore en fleurs étranges et sédui
santes le langage de l'admiration conformiste. Avant d'es
sayer d'en donner une idée sommaire, nous résumerons le
peu que l'on sait, ou croit savoir, de Du Bois-Hus.
L'étude très consciencieuse et précise de Mlle Poli nous
facilite beaucoup la tâche . Sa copieuse introduction, qui
comporte également une analyse critique approfondie, ras
semble les faits établis et ajoute des découvertes personnell
es assez importantes. Des notes historiques, suivies d'une
appendice grammatical, d'une bibliographie, d'un index,
contribuent encore à débroussailler l'accès de ce texte fo
rtement daté et à éclairer les intentions de son auteur. Si
des erreurs sérieuses apparaissent dans le commentaire,
elles n'ôtent rien à l'utilité du travail, et nous n'avons pas
ici à les relever, désirant seulement inciter les lecteurs des
Annales de Bretagne à retrouver un compatriote oublié.
La naissance bretonne de Du Bois-Hus ne laisse place à
aucun doute, ni la fierté qu'il en éprouvait. Enumérant les
titres les plus éclatants de Richelieu, au terme de l'immense
panégyrique du cardinal sur lequel s'ouvre son livre, il
rend hommage « comme Breton au Vice-Roi défenseur de
cet illustre Duché, le plus beau fleuron de la couronne ■» —
allusion à la charge de gouverneur de Bretagne que Richel
ieu détenait depuis 1632. Il chante la
... fameuse épée
Dont Clisson et Guesclin ont soutenu l'Etat. 488 DU BOIS-HUS ET SA « NUICT DES NUICTS »
II évoque les expéditions de Guinée, « où Jes vaisseaux de
Bretagne voyagent tous les jours », chargés de la gloire de
Richelieu « autant que de leurs propres marchandises (2) ».
Comme d'ailleurs il parle incidemment, mais avec amour,
de son « Loyre » (3), on savait depuis longtemps qu'il était
originaire de l'actuelle Loire-Atlantique. La famille nant
aise dont il sort était connue. Deux critiques fureteurs,
Olivier de Gourcuff, puis Charles Oulmont, s'étaient inté
ressés à lui pour ce motif et lui avaient consacré des arti
cles (4). Parmi les faits établis figurait l'existence d'Oudart
Hus, dont le patronyme s'orthographiait aussi Hux et le
prénom Audart, qui portait le titre de sieur du Bois, et qui
devint en 1605 conseiller au Parlement de Bretagne (5).
Son père, Gabriel, seigneur de la Bouchetière, avait été
receveur des fouages de l'évêché de Saint-Malo, trésorier
des Etats de Bretagne, puis maire de Nantes de 1599 à 1601.
Oudart Hus eut plusieurs enfants, dont en 1599, un fils
prénommé Gabriel comme son grand-père, et dont Mlle Poli
a retrouvé à Nantes l'acte de baptême. Elle identifie sans
hésiter ce Gabriel avec l'auteur de la Nuict des Nuicts. A
vrai dire, cette thèse prête à discussion. L'historien Georges
Dethan l'a déjà combatt

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