A propos de l histoire de l accentuation grecque - article ; n°8 ; vol.2, pg 73-93
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A propos de l'histoire de l'accentuation grecque - article ; n°8 ; vol.2, pg 73-93

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Description

Langages - Année 1967 - Volume 2 - Numéro 8 - Pages 73-93
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Kiparsky
A propos de l'histoire de l'accentuation grecque
In: Langages, 2e année, n°8, 1967. pp. 73-93.
Citer ce document / Cite this document :
Kiparsky Paul. A propos de l'histoire de l'accentuation grecque. In: Langages, 2e année, n°8, 1967. pp. 73-93.
doi : 10.3406/lgge.1967.2894
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1967_num_2_8_2894PAUL KIPARSKY
Research Laboratory of Electronics
Massachusetts Institute of Technology
A PROPOS DE L'HISTOIRE
DE L'ACCENTUATION GRECQUE
Dans cette étude, nous présenterons, et nous comparerons à des
traitements antérieurs, un système de règles d'accentuation pour la
déclinaison du grec classique. Des considérations sur la genèse de ce
système nous amèneront ensuite à aborder certains problèmes généraux
de nature diachronique. Nous résumerons les conclusions auxquelles ont
abouti les travaux récents de linguistique diachronique, menés dans le
cadre de la grammaire generative, et nous discuterons brièvement leur
portée quant aux controverses pendantes en théorie linguistique.
En grec, les noms monosyllabiques athématiques portent régulièr
ement l'accent sur le thème au nominatif et à l'accusatif et sur la dési
nence au génitif et au datif :
sg. Du. PL
N
A
X0OVÛV G ydovoç,
5(00(71 D )/0ovi
Certains noms polysyllabiques athématiques sont également sujets à
cette alternance accentuelle, par exemple :
N
A
G TOXTp6ç TOxrépoiv
D
N 0uyàx7)p ©uyarépaç
A ©uyaxépa
Ouyarépcov
G 0uyaTp6; 0uyaxépoiv
D Guyaxpi 74
Dans ces noms polysyllabiques, l'alternance accentuelle se rattache à la
perte de la voyelle suffixale e, d'une manière qui est en partie très claire.
Laissons de côté pour le moment les formes encadrées (nous verrons
qu'elles sont tout à fait régulières, quoiqu'on les ait traitées comme des
exceptions dans les grammaires descriptives et historiques du grec). Il
est facile de voir que le reste du paradigme peut être dérivé en plaçant,
après les mêmes règles d'accentuation qui rendent compte du paradigme
de /Ocov, une autre règle qui supprime un e inaccentué devant les sonantes
(cette règle doit être soumise à la contrainte qu'elle ne s'applique que
dans certains environnements définis morphologiquement). C'est ainsi
que ncnpoç est dérivé de la façon suivante :
Forme phonologique : pater-os
Règles d'accentuation de base : pater-ôs
Perte de e inaccentué : patrôs
Au datif pluriel, ces règles fournissent, de façon similaire, une forme
intermédiaire patrst, dont la conversion en la forme effective patràsi fait
intervenir deux autres règles bien connues. D'abord, patrsl devient patrasi
par une règle qui insère un a après les liquides syllabiques, et ensuite
la Loi de Wheeler rétracte l'accent sur la syllabe pénultième (patrasi
> patrasi). Telle qu'elle avait été formulée à l'origine par Wheeler (1885),
cette règle ne s'applique qu'aux mots de structure dactylique, par exemple
*aÏ7CoX6ç > ocwroXoç « "chevrier », *(3ooxoX6ç > (3oux6Xoç « vacher ». En
réalité, la règle doit être généralisée de manière à s'appliquer également
aux mots de plus de trois syllabes, indépendamment de la quantité de
l'antépénultième. Cette rétraction de l'accent a également lieu dans
*8y){jt.o(3op6<; > Syjixo^opoç « dévoreur du peuple », et dans *ocv0pco7to9aY6ç
> ocvOpwraxpayoc « cannibale ».
Passons à une formulation plus précise du complexe de règles sous-
jacentes à ces alternances. Le paradigme le plus simple, celui du type
x6wv, est caractérisé par deux règles d'accentuation de base :
A. Une règle qui place un accent sur la première ou la seule more
de la désinence au génitif et au datif.
B. Une règle qui place un accent sur la dernière ou la seule more
du thème au nominatif et à l'accusatif.
En disant que « l'accent est placé sur une désinence », nous enten
dons que « la voyelle de la désinence reçoit le trait [+ accentué] ». Nous
symbolisons une voyelle ainsi spécifiée par 'V, une voyelle inaccentuée
par XV, et une quelconque, accentuée ou inaccentuée, par V. Nous
décomposerons les voyelles longues en séquences de deux voyelles brèves
VV, en considérant donc le grec comme une « langue à mores ». Dans de
telles séquences VV, un accent circonflexe est traité comme un accent
sur la première more ('VV), et un accent aigu comme un accent sur la
seconde more (VV). 75
II y a de plus des raisons de penser que les mores post-toniques dans
un mot portaient une marque redondante [+ accentué], probablement
réalisée phonétiquement comme un contour accentuel descendant. C'est
ainsi que le contour accentuel d'un mot tel que 7toXi!>Tpo7roç a rusé » cor
respondait à la Fig. 1 plutôt qu'à la Fig. 2.
Fig. I Fig. 2
La règle A peut alors être formulée d'une manière plus simple : « Toutes
les désinences sont accentuées. » La règle B ajoute ensuite un accent sur
le thème à l'accusatif, donnant /Oovà (= x@ova) mais laisse le génitif
/Govoç inchangé.
Notre décision d'adopter cette convention de notation ne se base
pas seulement sur le fait qu'elle permet une formulation plus simple de
la règle A. D'autres considérations montrent que ce formalisme en appa
rence gratuit a une réelle signification. D'abord, l'hypothèse d'un contour
accentuel après l'accent principal explique pourquoi un accent enclitique
ne peut pas tomber sur la more qui suit l'accent principal; il n'existe pas
de « Xoyoç tiç » ou autres formes semblables. En second lieu, ce mode
de représentation révèle la relation qui existe entre deux observations
par ailleurs apparemment sans rapport. L'une est que toutes les règles
de déplacement de l'accent en grec (p. ex. la Loi de Wheeler - o J > - £ o ,
la Loi de Vendryes u C <_, > c - u ) déplacent l'accent vers la gauche. Il n'y
a pas de déplacements d'accent progressifs en grec 1. La seconde obser
vation concerne le fait que, en général, les langues ne connaissent pas de
règles de suppression d'accent, c'est-à-dire de règles ayant [-accentué] à
droite de la flèche. L'étude ultérieure des systèmes accentuels montrera
peut-être que de telles règles doivent être complètement exclues; de toute
façon, leur rareté est évidente. Mais, si nous faisons l'hypothèse que les
mores post-toniques portent en grec un accent prévisible, les déplacements
d'accent progressifs seraient en fait des suppressions d'accent, et leur
absence en grec ne serait que le reflet d'une tendance linguistique plus
générale. En troisième lieu, la notation proposée nous permet de repré
senter une voyelle longue accentuée (à accent aigu ou circonflexe), ce que
nous aurons souvent à faire dans les règles, simplement par V'V, qui inclut
aussi bien V'V (accent aigu) que V'V (accent circonflexe). Nous nous pas-
( V'V
sons ainsi de la peu naturelle disjonction ,vv qui serait nécessaire
dans l'autre notation. En quatrième lieu, notre notation jette une lumière
intéressante sur le système d'accentuation alexandrin (Laum 1928). A la
1. La limitation de l'accent (règle F) n'est pas un déplacement d'ace ent progress
en ce sens, mais une règle définissant la position de l'accent récessif, non-marqué. 76
place de l'accent aigu sur la voyelle accentuée, utilisé dans le système
byzantin tardif et dans le système moderne, les Alexandrins utilisaient
un accent grave (marquant l'absence d'accent) sur une ou plusieurs des
voyelles précédentes, écrivant alei pour adei, yspàpov ou ykpxpov pour
yspapov. Souvent, l'accent grave était placé sur la consonne ou sur le
groupe consonantique intermédiaire, autrement dit sur la frontière de
syllabe : arpon'ov pour arparov, Xuyp'a pour Xuypà. Ceci suggère que
les différents systèmes visaient moins à localiser une voyelle acce

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