A propos de la politique extérieure de Trébonien Galle - article ; n°22 ; vol.6, pg 63-74
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Revue numismatique - Année 1980 - Volume 6 - Numéro 22 - Pages 63-74
Revue Numismatique, 6e série, XXII, 1980, pp. 63-74. Michel Christol, A propos de la politique extérieure de Trébonien Galle. — L'Auteur au travers du témoignage de la numismatique propose une vision nouvelle de la politique extérieure de Trébonien Galle : la frappe à Antioche de grandes quantités ďantoniniani témoigne d'un effort de guerre que ne dément pas la typologie de ces espèces ; Trébonien Galle se préparait à un effort de guerre en Orient qu'il ne pouvait soutenir qu'en retirant des troupes des régions danubiennes : d'où ces démonstrations de force dans ces régions et la conclusion d'un traité avec les Goths.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 48
Langue Français

Extrait

Michel Christol
A propos de la politique extérieure de Trébonien Galle
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 22, année 1980 pp. 63-74.
Résumé
Revue Numismatique, 6e série, XXII, 1980, pp. 63-74. Michel Christol, A propos de la politique extérieure de Trébonien Galle. —
L'Auteur au travers du témoignage de la numismatique propose une vision nouvelle de la politique de Galle
: la frappe à Antioche de grandes quantités ďantoniniani témoigne d'un effort de guerre que ne dément pas la typologie de ces
espèces ; Trébonien Galle se préparait à un effort de guerre en Orient qu'il ne pouvait soutenir qu'en retirant des troupes des
régions danubiennes : d'où ces démonstrations de force dans ces régions et la conclusion d'un traité avec les Goths.
Citer ce document / Cite this document :
Christol Michel. A propos de la politique extérieure de Trébonien Galle. In: Revue numismatique, 6e série - Tome 22, année
1980 pp. 63-74.
doi : 10.3406/numi.1980.1803
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1980_num_6_22_1803Michel CHRISTOL
A PROPOS DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE
DE TRÉBONIEN GALLE
L'historiographie moderne juge plutôt sévèrement la figure
de ce prince. M. Besnier1 le présente avant tout comme désireux
de gagner Rome pour y établir son pouvoir, au prix d'abandons
sur le Danube : le tribut versé aux Goths lui aurait permis d'acheter
la sécurité sur cette frontière bouleversée sous le règne précédent
par l'invasion gothique2. A. Alfôldi estime qu'il concentra tous
les efforts de son gouvernement sur la capitale : le souci d'affermir
son pouvoir d'abord, puis les méfaits de la peste de 252-253 l'y
fixèrent; et, conclut-il, le prince et son fils qu'il avait associé au
pouvoir étaient « incapable of any kind of energetic action »3.
E. Manni a repris cette façon de voir4 et l'a insérée dans une vision
de la politique extérieure de l'Empire au 111e siècle, dans laquelle
il oppose les partisans acharnés de la lutte antibarbare et ceux
d'une plus hésitante, misant davantage sur le paiement
de tributs et la diplomatie. Parmi ces derniers il range Trébonien
Galle et Valérien. Ce schéma d'explication est sans doute forcé.
G. M. Bersanetti ne manque pas de relever qu'il repose sur des
simplifications abruptes et des généralisations audacieuses5.
1. M. Besnier, L'Empire romain de l'avènement des Sévères au concile de Nicée,
Paris, 1937, p. 169-170.
2. Sur tous ces événements, E. Demougeot, La formation de l'Europe et les invasions
barbares, I, Des origines germaniques à l'avènement de Dioctétien, Paris, 1969, p. 409-417.
3. Cambridge Ancient History, XII, 1939, p. 167-168. Ce jugement est répété
p. 229.
4. E. Manni, L'acclamazione di Valeriano, RFIC, 75, 1947, p. 106-117, surtout
p. 116-117.
5. G. M. Bersanetti, Valeriano ed Emiliano, RFIC, 76, 1948, p. 275-279, surtout
p. 264-266. 64 MICHEL CHRISTOL
Toutefois il ne peut s'empêcher de relever la singularité de l'action
de ce prince plus porté, selon lui, à soulager les habitants de Rome
dans le malheur qu'à conduire une politique extérieure énergique.
Il est vrai que les sources antiques semblent appuyer ces
assertions. Eutrope, par exemple, affirme : nihil omnino clarum
gesserunt6; tandis qu'Aurelius Victor, plus sévèrement, écrit que
les deux princes, Trébonien Galle et Volusien, étaient immodici
per luxům lasciviamque7. Zosime leur fait écho en leur décernant
assez longuement un brevet d'incompétence8.
Si l'on s'adresse aux contemporains, c'est surtout le témoignage
de saint Cyprien qui retiendra l'attention. Comme tous les chrétiens
il est convaincu que le règne de Dieu n'est pas de ce monde, que
l'Empire ne réalise pas la perfection. Mais il est tout autant
persuadé que l'Empire constitue une barrière qui fait obstacle à
la venue des derniers temps, dont il souhaite que ses contemporains
ne subissent pas les épreuves effroyables9. C'est ainsi qu'il avait
tenté de persuader quelques esprits égarés qu'il ne fallait pas
considérer la persécution de Dèce comme un signe de l'approche
des derniers jours; il avait tenté d'éloigner de l'esprit de ces fidèles
toute crainte ou toute espérance millénariste. Mais si en 251, il
demandait de raison garder, en 252 et 253, c'est-à-dire pendant
le règne de Trébonien Galle, le ton d'ensemble de ses lettres et
traités se modifie totalement. L'inquiétude le gagne, il s'interroge
sur le devenir du monde et énonce les pronostics les plus pessimistes
sur le futur immédiat : il est dans l'attente de la venue de l'Anté
christ et des pires épreuves qui attendent le troupeau des chrétiens
avant le jour du jugement10.
Le témoignage est irremplaçable, car il laisse entendre que
pour Cyprien l'Empire n'est plus un obstacle à la fin du monde,
ou plus exactement que la situation de l'Empire est telle que son
effondrement impose d'attendre les novissima tempora11. Mais
6. Eutrope, IX, 5.
7. Aurelius Victor, Caesares, 31, 2.
8. Zosime, I, 24-28. La source semble être Dexippe : cf. F. Paschoud, t. I, Paris,
1971, p. 147-149.
9. C'est une position largement répandue chez les Chrétiens : voir la mise au point
récente de C. Munier, L'Église dans VEmpire romain (IIe-IIIe siècles), Paris, 1979,
p. 172-179. Sur la doctrine de saint Cyprien, voir G. Alfôldy, Der Heilige Cyprian
und die Krise des rômischen Reiches, Historia, 1973, p. 479-501.
10. G. Alfôldy, op. cit., p. 485-490.
11. De Mortalitate, 2 : Agnoscere enim se débet, fratres dilectissimi, qui Deo militât,
qui positus in caelestibus caslris divina iam spiral, ut ad procellas et turbines mundi LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DE TREBONIEN GALLE 65
la description des malheurs du temps, indiqués comme signes
du déroulement d'un schéma eschatologique, lui importe peu :
quod bella crebrum surgant, quod lues, quod fames saeuiant12. Il
suffît qu'ils existent et qu'ils fixent l'avenir le plus proche. Pour
lui, le pasteur d'âmes, il faut s'attacher à bien conduire son troupeau
jusqu'au judicii dies à travers toutes les difficultés annoncées
par l'Écriture, car elles seront sans commune mesure avec les
malheurs du temps présent. Si saint Cyprien s'intéresse à l'histoire
de l'Empire, il n'est pas un historien de l'Empire. Toutefois son
témoignage reste important : on pouvait craindre un effondrement
de la construction impériale.
Avec quelque recul, mais aussi des préoccupations différentes,
Zosime apporte une tout autre vision du règne. S'il mentionne
la peste par exemple, il consacre toutefois l'essentiel de son
développement à la description de la crise extérieure. Il la présente
sous la forme d'une double menace, se développant à la fois, et
simultanément, sur le Bas-Danube et en Orient. C'est la grandeur
romaine qui subit des échecs retentissants. Dans son récit sont
placés au premier rang les bella exlerna. Si l'on pouvait craindre
l'effondrement de l'Empire, comme l'indique un contemporain
tel que saint Cyprien, on saisit à travers la relation de Zosime
la raison profonde de cette inquiétude. Rome n'est plus capable
de maintenir son impérium. Les questions extérieures sont devenues
prioritaires pour le gouvernement impérial.
En temps normal, affronter deux dangers extérieurs, surtout
quand ils se manifestaient sur des théâtres d'opérations distants,
était pour Rome une tâche quasiment insurmontable. L'une des
raisons des malheurs du temps de Marc Aurèle avait été la
conjonction et le synchronisme presque parfait entre la réouverture
de la question parthe et la poussée barbare sur le Danube moyen.
Dès lors la politique extérieure de Rome devait tenir compte de
trepidatio nulla sit nobis, nulla turbaiio, quando haec eventura praedixerit Dominus
providae vocis hortatu instruens et docens et praeparans adque corroborans ecclesiae
sua populum ad отпет tolerantiam futurorum : bella et fames et terrae motus et pesti-
lentias per loca exurgere praenuntiavit et cecinit, et ne inopinalus nos et novus rerum
infestanlium metus quateret, magis ac magis in novissimis temporibus adversa crebrescere
ante praemonuit. Fiunt ecce quae dicta sunl, et quando fiunt quae ante praedicta sunt
sequentur et quaecumque

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